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quinta-feira, 1 de junho de 2023

War for Ukraine and the Rediscovery of Geopolitics - Sven Biscop (Egmont Institute)


Dear colleague,

I have the pleasure of sending you a new Egmont Paper, in which I travel around the world in 10 pages to assess the geopolitical consequences of Russia’s war against Ukraine:

 

War for Ukraine and the Rediscovery of Geopolitics


 

 

 The illustration shows the multipolar world of 1937. It is a period map that was given out as a supplement with a Belgian newspaper in that year. I picked it up at the Brussels flea market, and now it graces our bedroom. Nevertheless, geopolitics does not keep me awake at night, nor do I dream of Grand Strategy. Well, maybe a little bit…

Best wishes, 

Sven 

Prof. Dr. Sven Biscop

Director – Europe in the World Programme, Egmont

Professor – Ghent University 

Associate Member – Royal Academy for Overseas Sciences 

Egmont – Royal Institute for International Relations

Rue des Petits Carmes 15, B-1000 Brussels

s.biscop@egmontinstitute.be


 War for Ukraine and the Rediscovery of Geopolitics: Must the EU Draw New Battlelines or Keep an Open Door?

By Sven Biscop

 (1 June 2023) 

In Egmont papers



·       EU and strategic partners,

·       EU strategy and foreign policy,

·       Europe in the world,

·       European defence / NATO


Just like many Allied leaders during World War One could only see what was right in front of them, i.e., the continuous line of trenches in Belgium and France, so many EU leaders today see only the land war in Ukraine. They disregard, at their peril, that for Russia, one of the vital interests at stake is control over the Black Sea and access to the Mediterranean. For years, in fact, Russia has been doing what Churchill advocated the Allies do in the Great War. In the face of the perceived frontal onslaught of EU and NATO enlargement into Eastern Europe, Putin has been turning Europe’s flanks. Russia has forged a special relationship with Turkey; it has intervened successfully in Syria, safeguarding its naval base in Tartus; and it has established a military presence from the shores of the Mediterranean to Central Africa. Europeans are forever debating which flank, East or South, should receive priority. Seen from Moscow this is one vast theatre, where Russia constantly acts as a spoiler, thwarting Europe’s plans, with the aim of weakening the EU and NATO and diverting them from Eastern Europe.


View pdf: 


EGMONT PAPER 123 | WAR FOR UKRAINE AND THE REDISCOVERY OF GEOPOLITICS

Table of Contents

Introduction 

Entering the Game of Geopolitics 

A New Geopolitical Situation in Europe 

Wider Geopolitical Ramifications 7

Africa 7 The Gulf 7 

The Caucasus and Central Asia 8

China, Russia, and Eurasia 9 

A New World Order? 10 

Conclusion and Recommendations for Future EU Strategy 12

Endnotes, 13


Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama - Dominique Moisi (Institut Montaigne)

    Institut Montaigne é um think tank liberal francês: 

Dans la famille Occident…
La newsletter hebdomadaire de l'Institut Montaigne

Que reste-t-il de la famille Occident ? C’est la question que nous avons posée cette semaine à Francis Fukuyama, dans un entretien exceptionnel qu’il a accordé à l’Institut Montaigne. La démocratie, qui a longtemps joué son rôle de carte maîtresse, a perdu de son élan et de son attrait, dans un monde multipolaire en recomposition. Dans le jeu de cartes occidental, une nouvelle pièce a fait son apparition il y a un an : la Communauté politique européenne. Elle se réunit aujourd’hui pour son deuxième sommet à Chisinau en Moldavie. Atout ou Joker pour l’UE ? Antichambre de l’adhésion ou machin sans avenir ? Son format, ses membres et son objet poussent, pour l’instant, à un certain optimisme. Dans la famille Europe du Sud, je demande maintenant l’Espagne, où le Premier ministre Pedro Sanchez vient d’essuyer une défaite aux élections municipales et régionales. De quoi bouleverser la présidence tournante de l’UE qui démarre le 1er juillet ? Les élections anticipées du mois de juillet pourraient, de nouveau, changer la donne. Éprouvés, la grande famille européenne et son pater occidental sont bien loin d’être défaits.

Ailleurs dans notre actualité : nous clôturons cette semaine la troisième saison de notre podcast Globe Penseur, en analysant l’actualité internationale de ces derniers jours : du G7 au sommet de la Ligue arabe en passant par la visite du président français en Mongolie. Détour ensuite par la Chine, où nous interrogeons l'internationalisation de la monnaie chinoise, le renminbi. Retour en France enfin, pour la journée mondiale sans tabac, où l’on s’intéresse aux politiques publiques menées pour réduire le tabagisme dans le pays.

30/05/2023

Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama


Senior Fellow à l'Institut d'études internationales Freeman Spogli de l'Université de Stanford

Conseiller spécial ​- Géopolitique

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien. Ce grand entretien est aussi l’occasion de retracer le parcours d’une pensée mise à l’épreuve par les défis de son temps; le cheminement d’un intellectuel aussi influent que l’auteur de La fin de l’histoire.

