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domingo, 24 de março de 2024

Brésil. Couleurs de peau, autochtones et quilombolas dans le recensement - Hervé Théry (Diploweb)

Pour les cartes et photos, voir l'article dans sa source: 

https://www.diploweb.com/Bresil-Couleurs-de-peau-autochtones-et-quilombolas-dans-le-recensement.html?utm_source=brevo&utm_campaign=Gopolitique%20du%20Brsil%20Comprendre%20le%20cyber%20Comment%20procder%20%20une%20analyse%20gopolitique%20&utm_medium=email

Brésil. Couleurs de peau, autochtones et quilombolas dans le recensement

Par Hervé THERY, DiploWeb, le 23 mars 2024  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Hervé Théry, Directeur de recherche émérite au CNRS-Creda. Professeur à l’Universidade de São Paulo (USP-PPGH). Auteur de nombreux ouvrages. Co-directeur de la revue en ligne « Confins ». Membre du Conseil scientifique du Diploweb.com. hthery@aol.com

Les données fournies par le recensement devraient permettre de mieux connaître ce pays fascinant et d’en corriger – peut-être – les abyssales inégalités. Il met notamment à jour les communautés quilombos formées à l’origine par des esclaves échappés des plantations. Démonstration à partir de 4 cartes et 3 photographies d’Hervé Théry.

Le recensement de 2022 dont l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistique) a commencé à publier les résultats apporte des éléments précis sur plusieurs catégories sociales jusque-là négligées, les autochtones et les quilombolas. Il permet aussi d’analyser la composition de la population par « couleur de peau / race », pour reprendre sa terminologie. Cette dénomination qui peut paraître choquante – non sans raison – en France ne semble pas poser de "problèmes" au Brésil. Elle figure dans les recensements depuis celui 1940 – chacun/e déclare la catégorie où il/elle souhaite figurer – et est même approuvée par les militants des mouvements de défense des Noirs et des Métis qui réclament – et obtiennent – des « quotas raciaux », notamment dans les universités.

LORS Lors du lancement de son nouveau recensement démographique brésilien (2022), le président par intérim de l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistique) Cimar Azeredo, avait souligné qu’avec ces données, l’Institut remplissait sa mission, faire un portrait exact du Brésil, en particulier en incluant pour la première fois une analyse des quilombolas, les habitants des quilombos, ces communautés formées à l’origine par des esclaves échappés des plantations [1].

Selon lui, grâce à cette analyse, les politiques publiques pourraient désormais être élaborées sur de bonnes bases : « Aujourd’hui, nous avons mis les quilombolas sur la carte, et nous allons y mettre aussi les indigènes et les habitants des bidonvilles. C’est un point important, car ce sont les populations qui ont le plus besoin de ces statistiques, nous devons savoir de combien d’écoles, de combien de centres de santé ces populations ont besoin. Nous avons vu des quilombolas s’identifier et se reconnaître dans le recensement de 2022. L’IBGE en est très fier », avait déclaré M. Azeredo.

Les cartes ci-dessous ont été élaborées à partir de ces données et sont accompagnées de brefs commentaires basés en partie sur les informations fournies par l’IBGE lors de la publication de chaque série de données. Une analyse plus complète a été publiée – en portugais – dans notre revue franco-brésilienne Confins [2]. Nous avons choisi de traiter ici les données sur les couleurs de peau, les peuples autochtones (naguère appelés « Indiens ») et les quilombolas.

Population par couleur de peau

Avec la cinquième livraison de données [3], l’IBGE a rendu publiques des informations qui permettent de connaître l’appartenance ethnique des habitants, en tenant compte de deux principes directeurs. La catégorisation de la couleur ou de la « race » est historiquement étudiée depuis le recensement démographique de 1991, lors du recensement on demande aux personnes interrogées à quelle catégories ils s’identifient, en leur donnant de choix entre cinq possibilités : blanc, noir, jaune, brun et indigène. Ce qui est nouveau, c’est l’adoption, pour la première fois, de méthodologies visant à comprendre les différents aspects de la perception personnelle de ces catégories, divers critères d’appartenance identitaire peuvent être utilisés pour cette classification (origine familiale, couleur de la peau, traits physiques, ethnicité, entre autres).

Les statistiques fournies, disponibles aux échelles du Brésil entier, des grandes régions, des unités de la fédération (États) et des communes, sont les suivantes : population résidente pour chaque catégorie et part relative respective dans la population résidente totale, sexe, groupes d’âge, âge médian et indice de vieillissement. Dans une approche complémentaire, la publication fournit également un aperçu de la part de chacune des cinq catégories considérées dans la population de l’Amazonie.

Selon ces données un peu plus de 92,1 millions de personnes se déclaraient métisses (pardos), soit 45,3 % de la population du pays. Depuis 1991, ce contingent n’avait pas dépassé la population blanche, qui est cette fois de 88,2 millions (soit 43,5 % de la population du pays). Quelques 20,6 millions de personnes se déclarent noires (pretos, 10,2 %), 1,7 million indigènes (indígenas, 0,8 %) et 850 100 « jaunes » (amarelos, 0,4 %).

