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sexta-feira, 28 de junho de 2019

O grande sonho europeu de Carlos V - Joel Cornette (L'Histoire)

https://www.lhistoire.fr/le-grand-rêve-européen-de-charles-quint

Le grand rêve européen de Charles Quint

On célèbre, cette année, le cinq centième anniversaire de la naissance de Charles Quint. Son empire, étendu des Flandres à l'Italie et de l'Amérique latine aux portes de l'Empire ottoman, a semblé incarner le rêve d'une chrétienté universelle. Or l'homme mélancolique qui abandonne le pouvoir a vu s'effondrer l'essentiel de ses ambitions. Après sa mort, toute possibilité d'unification européenne aura bel et bien disparu.
Extraordinaire destin : en 1519, à dix-neuf ans, Charles de Gand, roi d'Espagne, devient empereur germanique, avant d'être couronné en 1520 à Aix-la-Chapelle, dans la vieille cathédrale de Charlemagne, puis sacralisé par la bénédiction du pape, à Bologne en 1530. Charles Quint règne alors sur un immense empire, celui «  où le soleil ne se couche jamais ». Sa vie et son oeuvre s'identifient à quarante années d'histoire européenne, voire mondiale. 
Avec un grand rêve à réaliser : réunifier la chrétienté. Homme de confiance et ami de Charles Quint, Mercurino Gattinara, «  chancelier de toutes les terres et royaumes du roi », fut le principal artisan de cet ambitieux projet de puissance : légiste, administrateur, humaniste aussi, et donc nourri de toute la culture revivifiée de l'Antiquité. C'est lui qui a modelé les idées politiques de l'empereur de 1518 à sa mort en 1530. L'idéal de Gattinara, inspiré des idées professées par Dante dans son  De monarchia , c'est celui de l'homme providentiel et rassembleur qui réformera temporellement et spirituellement la chrétienté dans l'attente du Jugement dernier. 
L'accumulation des héritages — dix-sept couronnes sur une même tête ! — désigne tout naturellement Charles comme celui dont le destin « supranational » est de mener l'Europe, le monde entier sur la voie du salut. Cette idée paraît d'autant plus justifiée qu'avec les Grandes Découvertes, le franchissement des océans et la conquête des immenses territoires américains Mexique : 1519-1525, Pérou : 1530-1550, les prétentions universelles de l'Église catholique semblent pouvoir enfin se réaliser.
Dans l'  Orlando Furioso  Roland Furieux , l'Arioste glorifiait Charles Quint comme un nouveau Charlemagne, expliquant qu'il avait plu à Dieu de garder cachées les terres inconnues du Nouveau Monde jusqu'à ce moment propice, enfin advenu, de la création d'une nouvelle monarchie. Charles Quint était bien désigné par la providence pour étendre sa domination au-delà des « colonnes d'Hercule », celles qui, surplombant le détroit de Gibraltar, avaient autrefois marqué les limites occidentales de l'Empire romain, réputées, depuis l'Antiquité, indépassables. «  Plus oultre », la devise que le souverain s'était choisie, signifiait, entre autre, que son empire s'étendait bien au-delà de celui des Romains. 
« Le Duché de Bourgogne, notre patrie »
Charles Quint lui-même, dans de multiples lettres et discours, a énoncé comme une profession de foi son souci permanent d'assurer la victoire universelle du catholicisme, «  notre plus fier désir , déclare-t-il au pape Paul III le 17 avril 1536, ayant toujours été de nous servir de tout le pouvoir et de toute la grandeur que Dieu nous a accordés contre les païens et les infidèles, ennemis de notre sainte foi catholique ». 
Mais pour guider «  l'immense navire des États, des royaumes et de l'empire de Sa Majesté », comme l'explique en 1557 l'ambassadeur vénitien Federico Badoaro, Charles Quint a dû se heurter au choc des réalités matérielles, aux ambitions humaines, aux pesanteurs et aux fragilités du monde du XVIe siècle. Pris dans le tourbillon de l'histoire, que devient alors ce grand rêve de gloire et de puissance ? 