 

https://www.institutmontaigne.org/expressions/democratie-la-fin-dun-modele-grand-entretien-avec-francis-fukuyama

 

Dans la famille Occident…

Que reste-t-il de la famille Occident ? C’est la question que nous avons posée cette semaine à Francis Fukuyama, dans un entretien exceptionnel qu’il a accordé à l’Institut Montaigne. La démocratie, qui a longtemps joué son rôle de carte maîtresse, a perdu de son élan et de son attrait, dans un monde multipolaire en recomposition. Dans le jeu de cartes occidental, une nouvelle pièce a fait son apparition il y a un an : la Communauté politique européenne. Elle se réunit aujourd’hui pour son deuxième sommet à Chisinau en Moldavie. Atout ou Joker pour l’UE ? Antichambre de l’adhésion ou machin sans avenir ? Son format, ses membres et son objet poussent, pour l’instant, à un certain optimisme. Dans la famille Europe du Sud, je demande maintenant l’Espagne, où le Premier ministre Pedro Sanchez vient d’essuyer une défaite aux élections municipales et régionales. De quoi bouleverser la présidence tournante de l’UE qui démarre le 1er juillet ? Les élections anticipées du mois de juillet pourraient, de nouveau, changer la donne. Éprouvés, la grande famille européenne et son pater occidental sont bien loin d’être défaits.

Ailleurs dans notre actualité : nous clôturons cette semaine la troisième saison de notre podcast Globe Penseur, en analysant l’actualité internationale de ces derniers jours : du G7 au sommet de la Ligue arabe en passant par la visite du président français en Mongolie. Détour ensuite par la Chine, où nous interrogeons l'internationalisation de la monnaie chinoise, le renminbi. Retour en France enfin, pour la journée mondiale sans tabac, où l’on s’intéresse aux politiques publiques menées pour réduire le tabagisme dans le pays.

 

Grand Entretien : 

L’Histoire selon Fukuyama

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien.

 

30/05/2023

Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama

 

Francis Fukuyama

Senior Fellow à l'Institut d'études internationales Freeman Spogli de l'Université de Stanford

 

Dominique Moïsi

Conseiller spécial ​- Géopolitique

 

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien. Ce grand entretien est aussi l’occasion de retracer le parcours d’une pensée mise à l’épreuve par les défis de son temps; le cheminement d’un intellectuel aussi influent que l’auteur de La fin de l’histoire.

 

L’année 2023 est celle du 20e anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak. Dans une interview pour la Fondation Carnegie pour la paix, vous reconnaissez des erreurs d'interprétation sur le sujet. Pourriez-vous retracer l'évolution de votre position sur cette guerre ?

 

Vingt ans après le début de cette guerre, notre foi absolue dans le modèle démocratique et sa capacité à prospérer dans le monde entier s'est affaiblie, si ce n’est effondrée. Plusieurs années avant la guerre, j'avais signé une lettre de la main de Bill Kristol, ancien chef de cabinet de l'administration de George H. W. Bush. Cette lettre soulignait la nécessité d’agir pour arrêter Saddam Hussein. La portée morale des arguments qu’elle soutenait était particulièrement forte me semblait-il : Saddam Hussein était pire que son prédécesseur à presque tous les égards. On a tendance à oublier l’intensité de la peur qui avait saisi les Américains dans les mois suivant les attentats du 11 septembre. L'attaque terroriste du World Trade Center avait tué 3 000 personnes, mais si Al-Qaïda l’avait voulu, cette attaque aurait pu faire 30 000 victimes. À l'époque, les Américains ne cessaient de penser à une prochaine attaque et avaient tendance à surestimer l’ampleur des menaces.

Au cours de cette période, je travaillais sur plusieurs projets autour de la mise en place de structures institutionnelles dans les pays en développement. Je portais une attention toute particulière à l'Amérique latine. Les États-Unis avaient tenté d’y structurer des États comme au Salvador, au Nicaragua ou dans d'autres pays voisins, ce qui s’était avéré un échec patent. Il me semblait alors que nous avions le devoir de nous engager dans une forme de conversion du Moyen-Orient à la démocratie. Or, il s’agissait d’une région que nous comprenions mal. Les hommes politiques américains ne cessaient de rappeler leurs succès en Allemagne et au Japon. Il est vrai que nous avons occupé ces deux pays pendant deux générations et qu'ils sont devenus des démocraties, mais l’on ne pouvait comparer l’incomparable et transposer invariablement ces succès dans d’autres régions du monde. Étions-nous prêt à la même chose en Irak ou en Afghanistan ? Pour moi, en Irak, la réponse était non, nous ne pouvions entamer un processus que nous étions incapables de mener à son terme.

Quand la guerre a commencé, je ne mesurais pas le niveau d’impréparation des États-Unis. Donald Rumsfeld, ancien Secrétaire à la défense de l'administration de George W. Bush, prévoyait un retrait d'Irak à la fin de l'année 2003, après avoir installé Ahmed Chalabi à la tête du pays. Pour lui, la démocratie s'imposerait ensuite d'elle-même. La composition de l'administration Bush à l’époque a eu une influence considérable sur la formation de ces opinions, de nombreux décideurs ayant été témoins de la chute du mur de Berlin. Dans son sillage, l’année 1989 avait entraîné une série de transitions vers la démocratie au sein des pays d'Europe de l'Est, abandonnant l'empire communiste pour rallier le bloc de l’Ouest. Sur le même modèle, de nombreux conseillers politiques pensaient pouvoir transposer cette expérience de démocratisation européenne au Moyen-Orient, en sous-estimant de façon flagrante l’importance des différences culturelles entre les deux régions. Les raisons à même de dissuader le Moyen-Orient de s'occidentaliser ou d’adopter des institutions occidentales étaient pourtant légion.

