Peguei da lista de Leituras Econômicas:
Laissez Faire, Laissez Passer
« Laissez faire, laissez passer »
La formule est généralement attribuée à Vincent de Gournay qui en avait fait sa maxime : “laissez faire, laissez passer, le monde va de lui même” (en 1758, selon une rumeur). Dans son “Eloge Historique de M. Quesnay” (1775), Claude-Camille François, Comte d’Albon, cite Gournay:
Les prohibitions restreignent le travail, les taxes le renchérissent et le surchargent, les privilèges exclusifs le font dégénérer en monopole onéreux et destructeur ; il ne faut donc sur ce travail, ni prohibitions, ni taxes, ni privilèges exclusifs. C’est ici que Quesnay s’est rencontré avec le sage M. de Gournay, Intendant du Commerce… “Personne, disoit-il, ne sait si bien ce qui est utile au commerce que ceux qui le font; il ne faut donc point leur imposer des règlements. Personne n’est si intéressé à savoir si une entreprise… une profession… un commerce… lui sera profitable, que celui qui veut le tenter ; il ne faut donc ni corporations, ni jurandes, ni privilèges exclusifs… Tout impôt sur le travail ou sur le voiturage, entraîne des inquisitions et des gênes qui dérangent le commerce, découragent et ruinent les Commerçants ; il faut donc affranchir leurs travaux de ces impôts qui en interceptent le succès… Laissez-les faire et laissez-les passer.
La maxime “Laissez-faire” est attribuée généralement au marchand Le Gendre, à la fin du 17ème siècle. Quand Colbert lui demanda: « Que faut-il faire pour vous aider », il eut cette réponse : « Nous laisser faire ! ». Mais c’est en 1751, sous la plume du Marquis d’Argenson qu’on la trouve écrite pour la première fois, clairement associée à la doctrine libérale :
– La vraie cause du déclin de nos fabriques, c’est la protection outrée qu’on leur accorde.
– Laissez faire, telle devrait être la devise de toute puissance publique, depuis que le monde est civilisé. Détestable principe que celui de ne vouloir grandir que par l’abaissement de nos voisins! Il n’y a que la méchanceté et la malignité du coeur de satisfaites dans ce principe, et l’intérêt y est opposé. Laissez faire, morbleu! Laissez faire!!
cité par Keynes J.M., “The End of Laissez-Faire“, 1926
En fait, l’idée vient de loin. On la trouve déjà chez le jésuite espagnol Balthazar Gracián, qui écrivait en 1647 :
Il y a des tempêtes et des ouragans dans la vie humaine ; c’est prudence de se retirer au port pour les laisser passer. Très souvent les remèdes font empirer les maux. Quand la mer des humeurs est agitée, laissez faire la nature ; si c’est la mer des mœurs, laissez faire la morale. Il faut autant d’habileté au médecin pour ne pas ordonner que pour ordonner ; et quelquefois la finesse de l’art consiste davantage à ne point appliquer de remède. (…) Une fontaine devient trouble pour peu qu’on la remue, et son eau ne redevient claire qu’en cessant d’y toucher. Il n’y a point de meilleur remède à de certains désordres que de les laisser passer, car à la fin ils s’arrêtent d’eux-mêmes.
L’art de laisser aller les choses comme elles peuvent, in « L’homme de cour » (chap. 138)
Appliquée à l’économie, l’idée du laissez faireapparaît pour la première fois en 1707 dans le mémoire de Pierre Le Pesant de Boisguilbert : De la nature des richesses, de l’argent et des tributs.
Pour Boisguilbert, les interventions intempestives de l’Etat sont à l’origine des disettes et de la pénurie de toute chose ; elles nuisent à la prospérité du royaume et, partant, à ses finances publiques. Dans ces conditions, l’intérêt bien compris commande au Prince de “laisser faire la nature“, car “ce n’est que parce qu’on dérange tous les jours ses opérations, que le malheur arrive.” D’où ce conseil au Souverain : “il n’est pas question d’agir, il est nécessaire seulement de cesser d’agir avec une très grande violence que l’on fait à la nature, qui tend toujours à la liberté et à la perfection“.
On croirait entendre Lao-Tseu, peut-être le véritable inventeur de la doctrine du Laissez-faire. Parce que “le gouvernement, avec toutes ses lois et ses règlements plus nombreux que les poils d’un buffle, est un oppresseur vicieux de l’individu et doit être plus craint que des tigres cruels“, Lao Tseu adressait à l’Empereur ce sage conseil :
Gouverne l’Etat avec mesure… Administre le royaume sans agir… Plus il y aura d’interdits, plus le peuple sera pauvre… Plus il y aura de lois et de règlements, plus il y aura de voleurs et de brigands… Voilà pourquoi le Sage dit: je ne prend aucune initiative et le peuple se transformera de lui-même … Je ne m’engage dans aucune activité et le peuple prospèrera de lui-même…
Lao Tseu, Tao te king
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