Em francês minha exoneração fica mais curta: limogé.
Excelente: eu teria ficado deprimido em servir uma administração esquizofrênica.
Paulo Roberto de Almeida
Climat de chasse aux sorcières au Brésil
ON EN PARLE À SAO PAULO. Le Brésil enregistre une forte montée de l'intolérance et de la censure, deux mois après l'arrivée au pouvoir de Jaïr Bolsonaro.
Par Thierry Ogier
Les Échos, le 06/03/2019
Un journaliste d'opinion censuré, un diplomate limogé, une spécialiste de la sécurité publique congédiée, une économiste menacée… Le climat d'intolérance s'alourdit au Brésil, et la bataille n'a pas connu de trêve pendant le Carnaval. Bien au contraire…
Première salve : des hackers piratent le blog d'un journaliste d'opinion, Reinaldo Azevedo. A l'origine de la polémique, la permission accordée à Lula de sortir quelques heures de sa prison afin d'assister aux obsèques de son petit-fils, âgé de sept ans, victime d'une méningite. Un dispositif prévu par la loi brésilienne, mais qui a déclenché l'ire des militants d'extrême droite.
Avec sa verve habituelle, le député et fils de l'actuel président, Eduardo Bolsonaro, tire à boulets rouges sur Lula. « Des propos à vomir », s'insurge Reinaldo Azevedo, pourtant farouche adversaire de Lula dans le passé. Mais très vite, son blog est attaqué et censuré. « En près de quatorze ans du PT [Parti des travailleurs, de Lula] au pouvoir, on n'a jamais vu ça. Et nous ne sommes qu'au troisième mois du gouvernement Bolsonaro », s'indigne l'éditorialiste, notamment pour « Folha de S.Paulo », pourtant très marqué à droite.
Deuxième salve : Sérgio Moro, ministre de la Justice et de la Sécurité publique, retire une invitation qu'il avait adressée à une spécialiste des questions de sécurité, Ilona Szabó, pour intégrer un conseil de politique criminelle. Motif : la pression de l'extrême droite sur les réseaux sociaux, et leur influence sur le président Jair Bolsonaro lui-même. Sergio Moro ira jusqu'à présenter des excuses publiques à Ilona Szabó, qui déplorera, de son côté, « la victoire de la polarisation et la défaite du pluralisme ».
Un diplomate démis de ses fonctions
C'est un diplomate de carrière qui a fait les frais de la troisième salve. Sur fond de chasse aux sorcières, l'ambassadeur Paulo Roberto de Almeida a été démis de ses fonctions de directeur de l'Institut de recherche des relations internationales (IPRI). Son crime ? Avoir reproduit sur son blog des articles qui ont déplu au chef, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo.
« La répression existe, et frappe ceux qui pensent autrement », affirme Monica de Bolle. Cette économiste brésilienne, qui dirige le centre d'études latino-américaines à l'Institut John Hopkins de Washington, a elle-même été la cible de nombreuses menaces sur Twitter. Elle dit avoir identifié une partie de ses agresseurs, issus des milieux financiers de São Paulo. Et pour Monica de Bolle comme pour Reinaldo Azevedo, le plus inquiétant est le climat d'impunité qui règne au Brésil.
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