sexta-feira, 30 de setembro de 2011

Radio France Culture: Economie du Bresil (moi meme, PRA)

Bem, eu já tinha dado essa entrevista há mais tempo, mas um radio-ouvinte em Paris me avisou que ela foi ao ar nesta quinta-feira 29 de setembro de 2011. A única informação incorreta se refere à Universidade de Brasília. Na verdade eu sou professor de Economia Política no programa de mestrado e doutorado do Centro Universitário de Brasília (Uniceub). Vamos ouvir agora: 

29.09.2011 - Les Enjeux internationaux
Brésil. Les ressorts d’une économie émergée, après trois ans de crise mondiale

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Paulo Roberto de Almeida est diplomate et universitaire (Université de Brasilia)


Écouter l'émission: http://www.franceculture.com/emission-les-enjeux-internationaux-bresil-les-ressorts-d%E2%80%99une-economie-emergee-apres-trois-ans-de-cri



Le Brésil a ressenti d’emblée les effets de la crise et de la récession mondiale dès 2009 (zéro pour cent de croissance), mais s’est ressaisi d’une façon remarquable (7,5 % de croissance en 2010).
Comme pour l’Inde et pour la Chine, la demande intérieure a servi de coussin. Le Brésil sortait aussi d'une période économique faste (depuis 2002), avec notamment un cours très favorable des matières premières.
D’où, quelques questions simples :
--Quelles méthodes adoptées pour affronter les conséquences de la crise surgie en 2007-2008 ?
Aujourd’hui, il a comme premier partenaire la Chine, qui a dépassé en 2010 les États-Unis

--L’état des lieux économique.

--Les ressorts internes et externes de la croissance.
--Les secteurs forts et faibles de l’économie.
--Les grands aléas pour les prochaines années.
Paulo Roberto de Almeida est diplomate et universitaire (Université de Brasilia)



Transcrevo aqui abaixo as notas que eu tinha preparado com base em perguntas formuladas pelo jornalista.




Paulo Roberto de Almeida
journaliste Thierry Garcin, le 16/09/2011, 11h15hs
pour l'émission quotidienne “Les Enjeux internationaux”.
Radiodiffusée le 28/09/2011 ; link :

1) Quelles méthodes adoptées pour affronter les conséquences de la crise surgie en 2007-2008 ?
Le président Lula a d’abord essayé d’ignorer la crise, en disant qu’il ne s’agissait que d’une petite vague, incapable de provoquer de grandes secousses au Brésil. Tout de suite après, avec une chute remarquable de la production industrielle et la plongée des prix de matières premières exportées par le Brésil, le gouvernement s’est finalement réveillé et a commencé à adopter des mesures classiques de style keynésien. La Banque Centrale a réduit les taux d’intérêt tout comme les réserves obligatoires des banques (au Brésil à des niveaux anormalement élevés, de 45% des dépôts à vue). Le ministère des finances, de son côté, a réduit certains impôts – mais seulement les impôts fédéraux, ceux qui sont répartis avec les états et municipalités, pas les contributions qui sont détenues exclusivement par le Exécutif fédéral – et a permis beaucoup d’opérations de crédits par les banques d’État (Banque Nationale de Développement, Banco do Brasil et Caixa Econômica Federal), qui sont responsables d’une part considérable du marché financier.
Des allégements spéciaux ont été concédés à des secteurs privilégiés par Lula, comme l’industrie automobile, et du même coup son cher ancien syndicat des métallurgistes. Le raisonnement était classiquement keynésien : maintenir le niveau de la demande et de l’emploi. Sauf que beaucoup d’autres mesures n’étaient pas exactement anticycliques, comme l’augmentation des salaires des fonctionnaires d’État – qui provoquent des effets durables dans les dépenses publiques – ou la correction du salaire minimum au-dessus de l’inflation, ainsi que l’offre généreuse des crédits consignés, tous provoquant une augmentation exagérée de la demande, en suscitant donc des pressions inflationnistes.
Tout de même, la croissance est chuté a zéro en 2009, avant de rebondir a 7,5% en 2010 ; dans la moyenne, la croissance pendant les années Lula n’a pas dépassé, en moyenne, 4%, fruit d’un taux d’investissement inférieur à 20%, ce qui est le résultat d’un taux d’épargne très médiocre, entre 17 e 18% seulement, étant donné le très haut niveau de la charge fiscale au Brésil, à prés de 35% du PIB, équivalent à celle de l’OCDE (dont les pays, pourtant, exhibent un revenu par tête qui est cinq ou six fois supérieur au revenu moyen des Brésiliens).