C’est cette méconnaissance des spécificités de la situation qui est à l'origine de ma rupture avec mes amis néo-conservateurs. J'étais également très troublé par l’assurance frisant l'arrogance de l'administration Bush. Cette croyance absolue qu’ils avaient de détenir la vérité sur ce qui était bon pour la région, leurs certitudes concernant la chute prochaine de la dictature d'Hussein comme la conviction de voir leur projet couronné de succès, toutes ces projections étaient terriblement erronées.

Du passé revenons maintenant au présent, où l’on retrouve des incompréhensions similaires entre les différentes régions du monde. En particulier, comment réagissez-vous à la position de neutralité qu'adoptent les pays du “Sud global” sur l’Ukraine, entre les États-Unis et la Russie ?

Tout d'abord, je voudrais lever un malentendu concernant la démocratie. Être un État dont la forme du gouvernement est démocratique ne signifie pas nécessairement que la démocratie y est promue et sanctuarisée comme idéologie suprême et absolue. Cela n’entraîne pas mécaniquement non plus la défense systématique, par les leaders politiques de ces États, des autres démocraties dans le monde.

Nous, Américains et Français, sommes biaisés sur cette question, car la Démocratie est l’essence même de notre identité nationale. Mais il faut bien avoir en tête que pour certains États, la démocratie n’est rien d’autre qu’une forme de gouvernement. En France, il s'agit d'une tradition républicaine issue de la Révolution. Aux États-Unis, la démocratie s’incarne dans la Constitution, vénérée comme un texte sacré par de nombreux Américains. Cela explique que la démocratie soit, pour nos deux pays, un principe directeur dans nos relations internationales. Si de nombreux pays d'Amérique du Sud, le Brésil ou l'Inde sont désormais des démocraties, la démocratie n'occupe pas la même place dans leur identité en tant qu’États, et ne joue pas le même rôle dans leurs rapports au reste du monde.

 

La politique étrangère joue également un rôle clé sur cette question. De nombreux pays, notamment en Amérique latine, ont souffert de l'hégémonie américaine, une hégémonie plutôt économique que militaire certes, mais dont l’héritage suscite un fort ressentiment. Alors que l'Union soviétique soutenait le Congrès national africain (ANC Sud-africain) pendant la guerre froide, l'administration Reagan a fourni des armes et un soutien à certaines forces anti-libération, en Angola notamment, mais aussi au Mozambique, deux pays du camp opposé à celui de Conseil national africian. Il faut aussi noter que les pays du Sud, très attachés à leur souveraineté, se considèrent comme des États-civilisation à part entière. Dans de nombreux cas de figure, d’autres intérêts viennent prendre le pas sur la promotion du modèle démocratique.

Troisième point enfin, la démocratie américaine, très perturbée ces dernières années, n'a plus l’attrait qu’elle pouvait avoir dans les années 1980. À l'époque, Ronald Reagan était sûr de lui, les États-Unis ne souffraient ni des grandes divisions que le pays connaît aujourd’hui, ni des crises permanentes liées à la violence armée, aux questions raciales ou identitaires. Pour de nombreux Américain, la croyance selon laquelle la page de l’histoire terrible du racisme était tournée, et qu’un ordre post-racial s’ouvrait, était très ancrée à l’époque.

Force est de constater que le cours des évènements a pris la tournure opposée, comme l’a démontré le backlash nationaliste et populiste de la présidence de Donald Trump. Et l’ancien président est toujours présent : Donald Trump se présente à nouveau à l’élection américaine de 2024, et il pourrait être réélu. En un mot, les États-Unis ne sont plus ce modèle de démocratie qu’ils ont été par le passé.

Nous ne vivons plus dans un monde bipolaire, même si la compétition sino-américaine est probablement appelée à dominer le monde. En tant qu'universitaire, vous avez réfléchi tout au long de votre vie sur le sens et l'avenir de la démocratie, quel regard portez-vous sur cette nouvelle configuration ?

Tout d’abord, le primat de la géopolitique sur l'idéologie n’est pas un phénomène nouveau, nous l’avons déjà vécu pendant la guerre froide. Poussés par l’impérieuse nécessité de contrer l'Union soviétique, les États-Unis ont montré à différentes occasions qu'ils pouvaient passer des accords avec des dirigeants peu fréquentables, anti-démocratiques et corrompus, de l'Arabie Saoudite à l’Iran, en passant par les Philippines. Nous vivons dans un monde régi par le pouvoir et la géopolitique : il n'existe aucun pays qui fasse de la démocratie, au sens idéologique du terme, un principe directeur, unique et dominant de sa politique étrangère.

En réalité, nous avons vécu une sorte de parenthèse après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, pendant laquelle la puissance des États-Unis était telle que les considérations géopolitiques étaient, de facto, moins prégnantes. À cette époque, le budget de défense américain équivalait, dans le monde, à la somme de tous les budgets de défense réunis. Cette extraordinaire hégémonie n’était pas seulement militaire, mais également économique, politique et culturelle. Mais cette parenthèse était tout à fait exceptionnelle, historiquement, la répartition des pouvoirs dans le monde est beaucoup plus équilibrée. Nous venons de revenir à une configuration "classique", avec un monde plus multipolaire, organisé autour de multiples clivages idéologiques.

