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domingo, 18 de agosto de 2024

Mort d'Alain Delon : 15 chefs-d’œuvre dans une incroyable carrière - Jean-Luc Wachthausen (Le Point)

 Mort d'Alain Delon : 15 chefs-d’œuvre dans une incroyable carrière

En 1960, l’acteur, décédé ce dimanche à 88 ans, devenait, à 25 ans, une star grâce à « Plein Soleil ». Voici notre sélection, subjective forcément, de ses plus grands films.

Par Jean-Luc Wachthausen/Le Point

Publié le 18/08/2024 

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Ému aux larmes, lors du Festival de Cannes 2019, il avait reçu des mains de sa fille Anouchka, la Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Belle récompense pour célébrer plus de soixante ans de cinéma et beaucoup de films majeurs, voire des chefs-d'œuvre, de Luchino Visconti à Joseph Losey, d'Henri Verneuil à René Clément et Jacques Deray.

Au-delà d'un physique exceptionnel, Alain Delon, décédé dimanche 18 août à 88 ans, aura marqué de sa personnalité parfois ombrageuse l'histoire du cinéma et fait rêver des millions de spectateurs et de spectatrices dans le monde. Celui que Jean-Pierre Melville voyait comme un « seigneur », « un des grands samouraïs de l'écran » entre aujourd'hui dans la légende.


Plein soleil, de René Clément (1960)

L'adaptation du roman de Patricia Highsmith, Monsieur Ripley, par le grand scénariste Paul Gégauff. Alain Delon s'impose avec brio en Tom Ripley, parfait usurpateur et beau monstre, prêt à tout pour supprimer le riche Maurice Ronet, prendre sa place et séduire sa maîtresse, jouée par Marie Laforêt. Magnifié par la musique de Nino Rotta, les couleurs vives du procédé Estamancolor et la direction d'acteurs de René Clément, ce film, devenu un classique du cinéma français, révèle Alain Delon dans un rôle ambigu, à la fois irrésistible et repoussant, point de départ de sa longue carrière.


Rocco et ses frères, de Luchino Visconti (1961)

De sa rencontre avec le grand réalisateur italien Luchino Visconti qui tombe sous le charme naît ce film tendu et violent qui décroche le prix spécial du jury au Festival de Venise. Dans cette sombre chronique d'une famille pauvre de l'Italie du Sud qui monte à Milan et se désintègre, Alain Delon s'impose dans la peau d'un Rocco fascinant et sauvage face à Annie Girardot, Claudia Cardinale et Roger Hanin.

 

Le Guépard, de Luchino Visconti (1963)

Au côté de son maître et mentor Visconti, Alain Delon plonge dans un univers fascinant, celui de l'aristocratie italienne, avec ses codes et ses non-dits. Pour cette fresque, qui va devenir un des chefs-d'œuvre du 7e art (Palme d'or à Cannes), le cinéaste confie à Delon le rôle de Tancrède, le neveu du prince Salina, joué par Burt Lancaster. Dans ses habits de jeune partisan de Garibaldi, il brille de toute sa beauté éclatante face à la sensuelle Claudia Cardinale qu'il retrouve pour la seconde fois.


Mélodie en sous-sol, d'Henri Verneuil (1963)

Après avoir tourné en 1962 L'Éclipse, de Michelangelo Antonioni, au côté de la blonde Monica Vitti, Alain Delon enchaîne un autre film majeur avec un acteur qu'il admire : Jean Gabin. Henri Verneuil est à la réalisation et Michel Audiard aux dialogues. Du sérieux. Le jeune acteur apprend beaucoup au contact de son glorieux aîné et tire son épingle du jeu dans cette histoire de gangsters, dont la scène finale est d'anthologie.


Les Aventuriers, de Robert Enrico (1967)

Autre grande rencontre d'Alain Delon : Lino Ventura. Tous deux se retrouvent au côté de la belle Joanna Shimkus et de Serge Reggiani devant la caméra de Robert Enrico, qui les embarque sur un bateau à destination du Congo à la recherche d'une cargaison de diamants engloutis au fond de la mer. Une histoire d'hommes et d'amitié où Delon apparaît sous un jour plus fragile.


Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1967)

Petit chef-d'œuvre et grand tournant dans la carrière de Delon avec ce film crépusculaire de Jean-Pierre Melville, tiré du roman The Ronin, de Goan McLeod. Borsalino, gabardine au col relevé, regard froid et détaché, beauté magnétique, il est de tout son être ce samouraï qui marche lentement vers sa mort. En ouverture du film, figure l'épigraphe extraite du Bushido : « Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï. Si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle… Peut-être… » Impossible d'oublier son personnage de Jeff Costello, rôle majeur qui forge déjà la légende Delon que Melville voyait comme un « seigneur ».


