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quinta-feira, 8 de julho de 2021

Freud-Zweig : explorations de l’âme; textes de Stefan Zweig sur Freud - L'Histoire, Livres, Élisabeth Roudinesco

Freud-Zweig : explorations de l’âme

Freud. La guérison par l’esprit, Stefan Zweig, Payot, 2021, 208 p., 6 €.


 Voici trois exercices de compréhension et d’admiration envers Sigmund Freud, écrits en 1930, 1931 et 1939, par son contemporain, l’écrivain Stefan Zweig, et préfacés par Élisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse.

Ces trois textes inégaux en taille et en importance, peu connus (deux n’avaient jamais été traduits) inscrivent en lettres d’or le statut exceptionnel du fondateur de la psychanalyse dans l’histoire intellectuelle du siècle selon Stefan Zweig.

Contemporains ? Oui et non. Bien que tous deux Juifs viennois, ils diffèrent dans l’ancrage sensible à l’égard de leur présent. Si Stefan Zweig nourrit un culte de la Vienne habsbourgeoise comme ville cosmopolite, capitale d’empire et centre d’un rêve européen, Freud est beaucoup moins enthousiaste vis-à-vis de la modernité artistique qui y éclot dans les premières années du siècle et à laquelle son nom est attaché même s’il y reste, au fond, étranger, préférant les « classiques » : l’Antiquité, ses auteurs-phares, Goethe, Shakespeare, Cervantès où il trouve son inspiration et ses modèles. Conservateur éclairé plus que moderne, Freud suscite ce genre d’amitié asymétrique – avec André Breton également, par exemple.

Le texte le plus long est extrait d’un livre de Zweig publié en 1931 : La Guérison par l’esprit. L’écrivain y brosse le portrait d’Anton Mesmer, de Mary Baker-Eddy, mystique illuminée américaine de la Christian science et finalement Freud. Trois explorations de l’âme et de l’efficacité thérapeutique d’une médecine non strictement physiologique, reposant, pour Mesmer, sur le pouvoir de la suggestion qui donnera naissance à l’hypnotisme, toutes deux matrices de la psychanalyse. Ce médecin autrichien des Lumières, Mesmer, est donc clairement pour Zweig, et malgré les vapeurs de son fameux « baquet », dans la généalogie rationaliste qui est aussi celle revendiquée par Freud : une compréhension rationnelle des ténèbres du psychisme humain.

Le texte de 1930 est un compte rendu de Malaise dans la civilisation (publié en 1929). La perspicacité de Zweig saisit ce qu’il appelle la « sagesse » de Freud, notion qu’il reprendra lors de l’émouvante oraison funèbre (troisième texte) prononcée devant sa tombe, à Londres – cette sagesse d’un regard sceptique sur les hommes, une tonalité crépusculaire qui enveloppe le monde des derniers Viennois des années 1930. Face à l’antisémitisme grandissant, ils refusent tous deux le sionisme. Zweig adopte la vie d’un Juif errant adorateur du cosmopolitisme ; Freud explore l’universalité d’un inconscient opposé aux stéréotypes nationaux de la psychologie des peuples. Freud meurt en août 1939, à Londres ; Zweig se suicide en 1942, à Rio de Janeiro.