En outre, pour l’opinion publique, l’appréciation d’un système politique, le fait de savoir s’il est "bon" ou "mauvais", ne se construit plus seulement sur des considérations morales. De ce point de vue, le pouvoir, seul, fait foi : le système politique le plus puissant tend à bénéficier d’un soutien accru.

Ce fut le cas pour les États-Unis entre 1989 et 2008 environ, comme pour la Chine depuis. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays s’emploient à imiter Pékin, et les États-Unis perdent ainsi de nombreux "clients politiques".

Depuis Donald Trump et la marche sur le Capitole du 6 janvier 2021, les États-Unis n'incarnent plus le rêve de la démocratie mais plutôt son cauchemar. À quel point l'avenir de l'Amérique vous préoccupe-t-il ?

J’espère évidemment que l’influence de Donald Trump décline, mais c’est loin d’être le cas aujourd’hui : au lieu de s’effacer, l'ex-président parvient de nouveau à attirer l’attention des médias ces derniers mois. Il prend ainsi de l'avance sur son rival au sein du camp Républicain, le gouverneur de Floride Ron DeSantis.

On note cependant que le noyau dur des partisans de Trump ne rallie pas plus d'un tiers de l’ensemble de l'électorat. Le tiers le plus à gauche de l’échiquier politique ne le soutiendrait jamais et le tiers médian, quant à lui, semble se lasser. Bien que cette portion adhère aux positions républicaines et conservatrices sur des questions majeures comme l'immigration, cette part de l'électorat n’est pas composée de soutiens de Trump de la première heure. À ce stade, me semble-t-il, la probabilité de son retour est encore assez faible.

Face aux Républicains, les démocrates doivent proposer une alternative solide. Joe Biden est déjà très âgé et la vice-présidente, Kamala Harris, peu populaire. Un scénario qui verrait la santé de l’actuel président décliner, permettant ainsi à Trump ou un autre Républicain d’accéder au pouvoir, n’est pas non plus à écarter.

Les Européens doivent demeurer sur le qui-vive. La situation reste particulièrement périlleuse. Les élections de novembre ont néanmoins apporté leur lot de réconfort. Avec les élections de 2024 en ligne de mire, les Républicains avaient fait la promotion de candidats ayant contesté la légitimité de celle de Joe Biden. Finalement, nombreux sont les démocrates qui l’ont emporté dans la quasi-totalité des swing states. Oui, les électeurs se sont lassés de ce discours. 

En matière de diplomatie française, Emmanuel Macron à tout l’air de prôner l'équidistance entre la Chine et les États-Unis au détriment de ses relations avec le reste du monde occidental. Trois éléments semblent jouer un rôle dans cette prise de position : la persistance d'une tradition gaulliste dévoyée, des vues profondément divergentes sur la manière de définir les relations avec la Chine, et la conviction qu'il y aurait trop d'incertitudes pour compter sur les États-Unis. Il y a là un étrange souhait qui ne dit pas son nom : voir l'Amérique en difficulté. Quel regard portez-vous sur l'avenir politique de la France ?

Que l’Europe ait davantage d’autonomie vis-à-vis des États-Unis me semble une ambition louable. En réalité, les États-Unis eux-mêmes poussent l'Europe à assumer davantage de responsabilités dans la garantie de sa propre sécurité et de sa défense, en augmentant significativement ses dépenses en la matière.

En l’état, il serait cependant illusoire d’aspirer purement et simplement ne "plus dépendre" des États-Unis, la guerre en Ukraine en donne l’illustration la plus éloquente. Les États-Unis demeurent un allié incontournable pour les Européens en période de guerre de haute intensité, avec des besoins capacitaires et de financements très importants. La France et l'Allemagne ne pourraient soutenir les Ukrainiens comme Washington l’a fait. Si l'idée d'une autonomie stratégique européenne est séduisante, la route pour y parvenir est encore longue.

Selon moi, le recours à la tradition gaulliste, comme les illusions entretenues à l’égard de la Chine reposent sur des postulats erronés. La détérioration des relations sino-américaines est, à mon sens, la responsabilité de la Chine à plus de 90 %. Chacune des vagues marquantes de dégradation de ces relations ont été initiées par Pékin : des politiques d’exclusion à l’égard d'entreprises occidentales à la menace sur Taiwan, en passant par les manœuvres de Pékin en mer de Chine méridionale.

Il est vain d’envisager maintenir une équidistance entre une Chine totalitaire et une Amérique démocratique, d’autant plus que celle-ci, sous l’impulsion de plusieurs présidents, a réellement tenté de maintenir un engagement avec Pékin.

Lorsque l'on considère l'évolution de la politique française, on est frappé par la colère, sinon la haine que suscite Emmanuel Macron dans l'opinion publique. Ce phénomène est représentatif d'une tendance plus globale liée aux évolutions de la démocratie à l'ère numérique, oscillant entre culte de la personnalité et profonde défiance à l’égard des figures de pouvoir. Depuis la Californie, comment percevez-vous la situation qui prévaut en France ?

Tout d’abord, il existe une double fracture entre, d’un côté, des zones urbaines exposées à l’économie globalisée, avec une population évoluant dans un environnement pluraliste, et, de l’autre, les populations en marge grandes villes, n'accédant qu’à un faible niveau d’éducation. Ce constat s’applique à la France comme aux États-Unis.