2) L’état des lieux économique.
Le Brésil, en dépit de taux de croissance relativement modestes par rapport aux pays dynamiques d’Asie, a été énormément bénéficié par la croissance globale entre 2002 et 2008, compte tenu surtout de son insertion dans les circuits internationaux d’offre de produits de base, dont il continue à être, encore et toujours, un très grand exportateur. Il a aussi profité de l’exceptionnelle croissance chinoise, pays qui est devenu son premier partenaire commercial, devançant les États Unis dès 2009  – ainsi que d’autres pays émergeants qui ont pris de l’importance dans ses relations commerciales extérieures.
Certains économistes calculent la demande externe comme étant responsable pour au moins un tiers de la croissance brésilienne – les autres sources étant l’expansion du crédit interne à la consommation, ainsi que les investissements et les achats gouvernementaux, y compris les entreprises d’État, comme Petrobras, aujourd’hui une des cinq premières dans l’exploitation pétrolifère. Il est vrai que l’augmentation des exportations est due beaucoup plus à la hausse de prix des produits – donc la valeur – qu’à l’expansion des volumes, compte tenu de la valorisation significative de la plupart des commodities exportées par le Brésil, qui ont atteint des prix records entre 2003 et 2008 (surtout les produits alimentaires, dont le Brésil est un champion mondial).
En effet, beaucoup d’économistes au Brésil – et même certains observateurs étrangers – commencent à parler de la « réprimarisation » de l’économie brésilienne, étant donné l’importance accrue des exportations de produits de base, ainsi que d’une « désindustrialisation », vue la diminution de la part de l’industrie dans la formation de la valeur ajoutée. Il s’agit, en fait, d’un phénomène complexe, qui combine des facteurs positifs – soit, la grande demande internationale pour des produits dont le Brésil est exceptionnellement bien placé pour fournir, sur la base de ses avantages comparatifs – et des facteurs négatifs, comme le poids absurde des impôts sur les industries – et les consommateurs, en général – et la valorisation de la monnaie brésilienne par rapport au dollar et autres monnaies du commerce international.
Il est vrai qu’il y a, actuellement, un processus administré de dévaluation du dollar, mais la valorisation du Real est bien plus importante, étant provoquée par le niveau excessivement élevé du taux d’intérêt au Brésil, pratiquement le double ou le triple des moyennes internationales, et cela – tout comme le poids des tributs – par la faute exclusive du gouvernement, qui dépense toujours plus que les recettes disponibles. Le déficit budgétaire ainsi que la dette publique sont relativement en ligne avec les critères de Maastricht (autour de 3% et 75% du PIB, respectivement), mais leur coût de financement est anormalement élevé, tout comme l’augmentation des dépenses publiques, qui se fait à un niveaux deux à trois fois plus élevé que celui du PIB, toujours en dessous de 4% annuels (pour une expansion des recettes publiques d’au moins 10%).