De sa naissance, le 24 février 1500, dans le château de Gand, jusqu'à son premier voyage pour l'Espagne en septembre 1517, Charles on lui donna le prénom de son aïeul le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, fils aîné de Philippe le Beau, archiduc d'Autriche et seigneur des Pays-Bas, et de Dona Juana, fille cadette des Rois Catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, passe toute son enfance aux Pays-Bas, dans le cadre fastueux hérité de la cour de Bourgogne, une cour au prestige considérable dont témoignent l'éclat des fêtes et l'épanouissement des arts, du sculpteur Claus Sluter au peintre Van Eyck.
«  Le duché de Bourgogne, notre patrie. » Cette expression fréquente, et nostalgique, se retrouve sous la plume de Charles Quint tout au long de sa vie. Elle montre à quel point il se considère toujours comme « bourguignon » et dépossédé de son héritage, de la terre de ses pères : le duché de Bourgogne est français depuis 1477. De là, sans doute, un désir de revanche sur les rois de France, qu'il poursuivra avec obstination, sa vie durant. 
Marguerite d'Autriche, soeur de Philippe le Beau, une femme cultivée d'une grande autorité, dirige, de la mort prématurée de son frère en 1506 à 1515, l'éducation de son neveu. Elle la confie à Adrien d'Utrecht, un prêtre animé d'une extrême rigueur morale, et à Guillaume de Croy, sire de Chièvres, qui devient en 1509 son grand chambellan1. Ils insufflent au jeune homme une solide piété, mise en honneur par les Frères de la Vie commune adeptes de la devotio moderna , une piété personnelle, centrée sur l'imitation de Jésus-Christ, peu soucieuse de définitions dogmatiques, mais caractérisée par un sens aigu du devoir et des responsabilités devant Dieu. 
Il ne parle que le français et le flamand
Charles est convaincu de l'intervention de la providence dans les affaires humaines : «  Le principal et plus solide fondement de votre conduite , écrira-t-il à l'infant Don Philippe, son fils, le futur Philippe II, en 1548,  doit être une confiance absolue dans l'infinie bonté du Tout-Puissant, et la soumission de vos désirs et de vos actions à sa volonté sainte, avec une grande crainte de l'offenser : vous obtiendrez ainsi son aide et son secours et vous recevrez toutes les grâces nécessaires pour bien régner et bien gouverner. » 
Pourtant, à la différence de François Ier, son grand rival européen, Charles n'est pas un prince humaniste, cultivé. Il ne connaît que des bribes de latin, ne possède pas bien l'italien la langue diplomatique internationale et l'allemand, ne parle que le français et le flamand ; enfin, il n'a guère lu d'auteurs anciens : il leur préfère les chroniqueurs de la cour de Bourgogne vantant les mérites d'une vie de plein vent, chevaleresque, aventureuse et guerrière. L'A  madis de Gaule , rédigé, à la fin du XVe siècle, par l'Espagnol Garcia Ordonez de Montalvo, est une de ses lectures favorites : il vibre au récit des faits d'armes héroïques, des princes errant dans des forêts à sortilèges, des princesses aimantes, des discussions galantes, des sièges, des trahisons, des tentations... 
Comme les héros virils de ses lectures, Charles aime la chasse, l'équitation, l'escrime, les rudes combats au corps à corps. Au point d'annoncer le 17 avril 1536 au pape Paul III qu'il est prêt à en découdre seul à seul avec François Ier : «  Je promets à Votre Sainteté que si le roi de France voulait se conduire envers moi au champ, et m'y conduire avec lui, armé ou désarmé, en chemise, avec une épée et un poignard, sur terre ou en mer, ou sur un pont ou dans une île, ou en champ clos ou devant nos armées ou là où il voudra et comme il voudra que cela soit juste. [...]  Et cela dit, je pars demain pour la Lombardie, où nous nous affronterons pour nous casser la tête 2 ! » 
Son apparence physique n'est guère flatteuse. Sa figure allongée, assez inexpressive, est affligée d'un terrible et disgracieux prognathisme — la marque des Habsbourg — qui le handicape même pour mâcher les aliments : «  Ferme la bouche, les mouches vont y entrer ! », criait-on sur son passage lors de son premier séjour en Espagne. Gêne très frustrante pour un homme qui resta doté, jusqu'à la fin de sa vie, d'un appétit gargantuesque il avalait, chaque matin, une grande bière glacée : tous les témoins ont rapporté son incroyable voracité. 