Photo 1 – Brésil. Enfants dans une crêche à Luziânia (Goiás)
@Hervé Théry, 2003

La carte 1 ci-dessous est construite en traçant, dans chacune des « régions immédiates » [4] définies par l’IBGE, des cercles proportionnels au nombre de personnes de chacune des catégories de couleur de peau, auxquels est affectée une gamme chromatique d’autant plus sombre que leur proportion dans la population totale est élevée. Le groupe le plus nombreux, celui des métis (pardos), prédomine dans le Nord amazonien, le Nordeste et le Centre-Ouest. Il est moins présent dans le Sudeste, notamment dans les deux grandes métropoles, São Paulo et Rio de Janeiro, et franchement minoritaire dans les deux États du Sud. Le deuxième en effectif, celui des blancs (brancos) est au contraire massivement présent en nombre et en proportion dans les trois États du Sud et de São Paulo. La part des personnes qui déclarent être noires (pretos) est forte à Salvador et dans les État de Bahia, du Maranhão, de Rio de Janeiro et du Minas Gerais, mais très limitée ailleurs.

Enfin pour les deux dernières catégories, les « jaunes » (amarelos, c’est-à-dire les Brésiliens d’origine asiatique) et les indigènes (indígenas) il a fallu adopter une autre échelle pour la représentation des cercles proportionnels car ce sont des catégories très peu nombreuses : la carte ainsi modifiée montre que les premiers sont surtout présents dans l’État de São Paulo et le nord du Paraná (où leurs parents ou grands-parents ont été amenés jadis pour la culture du café) et les seconds dans l’extrême nord-ouest amazonien et dans quelques autres États avec des effectifs – et surtout une proportion – bien moindre.

Carte 1 Brésil. Population par couleur de peau

Si l’on synthétise cette distribution des groupes de couleurs de peau par une typologie, issue d’une classification ascendante hiérarchique-CAH (carte 2), on observe que dans la plus grande partie du territoire national ce sont les métis qui ont la plus forte présence alors que dans le Sud ce sont les blancs. Les autres catégories ne sont significativement présentes que dans un petit nombre de régions, certaines parties du Nordeste pour les noirs, une partie de São Paulo pour les « jaunes » et la très haute Amazonie pour les indigènes. Dans les trois cas existent quelques exceptions, liées à des migrations vers des régions de production tout à fait particulières (comme les cultures irriguées ou le poivre pour les colons d’origine japonaise) ou vers des zones de refuge (comme les quilombos dans l’intérieur du Nordeste).

Carte 2. Brésil. Typologie des couleurs de peau

Peuples autochtones du Brésil

Dans cette édition du recensement, l’IBGE a cherché des informations qui lui permettraient de mieux connaître la population « indigène » (selon sa terminologie) et sa répartition à l’intérieur et à l’extérieur des « terres indigènes » [5]. À cette fin, il a établi des partenariats avec divers organismes et ONGs, a eu le soutien des communautés indigènes et a bénéficié de l’accompagnement de diverses organisations représentatives, notamment l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (APIB), « garantissant le droit à une consultation libre, préalable et informée à tous les stades de l’opération ».

Cette publication met à jour les statistiques précédemment disponibles, organisées en grands thèmes : population autochtone résidente et sa proportion par rapport à la population résidente totale, total des domiciles occupés par au moins un résident autochtone, nombre de résidents (total et autochtone), nombre moyen de résidents par domicile (total et autochtone), et pourcentage de résidents autochtones par rapport au nombre total de résidents dans ces ménages.

Les résultats ont été annoncés lors d’un événement organisé à la Casa do Olodum, située sur la place du Pelourinho [6], à Salvador. La cérémonie s’est déroulée en présence de représentants des principaux partenaires de l’Institut, tels que le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), les ministères de l’égalité raciale, de la planification et des peuples indigènes, Olodum [7], le secrétariat du gouvernement de l’État de Bahia pour la promotion de l’égalité raciale et des peuples et communautés traditionnels (Sepromi), parmi d’autres institutions.

Photo 2 – Brésil. Danse autour de la parabole dans un village Kaiapô (Pará)
@Hervé Théry, 2001

Selon l’IBGE, la population indigène du pays s’élevait à en 2022 à 1 693 535 personnes, ce qui représente 0,83 % de la population totale du pays, dont un peu plus de la moitié (51,2 %) était concentrée en Amazonie. En 2010, lors du précédent recensement, 896 917 indigènes avaient été recensés dans le pays : il y a donc eu une augmentation – apparente - de 88,82 % en 12 ans.

