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quarta-feira, 23 de julho de 2025

La société française à la veille de la Révolution, vue par Hippolyte Taine - Gérard Grunberg (Telos)

 Estaria o Brasil no limiar de uma revolução, como a grande Revolução Francesa de 1789, por exemplo? Este autor recupera um trecho do historiador francês do século XIX, Hippolyte Taine, que toca em alguns pontos válidos para a França atual e talvez para o Brasil de nossos dias.

La société française à la veille de la Révolution, vue par Hippolyte Taine
Gérard Grunberg
La bibliothèque de Telos
July 19, 2025
    "Au moment où la situation du pays exigerait que les Français fassent corps derrière leurs gouvernants pour sortir de la grave crise financière qui menace le pays en acceptant leur plan de réforme, ils ne semblent pouvoir s’unir que pour le rejeter, et, avec eux, ceux qui l’ont élaboré. Cette incapacité des Français à faire peuple n’est pas nouvelle. À la fin du XIXe siècle Hippolyte Taine l’analysait dans ce monument de l’histoire politique française que sont Les Origines de la France contemporaine, tâchant de comprendre les raisons qui ont mené le pays à la situation de 1789. Selon ce républicain conservateur cette incapacité venait de loin. Son analyse mérite d’être rappelée aujourd’hui."


"« Depuis longtemps, et par un travail insensible, l’administration de Richelieu et de Louis XIV a détruit les groupes naturels qui, après un effondrement soudain, se reforment d’eux-mêmes. Sauf en Vendée, je ne vois aucun endroit ni aucune classe où beaucoup d’hommes, puissent, à l’heure du danger, rallier autour d’eux pour faire corps. Il n’y a plus de patriotisme provincial ou municipal. Le bas clergé est hostile aux prélats, les gentilhommes de province à la noblesse de cour, le vassal au seigneur, le paysan au citadin, la population urbaine à l’oligarchie municipale, la corporation à la corporation, la paroisse à la paroisse, le voisin au voisin. Tous sont séparés par leurs privilèges, par leurs jalousies, par la conscience qu’ils ont d’être frustrés au profit d’autrui. […] “La nation, disait tristement Turgot, est une société composée de différents ordres mal unis et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens, et où, par conséquent, personne n’est occupé que de son intérêt particulier. Nulle part il n’y a d’intérêt commun visible.” […] Depuis cent-cinquante ans le pouvoir central a divisé pour régner. Il a tenu les hommes séparés, il les a empêchés de se concerter, il a si bien fait, qu’ils ne se connaissent plus, que chaque classe ignore l’autre classe, que chacune se fait de l’autre un portrait chimérique, chacune teignant l’autre des couleurs de son imagination, l’une composant une idylle, l’autre se forgeant un mélodrame, l’une imaginant les paysans comme des bergers sensibles, l’autre persuadé que les nobles sont d’affreux tyrans. Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble. Ils ne sont plus capables d’entente spontanée et d’action collective. Au moment du danger personne n’ose compter sur ses voisins ou sur ses pareils. Personne ne sait où tourner les yeux pour trouver un guide. “On n'aperçoit pas un homme qui puisse répondre pour le plus petit district ; et, bien plus, on n’en voit pas un qui puisse répondre d’un autre homme” (Tocqueville — paroles de Burke). La débandade est complète et sans remède. L’utopie des théoriciens s’est accomplie, l’état sauvage a recommencé. Il n’y a plus que des individus juxtaposés ; chaque homme retombe dans sa faiblesse originelle, et ses biens, sa vie sont à la merci de la première bande qui saura se former. Il ne reste en lui que l’habitude moutonnière d’être conduit, d’attendre l’impulsion, de regarder du côté du centre ordinaire, vers Paris, d’où sont toujours venus les ordres. […] C’est à cela qu’aboutit la centralisation monarchique. Elle a ôté aux groupes leur consistance et à l’individu son ressort. Reste une poussière humaine qui tourbillonne et qui, avec une force irrésistible, roulera tout entière en une seule masse, sous l’effort aveugle du vent ».

segunda-feira, 3 de março de 2025

Volodymyr Zelensky, l’homme à abattre - Gérard Grunberg

 Volodymyr Zelensky, l’homme à abattre

Telos.EU, March 3, 2025


https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/volodymyr-zelensky-lhomme-a-abattre.html


Après les nombreuses injures et attaques verbales de Donald Trump et le piège du bureau ovale qui a été tendu à Volodymyr Zelinsky pour le discréditer, l’humilier et lui faire porter la responsabilité de l’absence de toute perspective de négociation sur la paix en Ukraine, les déclarations de Mike Waltz, le Conseiller à la sécurité nationale américain, confirment que le président ukrainien est désormais la cible principale du pouvoir américain. Celui-ci s’aligne ainsi sur le refus de Vladimir Poutine de le considérer comme un participant légitime à toute discussion sur l’Ukraine.