Par une série de coups du destin, mais aussi par les vertus d'une savante politique dynastique préparée par son grand-père, Maximilien Ier archiduc d'Autriche et empereur germanique, le petit Charles de Gand a bénéficié, dès son plus jeune âge, d'un extraordinaire héritage : personne n'a disposé d'une telle puissance depuis Charlemagne.
Tout d'abord, à la mort de son père et en raison de l'incapacité de sa mère Dona Juana, dite Jeanne « la Folle », à gouverner, il devient souverain des Pays-Bas 1506, puis roi d'Espagne 1516 et bientôt de ses prolongements coloniaux, notamment le Mexique, conquis par Cortés. Il hérite des possessions autrichiennes après le décès de son grand-père Maximilien en 1519.
Cette année est aussi celle de son élection à l'Empire*3 : il l'emporte sur les autres candidats, notamment l'Allemand Frédéric de Saxe, chef de l'opposition aux Habsbourg, et le Français François Ier de Valois. C'est l'argent qui a eu le dernier mot, les banquiers et marchands d'Europe du Nord, tels les Fugger et les Welser, secondés par des Génois et des Florentins, lui ayant avancé les 850 000 florins nécessaires pour acheter les électeurs... C'est ainsi que, le 28 juin 1519, Charles de Habsbourg est élu empereur sous le nom de Charles Quint. Il est sacré et couronné à Aix-la-Chapelle le 23 octobre 1520.
A cette extraordinaire collection de couronnes, il convient d'ajouter le contrôle direct et indirect d'une grande partie des États italiens après les victoires militaires remportées sur François Ier dans les années 1520, notamment le triomphe de Pavie en 1525, présenté comme un signe providentiel, supplémentaire, attestant de la mission réellement divine de l'empereur.
Son prestige est alors immense : dans l'Empire, il est le suzerain et le défenseur suprême, levant bien haut l'étendard de Dieu contre les «  infidèles », les Turcs qui menacent aux frontières. Les représentations sacrées du monde, sur les retables des églises, le montrent portant le glaive et le globe, symboles d'une souveraineté universelle. Il se trouve en effet à la tête de la plus formidable puissance territoriale qu'un homme ait dirigée en Europe — ce qui nourrira, chez les rois de France, la hantise durable d'être pris en tenailles par les immenses possessions des Habsbourg : une obsession qui commandera toute leur politique étrangère, au moins jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, en 1715. 
Or il y a loin du pouvoir virtuel à la puissance effective. A la différence du roi de France qui commande un territoire trapu, d'un seul bloc, Charles Quint gouverne un empire immense mais éclaté. Ses possessions sont un conglomérat d'États, réparties et dispersées sur un territoire démesuré à l'échelle du XVIe siècle, partagé, en Europe seulement, entre trois espaces principaux : Espagne et Italie, Pays-Bas et Franche-Comté, Allemagne. Comment faire pour les contrôler tous ? Notamment les Pays-Bas où la coutume exige un contact physique, personnel, du prince. Les Espagnols eux aussi se sentiront longtemps frustrés en raison de l'éloignement du roi4.