Selon Marta Antunes, chef du projet « Peuples et communautés traditionnelles » de l’IBGE, l’augmentation du nombre d’indigènes entre les deux recensements s’explique principalement par les changements méthodologiques apportés pour améliorer la prise en compte de cette population. « Nous avons élargi la question " vous considérez-vous comme autochtone ? », explique-t-elle. Lors du précédent recensement démographique, la question sur leur couleur ou « race » a été posée à toutes les habitants du pays. Cependant, la question « vous considérez-vous comme indigène ? » n’était posée qu’aux personnes résidant dans des « terres indigènes » officiellement délimitées par la FUNAI et se déclarant blanches, noires, métis ou jaunes. En 2022, cette question a été étendue à d’autres localités indigènes, qui comprennent, outre les territoires officiellement délimités [8], les « groupements indigènes » identifiés par l’IBGE et d’autres « localités indigènes », où existe une présence avérée ou potentielle d’indigènes.

C’est donc ce changement de méthodologie qui explique largement le quasi-doublement du nombre des autochtones comptabilisés par le recensement, et cela met en lumière le fait qu’en ne comptant que ceux qui étaient présents dans les « terres indigènes », on rendait invisibles les personnes qui, tout en se considérant encore comme des « indigènes », avaient choisi de quitter ces réserves et de migrer vers des régions où la plupart des habitants font partie d’autres groupes.

La carte 3 ci-après met en regard les demi-cercles rouges de ceux qui habitent dans les terres indigènes et les demi-cercles bleus de ceux qui ont choisi de s’installer ailleurs. En Amazonie ils ont rejoint les communes les plus peuplées de la vallée de l’Amazone et de ses principaux affluents, dans le Nordeste ils sont beaucoup plus nombreux à habiter sur le littoral que dans les rares réserves qui leur restent. Ce n’est que sur un axe sud-ouest/nord-est qu’ils ont massivement choisi de rester dans les terres indigènes, sauf dans le Mato Grosso do Sul, où certains ont dû migrer vers les villes à cause de l’étroitesse des terres qui leur ont été laissées.

D’autres cartes [9], consacrée aux habitants non indigènes habitant dans les terres indigènes, montre qu’ils sont présents presque partout dans le pays avec des proportions élevées dans le Nordeste et sur les fronts pionniers du Pará. Une autre associe la répartition des personnes qui se considèrent comme indigènes mais qui résident hors des terres indigènes, dont la distribution correspond d’assez près à la hiérarchie urbaine brésilienne, avec une prédominance de ses principales métropoles, en haute Amazonie, secondairement dans le centre du Maranhão et quelques parties du Mato Grosso et du Mato Grosso do Sul.

Carte 3. Brésil. Population autochtone, à l’intérieur et à l’extérieur des « terres indigènes »

Quilombolas

Dans cette édition du recensement, l’IBGE a également étudié pour la première fois la population quilombola [10] et ses caractéristiques démographiques, géographiques et socio-économiques. Pour ce faire, il a établi des partenariats avec divers organismes et ONGs, avec le soutien des leaders communautaires et a bénéficié de l’accompagnement permanent de la Coordination nationale pour l’articulation des communautés rurales noires quilombolas (Conaq). Cette enquête sans précédent a été saluée comme une reconquête historique par les autorités et surtout par les différents leaders de quilombos présents lors de l’événement de lancement, qui a réuni plus de 120 personnes dans l’auditorium du siège de l’Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire (INCRA) à Brasilia.

Photo 3 – Brésil. Quilombo dans le Vale do Ribeira (São Paulo)
@Hervé Théry, 2007

L’information selon laquelle le pays compte 1 327 802 quilombolas, soit 0,65 % de la population totale, a été soulignée dans la presse nationale et même à l’étranger, avec des articles publiés par le journal britannique The Guardian et la BBC.

Ci-après, la carte 4, qui situe ces populations quilombolasfait bien apparaître les zones ou des esclaves fuyant les principales régions de plantation avaient pu trouver refuge en s’enfonçant vers l’intérieur du pays : vers la pré-Amazonie du Maranhão, vers l’intérieur du Pará, ou l’extrême sud de l’État de São Paulo (Vale do Ribeira). Le groupe le plus remarquable est toutefois celui qui dessine deux axes nord-est/sud-ouest au long du littoral et dans le centre de l’État de Bahia, avec des prolongements du nord au sud du Minas Gerais et vers le Goiás-Tocantins : cette configuration est tout à fait inédite et méritera des recherches particulières quand d’autres données du recensement auront été rendues disponibles par l’IBGE.


Carte 4 Brésil. Population de Quilombolas

En tout cas la déclaration de Cimar Azeredo, citée en introduction, contraste très fortement avec celle qui avait été faite par Jair Bolsonaro lorsqu’il était candidat à la présidence de la République : il avait alors proféré des attaques racistes contre les Noirs lors d’une conférence au Club Hébraïque de Rio de Janeiro et déclaré que, s’il était élu, il avait l’intention de mettre fin à toutes les réserves foncières pour les peuples indigènes et les quilombolas. « Je suis allé dans un quilombo. L’afro-descendant le plus léger pesait sept arrobas [11]. Ils ne font rien. Je ne pense qu’ils ne sont même plus capables de procréer » [12].