La Piscine, de Jacques Deray (1969)

Dix ans après leurs fiançailles, il retrouve, autour d'une piscine à Saint-Tropez, une actrice qu'il qualifiera plus tard « d'amour de sa vie » : Romy Schneider. Alain Delon retrouve aussi Maurice Ronet, qu'il tue encore une fois dans cette histoire de triangle amoureux qui tourne mal. C'est peu dire que Delon et Romy Schneider forment l'un des plus beaux couples du cinéma de l'époque dans ce film sous tension et parfaitement maîtrisé de Jacques Deray.


Le Clan des Siciliens, d'Henri Verneuil (1969)

De nouveau Jean Gabin, Henri Verneuil et Lino Ventura, plus la musique d'Ennio Morricone. Trois acteurs fétiches dans une autre histoire de voyous siciliens et de hold-up. Dans la peau du taulard évadé, Delon n'a pas le beau rôle et fait tout foirer après la découverte de sa liaison avec une des filles du clan. Gros succès public.


Le Cercle rouge, de Jean-Pierre Melville (1970)

Nouvelle rencontre entre deux géants : Delon retrouve le réalisateur du Samouraï pour ce rôle d'un ancien détenu qui prépare un gros coup. Il est entouré par des pointures : Bourvil dans le rôle d'un commissaire de police tenace, Yves Montand en ex-flic alcoolique, François Périer en patron de cabaret, Gian Maria Volonte en truand en cavale. Tous sont liés par la fatalité et se retrouvent enfermés dans ce cercle rouge évoqué en ouverture du film par une citation de Krishna. Un film sombre et désenchanté pour un Alain Delon désormais abonné aux rôles de voyou.


Borsalino, de Jacques Deray (1970)

Marseille, dans les années 1920. L'histoire de Carbone et Spirito, deux truands marseillais à l'ancienne, écrite par Jean Cau, Claude Sautet et Jean-Claude Carrière et mise en scène avec brio par Jacques Deray. L'affaire n'a pas été simple : le « milieu » ne voit pas le projet d'un bon œil. Deray reçoit des menaces de mort. Delon se rend chez les Carbone en Corse, règle tout et produit le film. Hors champ, le réalisateur fait tout pour maîtriser les ego des deux stars, Delon et Belmondo, qui finiront tout de même au tribunal pour une histoire de nom sur l'affiche. Reste un film à succès avec quatre millions de spectateurs en salle.


La Veuve Couderc, de Pierre Granier-Deferre (1971)

L'adaptation réussie du roman de Georges Simenon qui se déroule en 1936 dans la campagne dijonnaise. L'histoire d'un bagnard en cavale qui se réfugie dans la ferme de la veuve Couderc, dont il devient l'amant. Un beau drame naturaliste amplifié par le jeu du couple exceptionnel formé par Alain Delon et Simone Signoret.


Deux hommes dans la ville, de José Giovanni (1973)

Dernier face-à-face de Delon et Jean Gabin, du disciple et de son maître, dans ce film noir de José Giovanni qui aborde les questions de la rédemption et de la réinsertion d'un ancien criminel pris en sympathie par un éducateur. Un grand rôle dramatique joué avec sobriété par l'acteur, bouleversant dans la scène finale de la guillotine.


Monsieur Klein, de Joseph Losey (1976)

Un des grands films auquel Alain Delon tenait le plus et dans lequel il avait investi personnellement en tant que producteur. Boudé au Festival de Cannes 1976 et absent du palmarès, il lui laisse un goût amer. Du coup, il a profité de sa Palme d'honneur décernée en 2019 pour présenter de nouveau en séance officielle ce chef-d'œuvre de Joseph Losey. Dans la peau de ce Monsieur Klein, un salaud ordinaire qui va prendre l'identité d'un homonyme juif et partir pour Auschwitz, il est sobre, bouleversant, mystérieux, exceptionnel.


Notre histoire, de Bertrand Blier (1984)

Delon dans les pattes du réalisateur des Valseuses qui aime dynamiter les genres : ici, le mélo, poussé du côté du roman-photo dans une histoire où il est question de solitude et d'amour-passion, le tout servi par des dialogues au couteau. Ça passe ou ça casse. Gros échec à sa sortie en salle, ce qui n'empêche pas Alain Delon de montrer l'étendue de son registre dans les bras de Nathalie Baye.


Pour la peau d'un flic, d'Alain Delon (1981)

Pour ce quinzième et dernier film d'une liste forcément subjective, honneur au Delon réalisateur qui, pour son premier essai, signe un polar solide et violent. À la fois derrière et devant la caméra, il joue un privé pris dans un piège diabolique. Scénario costaud, tiré du roman de Jean-Pierre Manchette, scènes spectaculaires, casting musclé (Daniel Auclair, Anne Parillaud, Daniel Cecccaldi, Jean-Pierre Darras), c'est un succès auprès de la critique et du public.