Le soutien aux Gilets Jaunes est étroitement lié à la densité de population. Ce soutien augmente à mesure que la distance entre la personne et une grande ville s'accroît. Cette tendance reflète les disparités économiques créées par la mondialisation, où les personnes instruites gagnent des salaires beaucoup plus élevés parce que le rendement de l'éducation est plus important. De ce point de vue là, la France n’est pas un cas isolé, et d’autres pays ont connu des mouvements populistes comparables. La grande différence que j’identifie concerne le poids de la gauche en France, qui est beaucoup plus important et populaire qu'aux États-Unis. Bernie Sanders est certes allé au-delà de ce que beaucoup espéraient lorsqu’il a tenté d'accéder au pouvoir en 2016, mais l’extrême gauche comme la gauche populiste demeurent relativement faibles aux États-Unis. En France, les manifestations contre la réforme des retraites sont majoritairement portées par les syndicats, qui demeurent une base solide pour les partis de gauche. En ce sens, le pays conserve encore ses traditions politiques les plus anciennes.

Comment les démocraties peuvent-elles lutter contre le populisme aujourd’hui ? Quelles pistes vous viennent à l'esprit à ce sujet ?

On débat pour savoir qui de l’économie ou de la culture serait la force motrice du populisme. Selon moi, ces deux déterminants interagissent ensemble. Sur le plan culturel, on note un fort ressentiment lié à la réussite des élites, qui ont protégé leurs positions et, bien souvent, adoptent des attitudes méprisantes à l’égard des plus précaires.

Mais ne cédons pas au piège qui consiste à associer les populistes de droite à des racistes xénophobes, incapables de comprendre le monde dans ses nuances et sa complexité. Ce discours méprisant ne fait que nourrir davantage le ressentiment ambiant.

Les politiques économiques, quant à elles, font l’objet d’ajustements afin de s'attaquer aux nombreuses inégalités engendrées par la mondialisation portées par les États-Unis durant les décennies 1990 - 2000 notamment. Il est difficile de dire si ces ajustements seront suffisants, d'autant plus que la technologie joue aussi un rôle prépondérant dans le développement de ce ressentiment. Le fonctionnement des réseaux sociaux affecte très sérieusement les bases de la délibération démocratique. Les faits alternatifs amènent à contester la crédibilité de réalités tangibles. Déterminer la marche à suivre pour dépasser complètement ces divisions est un véritable défi.

Deux théories s'affrontent à propos des démocraties et de leur avenir. La première présage leur déclin, dans le sillage des États-Unis, avec un grand vainqueur au sortir de la guerre en Ukraine : Pékin. L'Amérique n'en sortirait ni plus puissante, ni la Russie plus faible. La seconde théorie postule que les régimes autoritaires ne seraient en réalité pas aussi doués pour la guerre - on l’a vu en Russie avec Poutine - et que seuls les pays démocratiques, comme l'Ukraine, se montreraient véritablement résistants et combatifs. De quel côté vous situez-vous ?

Je suis plus optimiste pour l'avenir. Les pays autoritaires peuvent commettre de graves erreurs, le cas de Poutine en Ukraine le prouve, tout comme celui de Xi Jinping et sa politique du "zéro covid", particulièrement décriée. Mais, ce qui compte le plus, c'est l'impressionnante solidarité dont ont fait preuve les pays de l'OTAN et de l'Occident, y compris le Japon.

Il n’est donc pas certain que Pékin sorte vainqueur de cette séquence. Notons également que la menace que la Chine fait peser sur Taïwan est bien antérieure à l'invasion russe en Ukraine. Seulement, la possibilité qu'une grande puissance ait recours à la force de façon aussi directe est désormais considérée avec le plus grand sérieux. Les Occidentaux s'y préparent : l'OTAN s’élargit, avec l’adhésion de la Finlande et, espérons-le, de la Suède. L’unité de ce front, l’intensité de cette solidarité et cette détermination à résister face à toute manœuvre agressive sur le plan géopolitique, sont sans commune mesure en comparaison de la situation que l’on connaissait il y a un an et demi. Certes, ce ne sera probablement pas suffisant pour relever l’ensemble des défis auxquels nous sommes confrontés. Néanmoins, c’est déjà un premier pas crucial afin de nous prévenir des scénarios les plus sombres.

Copyright Image : Stefani Reynolds / AFP

Une silhouette est visible derrière un drapeau américain et ukrainien alors que des personnes se rassemblent pour la Journée de solidarité avec l'Ukraine au Lincoln Memorial à Washington, DC, le 20 février 2022.

 

 

 





Lula quer ser 'original' em plano de paz para Guerra da Ucrânia, diz Zelenski à Folha - Patrícia Campos Mello (FSP)

 Lula não é exatamente "original": ele pretende ser indispensável para a paz no mundo...

Lula quer ser 'original' em plano de paz para Guerra da Ucrânia, diz Zelenski à Folha

Presidente ucraniano reforça convite para se encontrar com líder brasileiro e se exime de culpa por desencontro no G7


KIEV

Com o figurino habitual, camiseta e calça militares, Volodimir Zelenski aparece no palácio presidencial, em Kiev, para ser entrevistado por sete veículos de imprensa da América Latina, entre os quais a Folha.

Para entrar lá, os jornalistas passaram por cinco checagens de segurança e só puderam levar seus blocos de anotações, deixando de fora telefones, bolsas e até as suas próprias canetas, item depois fornecido aos repórteres pelo governo ucraniano. O temor é que a Rússia rastreie o sinal dos celulares para mirar o presidente com os mísseis que lançam diariamente sobre o país desde fevereiro do ano passado.

