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domingo, 7 de setembro de 2025

Le sommet de Tianjin constitue l’acte de naissance du Sud global - Stéphanie Balme, Christophe Jaffrelot (Le Monde)

        Não creio, pessoalmente, que a reunião da OCX em Tianjin represente o nascimento do Sul Global, pois este não existe nessa forma de um convite do presidente chinês a outros países que se dispuseram a comparecer a uma reunião ampliada de uma organização bem mais restrita geograficamente. Nem China, nem Rússia podem ser considerados, como países de um Sul Global largamente imaginário. Ainda vai ser preciso muito mais mobilização e organização, assim como propostas credíveis, para a criação de uma nova ordem global. Mas estes dois professores franceses, talvez pelo fato que a França já não tem mais condições de liderar qualquer esforço mais amplo em escala global, são mais otimistas. PRA


« Le sommet de Tianjin constitue l’acte de naissance du Sud global »
TRIBUNE
Stéphanie Balme (Sinologue), Christophe Jaffrelot (Indianiste)

        L’événement, organisé par Xi Jinping, auquel ont participé une vingtaine de dirigeants, dont Narendra Modi et Vladimir Poutine, a donné à voir un nouvel ordre international, marqué par l’ascension de la puissance chinoise et l’essoufflement de l’hégémonie américaine, analysent, dans une tribune au « Monde », les chercheurs Stéphanie Balme et Christophe Jaffrelot.

Le Monde, 7 septembre 2025

        Le 25ème Forum de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), réuni à Tianjin, les 31 août et 1er septembre, n’a pas choisi son lieu au hasard. Cette ville du nord de la Chine témoigne de l’époque des concessions étrangères issues des guerres de l’opium. Outre les chefs d’État des membres permanents de l’OCS (Biélorussie, Chine, Inde, Iran, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Russie et Tadjikistan), une quinzaine de pays partenaires, dont l’Egypte, la Malaisie et la Turquie, étaient également présents, ainsi que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres. Puis vint le défilé militaire, saisissant, célébrant le 80ᵉanniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale après la capitulation japonaise.
        Ce qui s’est joué en Chine dépasse de loin un simple aperçu du nouvel ordre international : c’est la configuration même à laquelle nous devons désormais nous préparer. Deux interrogations majeures se dessinent. Malgré ses contradictions et ses fragilités, notamment démographiques, que fera la Chine de la puissance qu’elle a accumulée ? Et à quoi pourrait ressembler un monde marqué par le déclin de l’hégémonie américaine ? Selon la région du globe où l’on se situe, l’une ou l’autre de ces questions paraît plus immédiate. Pour l’Europe, l’exercice demeure sans doute le plus complexe, tant son horizon stratégique global reste incertain.

Repli des Etats-Unis
        En septembre 1945, la puissance américaine incarnait la modernité et la puissance. Gandhi luttait pour l’indépendance de l’Inde, tandis que la Chine sombrait dans une guerre civile dont émergerait, quatre ans plus tard, la République populaire. En 2025, c’est à Pékin, avec l’Inde, que se dessine le nouvel ordre mondial postaméricain.
        Ce basculement résulte du repli des Etats-Unis et de leur diplomatie de guerre commerciale, qui fragilise l’hégémonie qu’ils exerçaient depuis 1945, paradoxe ultime d’une trajectoire menée sous la bannière Make America Great Again. En miroir, la déclaration de Tianjin puis le défilé de Pékin illustrent le triomphe du Parti communiste chinois, fondé il y a cent quatre ans et fort de plus de 100 millions de membres. Xi Jinping y a présenté une synthèse du marxisme et des traditions chinoises, citant Laozi [père fondateur du taoïsme] et mobilisant l’adhésion des opinions publiques du Sud en martelant la fin du « siècle des humiliations ».
        La participation de Narendra Modi au sommet de l’OCS est à analyser dans cette perspective, celle d’une revanche du Sud global dont Tianjin pourrait bien constituer l’acte de naissance. En effet, bien que l’Inde soit membre de plein droit de l’OCS, la présence du premier ministre n’allait pas de soi. Pour le comprendre, il faut rappeler une séquence du printemps dont l’enchaînement est proprement inouï : en mai, l’Inde et le Pakistan se livrent une guerre éclair provoquée par un attentat au Cachemire, que New Delhi attribue à des islamistes pakistanais.
        Avant le déclenchement des hostilités par l’Inde, Pékin apporte un soutien total à Islamabad ; pendant les combats, l’armée pakistanaise bénéficie d’un appui logistique chinois et utilise avions de chasse et missiles chinois, qui font beaucoup de mal aux Indiens, notamment la perte d’un Rafale ; après les hostilités, alors que l’Inde menace de priver le Pakistan d’une partie de l’eau des fleuves traversant son territoire, la Chine avertit l’Inde qu’elle pourrait faire de même. Dans ce contexte tendu, le ministre des Affaires étrangères indien se rend pourtant à Pékin en juillet pour poursuivre la normalisation des relations sino-indiennes, que New Delhi a relancée depuis octobre 2024.

