Si la Russie ne met pas fin à la guerre en Ukraine d'ici à 2026, elle perdra son rang de puissance mondiale
Léo PierreLe Monde, 31 mars 2025
L'effort de guerre et les sanctions fragilisent le pays qui pourrait vite être distancé par les États-Unis et la Chine. Un rapport d'espionnage ukrainien affirme que le Kremlin sait qu'il ne lui reste pas beaucoup de temps.
«Si la guerre continue encore cinq à dix ans, la Russie ne pourra jamais rattraper son retard et atteindre le même niveau que les États-Unis et la Chine», selon le major-général ukrainien Vadym Skibitsky
Derrière les apparences triomphales que la Russie du président Vladimir Poutine tente de se donner, ne se cacherait-il pas l'inquiétude de voir la guerre causer un décrochage économique irréversible face à ses concurrents sur la scène internationale? C'est ce que semble penser le renseignement militaire ukrainien (GUR), qui a récemment publié un rapport allant dans ce sens.
Mardi dernier, le major-général et porte-parole du GUR, Vadym Skibitsky affirmait que la Russie pensait probablement devoir résoudre sa guerre avec Kiev d'ici à 2026, sous peine de perdre toute chance de rivaliser avec les États-Unis et la Chine sur la scène mondiale. Une perspective impensable pour Vladimir Poutine, qui, depuis son arrivée à la tête du pays en 2000, s'efforce de faire de la Russie un acteur international incontournable.
La fiabilité des documents auxquels le GUR aurait eu accès n'a pas pu être vérifiée, ce qui invite à prendre cette information avec le recul nécessaire, la guerre informationnelle battant toujours son plein des deux côtés de la ligne de front. Un constat d'autant plus vrai que les deux camps sont en pleines négociations en vue d'éventuels cessez-le-feu.
«Nous pouvons dire que la Fédération de Russie a clairement défini dans ces documents que la question ukrainienne doit être résolue d'ici 2026, a glissé Vadym Skibitsky, avant d'ajouter que, si la guerre continue encore cinq à dix ans, la Russie ne pourra jamais rattraper son retard et atteindre le même niveau que les États-Unis et la Chine.»
Des conséquences économiques dramatiques
Il y a de nombreuses raisons de penser que la Russie pourrait connaître un décrochage économique dramatique en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions qu'elle a engendrées. Il n'est pas surprenant de voir le Kremlin négocier un allègement de ces sanctions, alors que les pourparlers sur une cessation des hostilités en mer Noire ont débuté, indique le New York Times, revenant sur les exigences de la Russie pour qu'un arrêt des combats puisse être envisagé.
Le directeur du GUR, Kyrylo Boudanov, a lui aussi indiqué que Moscou souhaitait voir la guerre s'arrêter à l'horizon 2026, avant tout pour des raisons économiques: «S'ils ne mettent pas fin à cette guerre d'ici 2026, ils perdront toute chance de leadership mondial. Il ne leur restera, au mieux, qu'un leadership régional, ce qui est absolument inacceptable pour eux», a-t-il confié à l'agence de presse nationale ukrainienne Ukrinform le 27 février.
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Des bénévoles de l'organisation ukrainienne «Platsdarm» collectent et transportent les corps de soldats russes décédés depuis les positions de combat dans le cadre des efforts d'identification des corps, qui seront ensuite envoyés en Russie pour être remis à leurs familles, dans l'oblast de Donetsk, en Ukraine, le 2 mars 2025. | Diego Herrera Carcedo / ANADOLU / Anadolu via AFP
Ukraine: 100.000 soldats russes ont été tués ou blessés en trois mois, mais l'armée de Poutine avance toujours
Ces informations entrent en contradiction avec de récentes révélations du quotidien américain The Washington Post, qui affirmait qu'un groupe de réflexion proche des services de renseignements russes jugeait impossible une résolution pacifique du conflit en 2026. Après trois ans de guerre, et malgré quelques gains territoriaux, la campagne d'Ukraine est un échec sur tous les plans pour la Russie. Humain et matériel bien sûr, mais aussi économique, diplomatique et géopolitique. Poutine peut-il encore pousser pour tenter de renverser la situation, ou doit-il chercher à sortir du conflit le plus vite possible?
Quoi qu'il en soit, le Kremlin continue d'avancer masqué dans les négociations, plutôt enclin à formuler des exigences maximalistes lors des pourparlers avec Washington, visiblement disposé à accepter certaines de ses demandes. Cette situation a poussé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à intervenir lors d'un rassemblement pour la paix à Paris, le 25 mars, où il a déclaré que, bien souvent, Donald Trump reprenait certains éléments du discours narratif russe.
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