3) Les ressorts, internes et externes, de la croissance.
Pour ce qui est des sources externes de la croissance, cela ne fait pas de doute : le Brésil, comme une bonne partie de l’Amérique Latine, est devenu dépendant de la demande chinoise, la plus importante du monde pour tous ses produits d’exportation, sauf pour les manufacturés, dont la concurrence des produits chinois est brutale pour l’industrie brésilienne et un peu partout ailleurs dans la région. La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil et c’est elle qui maintient les prix des commodities agricoles et minières à de niveaux historiquement élevés (sauf dans la brève plongée de 2008). Ce qu’il faut remarquer, donc, c’est que le Brésil a été beaucoup plus « acheté », qu’il n’a vendu à l’extérieur. Une décroissance chinoise, dans ce cas, risque de mettre à mal l’économie brésilienne, ainsi que d’autres ailleurs. Même si la Chine n’est pas encore la locomotive de la croissance mondiale, elle l’est certainement en ce qui concerne le Brésil et d’autres pays latino-américains (et asiatiques, vraisemblablement).
En ce qui touche les sources internes de la croissance brésilienne, il y a tout d’abord l’expansion du crédit, dont l’importance est passée de moins de 20% du PIB à plus de 35% dans les années Lula, avec le risque d’endettement des familles pour ne rien dire des pressions inflationnistes qui sont déjà là : les indicateurs officiels d’inflation ont tous dépassé le but officiel de 4,5% annuel, touchant déjà le toit de 6,5%, ce qui pourra précipiter un retour aux temps malheureux de réalimentation automatique des prix et des salaires.
Mais le Brésil a aussi reçu des apports significatifs d’investissements étrangers, en partie pour profiter des intérêts élevés des titres gouvernementaux, mais aussi pour des projets de nouvelles compagnies, vue l’expansion et l’ampleur naturel du marché interne. De même, des capitalistes brésiliens ont accéléré leur mouvements en direction de nouvelles opportunités dans les pays voisins, qui sont les plus grands consommateurs de produits manufacturés brésiliens (pour le moment, au moins). Tout cela dit, il faut rappeler que le Brésil, pendant la phase de haute croissance de l’économie mondiale, entre 2002 et 2008, a vu son PIB s’accroître en dessous de la moyenne mondiale, et trois fois moins que les émergeants dynamiques d’Asie. Actuellement, il est dans la moyenne mondiale, et au dessus des pays avancés – naturellement – mais toujours la moitié moins que les nouvelles « locomotives » économiques. Cela est toujours dû a ses taux d’épargne insuffisants pour soutenir un taux d’investissement compatible avec une croissance à plus de 4 ou 5%, et la raison fondamentale est, encore et toujours, le crowding-out provoqué par le gouvernement, soit, la pression des recettes publiques sur les revenus privés. Si tous les recueillements obligatoires du gouvernement – notamment liés au travail et à la sécurité sociale, ainsi que d’autres impôts spécifiques – étaient alloués à l’épargne et à l’investissement, les taux du Brésil pourraient s’approcher de ceux de certains pays asiatiques.

4) Secteurs forts et faibles de l'économie brésilienne.
En dépit d’un formidable effort d’industrialisation dans le dernier demi siècle, le Brésil est un cas typique du modèle « ricardien », soit le succès par la spécialisation lié à ses avantages comparatifs notoires, qui sont tous situés dans le secteur primaire et basés sur des ressources naturelles. En effet, l’agrobusiness capitaliste est aujourd’hui responsable de la plupart des recettes en devises dans la balance de payements et concentre beaucoup des innovations techniques qui font du Brésil un très puissant concurrent international dans la plupart des produits tropicaux et même tempérés.
Evidemment, l’industrie est aussi très puissante au Brésil, mais dans les dix dernières années elle a été victime d’une mauvaise conjonction de facteurs, qu’il faut séparer par ordre de responsabilité. Tout d’abord, le processus d’industrialisation a été conduit beaucoup plus avec accent sur le marché interne qu’en tenant compte des pressions de la compétition étrangère, tenue à l’écart par une politique commerciale résolument protectionniste : quand le Brésil – dans le Mercosur, il est vrai – a réduit modérément les tarifs à l’importation, la concurrence de produits bon marché a commencé a éroder la confortable situation des industriels brésiliens.
Certes, comme pour tout autre pays au monde, la concurrence chinoise est implacable, mais cela n’explique pas tous les problèmes de la perte de vitesse, et d’importance, de l’industrie au Brésil. D’après les indicateurs de « liberté économique » dans le monde, la Chine est, économiquement parlant, un pays plus libre que le Brésil, toujours dirigiste et régulateur à outrance, presque socialiste en le comparant avec la Chine dans cet aspect. En plus des chaînes bureaucratiques, l’industriel brésilien se bât contre un niveau d’imposition fiscale qui est 50% plus élevé de celui enregistré en Chine : plus de 40%, en moyenne, contre un peu plus de 20% (surtout en charges du travail, mais aussi un jungle cumulative de tributs qui ne sont pas seulement lourds, mais aussi exigeants en matière de procédures et déclarations). Il faut ajouter à cela une infrastructure précaire, des services de communications très chers et toute sorte d’entraves aux entrepreneurs, comme on peut le constater par les rapports annuels Doing Business de la Banque Mondiale. Les services associés à l’industrie sont aussi défaillants ou trop chers, étant donné le peu de concurrence du fait de la fermeture à l’extérieur.
À tout cela, s’ajoute le coût du capital, en partie compensé par les emprunts subsidiés de la Banque Nationale de Développement, mais qui vont de préférence aux plus grandes compagnies seulement. Beaucoup de micro et petites entreprises restent dans le secteur informel et ne se bénéficient donc de certaines largesses gouvernementales à l’industrie, qui existent, mais sont plutôt marquées par un esprit défensif et frileux de la concurrence étrangère. Finalement, il y a le problème du taux de change, spécialement défavorable dans les dernières années, mais cela est aussi dû, en partie, à la politique gouvernementale de taux d’intérêt élevés, en fonction des constants déficits budgétaires et d’autres déséquilibres dans les comptes publics.