Tandis que les dirigeants européens réunis à Londres en présence de Zelinsky lui renouvelaient leur soutien, Michael Waltz, a déclaré en effet que la réunion du bureau ovale avait été « une énorme occasion manquée » d’où ressortait des doutes sur la volonté du dirigeant ukrainien « de jamais être en mesure de négocier avec Poutine » ou « de mettre fin à cette guerre ». Il a réitéré le fait que pour mettre fin à la guerre il faudra des « concessions territoriales » de l’Ukraine. Il faudra aussi, a-t-il dit, des « garanties de sécurité menées par l’Europe ». A la question de savoir si le président américain, Donald Trump, souhaitait la démission de son homologue ukrainien, Waltz a répondu : « Nous avons besoin d’un dirigeant capable de traiter avec nous, et au bout du compte traiter avec les Russes et mettre fin à cette guerre. » « S’il devient évident que les motivations personnelles ou les motivations politiques du président Zelensky éloignent la perspective de mettre fin au conflit dans son pays, alors je crois que nous aurons un vrai problème sur les bras », a-t-il ajouté.

Du coup, la question ukrainienne devient pour Trump une question Zelinsky. Pour deux raisons. D’abord il ne pardonne pas à ce dernier d’avoir refusé de signer l’accord sur les terres rares qui, outre les bénéfices qu’ils rapporteraient aux États-Unis, le mettrait dans une bonne situation pour négocier directement avec Poutine. Ensuite, il pensait manifestement que la menace de ne plus soutenir l’Ukraine suffirait à obtenir de Zelinsky, avant même l’ouverture de véritables négociations, les abandons nécessaires pour pourvoir les mener à bien. N’ayant pas obtenu ces abandons il se retrouve face à Poutine au fond de l’impasse dans laquelle il s’est engouffré dès le départ en acceptant d’exclure l’Ukraine de cette négociation. Poutine réaffirmant son refus de négocier avec le nazi Zelensky, Trump n’a plus dès lors comme solution que de s’aligner sur cette position, c’est-à-dire peser de tout son poids pour obtenir le remplacement du dirigeant ukrainien en l’accusant d’être l’unique obstacle à la paix.

Or les dirigeants européens ne peuvent accepter la position trumpienne car la disparition de Zelinsky signerait en réalité celle d’une Ukraine indépendante. Ils ne sont pas prêts à sacrifier Zelinsky sur l’autel d’une négociation avec Poutine. En reprenant à son compte les attaques mensongères et ordurières de Poutine contre Zelinsky, Trump a perdu la position de neutralité nécessaire pour organiser et mener à bien une négociation que d’ailleurs Poutine ne veut pas plus aujourd’hui qu’hier. Son attaque de plus en plus violente contre la personne de Zelinsky ne peut qu’approfondir la crise des relations entre les États-Unis et l’Europe.

La plupart des dirigeants européens auront beau tenter de sauver les relations transatlantiques, une rupture entre l’Europe et les États-Unis semble donc inévitable malgré tous les efforts qu’ils sont prêts à consentir. Les suppliques adressées par les Européens à Trump pour envisager ensemble une solution du problème ukrainien resteront sans doute sans réponse. Ils seront seuls pour aider l’Ukraine tandis que les États-Unis continueront à soutenir Poutine dans sa haine mortelle de Zelinsky. Le soutien européen à la personne de Zelinsky est justifié sur tous les plans mais la cristallisation des désaccords sur sa personne ouvre une nouvelle page de la crise ukrainienne. La réunion de Londres marque donc en même temps le réveil militaire de l’Europe et, à un horizon plus ou moins proche, la rupture avec les États-Unis. La faute, à la fois morale et politique, en reviendra à Poutine et Trump et non pas à Zelinsky.