Surtout, partout ou presque, le souverain doit reconnaître et respecter les immunités et les privilèges des villes, des sociétés qu'il dirige, représentées par des états, des diètes qui disposent d'une latitude considérable, en particulier en matière de finances : pour lever un impôt nécessaire afin de payer les guerres incessantes et ruineuses qu'il mène contre François Ier ou Soliman le Magnifique, Charles Quint doit le plus souvent passer par ces organismes consultatifs, qui n'hésitent pas à lui présenter des doléances et d'âpres critiques. La Saxe, par exemple, qui s'opposera violemment à lui, est un pôle de domination économique ainsi que commercial à l'image des foires de Leipzig, de progrès technique, qui accompagne et soutient les revendications politiques de son prince.
Ses pouvoirs « réels » sont bien moindres que ceux d'un roi de France ou d'Angleterre. L'empereur n'est qu'un rouage de l'Empire ; il n'en est pas du tout le maître. Son autorité est constitutionnellement limitée, comme l'explique très clairement l'article 13 du Pacte impérial : «  L'empereur en tant que tel s'engage à se comporter en bon voisin à l'égard des autres puissances chrétiennes, à n'engager aucune guerre et à ne faire entrer sur le territoire de l'Empire aucune troupe de guerre étrangère sans que les [sept] princes électeurs en aient délibéré et en aient donné la permission. » 
A une autre échelle, contre toute tentative d'unification, se dressent les innombrables petits nobles, les chevaliers, les châtelains-brigands dont les « burgs » dominent les routes commerciales. L'un d'entre eux, Goetz von Berlichingen, mène une guerre privée contre Nuremberg, pille et capture les marchands qui reviennent des foires de Leipzig, se vante d'avoir en une nuit incendié trois bourgades et soutenu pendant soixante ans, à la pointe de son épée, guerres, rixes et querelles, le tout au mépris de la Chambre impériale5. Quant à Franz von Sickingen, en guerre contre la ville de Worms, il met à la torture un ancien bourgmestre, détourne les eaux, coupe les chemins, au nez et à la barbe de l'empereur...
En fait, l'ordre relatif ne règne en Allemagne que dans les territoires soumis directement aux princes les plus puissants, où s'ébauche un processus de formation d'État, et dans les villes libres6. Nous sommes loin, on le voit, de l'idée d'un empire universel commandé par le même homme, chère à Gattinara...
De même, lorsque Charles Ier c'est son nom dans ses domaines ibériques débarque en Espagne en 1517, c'est l'incompréhension qui domine entre le nouveau souverain et ses sujets : le mécontentement s'exprime lors de son passage à Valladolid, des résistances s'organisent dans les Cortès* qui refusent de voter des subsides, des oppositions se forment contre son entourage flamand, au sein duquel de nombreux conseillers se comportent comme s'ils étaient en pays conquis.
Pour couronner le tout, une révolte, brutale, violente, éclate en 1520-1521 : celle des  comuneros . Menée par l'hidalgo Juan de Padilla et sa femme Maria Pacheco, groupant autour d'eux noblesse, clergé et masses populaires, la rébellion se développe en Castille, à Ségovie, Tolède, Medina del Campo... Les insurgés réclament l'expulsion des étrangers, l'interdiction de sortir l'or et l'argent du royaume, le retour du « bon gouvernement » des Rois Catholiques, la transformation de la Castille en une fédération de villes, dirigée par une junte, avec comme modèle les villes libres d'Allemagne et les Républiques urbaines italiennes7. Les mots de « liberté » et même de « démocratie » sont prononcés. Le mouvement est nettement orienté contre la centralisation administrative royale les  corregidores * : la réunion des Cortès tous les trois ans sans convocation royale est ainsi revendiquée. 
La monarchie réussit peu à peu à reprendre en main la situation. Finalement, l'armée du roi écrase les  comuneros , à Villalar, le 23 avril 1521, et fait exécuter leurs chefs — Tolède, dirigée par la veuve de Padilla et par l'évêque de Zamora Antonio de Acuna, résistera jusqu'en février 1522. 