Smartphones et médicaments génériques
        La présence de Narendra Modi à Tianjin est certes d’abord une réponse aux droits de douane astronomiques (50 %) imposés par Donald Trump à son pays : ce facteur conjoncturel explique la mise en scène des retrouvailles entre MM. Modi et Xi, accolades et sourires à l’appui. Mais, au-delà de ces échanges médiatisés, la visite s’inscrit bien dans une tendance de fond, puisque le rapprochement entre les deux pays est amorcé depuis bientôt un an. La compensation par Pékin de la faiblesse des investissements venus des Etats-Unis ou d’Europe a du sens pour l’Inde, étant donné que le pays reste dépendant de l’économie chinoise, qui lui fournit les composants électroniques pour assembler des smartphones, les composants actifs indispensables à la production de médicaments génériques, les terres rares utilisées dans les batteries de véhicules électriques, ainsi que les panneaux solaires essentiels à sa transition énergétique.
        Pékin, pour sa part, déploie une stratégie de puissance multidimensionnelle. Elle verrouille d’abord son « voisinage stratégique », des rives du Pacifique à l’Asie centrale et au Moyen-Orient, en combinant infrastructures, dépendances économiques et supériorité militaire. Elle cherche ensuite à remodeler l’ordre économique mondial, en dominant les technologies critiques, en sécurisant les chaînes de valeurs globales et en adoptant un discours proclimat calibré.

Un « État-civilisation-monde »
        Parallèlement, la Chine redéfinit la gouvernance mondiale par une diplomatie normative centrée sur le principe d’un « État-civilisation-monde », présenté comme pacifique et pluriel : un universalisme conçu pour défier l’ordre occidental du XIXᵉ siècle. Enfin, elle transforme sa puissance techno-nationaliste en arme géopolitique et, ce faisant, impose son modèle jusqu’à la Maison Blanche.
        Certes, l’hégémonie américaine reste prégnante à travers le dollar, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), Hollywood ou la Silicon Valley, mais elle s’effrite. Ce déclin ne fait pas des Etats-Unis une puissance secondaire, mais marque le passage d’une position incontestée à un monde où Washington doit partager son influence avec d’autres centres de pouvoir, générant des rivalités systémiques.
        Cette réalité tient soit à l’ascension du Sud global, soit à l’essoufflement mécanique de la domination américaine, aggravé par la politique trumpiste (protectionniste, dérégulatrice, imprévisible), qui fragilise les institutions internationales, les relations transatlantiques, et alimente une guerre commerciale mondiale.
        Dans ce contexte, que retenir de l’affirmation continue de la puissance chinoise et du rapprochement sino-indien face à une Amérique posthégémonique ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que Narendra Modi et Xi Jinping se sont affichés à Tianjin aux côtés de Vladimir Poutine, alors même que Washington et Bruxelles multiplient les sanctions contre la Russie. Une piste consiste à élaborer une politique indo-pacifique ne se limitant pas à mobiliser des partenaires comme simple contrepoids à la Chine, en particulier l’Inde. Quoi qu’il en soit, Tianjin restera comme l’acte de naissance du Sud global.

Stéphanie Balme, politologue sinologue, est directrice du Centre de recherches internationales (CERI, Sciences Po/CNRS) ; Christophe Jaffrelot, politologue indianiste, est directeur de recherche au CNRS (Sciences Po/CERI) et président de l’Association française de science politique. Stéphanie Balme (Sinologue) et Christophe Jaffrelot (Indianiste).

quarta-feira, 4 de janeiro de 2012

Paises emergentes: a visao a partir da Franca - Christophe Jaffrelot



La France, le G20 et les "pays émergents" : un nouvel équilibre des pouvoirs ?


Christophe Jaffrelot
Document de travail - Janvier 2011
Le 24 janvier, la France a officiellement succédé à la Corée du Sud à la présidence du G20 - qu'elle assumera (hasard des calendriers diplomatiques) en parallèle à celle du G8 en 2011. Si le G20 est une structure nouvelle, le fait que le Président Obama y attache davantage d'importance qu'au G8, témoigne d'une accélération de l'histoire à laquelle la montée en puissance des pays émergents n'est pas étrangère : cette instance représente aujourd'hui le cadre privilégié de la gouvernance mondiale. Mais quels en sont les pays membres et que pèsent-ils ?  
Si l'on connaît le G8, on mesure encore mal le poids des BRICs et on ignore souvent jusqu'à la liste des autres pays émergents du G20 : l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Australie, la Corée du Sud, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie. Une comparaison des pays du G7, du G8, des BRICs, des BICs (les BRICs moins la Russie, membre du G8) et des autres émergents à partir de différents indicateurs statistiques aide à fixer l'état du rapport des forces en présence. Menée d'un point de vue dynamique, cette analyse permet de mesurer l'essor des émergents aux dépens des vieilles puissances d'Europe et d'Amérique tout en relativisant ce phénomène.

L'auteur
Christophe Jaffrelot est directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI-Sciences Po) et président du groupe de veille "Pays émergents" de l'Institut Montaigne.