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quinta-feira, 4 de agosto de 2022

La fin de l’histoire contemporaine - Joschka Fischer (La Tribune)

Interessante artigo do ex-ministro das relações exteriores da Alemanha (Partido Verde), mas ele coloca o embate entre o Ocidente e as duas grandes autocracias em termos econômicos e geopolíticos. Tendo a enfatizar mais os aspectos políticos primários, ou seja, a fratura fundamental entre democracias e ditaduras.

Paulo Roberto de Almeida

 


La fin de l’histoire contemporaine

La guerre en Ukraine fait perdre un temps précieux à l’humanité qui devrait être unie pour affronter une somme de défis inédite. Au lieu de cela, la concurrence des États et la fin de la Pax Americana font craindre une intensification des confrontations

Joschka Fischer

La Tribune, 3/08/2022

 

Je ne me souviens pas qu’il y ait jamais eu, ces 75 dernières années, une telle accumulation de chocs majeurs et mineurs. Le monde est aujourd’hui confronté à l’intensification du changement climatique, à une pandémie, à des guerres majeures, à une inflation galopante, à des perturbations du commerce international et des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à de graves pénuries alimentaires et énergétiques.

Une part importante de cette agitation découle des rivalités nouvelles (et renouvelées) entre les grandes puissances. Cela a eu des conséquences très visibles et chaotiques, illustrées par la guerre d’agression de la Russie en Ukraine. Pas besoin d’être un prophète de malheur pour prédire que ce conflit ne sera qu’un acte d’une longue tragédie. En Asie de l’Est, la revendication de Taiwan par la Chine menace également de conduire à une escalade militaire. Et au Moyen-Orient, le programme nucléaire en cours de l’Iran pourrait trop facilement déclencher un conflit militaire majeur.

En bref, nous assistons au dénouement de la Pax Americana qui a sous-tendu les relations internationales pendant plus de 70 ans après la Seconde Guerre mondiale. Après être sortis vainqueurs des deux guerres mondiales du vingtième siècle, les États-Unis ont remporté la guerre froide qui a suivi. Pendant cette période, ils ont garanti la paix et la stabilité en Europe – qui avait été en grande partie détruite en 1945 – et ont jeté les bases de nouveaux systèmes multilatéraux de commerce et de droit international, établis sous l’égide des Nations unies, dont le nombre de membres a augmenté à la suite de la décolonisation. Mais avec la montée en puissance de la Chine et d’autres pays, la Pax Americana – qui n’était certainement pas parfaite – a laissé place à une réalité plus multipolaire.

En particulier depuis le début de ce siècle, l’économie mondiale subit une transformation technologique fondamentale. La numérisation et l’intelligence artificielle restructurent radicalement les économies avancées et rééquilibrent le pouvoir politique au niveau mondial.Depuis la crise financière de 2008, les conditions mondiales sont devenues plus chaotiques, révélant des failles mortelles dans les hypothèses occidentales. L’Europe a succombé à l’illusion qu’un partenariat énergétique avec la Russie garantirait la paix et la stabilité sur le continent.Quant aux dirigeants américains, ils ont cru à tort que l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce et à d’autres accords multilatéraux conduirait inévitablement à sa démocratisation.

Dans les deux cas, les dirigeants occidentaux sont restés aveugles aux intentions et aux objectifs stratégiques des dirigeants russes et chinois. Ils étaient si confiants dans l’attrait universel de leurs propres modèles de civilisation qu’ils n’ont pas su anticiper les conséquences politiques des dépendances économiques qu’ils avaient acceptées. La facture de cette naïveté arrive maintenant à échéance, et elle sera lourde.

La Chine est rapidement devenue un rival technologique de l’Occident, et en particulier des États-Unis, un statut que l’Union soviétique n’a jamais pu revendiquer, même au plus fort du «choc Spoutnik». Il reste à voir où mènera cette nouvelle phase de la concurrence mondiale systémique, mais on peut affirmer sans risque de se tromper que la Chine sera un casse-tête difficile à résoudre. En outre, la nouvelle concurrence entre grandes puissances se déroulera dans des conditions mondiales totalement nouvelles. Le Covide-19 et le changement climatique ont fondamentalement modifié les calculs économiques et politiques mondiaux et continueront à le faire.

Si l’humanité ne parvient pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre au rythme nécessaire pour contenir le réchauffement de la planète, elle se dirigera vers une ère de crises mondiales irréversibles et potentiellement incontrôlables. Pire encore, en raison de la nouvelle dynamique de la concurrence mondiale, les grandes puissances s’orienteront vers une intensification de la confrontation, alors même que les défis auxquels nous sommes confrontés exigent une coopération plus étroite. C’est la véritable tragédie de la guerre du président russe Vladimir Poutine: au-delà des destructions gratuites et des souffrances humaines indicibles, la crise ukrainienne fait perdre à l’humanité un temps précieux qu’elle n’a pas.

Une dernière crise doit être mentionnée ici. Au milieu de tout ce chaos mondial, les États-Unis ont aussi de profonds problèmes intérieurs qui font douter de leur avenir en tant que démocratie stable et fonctionnelle. Le 6 janvier 2021, le pays a connu la première tentative de coup d’État de son histoire. Comme l’a montré la commission du 6 janvier de la Chambre des représentants, Donald Trump a cherché à renverser l’élection de 2020 en intimidant les responsables électoraux des États, en organisant de «fausses» listes de collège électoral et, finalement, en incitant une foule violente à prendre d’assaut le Capitole. La démocratie américaine s’avérera-t-elle suffisamment résistante pour empêcher qu’une telle situation ne se reproduise, ou Trump ou une figure similaire réussiront-ils là où le «coup d’essai» du 6 janvier a échoué?

Cette question sera décisive, non seulement pour les États-Unis et leur démocratie, mais aussi pour leurs alliés et l’avenir de l’humanité plus largement.

L’élection présidentielle de 2024 pourrait être la première de tous les temps à avoir des conséquences civilisationnelles et planétaires directes. Ce n’est pas un hasard si le destin du monde au XXIe siècle se jouera dans la plus ancienne démocratie du monde et dans le pays qui a assuré l’ordre international ces 75 dernières années. (P.S.)

 

Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier de l’Allemagne de 1998 à 2005, a été l’un des dirigeants du parti vert allemand pendant près de 20 ans.