Décidément le contexte politique brésilien a bien changé et les données fournies par ce recensement devraient permettre de connaître mieux ce pays fascinant et d’en corriger – peut-être – les abyssales inégalités.

Copyright Mars 2024-Théry/Diploweb.com

[1Le mot quilombo vient de la langue bantoue et fait référence au « guerrier de la forêt".

[4Plus petites que les « régions intermédiaires », elles ont respectivement remplacé les « microrégions » et les « mésorégions »

[6Littéralement du « petit pilori » car c’est là, dit-on, que les esclaves étaient punis. Elle est inscrite par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’Humanité sous la dénomination « Centre historique de Salvador de Bahia ».

[7Groupe culturel brésilien de la communauté noire de Salvador, fondée en 1979 par un groupe d’habitants du quartier de Pelourinho dans le but de participer au Carnaval. Son principal objectif est la lutte contre le racisme, la promotion et le soutien à la communauté afro-brésilienne.

[8Fondation nationale de l’Indien, l’organisme chargé de la protection des autochntones.

[9Consultables sur un billet du carnet de recherche Braises, « Premières images du recensement brésilien de 2022 », https://braises.hypotheses.org/2096 .

[10NDLR : Comme cela a été précédemment défini, la population quilombola rassemble des communautés formées à l’origine par des esclaves échappés des plantations.

[11L’arroba (de l’arabe ar-rub, la quatrième partie) équivalait à l’origine au quart d’un quintal, soit 25 livres (environ 12 kg). Avec l’introduction du système international d’unités, l’arroba a perdu une grande partie de sa fonction, mais elle n’a pas cessé d’exister ; au Brésil, elle est toujours utilisée pour mesurer le poids des bovins et des porcs. Son symbole @ est aujourd’hui largement utilisé en informatique pour indiquer l’emplacement des adresses électroniques.


domingo, 3 de setembro de 2023

Comment l’Ukraine a-t-elle pu faire face à l’agression russe ? - Yes Plasseraud (Diploweb)

A Ucrânia quase não tinha nenhuma identidade nacional nos primeiros trinta anos de sua independência da finada URSS. A agressão russa deu a esse povo, dividido politicamente, religiosamente, até culturalmente, uma nova identidade, criou sua identidade, que é EUROPEIA agora, e que deve marcar sua reconstrução nas próximas décadas. Isso se fez ao longo de reformas institucionais e administrativas conduzidas depois da revolução Maidan, de 2013-14. Aqui um trecho desta análise: 

"... l’ensemble des mécanismes de maillage territorial du pays, combinés à l’influence mobilisatrice de la guerre ont contribué à créer en Ukraine une conscience nationale nouvelle au niveau de l’ensemble du pays. Par une multitude de liens, les citoyens, de la Ruthénie subcarpathique au Donbass, et de Kyiv à Odessa, ont appris à se connaître d’une région à l’autre et, ceci est nouveau, à comprendre à quel point leur destin était commun. Ils ont aussi, sous l’influence de ses provinces occidentales et des échanges intenses avec l’Occident, y compris les États-Unis, réalisé combien leur pays est différent de la Russie. Dans la perspective d’une reconstruction du pays, une fois le calme revenu, cette évolution constituera un atout considérable." 

Comment l’Ukraine a-t-elle pu faire face à l’agression russe ?

Par Yves PLASSERAUD 

Diploweb, le 3 septembre 2023  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF


Depuis 1995, Yves Plasseraud se consacre à la recherche et à la défense des droits de l’Homme et des minorités ethniques, culturelles et religieuses. Il fait à cet égard de nombreuses interventions et publie une dizaine de livres dont un « Atlas Européen des minorités » (Autrement). Les États baltiques, leur devenir et leurs problèmes minoritaires, feront aussi l’objet d’une dizaine de livres, souvent en collaboration avec son épouse Suzanne Pourchier. Autre sujet d’investigation, les Juifs de l’aire baltique à propos desquels il publie plusieurs ouvrages en collaboration avec Henri Minczeles. Ses deux plus récents ouvrages publiés sont : « Les pays baltiques, le pluriculturalisme en héritage », Armeline, 2019 et, en collaboration avec Suzanne Pourchier-Plasseraud, « Les Germano-baltes », Armeline, 2022.

Comment les Ukrainiens ont-ils réussi à résister à la Russie ? Beaucoup de pays européens se posent la question. Comment l’Ukraine arrive-t-elle à faire société et à développer une cohérence fonctionnelle face à l’adversité ? Beaucoup cherchent à comprendre la fameuse résilience ukrainienne. Y. Plasseraud apporte ici une partie des clés. L’ensemble des mécanismes de maillage territorial du pays, combinés à l’influence mobilisatrice de la guerre ont contribué à créer en Ukraine une conscience nationale nouvelle au niveau de l’ensemble du pays.