Zelenski respondeu a perguntas durante uma hora e 40 minutos. Na entrevista, afirmou que quer se reunir com Luiz Inácio Lula da Silva para ouvir as propostas do líder brasileiro para acabar com a guerra promovida pela Rússia. Criticou, porém, o que chamou de falta de vontade e de tempo do petista para se reunir com ele em Hiroshima, na cúpula do G7, grupo que reúne algumas das maiores economias globais.

Segundo Zelenski, o desencontro que impediu uma reunião no Japão não foi culpa da Ucrânia, o que contradiz afirmações do governo brasileiro —Lula disse que o ucraniano não apareceu na hora marcada.

Ele também alfinetou o petista pela falta de apoio para a criação de um tribunal especial internacional que julgue crimes de agressão na guerra e disse que o líder brasileiro quer ser "original" em suas propostas.

"Lula quer ser original, e devemos dar essa oportunidade a ele. Agora, é preciso responder a algumas perguntas muito simples. O presidente acha que assassinos devem ser condenados e presos? Creio que, se tiver a oportunidade, ele dirá que sim. Ele encontrará tempo para responder a essa questão? Ele não achou tempo para se reunir comigo, mas, talvez, tenha tempo para responder a essa pergunta."


Os países da América Latina têm reagido à guerra de formas diversas. Há desde condenações firmes à Rússia por países como Chile e Uruguai até posições mais nuançadas, como de Brasil, Colômbia ou Argentina. Mas nenhum governo, com exceção de declarações da Guatemala neste sentido, aderiu às sanções contra a Rússia. Como o senhor vê essa postura da região? A questão das sanções à Rússia não é a prioridade. Primeiro, é necessário saber o que está realmente acontecendo, analisar que tipo de guerra se trata, entender que a Rússia nos atacou e está destruindo a vida, as crianças, os lares, as escolas e as universidades todos os dias. É preciso saber que 50 mísseis e drones foram disparados contra Kiev em um único dia, incluindo drones iranianos. Dispararam contra instalações militares, objetivos militares? Isso é ridículo. Por isso, não se pode abordar a questão das sanções desse jeito.

Já tivemos um progresso, as pessoas falam que se trata de uma guerra da Rússia contra a Ucrânia, antes diziam que era uma guerra civil. Agora, se dão conta que nem sequer é uma guerra entre Rússia e Ucrânia. A Rússia atacou a Ucrânia, e a Ucrânia está se defendendo com ações militares adequadas. Não é que as pessoas estejam defendendo cinco ou seis hectares de terra onde plantam tomates ou pepinos –estão defendo sua liberdade, sua eleição, o direito de uma pessoa viver aqui. As sanções são um outro passo. Não são muitos os países latino-americanos que não apoiam a Ucrânia, a maioria apoiou a última resolução da ONU [de fevereiro, que condenou a invasão e teve apoio do Brasil].


Claro que o bolso das pessoas é sempre uma preocupação próxima, então quando recebem uma conta de energia mais alta dizem a elas: "Isso é causado pela guerra". E a pessoa pensa: "Como podemos impor sanções? Seria ainda mais difícil para nós. Confio no que vejo na TV". E a propaganda da Rússia é muito poderosa. Muitos países latino-americanos têm uma relação forte com a época soviética, e muitas pessoas nem se dão conta de que a Ucrânia era parte da União Soviética. Dentro desse contexto histórico, as sanções são uma coisa pequena, mas são importantes para isolar o governo autoritário do Kremlin e sua tentativa de se apoderar da Ucrânia para que ela volte a fazer parte de uma União Soviética.

presidente do Chile, Gabriel Boric, é um líder jovem, de esquerda, um dos poucos da América Latina que condenaram mais energicamente a invasão. Mas o Partido Comunista e a Frente Ampla, da coalizão de Boric, não foram ao pronunciamento que o senhor fez no Congresso chileno. Levando em conta esse exemplo, como o senhor vê a postura das esquerdas latino-americanas em relação à guerra? Temos uma relação muito boa [com Boric], é um líder jovem, com ideias progressistas e apoia a Ucrânia. Fizemos pedidos para falar na maioria dos Parlamentos da América Latina, mas só tivemos a oportunidade de fazer isso em dois, Chile e México, e a Guatemala sempre nos apoiou. Não digo isso para criticar nenhum país, a América Latina pode apoiar quem quiser. Mas nenhum partido, comunista ou não, pode violar direitos. Será que os políticos têm filhos diferentes dos nossos? Por acaso gostariam que um míssil caísse na casa deles? Duvido. Por isso, não me importa país, raça ou partido. Também não acredito em esquerdistas ou direitistas extremistas. Creio nas pessoas. E se são pessoas normais, vão combater [violação de direitos]. Se a pessoa é uma merda, sinto muito, então ela é uma merda, não importa de que cor ou planeta seja.

O senhor gostaria de fazer uma reunião bilateral com Lula? Por que não conseguiram se reunir na cúpula do G7? Como o senhor vê a proposta de paz dele, que prevê iniciar negociações sem pré-condições?

 Não é a primeira vez que digo publicamente, e também já disse diretamente ao presidente, e reitero que quero me encontrar com ele. Já ofereci a realização de uma reunião em qualquer formato. Já convidei várias vezes o presidente Lula para vir à Ucrânia. Estivemos em contato com a equipe dele quando ele estava na Espanha e em Portugal, pensei naquele momento porque a distância era menor e talvez ele conseguisse encontrar um tempo. No G7, tive várias reuniões bilaterais. Disseram que a gente não havia tentado nem se esforçado para encontrá-lo, isto não é verdade. Não é gente séria, substantiva, que está dizendo isso.


