Menace russe, pression américaine, défense et dissuasion nucléaire… Ce qu’il faut retenir de l’allocution de Macron
Le président s’est adressé aux Français à 20 heures pour répondre aux « angoisses » grandissantes sur la guerre en Ukraine, en plein rapprochement entre Washington et Moscou.
Un discours d’une quinzaine de minutes, sur un ton grave, dans un moment de « bascule » géopolitique où il se veut à la manœuvre. Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi soir, à 20 heures, dans une allocution télévisée au cours de laquelle il a évoqué la dissuasion nucléaire française, les dépenses militaires ou encore les bouleversements sur la scène internationale depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.
Selon l’entourage présidentiel, ce moment de « bascule de l’histoire peut être aussi l’occasion de cristalliser ce qu’on n’a pas réussi à faire ces dernières années », à savoir renforcer massivement la défense européenne pour rendre le Vieux Continent plus autonome par rapport aux États-Unis. Ce sera le sujet d’un sommet extraordinaire de l’Union européenne, jeudi à Bruxelles, qui vise selon l’Élysée à démontrer que les Vingt-Sept « accélèrent » dans ce domaine.
« Menace russe »
« Nous rentrons dans une nouvelle ère », a annoncé le président dès le début de son allocution, avant de s’adresser directement aux Français : « Vous êtes légitimement inquiets devant les évènements historiques en cours », a-t-il dit, citant la guerre en Ukraine, le changement de position des États-Unis qui « laisse planer le doute sur la suite » ou encore la menace terroriste qui « ne faiblit pas ».
Emmanuel Macron s’est ensuite attaqué à la « menace russe », qui « touche les pays d’Europe » sans « connaître de frontières ». « Nous avons dès le premier jour décidé de soutenir l’Ukraine et de sanctionner la Russie. Et nous avons bien fait », a-t-il dit, rappelant que c’est la Russie qui a envahi le territoire ukrainien en février 2022. Puis que le conflit est devenu mondial.
Paix en Ukraine
« Elle (la Russie) a mobilisé sur notre continent des soldats nord coréens, des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s’armer davantage. La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie, elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement », a indiqué Emmanuel Macron, avant de marteler : « La paix ne peut pas être à la capitulation de l’Ukraine ».
Il juge que rester « spectateur » dans ce « monde de danger » serait une « folie ». « L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou Moscou », tonne-t-il, voulant croire que les États-Unis « resteront à nos côtés ». La France réunira en outre la semaine prochaine à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine.
Investissements dans la défense
Emmanuel Macron a promis des « investissements supplémentaires » en matière de défense, « compte tenu de l’évolution des menaces », tout en assurant que cela se ferait « sans que les impôts ne soient augmentés ».
« Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables », a déclaré le chef de l’État dans une allocution télévisée. « Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage », a-t-il martelé.
Dissuasion nucléaire
« Nous avons l’armée la plus efficace d’Europe et grâce aux choix faits par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale, et nous sommes dotés de capacité de dissuasion nucléaire. Ceci nous protège beaucoup plus que nos voisins », a-t-il asséné. Pour lui, l’Europe de la défense devient « une réalité ».
Le chef de l’État avait appelé vendredi dernier à « ouvrir la discussion » sur l’aspect européen de la dissuasion nucléaire. La décision de recourir à l’arme nucléaire « a toujours été et restera entre les mains du président de la République », a assuré mercredi Emmanuel Macron, qui souhaite néanmoins « ouvrir le débat stratégique » sur la protection de l’Europe par l’arme nucléaire française.
« Répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées », a déclaré le chef de l’État lors d’une allocution.
Droits de douane : décision « incompréhensible » de Trump
Macron qualifie la décision de Trump d’imposer des droits de douane sur certains produits européens de « décision incompréhensible » qui « accroît la difficulté du moment » mais « ne restera pas sans réponse de notre part ». « Nous continuerons à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous et j’espère convaincre le président des États-Unis d’Amérique », poursuit-il.
Il a indiqué avoir demandé au Premier ministre et au gouvernement de « faire des propositions à l’aune de ce nouveau contexte ». « La patrie a besoin de vous et de votre engagement », a lancé Macron, le ton grave, qui affirme que « nous ferons face ensemble ».
Appel au patriotisme
« La patrie a besoin de vous et de votre engagement », a lancé Emmanuel Macron, assurant que « la France ne suivra qu’un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté ».
« Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger. C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements », a déclaré le président de la République.
Juste après son allocution, Emmanuel Macron va recevoir à dîner le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, et l’une des voix les plus dissonantes dans l’UE.
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