ON s’interroge souvent en Occident sur l’origine de la surprenante résilience [1] de la société ukrainienne depuis l’invasion russe du 24 février 2022. Alors que les « experts » s’accordaient pour envisager une résistance d’au plus quelques jours, comment un État réputé faible et divisé, est-il parvenu à trouver en lui-même les ressources pour résister aux multiples facettes de l’agression russe, visant notamment à le déstabiliser ? Comment les Ukrainiens sont-ils parvenus à gérer une guerre hybride qui s’attaque autant aux civils de toutes les régions du pays qu’aux soldats sur le front ? Comment ont-ils fait pour gérer la destruction systématique de leurs sources de produits alimentaires, d’énergie et particulièrement d’électricité ? Comment l’économie du pays a-elle continué à fonctionner ? Comment expliquer que le découragement n’ait pas gagné une population terrifiée, frigorifiée, dénutrie et souvent privée de sommeil ?

Comment l'Ukraine a-t-elle pu faire face à l'agression russe ?
Yves Plasseraud
Plasseraud

Sans prétendre donner une réponse complète, les réflexions ci-dessous offrent quelques pistes.

Une société fragile et fracturée

Avant le déclenchement de la guerre, depuis quelques décennies, les critiques – souvent « influencés » par Moscou - de l’Ukraine ont glosé « ad nauseam » sur les prétendues fractures et tares invalidantes de la société ukrainienne. Rappelons-en quelques-unes ci-dessous.

1. Il existe historiquement trois Ukraine : l’occidentale, autour de Lviv, anciennement austro-hongroise, de culture ouest-européenne ; l’Ukraine centrale, autour de Kyiv, de culture centre-européenne ; et celle de l’Est, nettement est-européenne, très russe par sa langue et sa mentalité. Entre ces trois zones, et surtout entre la première et les deux autres, l’ignorance mutuelle et l’incompréhension seraient la règle.

2. Après des siècles de vie commune avec la Russie, l’Ukraine du XXI° siècle, profondément russifiée, n’aurait plus guère de spécificité voire d’identité distincte et son destin naturel serait de se fondre dans le « grand » peuple russe.

3. Au point de vue religieux, le pays serait profondément divisé entre 3 ou 4 églises orthodoxes, dont une, importante numériquement, fidèle au patriarche orthodoxe Kirill de Moscou [2].

4. Enfin, la société ukrainienne, corrompue et immature, serait peu susceptible de solidarité.

Dans l’ensemble, il faut le reconnaître, trois de ces observations contiennent une part de vérité. Quant à la deuxième - « le destin naturel de l’Ukraine serait de se fondre dans le « grand » peuple russe » - l’histoire de la première année de relance de la guerre russe contre l’Ukraine a suffi à lui enlever toute crédibilité.

Il faut ajouter à cela, surtout depuis l’élection du Président Volodymyr Zelensky en 2019, le déferlement permanent de désinformations, de « fake news » et autres « spams », véhiculés depuis la Russie et visant à « appuyer là où ça fait mal », afin de déstabiliser la société - encore largement russophone - d’un État décrit comme « nazi ».

Comment dans ces conditions le pays est-il parvenu à « faire société » et à développer une cohérence fonctionnelle face à l’adversité ? Plus de 500 jours après l’invasion russe, alors que 78% des Ukrainiens ont un proche qui a été tué ou blessé durant le conflit, la société ukrainienne a non-seulement « tenu » civilement économiquement et militairement, mais elle est même parvenue à mener à bien, diverses réformes sociétales importantes engagées plusieurs années auparavant [3], comme l’a confirmé le FMI au printemps 2023 [4].

La première explication tient au fait que, depuis 2013-2014, avec les évènements de Maidan - qualifiés en Ukraine de « Révolution de la dignité », la prise illégale de la Crimée et d’une partie du Donbass par les armées de Moscou, le sentiment national ukrainien, que l’on avait depuis quelque temps un peu tendance à oublier, est ressorti des oubliettes. Galvanisé par la brutalité russe, il a engendré un patriotisme civique actif et positif. L’histoire nationale ukrainienne, débarrassée de la vulgate russe, a - à l’occasion - effectué son grand retour, offrant un creuset intellectuel à la mobilisation.

Le deuxième élément important est le rôle moteur des organisations internationales occidentales et particulièrement de l’UE, du FMI et de l’OCDE, ainsi que des États-Unis. Le fait que le Président Zelensky ait demandé l’adhésion de son pays à l’UE cinq jours après l’invasion du 24 février 2022 a, après l’acceptation du principe par le Conseil européen, a constitué pour l’Ukraine un ferment d’espoir et de mobilisation remarquable. Cela ouvre une perspective pour l’après-guerre. Depuis le changement de statut de l’Ukraine de « voisin » de l’Union, à candidat officiel à l’adhésion en juin 2022, les objectifs à atteindre pour rejoindre l’Union ont amené le pays à « changer de braquet » en matière de réformes et se sont révélés très mobilisateurs.