Precisamos conversar. É importante conversar com o maior número possível de países para que eles apoiem a Ucrânia ou não apoiem a Rússia. Se não estão dispostos a apoiar a Ucrânia, infelizmente, é importante que entendam os detalhes do que está acontecendo. É importante que a grande potência, o representante da América Latina, o Brasil, esteja envolvido e no mesmo patamar de outros países na discussão da fórmula da paz. [Os brasileiros] podem ter seus próprios pontos de vista sobre qual deveria ser o caminho para a paz. Tudo bem, estamos dialogando, somos civilizados. Mas precisamos conversar. E, para haver uma conversa, é preciso que haja vontade. Já me dispus a encontrá-lo muitas vezes. Acredito que se criará uma nova oportunidade. Alguma coisa não deu certo [para o encontro] no G7, não quero entrar em detalhes, mas definitivamente não foi por nossa causa que não deu certo.

Por que é importante criar um tribunal especial internacional para julgar os crimes de agressão no contexto da Guerra da Ucrânia? O Brasil não manifestou apoio à criação dessa corte, mas Chile, Colômbia e Uruguai, sim. O senhor espera apoio do Brasil? 

O presidente Lula quer ser original. E devemos dar a ele essa oportunidade. Agora, é preciso responder a algumas perguntas muito simples. Primeiro: O presidente acha que assassinos devem ser condenados e presos? Creio que, se ele tiver a oportunidade, dirá que sim. Ele vai achar tempo para responder a essa pergunta? Ele não achou um tempo para se reunir comigo, mas, talvez, tenha tempo para responder a essa questão. E aí responderá que assassinos devem ser presos.

Se milhares de pessoas foram assassinadas na Ucrânia —não sabemos quantas dezenas de milhares foram mortos e torturados nas partes de nosso território ocupadas pelos russos—, os assassinos estavam cumprindo ordens? Se foi um assassinato em massa, deveria ser presa a pessoa que mandou outras pessoas fazerem isso? Acho que [Lula] dirá: bom, provavelmente, os assassinos em massa são sádicos. E, portanto, deveriam estar na prisão. Então, se o presidente quiser ser original, ele pode dizer: "O tribunal que a Ucrânia propõe não é adequado, mas eu sei –dirá o presidente Lula– como colocar os assassinos atrás das grades de uma maneira mais rápida, sem tribunal". Bom, aí a Ucrânia ficará muito contente em receber este conselho do presidente Lula de como colocar os assassinos do Kremlin na prisão de forma ainda mais rápida. Estamos sempre abertos a qualquer inovação na aplicação das leis.

Os presidentes de Colômbia, Argentina e México negaram o pedido dos EUA para enviar armamentos à Ucrânia. Propuseram, em vez disso, uma trégua imediata de cinco anos para negociar um plano de paz. O que o senhor acha dessa proposta? Uma trégua com a Rússia não é uma trégua. Quando assumi a Presidência, tínhamos os Acordos de Minsk, e regularmente nos reunimos com os russos e mediadores. Mas, durante todos esses anos, houve disparos, feridos e mortos. E era uma trégua. Isso é o que sugerem nossos colegas de Argentina, México e Colômbia: um conflito congelado. É o que mais convém à Rússia.

Congelar o conflito significa que a Rússia terá tempo para acumular tropas para a ocupação total. Um conflito congelado prejudica qualquer ambiente de investimentos, porque o investidor entende que pode recomeçar uma guerra depois de amanhã, e esse país então não se desenvolve, as pessoas não sabem como vão formar uma família, ter filhos, que futuro terão. Em 2019, [a ex-primeira-ministra alemã] Angela Merkel, [o presidente francês] Emmanuel Macron, Putin e eu nos reunimos na França. Foi difícil, porque a Rússia não quer resolver nada, isso os beneficia. Ela provou isso com a Moldova e a Geórgia. Onde estão esses Estados? Olhem para o cenário na Abecásia, na Transdnístria. O conflito congelado não permitiu a eles se desenvolverem, com alto crescimento do PIB. A Rússia quer ocupar os Estados que faziam parte da União Soviética. E você me diz que esses líderes querem cinco anos de trégua. Para quê?

Para que a Rússia entenda como burlar as sanções, para que consiga produzir mais mísseis? Para que aprenda a driblar o [sistema de defesa antiaérea] Patriot e mate mais gente? Não faz sentido uma trégua de cinco anos, ou a ideia é esperar que Putin morra? Talvez achem que, em cinco anos, esse homem, que parece se alimentar da força e da vida de outras pessoas, vai morrer, e aí não haverá mais conflito.

No México, o presidente Andrés Manuel López Obrador assumiu uma postura de neutralidade para preservar suas relações com a Rússia. Como vê essa posição? Sei que a sociedade mexicana apoia a Ucrânia, isso é o mais importante. Os líderes precisam ter em mente que não é Putin quem os elege, são os mexicanos. E ele precisa governar fazendo aquilo que foi eleito para fazer. Tive a chance de me dirigir ao Parlamento mexicano. Tudo o que quero com meus discursos, com meu encontro com Lula, é dizer que é muito difícil ir até a América Latina durante a guerra. Mas estou disposto e pedi a quase todos os países.