5) Les grands aléas pour les prochaines années.
Le plus grand défi brésilien, actuellement et dans les prochaines années, est celui de résoudre, en bases permanentes, le déséquilibre fiscal, qui menace de provoquer une crise domestique, vue la croissance toujours démesurée des dépenses publiques par rapport à une expansion somme toute très modeste du PIB. Pour cela, le gouvernement est « obligé » de extraire une fraction toujours croissante des revenus privés, processus qui a conduit la charge fiscale à augmenter continuellement depuis les années 1990. Un exemple est donné par les dépenses avec les serviteurs d’État pendant la période Lula : le coût total du personnel fédéral est passé de 75 milliards de Reais, en 2002 , à 200 milliards en 2011, soit une augmentation de 166% par rapport à 2002.
À cela s’ajoute une inégalité frappante entre les revenus du personnel public, de 8.000 Reais en moyenne, contre seulement 1.500 Reais dans le secteur privé, quand c’est celui-ci qui produit les richesses et le revenu qui sert à payer les premiers. Le fait est que le secteur public est en train d’étouffer le secteur privé au Brésil, et cela constitue le plus grand danger pour son avenir, en plus de certains problèmes structurels, tous liés à des défaillances dans le fonctionnement de l’État. Par exemple : il n’est un secret que la qualité – si le mot s’applique – de l’éducation au Brésil est une des pires au monde, et les scores des étudiants brésiliens en lecture, sciences et mathématiques dans les examens internationaux du programme Pisa de l’OCDE se situent toujours aux cinq dernières places, parmi une cinquantaine d’autres pays.
Cette situation est terrible pour l’avenir du pays, car le Brésil a déjà accompli sa transition démographique dès les années 1980 – soit, des taux de croissance, de mortalité et d’espérance de vie assez satisfaisants – et que le nombre de vieux s’accroît maintenant à des taux soutenus. Mais le Brésil va disposer encore, pour une génération à peu près du phénomène connu comme « bonus démographique », c’est-à-dire, la plus haute proportion de population active par rapport au nombre de dépendants. Mais, du fait de la qualité déplorable de son système éducationnel, le Brésil ne va pas accumuler des gains de productivité suffisants pour augmenter rapidement son revenu moyen par tête, de manière à pouvoir payer les cotisations sociales et les frais de santé pour sa population de vieillards d’ici 20 ou 30 ans. Cela sera dramatique sur le plan économique et social.