Il faudra cependant de longues années à Charles pour se faire enfin admettre par ses sujets espagnols : il apprend le castillan, réside en Espagne pendant sept ans et parvient à satisfaire l'orgueil de ses sujets par la conquête du Mexique, le succès de l'expédition de Magellan autour du monde et l'arrivée de l'argent et de l'or américains à Séville.
Hors d'Espagne, l'empereur doit affronter des difficultés bien plus redoutables encore. Homme de guerre, il a commandé en personne de nombreuses batailles et sièges de villes fortes, dans le cadre d'un triple conflit l'opposant à l'islam front slave à l'est, front barbaresque au sud, aux princes luthériens, au roi de France. En 1557, Federico Badoaro, ambassadeur de Venise, soulignera «  sa volonté d'être présent aux batailles véritables, d'être le premier à revêtir son armure et le dernier à la quitter : tout cela a démontré en somme qu'il était un capitaine d'une haute valeur, surtout dans l'exécution ». 
On cite aussi de lui un mot cruel à propos de ses soldats. C'était au désastreux siège de Metz, en 1552. Les troupes impériales souffraient atrocement de la faim et de l'épidémie. «  L'empereur , raconte le chirurgien français Ambroise Paré,  demanda quelles gens c'étaient qui se mouraient, et si c'étaient gentilshommes et hommes de marque ; lui fut fait réponse que c'étaient tous pauvres soldats. Alors dit qu'il n'y avait point de danger qu'ils mourussent, les comparant aux chenilles, sauterelles et hannetons qui mangent les bourgeons et autres biens de la terre, et que s'ils étaient gens de bien, ils ne seraient pas en son camp pour six livres par mois. » 
Face aux Turcs et aux barbaresques d'Afrique du Nord, tout d'abord, Charles Quint a mené un combat permanent, notamment en raison de la poussée ottomane sur le Danube, qui se renforce en 1520 avec l'avènement de Soliman le Magnifique8 : en août 1521, Belgrade est prise, en 1526, l'armée hongroise est écrasée à Mohács et, en 1529, Vienne est assiégée.
De même, en Méditerranée, les périls se multiplient : en 1522, Soliman fait donner l'assaut sur Rhodes ; Barberousse9 et ses pirates tiennent Alger, point d'appui pour menacer les côtes d'Espagne, de Sicile et d'Italie. Sur ce front, l'année 1528 marque une rupture diplomatique fondamentale dans l'équilibre des forces : Andréa Doria, commandant des flottes génoises, abandonnant François Ier, fait passer Gênes et toute sa puissance navale dans le camp de Charles Quint.
Une première offensive est lancée en 1535 sur Tunis : Charles Quint, dont c'est le baptême du feu, y libère des milliers de chrétiens captifs. Surtout, dans l'été 1541, l'empereur se décide à frapper un grand coup en organisant une expédition contre Alger. Le débarquement des troupes réussit, mais la ville résiste et finalement la tempête endommage et disperse la flotte. C'est un échec complet.
Cependant, à chaque fois, l'empereur apparaît comme le soldat du Christ, le défenseur de la foi : en 1536, lors de son entrée à Rome, après l'expédition de Tunis, il passe sur le forum où on a érigé de nombreux arcs de triomphe le représentant en nouveau Charlemagne triomphant de l'infidèle et du païen.
L'infidèle n'est pas seulement celui qui assiège les frontières : Charles Quint a aussi et peut-être surtout à résister à l'ébranlement de l'unité religieuse sous les coups de la Réforme, après la diffusion des 95 thèses de Martin Luther en 1517, s'indignant notamment de la pratique des indulgences10. Dès 1520, le pape en condamne 54, jugées «  hérétiques » et inconciliables avec la foi catholique. 