A Ucrânia afirma que o fim do conflito deve prever a devolução de todos os territórios ocupados, incluindo a Crimeia, além do julgamento e da responsabilização de Putin e de todas as pessoas que possam ter violado direitos humanos na guerra. Isso não parece uma proposta de negociação, mas o resultado de uma vitória militar total. Há margem para negociação? A Rússia não tem direito de negociar até desocupar os territórios. Veja, não é até que a Ucrânia os desocupe militarmente, é até que a Rússia vá embora. Se querem falar comigo e com o mundo civilizado, não devem esperar até serem retirados à força, porque serão retirados e, quando isso acontecer, com o Exército, perderemos mais gente. Se a Rússia quer uma solução diplomática, então que saia da Ucrânia. Não fiquem esperando até que tenhamos um monte de mortos e os retiremos à força. É muito importante reduzir o número de mortes.

Segundo reportagens publicadas pelo jornal The Washington Post a partir de vazamento de documentos oficiais americanos, o senhor teria defendido atacar alvos dentro do território russo. É possível uma vitória da Ucrânia sem atacar alvos militares na Rússia? 

A guerra não está acontecendo no território russo, independentemente do que diga o The Washington Post. A guerra está no front, e é a maior e mais complexa guerra terrestre no continente europeu nos últimos cem anos. Não está acontecendo nada no território da Rússia. Se estivéssemos atacando fortemente alvos na Rússia, haveria um monte de vítimas, certo? Nós sabemos o que fazem os 50, 100 mísseis que eles mandam para cá todos os dias. Na Federação Russa, se houvesse vítimas, todo o espaço informativo russo estaria falando sobre isso.

Em algum momento o senhor viu alguma cena que o fez pensar "não consigo mais"? 

É muito difícil entender o que virá depois e entender que havia uma vida antes da guerra. Não tenho respostas. Nem para o meu futuro. Antes, sempre sabia o que queria estar fazendo em cinco anos. Agora, não posso dizer. Só tenho um objetivo: ganhar. Estou muito concentrado nisso. É um traço da minha personalidade: quando me concentro em algo, faço o melhor que posso. Talvez não seja o melhor, mas é o melhor que posso.

Para muitos na América Latina, o país a que se deve temer, por seu histórico de intervenções, são os Estados Unidos, eles são vistos como a nação imperialista. Quando as pessoas lhe dizem que esta é uma guerra dos EUA, ou que é uma guerra por procuração, o que o senhor responde? 

Sou muito grato aos EUA e ao povo americano, que nos ajudou muito. Sou muito grato a todos os nossos aliados. Mas não podemos esquecer que conseguimos resistir graças ao nosso povo, que se defende, que combateu mesmo quando não tinha armas modernas. Ao mesmo tempo, é um erro dizer que esta guerra é só nossa.

A Rússia não vai parar na Ucrânia, ela vai seguir tentando atacar outros países. Irá a outras nações, incluindo as da Otan. E então a Otan entrará em guerra para defender seus membros, e pode ser a Terceira Guerra Mundial. Uma guerra como a nossa, híbrida, com ataques cibernéticos, valas comuns, torturas, mas em vários países. De alguma forma, a Ucrânia é uma ação preventiva. Nossa capacidade de se recuperar, de vencer, é de certa maneira uma prevenção contra uma grande tragédia global.

E há uma narrativa recente sobre a Otan, alguém da América Latina ou da Ásia disse isso, que a guerra ocorre porque a Ucrânia quer entrar na Otan. A Ucrânia quer entrar na Otan porque, geopoliticamente, está na Europa, onde está a maioria dos países da aliança. E se não for a Otan, qual é a outra aliança ou instituição que vai nos defender? Como a Ucrânia vai se proteger de provocações? Ninguém ataca os países da Otan. Estamos aqui [em guerra]. Outros países não têm fronteiras com a Rússia.

O senhor pode falar algo sobre a contraofensiva que foi anunciada? Estamos preparando uma contraofensiva. Não posso dar detalhes, nem dizer quando será.

A jornalista viajou a convite do Public Interest Journalism Lab




Queimando a largada no Grande Prêmio da América do Sul - Paulo Roberto de Almeida

 Tropeçando no começo da empreitada

O convite de Lula aos presidentes da América do Sul (imitando o que fez FHC em 2000, criando a IIRSA, depois sabotada por ele) tinha tudo para dar certo. 

Ai ele deu honras de visita de Estado e distribuiu fartos elogios ao “democrático” ditador da Venezuela e estragou tudo, logo de início. 

Nenhum diplomata ou aspone teve coragem para acionar o conhecido “vai dar errado!”? (A expressão correta é outra)

Os presidentes devolveram a afronta vetando qualquer alusão à Unasul e remetendo o assunto do formato dessa nova “integração” às calendas de seis meses numa comissão entregue aos chanceleres (na verdade serão subs do sub), que vão melar os projetos grandiosos do novo imperador brasileiro.

A América do Sul segue sendo a América do Sul, e ninguém ainda fez troça com as roupas velhas do rei.

Bem, desta vez Lula não tem a concorrência de Chávez e Kirchner, mas tem a presença de Boric e Lacalle Pou.

A coisa vai esfriar um pouco, inclusive porque os problemas domésticos são bem mais complicados.

Vivendo e não aprendendo…

Paulo Roberto de Almeida

Brasília, 1/06/2023