6) Les priorités actuelles de la nouvelle présidence.
Les priorités ne sont pas différentes de celles d’un ordre du jour normal, de tout gouvernement désireux de se faire réélire et de disposer du soutien populaire : croissance économique, augmentation du nombre d’emplois, expansion des revenus, diminution de la pauvreté, du chômage, de gains de compétitivité internationale, combat à l’inflation et précaution envers les menaces venant d’une crise extérieure. En cela, le gouvernement Dilma Rousseff ne se distingue pas de l’antérieur – d’ailleurs entièrement responsable pour l’élection d’une personne qui n’avait jamais disputé aucune – ou d’un quelconque autre gouvernement : il s’agit de conduire les affaires courantes et d’imprimer sa marque par quelques politiques nouvelles.
Son début, néanmoins, a été marqué par une espèce d’« héritage maudit », qui est constitué par l’augmentation irresponsable des dépenses publiques conduite de manière systématique pendant toute l’administration Lula, à la fin plus encore, précisément pour pouvoir élire sa dauphine. La présidente est alors obligé de couper dans le budget, ce qui affecte surtout les services de santé et d’éducation, ainsi que les investissements publics, déjà très réduits en dehors de ceux de Petrobras, qui a reçu des apports formidables du Trésor national, via Banque Nationale de Développement (y compris au moyen des manipulations comptables, pour cacher l’expansion de l’endettement public).
L’autre problème – qui n’est pas une priorité du gouvernement, mais auquel il est contraint par l’opinion publique – et le combat à la corruption dans la sphère gouvernementale (Exécutif et Législatif, surtout, mais aussi dans le Judiciaire), qui s’est disséminé énormément avec la tolérance démontrée par Lula envers se phénomène par ailleurs commun au Brésil, surtout dans le secteur public. Les ministres déchus jusqu'à présent étaient tous hérités du gouvernement Lula, mais des nouveaux cas se présentent. Cela est le reflet d’un système politique sclérosé, qu’il faudrait réformer à fond, mais le gouvernement n’a pas vraiment un programme de réformes consistantes. La réforme fiscale, avec un allégement des impôts serait la première à être entreprise, mais il est douteux que le gouvernement réussisse dans ce domaine ; le plus probable, d’ailleurs, sera la création d’une nouvelle contribution, cumulative, soi-disant pour financer les dépenses de santé.
Les priorités conjoncturelles, imposées en partie du dehors, sont la lutte contre la crise internationale, qui peut affecter le Brésil par les canaux commercial et financier, et le maintien de l’activité interne, pour soutenir la croissance et l’emploi. La croissance exagérée des dépenses publiques est plutôt un problème pour la société, qui paye la facture, que pour le gouvernement, qui cherche toujours des nouvelles sources de financement (y compris par des nouveaux impôts ou au moyen des recettes du pétrole du pré-sel, qui vont tarder encore quelques années à venir). Le gouvernement continue à travestir le peu d’efficacité dans la gestion publique au moyen de beaucoup de publicité autour de quelques programmes officiels d’accélération de croissance (PAC I et PAC II), ainsi que dans la construction de logements sociaux, même quand l’expérience précédente n’a pas eu le succès escompté ; en cela aussi, le nouveau gouvernement ne fait qu’imiter l’antérieur.
Sur le plan structurel, le gouvernement Dilma veut réduire la pauvreté extrême, aujourd’hui limité à moins de 16 millions de personnes, selon les statistiques officielles ; dans ce domaine, il n’y a pas vraiment de nouveauté, sauf confirmation des programmes de distribution de subsides aux plus pauvres, qui ont commencé avec une nette inclinaison électorale, pour devenir, selon le gouvernement, le plus grand programme social au monde. Il se peut qu’il soit cela, mais il représente aussi une dérivation populiste du Parti des Travailleurs, qui avait toujours condamné, avant d’arriver au pouvoir, ce genre de pratique « assistancielle ». Aujourd’hui cela lui garantit quelques millions de votes, et dans le Brésil arriéré de l’intérieur, le PT s’est substitué aux anciens oligarques, tout en pratiquant une politique économique dite « néolibérale » mais la critiquant dans les discours et documents officiels.