Or tout le comportement de l'empereur témoigne, on l'a dit, d'une piété simple et profonde, centrée sur la personne du Christ, avec un sens très vif du péché et de la rédemption. Surtout, il reste fermement attaché à l'unité de l'Église, aussi bien comme souverain que comme chrétien, et il ne saurait admettre une réforme qui se ferait sous l'impulsion d'un moine révolté. Luther est donc fermement invité à comparaître devant lui à Worms, en avril 1521. Après que ce dernier eut refusé de se rétracter, Charles Quint le met au ban de l'Empire déclaré hors la loi, quiconque peut l'arrêter et revendique plus que jamais son statut de guerrier de Dieu : «  Pour la défense de la foi, je suis décidé à employer mes royaumes et seigneuries, mes amis, mon corps, mon sang, ma vie et mon âme. » 
Pourtant, il a tenté de réconcilier sur ses terres les catholiques et les partisans de Luther : c'était justement l'objet principal de la Diète* qu'il a convoquée à Worms en avril 1521. Cet échec, qui offrit par ailleurs à Luther une magnifique tribune, eut pour conséquence une intrication des problèmes religieux, politiques, sociaux.
Ce n'est pas un hasard si l'« hérésie » luthérienne prend naissance en terre saxonne, sous la souveraineté de l'électeur Frédéric le Pieux, adversaire politique de Charles — on l'avait présenté contre lui, on s'en souvient, à l'élection de 1519. La ligue protestante de Smalkade, formée en 1530, animée précisément par le duc de Saxe et le prince Philippe de Hesse, organisation défensive bientôt dotée d'une force militaire, invite même les rois de France et d'Angleterre à la rejoindre en 1531 : le protestantisme est devenu une force politique à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Empire, avec pour objectif principal d'empêcher la croissance de la puissance impériale.
C'est à la fin de son règne seulement, à Mühlberg, en 1547, que l'empereur, déjà vieilli, remporte une victoire militaire qu'il croit décisive contre l'armée des princes protestants ligués contre lui. Cependant, une nouvelle guerre entraîne la signature de la paix d'Augsbourg, le 25 septembre 1555, qui règle provisoirement le problème religieux, mais sanctionne l'échec de Charles Quint puisque le luthéranisme est reconnu à égalité avec le catholicisme, les sujets ayant la liberté d'adopter la religion de leur prince, selon la règle cujus regio ejus religio « un roi, une foi ». A la fin de son règne, les deux tiers de l'Allemagne sont devenus luthériens : plus que jamais l'Empire est éclaté.
Quant à l'antagonisme entre la France et les Habsbourg et à la rivalité personnelle entre François Ier et Charles Quint, ils n'ont pas cessé tout au long des deux règnes. Ponctué de victoires, de défaites, de paix fragiles traité de Cambrai en 1529, paix de Crépy-en-Laonnois en 1544 et d'entrevues comme celle d'Aigues-Mortes en 1538, le combat se solde, après l'échec du siège de Metz en 1553, entrepris par l'empereur en personne, par une sorte de match nul. Mais il aura été épuisant pour les finances fragiles des deux rivaux : la trêve de Vaucelles, en février 1556, maintient l'hégémonie espagnole en Italie, tandis que Charles Quint ne peut reprendre Metz et les places stratégiques de Lorraine, ni déloger les Français de Savoie, du Piémont et de Saluces.
Or, depuis longtemps, ce pouvoir hors de toute portée humaine pèse sur Charles Quint — un pouvoir qu'il assume par devoir et stoïcisme plus que par goût et plaisir : en 1535 déjà, il songe à abdiquer. L'âge, la fatigue, la maladie la goutte, l'asthme et de nombreux accès de fièvre, une tendance dépressive de plus en plus marquée, les échecs répétés des dernières années, notamment contre les princes luthériens et la France, enfin la certitude que son fils, Philippe, né de son mariage heureux avec Isabelle de Portugal 1503-1539, et qui deviendra Philippe II d'Espagne, est maintenant en âge d'assurer la relève, expliquent sa décision de se retirer : il abandonne tour à tour, et avec solennité, les Pays-Bas octobre 1555 et l'Espagne janvier 1556 au profit de Philippe, puis l'Empire au profit de son frère Ferdinand élu empereur le 12 mars 1558.
