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sábado, 18 de fevereiro de 2012

Radio France Culture: la paranoia francaise de l'Allemagne - Brice Couturier


La Chronique de Brice Couturier - du lundi au vendredi de 8h16 à 8h19
"L'étrange défaite" de la France face à l'Allemagne
Radio France Culture, 3, 17.02.2012 - 08:16

Où se trouve le Renan qui nous manque pour donner une suite à « La réforme intellectuelle et morale » de 1871 ? Qui remplacera Marc Bloch pour nous livrer une analyse des causes de « L’étrange défaite » de la France contemporaine ?
Au lendemain des deux défaites les plus cuisantes subies par des armées françaises face à l’Allemagne, en 1871 et 1940, deux grands intellectuels, phares de leur époque, Ernest Renan et Marc Bloch prirent la plume pour poser un diagnostic sans complaisance sur les faiblesses de leur pays. Renan, esprit encyclopédique, était philologue et historien des religions. Quant à Marc Bloch, historien, co-fondateur des Annales, il devait mourir fusillé après avoir été torturé par la Gestapo en tant que dirigeant d’un réseau de la Résistance lyonnaise.
A 70 ans de distance, leurs analyses sont étrangement convergentes.
Des élites françaises aussi présomptueuses qu’incapables, engoncées dans leurs routines, tandis que l’Allemagne fait preuve d’audace intellectuelle et de sérieux, c’est ce que décrit Renan, cet amoureux déçu de la culture allemande. La France de napoléon III, écrit-il, est une sous-Amérique qui ressemble plus au Mexique qu’aux Etats-Unis. L’administration y est d’autant plus paperassière et arrogante que l’Etat est faible. Le « laisser-aller » est« universel », « l’indifférence à la chose publique »,« complète » ; chacun s’occupe de ses petites affaires. 
Mais « l’infériorité de la France a été surtout intellectuelle », écrit-il. La victoire de l’Allemagne a été celle « de la science et de la raison », celle d’une Université d’excellence couplée à une armée d’Ancien Régime. La France, de son côté, n’a pas su se doter d’une nouvelle élite sociale, qui lui fait gravement défaut depuis la faillite de l’aristocratie.
De son côté, Marc Bloch, en 1940, relève que les Allemands ont mené une guerre moderne, « sous le signe de la vitesse » ; « les adversaires appartenaient à un âge différent de l’humanité », écrit-il. Les officiers français obsédés par le « bon ordre », misaient sur les routines du temps de paix, sur les exercices de caserne. Ils se sont fait déborder par une armée allemande paradoxalement « moins encombrée de hiérarchie » au point de paraître… « plus démocratique » !
Mais surtout, la faiblesse du régime français, gangrené par « la routine, la bureaucratie, la morgue collective », l’a rendu incapable d’imposer aux« menus intérêts du moment », l’adaptation du pays aux défis des temps modernes ; le pouvoir, faible et divisé, n’a pas su préparer la nation à « affronter le surprenant et le nouveau ».
Les intellectuels aussi sont coupables, écrit l’intellectuel Marc Bloch. Car ils n’ont pas osé affronter l’impopularité en mettant en garde leurs contemporains contre les risques que leur faisaient courir tant d’aveuglement sur tant de faiblesses. « Tout ce qu’on a lu plus haut sur les faiblesses qui minaient la robuste santé du pays,… nous le murmurions entre amis choisis. Combien ont eu le cran de parler plus fort ? » écrit Marc Bloch.
 Aujourd’hui, à nouveau, dans une compétition qui, par bonheur, n’est qu’économique et qui se déroule dans le cadre soigneusement réglementé de l’Union européenne, la France- avec ses élites, ses méthodes, ses idées, son modèle – est dominée par l’Allemagne. Qu’on prenne la croissance – double de la nôtre, le chômage (inférieur de moitié au nôtre), le commerce extérieur et la compétitivité, la qualité des produits, l’efficacité de l’administration, l’influence exercée en Europe, l’image projetée dans le monde – dans tous les domaines, nous sommes battus.
Après la défaite de 1870, Ernest Lavisse, brillant boursier, promu chef de cabinet du ministre de l’Instruction à 26 ans, part étudier en Allemagne avec une maigre bourse. Il y restera trois ans. Il veut comprendre, dit-il, l’énigme de la victoire allemande. Il y découvre que c’est l’Université, les sciences, l’éducation qui ont rendu l’Allemagne moderne et puissante. Il deviendra« l’instituteur national » de la République ». Je renvoie au formidable chapitre que lui a consacré Pierre Nora dans Les lieux de mémoire.
Il est curieux, mais aussi inquiétant de constater combien l’histoire se répète. Mais où sont les Renan, où sont les Marc Bloch, où sont les Ernest Lavisse ?

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