7) Quelles interactions entre politique économique et politique étrangère ? Comment se renforcent-elles l'une l'autre ?
De l’aveu même de ses dirigeants, la politique étrangère n’a pas vraiment changé, si ce n’est pour une question de style ; certaines inflexions ont été observées dans la question des droits de l’homme, mais les tests véritables restent encore à venir. Du reste, la politique tourné vers le Sud doit continuer, tout comme l’accent mis sur l’intégration sud-américaine, en essayant de faire du Mercosur une plateforme pour le renforcement de l’Union des Nations Sud-Américaines, une création de l’administration Lula, même si Hugo Chávez a influencé quelque peu son contenu et ses institutions. Il est peu probable que la personnalité de la présidente la pousse à entreprendre les mêmes initiatives dont Lula avait le goût : sommets avec les leaders africains et arabes, « paix » dans le Moyen Orient, « bons offices » dans la question nucléaire iranienne, ou d’autres encore.
Le moment est d’ailleurs délicat, avec la perspective d’une nouvelle récession ou de croissance lente dans les principaux marchés, ce qui recommande une bonne coordination entre les politiques extérieure et économique, précisément. À ce titre, il faut attendre pour voir si les négociations commerciales multilatérales vont vraiment reprendre, ce qui est douteux, mais le Brésil, comme beaucoup d’autres pays, a adopté une politique commerciale plutôt défensive dernièrement, compte tenu de la perte de compétitivité de ses produits, non seulement dans de marchés externes, mais dans le marché brésilien lui-même. Cette caractéristique inquiète beaucoup industriels et technocrates ; les uns et les autres attribuent les problèmes au taux de change défavorable – et le ministre des finances s’est référé à une hypothétique « guerre cambiale », en suggérant qu’elle venait des Etats-Unis, non de la Chine – ou à la « concurrence prédatrice » de la Chine, maintenant visée par tous. Aucun responsable gouvernemental ne se réfère à la lourde charge d’impôts ou au rôle des taux d’intérêt dans la valorisation du Real, et pour cause : ce serait condamner les pratiques et politiques officielles.
Il est peu probable que les politiques économiques brésiliennes soient radicalement changées dans l’avenir prévisible, tout comme il est peu probable que le G20 financier soit capable de proposer des solutions miracles à la crise actuelle, ou même simplement d’opérer ce qui justifie son existence : la coordination des politiques économiques nationales des pays membres. Le Brésil a toujours insisté, au sein du G20, pour la « réforme des institutions économiques internationales », en entendant par là l’élargissement des instances de décision dans les deux organisations de Bretton Woods, en concédant plus de pouvoir à des pays comme le Brésil. Il est connu que l’un des principaux obstacles à une réorganisation du pouvoir de vote est constitué par des petits pays européens, qui ne veulent pas perdre leurs privilèges, qui ne correspondent plus aux réalités économiques du monde actuel. Or, à la première opportunité pour que des changements réels soient accomplis, lors de la désignation du successeur du directeur-gérant du FMI Dominique Strauss-Kahn, le Brésil a, contradictoirement, choisi d’appuyer la candidate française, au lieu de soutenir le candidat mexicain, qui pouvait somme toute représenter une chance de transformation de la structure politique de l’organisation. On peut se demander, ainsi, si l’interaction entre politique étrangère et politique économique existe effectivement, et si le Brésil est prêt pour assumer des nouvelles responsabilités sur le plan mondial.
Dans un autre chapitre, mais toujours dans ce domaine, le nouveau ministre de la Défense brésilien, l’ex-ministre des affaires étrangères Celso Amorim, a annoncé – avant même de prendre la charge du ministère – qu’il avait l’intention de retirer les troupes brésiliennes de l’opération de stabilisation de l’ONU en Haïti, la Minustah, vraisemblablement pour des raisons économiques, puisque le même ministre, quand il était à la tête de l’Itamaraty, imaginait que cette opération pouvait donner au Brésil le billet d’entrée au Conseil de Sécurité de l’ONU. Il est vrai que l’Armée brésilienne a appuyé l’engagement en Haïti, mais quelques centaines des millions de dollars après, elle doit réviser les pertes et profits de l’opération, surtout dans un moment de coupes budgétaires et de restrictions sévères aux dépenses de cette force. C’est là encore un exemple des problèmes de coordination interne entre les secteurs diplomatique et économique au Brésil.
Paulo Roberto de Almeida
Brasília, 7/09/2011
Blog Diplomatizzando

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