La France ou la religion de l'impôt
LE MONDE01.05.2013 à 18:45
Editorial du "Monde". Dans leur brutalité, les chiffres en disent souvent plus que les traités d'économie. Ils livrent un diagnostic cru, l'état des lieux avant que le discours politique vienne embellir ou assombrir la réalité selon que l'on est au gouvernement ou dans l'opposition.
La dernière livraison d'Eurostat, l'organisme de statistiques de l'Union européenne, lundi 29 avril, vient ainsi confirmer ce que l'on savait depuis quelque temps déjà : la France est malade de sa fiscalité. Pathologie lourde, à laquelle ni la droite ni la gauche n'ont jamais réellement voulu remédier.
Là est, pourtant, une partie du "mal français" : la globalisation de l'économie et les nouvelles conditions de concurrence n'ont fait, ces dernières années, que l'exacerber davantage.
L'impôt, ce n'est pas toujours une simple affaire de taux, ou pas seulement. Eurostat rappelle que le taux global d'imposition, en pourcentage du produit intérieur brut, situe la France dans le peloton de tête de l'UE. Avec un taux de 43,9 % en 2011, elle est à la quatrième place, derrière le Danemark, la Suède et la Belgique.
Ce chiffre ne dit pas tout. Il n'a de sens que rapporté à la qualité des services publics obtenue en contrepartie de l'impôt. Contrairement à ce qu'on serine aux Français, ils n'en n'ont pas pour leur argent. Les prestations publiques dans la plupart des pays d'Europe du Nord sont supérieures à ce qu'elles sont en France.
Qu'il s'agisse de l'éducation en général, de la sécurité, de l'intégration des quartiers défavorisés, des transports publics, de l'état des prisons, de la justice et de la police et, même, parfois, de la santé, l'Etat-providence est plus performant au Danemark ou en Suède qu'il ne l'est en France. Pourquoi ? La question, celle du bon usage de l'argent public, est trop rarement posée.
Dans un pays taraudé par le chômage de masse, la droite et la gauche ont-elles mené depuis quinze ans une politique fiscale favorable aux entreprises ? La réponse est non. En 2013 comme en 2012, la France détient le record d'Europe pour l'impôt sur les sociétés avec un taux maximal de 36,1 % contre 29,8 % en Allemagne. Elle est aussi le pays européen où le capital est le plus taxé, loin au-dessus de la moyenne européenne.
Pas étonnant que les marges de nos entreprises figurent parmi les plus faibles de l'UE. Si les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain, alors il est urgent de revenir sur les mécanismes d'imposition du capital : en France, ils découragent l'entrepreneuriat.
Le 29 avril, François Hollande a annoncé pour les entrepreneurs une batterie de mesures allant dans le bon sens. Il détricote partiellement ce qu'il a mis en oeuvre en arrivant à l'Elysée... Alléger la charge pesant sur les entreprises, c'est ce qu'ont fait nos voisins du Nord, sans démolir l'Etat-providence.
Cela devrait être à la portée d'un gouvernement qui se veut social-démocrate.
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Comentários são sempre bem-vindos, desde que se refiram ao objeto mesmo da postagem, de preferência identificados. Propagandas ou mensagens agressivas serão sumariamente eliminadas. Outras questões podem ser encaminhadas através de meu site (www.pralmeida.org). Formule seus comentários em linguagem concisa, objetiva, em um Português aceitável para os padrões da língua coloquial.
A confirmação manual dos comentários é necessária, tendo em vista o grande número de junks e spams recebidos.