La volonté politique constante et affirmée des autorités depuis 2015, mais plus encore depuis 2022, associés aux pressions internationales, s’est avec succès, largement appuyés sur l’outil informatique pour accroître la transparence des opérations concernées auprès des citoyens. Les demandes du FMI ont notamment été satisfaites. « Dans l’ensemble, la stabilité macroéconomique et financière a été maintenue, grâce à une politique prudente ainsi qu’à un soutien extérieur continu », déclare Gavin Gray, responsable de la mission du FMI en Ukraine qui « s’est dit satisfait de la législation en cours visant à mieux répertorier qui détient les actifs du pays. » « Cette loi permettra de lutter plus efficacement contre la corruption », a souligné le responsable du FMI. A ses yeux, les projets législatifs visant à mieux collecter l’impôt témoignent du fait que les autorités ukrainiennes font « leur part du travail ».

Grâce à une ferme volonté politique, à une justice plus efficace et à l’action du Bureau anti-corruption (NABU), la corruption a commencé à régresser depuis Maidan et plus encore depuis l’invasion de 2022. Si l’Ukraine est aujourd’hui encore souvent mentionnée à ce sujet, ce n’est pas qu’elle y soit plus intense qu’ailleurs, c’est surtout parce que la société ukrainienne en voie de démocratisation rapide permet mieux de l’identifier et de la stigmatiser.

Globalement, en dépit de l’affaiblissement entraîné par les nombreux départs à l’Ouest [5], la société s’est révélée capable pour l’heure de surmonter ses handicaps pour faire face à l’agression [6] et assurer le fonctionnement correct des principaux organes de la société et de l’État.

Une politique de décentralisation originale

Mais il est sans doute une explication plus pertinente et a priori moins évidente à ce sursaut ukrainien. Il s’agit de l’introduction dans le pays d’une forme originale de fédéralisme. La question de la décentralisation fait depuis longtemps débat en Ukraine. Lors de l’indépendance, la RSSU (République socialiste soviétique d’Ukraine) était divisée en 24 régions (oblasts). Chaque région était elle-même composée de 480 districts (Rayoni). Il existait par ailleurs 10 961 municipalités au niveau local (villes, bourgades et villages). Le centralisme bureaucratique appelé officiellement « démocratique ») à la soviétique y prospérait et la corruption, favorisée par l’opacité du système, y trouvait un terrain favorable, comme c’est toujours le cas en Russie.

Pour améliorer la qualité de l’administration de l’État, l’archaïsme du système et l’hétérogénéité culturelle et ethnique du pays plaidaient pour la mise en place d’une décentralisation poussée assortie d’une transparence renforcée. Or la décentralisation peut prendre des formes diverses. Quel modèle choisir ?

Un système fédéral à l’allemande apparaissait a priori intéressant. Mais, avec une partie Est du pays, largement russophone et en proie à l’agitation et le contexte international que l’on sait, ce choix était risqué. On se souvient que l’application des « Accords de Minsk » de 2014 avait d’ailleurs buté sur une éventuelle autonomie élargie du Donbass, alors réclamée par le Parti des régions du Président Viktor Ianoukovytch (2010-2014) et par Moscou, mais ressentie à Kyiv comme l’antichambre d’une annexion russe. Il fallait donc trouver autre chose.

C’est dans le cadre du système d’autonomie des collectivités locales, préconisé par le Conseil de l’Europe avec sa Charte européenne de l’autonomie locale (1988) [7] chère à Jacques Chaban-Delmas, que les responsables ukrainiens et leurs conseils européens, ont décidé d’inscrire leur démarche. Mais, la série de réformes territoriales entamées en avril 2014, ont tourné le dos à la création de grandes régions auto-administrées, menant le pays vers la fédéralisation. Au contraire, en choisissant d’accroitre considérablement les pouvoirs des autorités locales à l’échelon inférieur, communes ou petites communautés territoriales, ces textes ont posé les bases d’un système original de décentralisation-démocratisation par la base.

Cette première réforme a été complétée par un regroupement volontaire de 10 000 conseils locaux existants en moins de 1500 « Hromadas » (municipalités et communautés territoriales), les « Amalgamated Territorial Communities »(ATC) - de leur nom anglais, couramment utilisé. Ces personnes morales ont en outre simultanément, grâce à une profonde réforme fiscale, pu disposer de plus de ressources (notamment 60% du montant des impôts sur le revenu) permettant ainsi d’améliorer sensiblement la qualité des services publics. Cette réforme, a généré une confiance nouvelle de la population dans ses autorités municipales et locales et corrélativement modifié les relations avec les administrations centrales. Elle devrait prochainement être complétée par une autre loi introduisant une nouvelle procédure de nomination du chef des services fiscaux de l’État et l’introduction d’un audit annuel des services fiscaux de l’État.

Cette initiative, saluée en son temps par la Commission européenne, a très vite donné des résultats probants. De 2015 à 2019, la part de la population vivant en dessous du revenu de subsistance a diminué de plus de moitié, passant de 52 % à 23 %. En outre l’accès à Internet a augmenté de 30% entre 2015 et 2019, même si cette progression a été plus prononcée en ville que dans les régions rurales. Confrontés à la lourdeur et à la faible réactivité de l’administration d’un État central encore post-soviétique, les administrations régionales et municipales, appliquant systématiquement le « principe de subsidiarité », ont de ce fait joué un rôle fondamental dans la restructuration de la société.

Faire face à la guerre et à l’occupation, une « gouvernance collaborative »

Depuis la relance de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, un nouveau bond en avant a été effectué par Kyiv en matière de décentralisation. Certaines pratiques démocratiques – en matière d’élections et d’information notamment - ayant été limitées par l’instauration de la Loi martiale, les procédures administratives se sont trouvées accélérées à la grande satisfaction des administrés.

Les structures mises en place à partir de 2015 ont rapidement été réorientées pour faire face à une situation de guerre. Dans ce contexte, une collaboration tous azimuts entre partenaires sociaux (administrations locales, institutions sociales, entreprises et contributeurs étrangers, eux-mêmes souvent locaux : on parle de relations « Peer to Peer ») s’est instaurée. Les « Hromadas » de l’ensemble du pays se sont mises à partager entre elles expériences, informations et ressources. Dans ce nouveau cadre [8], les édiles ont aussi reçu (ou se sont saisis) de nouvelles responsabilités en matière de sécurité [9]. Les Administrations Militaires Régionales (AMR), composées de troupes régulières et de recrues locales, normalement chargées de la défense territoriale, se voyant elles-mêmes confier des tâches variées en matière de services sociaux. Une situation radicalement nouvelle par rapport à l’ère soviétique - mais aussi bien différente de celle d’avant 2022 - à laquelle l’ensemble du pays parait aujourd’hui adhérer, même si elle est loin de fonctionner encore partout de manière optimale.

C’est dans ce contexte que, dès les premiers mois de la relance de la guerre, les responsables locaux de cinq municipalités pionnières d’Ukraine : Chernivtsi, Kharkiv, Kropyvnytskyi, Lviv et Odessa, ont réfléchi aux moyens de « mailler » l’ensemble des entités territoriales du pays afin d’accroître la résilience et la réactivité de celui-ci. Ils ont ainsi eu l’idée mettre en place des réseaux thématiques décentralisés (on parle d’ « e-governance ») entre les diverses entités administratives, sociales, associatives et économiques, afin de pouvoir faire face rapidement aux problèmes locaux multiples entraînés par l’agression russe (bombardements, désinformation…) et renforcer la solidarité nationale. De même ces communautés sont à l’origine de la création d’un certain nombre d’ « IT Clusters » (Groupements de technologie de l’information) réunissant des partenaires informatiques complémentaires – en premier lieu des communes et des entreprises - autour de projets communs. Ces structures pionnières ont rapidement fait école dans l’ensemble du pays, y compris dans les zones libérées.

Afin de mettre en place cette « gouvernance collaborative [10] », des spécialistes des technologies de l’information (IT) sont spontanément venus apporter leur aide aux Fournisseurs d’Identité (IDP [11]) afin de permettre aux habitants de développer, en toute sécurité, un système original de communications informatiques interpersonnelles (« Chatboxes »), faisant ainsi des citoyens de véritables partenaires - et non plus comme auparavant des « clients » - des entreprises ou des services publics. Cette solution polycentriste, empruntant aux doctrines d’autogestion, en permettant de répondre rapidement aux situations de crises les plus diverses a notamment rendu possible une coopération industrielle décentralisée entre les divers opérateurs économiques du pays. Il faut souligner ici le rôle essentiel des dirigeants d’entreprises qui ont souvent fait preuve d’une grande solidarité et d’un patriotisme remarquable. En dépit du fait que le PIB ait reculé de 30% en 2022, que le chômage ait grimpé à 26% et l’inflation à 30%, les transports routiers et ferroviaires fonctionnent correctement, le système financier est opérationnel et les magasins sont approvisionnés. En fait l’économie a fait preuve de la même résilience que l’armée. [12] Tout ceci est manifestement dû à l’efficacité de la gouvernance collaborative évoquée ci-dessus.

Les illustrations de ce type de travail collaboratif sont nombreuses, notamment en matière d’assistance aux personnes déplacées en interne (IDP) - plus de 4 millions, dans le pays. Citons quelques-unes de ces expériences. Ce système a notamment rendu possible la coordination des réactions en cas de panne des réseaux mobiles ou d’interruption de la fourniture d’électricité (Plateforme «  viche » à Novoiarychiv dans la région de Lviv). De même, la plateforme « Smart Village » (Nemishaievo) a permis d’organiser des évacuations d’habitants dans les meilleures conditions de sécurité et de rapidité grâce à l’instauration d’un système de « taxis sociaux ». Autre exemple : dans la région de Chernihiv, les autorités locales des communes de Kiptiv et de Ponornytsia ont décidé de faire du pain pour les communes des régions voisines, occupées par les forces russes.

Les municipalités utilisent les Centres de services administratifs, créés dans le cadre des réformes de décentralisation, pour enregistrer les personnes contraintes de se déplacer à l’intérieur du pays, leur donner accès aux prestations sociales et coordonner l’aide humanitaire qu’elles reçoivent. De même, les entreprises réfugiées en territoire libre ont été accueillies et la moitié d’entre-elles ont pu recommencer à fonctionner. Autre exemple, l « IT Cluster » de Lviv, rassemblant 260 entreprises et trois universités a élaboré un plan intitulé « Projet Victoire », en commun avec l’administration militaire de la région de Lviv, afin de moderniser le système régional de défense aérienne. Enfin, dernier exemple, les « cartes interactives » crées à Ternopil ont permis aux résidents d’être immédiatement informés de l’emplacement - variable dans le temps pour des raisons de sécurité - des abris contre les bombardements aériens.

Conclusion

Ainsi, l’ensemble des mécanismes de maillage territorial du pays, combinés à l’influence mobilisatrice de la guerre ont contribué à créer en Ukraine une conscience nationale nouvelle au niveau de l’ensemble du pays. Par une multitude de liens, les citoyens, de la Ruthénie subcarpathique au Donbass, et de Kyiv à Odessa, ont appris à se connaître d’une région à l’autre et, ceci est nouveau, à comprendre à quel point leur destin était commun. Ils ont aussi, sous l’influence de ses provinces occidentales et des échanges intenses avec l’Occident, y compris les États-Unis, réalisé combien leur pays est différent de la Russie. Dans la perspective d’une reconstruction du pays, une fois le calme revenu, cette évolution constituera un atout considérable.

Mais, ces évènements ont produit d’autres « effets collatéraux » importants au plan des relations internationales. L’Ukraine – contrairement à ce qui était le cas auparavant - est désormais connue et reconnue dans le monde comme un État européen [13] à part entière. Ses multiples partenaires dans les domaines les plus divers (commerciauxhumanitaires, militaires), ayant pu apprécier la fiabilité de ses responsables et le courage de ses citoyens en temps de guerre, seront dans l’avenir plus enclins à poursuivre la collaboration avec l’Ukraine dans un contexte pacifié.

NDLR : Il reste à évaluer dans les prochaines années et décennies combien de temps le « prix du sang » conduira la société civile à contraindre le microcosme politique et économique à rester en direction de l’État de droit et de la démocratie qui font partie du projet de l’Union européenne tant réclamé.

Cette évolution constitue une belle illustration de l’adage selon lequel « nécessité fait loi ». Si l’Ukraine n’avait pas, depuis 2014 (CriméeDonbass puis 2022) été confrontée à une monstrueuse agression russe, il est vraisemblable qu’elle ne serait pas parvenue à mener à bien les réformes qui, aujourd’hui lui permettent de tenir face à l’ennemi et espérons-le, demain, de se reconstruire.

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Notes: 

[1NDLR : Le Dictionnaire de l’Académie française définit la résilience comme une « Aptitude à affronter les épreuves, à trouver des ressources intérieures et des appuis extérieurs, à mettre en œuvre des mécanismes psychiques permettant de surmonter les traumatismes. »

[2NDLR : Le 27 mai 2022, l’Église orthodoxe ukrainienne déclare son indépendance du Patriarcat de Moscou.

[3KEUDEL, Oleksandra, GRIMES, Marcia, HUSS, Oksana, Political Will for Anti-Corruption Reform. Op. cit. in Biblio.

[4Richard Hiault, Les Échos, 30 mai 2023.

[58 millions d’individus.

[6En juillet 2023, 87% des Ukrainiens croient à la victoire finale de leur pays sur les forces russes.

[7Ouverte à la signature le 15 octobre 1985 et entrée en vigueur le 1er septembre 1988.

[8Le 16 juillet 2021, anticipant les évènements à venir, la Rada, le Parlement ukrainien avait voté la Loi sur les fondamentaux de la résistance nationale. Celle-ci est entrée en vigueur le 1er janvier 2022.

[9Dans certains des territoires occupés, les mairies sont même souvent parvenues à poursuivre leur fonctionnement selon le droit ukrainien et ont parfois pu s’opposer à l’organisation de référendums russe « d’autodétermination » comme à Kherson.

[10спільного управління.

[11Service qui stocke et vérifie l’identité des utilisateurs.

[12NDLR. L’économie de défense a cependant peiné à se réformer selon E. Grynszpan, « En Ukraine, la mutation tardive de l’industrie de défense », Le Monde, 26 août 2023 .

[13NDLR : Quel qu’il soit – Norvège, Suisse, France ou Ukraine – parler d’un État européen est une formule qui ne permet pas de préciser s’il s’agit de l’Europe géographique, ce qui est le cas des quatre exemples cités, ou membre de l’Union européenne, ce qui est ici le cas d’un seul.