Charles Quint s'installe alors dans une résidence mitoyenne du monastère des hiéronymites11 de Yuste, sur les pentes d'une sierra de l'Estrémadure. Dans cet ermitage modeste mais confortable, il aspire au «  parfait désengagement » tout en se tenant informé jusqu'au bout des affaires du monde, de ce qui fut son monde, un monde qu'il quitte définitivement le 21 septembre 1558 après une douloureuse agonie. Avant de mourir, il a eu le temps de se réjouir de la victoire des troupes espagnoles contre le roi de France Henri II à Saint-Quentin août 1557, le temps aussi d'être attristé par la nouvelle de la découverte d'un groupe de « luthériens », à Valladolid, au coeur même de ce qui est devenu, enfin, mais à quel prix, « son » Espagne, l'Espagne du siècle d'or, l'éclat le plus vif de son grand rêve d'empire brisé... 
Le rêve brisé de Charles Quint : qu'est-ce qui pourrait mieux l'illustrer et le mettre en scène que le grandiose triomphe funèbre qui lui fut offert par Bruxelles en 1559 ? L'empereur est représenté tenant enchaînés le Turc et l'hérétique. Image consolatrice de son combat perdu. Car le règne du dernier grand empereur de l'Occident fut aussi celui de l'unité impossible de la chrétienté.
Quittons l'empereur sur deux images peintes par Titien en 1548. L'année précédente, à Mühlberg, il a vaincu les princes protestants. Titien, son portraitiste depuis 1518, réalise pour commémorer et magnifier l'événement un grand tableau d'apparat : un empereur en majesté, stoïque, chevalier cuirassé, la lance au poing, le regard fixé au loin sur son destin de saint Georges à l'assaut du dragon de l'hérésie ; mais figé, comme si cette victoire n'était que théâtre, parade et propagande. Et pourquoi ce cheval noir, couleur de mort, comme dans les tableaux crépusculaires de Paolo Uccello ?
Cette même année 1548, Titien peint un tout autre homme, habillé d'une houppelande bordée de fourrure, assis sur un simple fauteuil de bois. Une canne a remplacé la lance de guerre, qui soutient un vieillard précoce il n'a pourtant que quarante-huit ans, tassé, fatigué, tout de noir vêtu. Son regard a cessé de scruter l'horizon : il nous fixe, à présent, comme pour nous faire partager une part de son fardeau et de sa lassitude. Jamais Titien n'avait été si proche de l'homme, perclus de fièvres et de goutte, qui se cache sous le souverain. Le seul signe d'une grandeur déjà passée est le collier de la Toison d'or* qu'il porte au cou, marque ultime de la dimension chevaleresque de son pouvoir.
Deux visages d'un même personnage, peut-être l'illusion et la désillusion de tout un règne. Du jeune empereur comblé par les dieux de 1519 au monarque abandonnant un à un ses titres et ses territoires entre 1555 et 1558, une mutation essentielle s'est opérée dans l'Europe effervescente de ce premier XVIe siècle : des États sont nés, se sont affirmés et durcis, annexant ou créant des Églises sur les décombres d'une chrétienté définitivement déchirée.
Tel un guerrier de Dieu devant faire face à des forces qu'il ne pouvait maîtriser, Charles Quint fut tout à la fois le dernier croisé, le dernier empereur du Moyen Age et le premier grand prince territorial des temps modernes, notamment en Espagne, cette chère Espagne, si hostile au début de son règne, et qu'il a fini par aimer.
* Cf. « Les mots de l'Empire ».
1. Le chambellan est chargé du service de la chambre du souverain. 
2. Après ce discours belliqueux, Charles Quint quitte effectivement les Pays-Bas pour le Piémont et envahit la Provence, qu'il devra bientôt abandonner, vaincu par la maladie, la faim, la chaleur et la politique de terre brûlée adoptée par François Ier. 
3. Depuis la bulle d'or de 1356, le chef du Saint Empire est élu par sept princes électeurs : les archevêques de Trêves, de Mayence, de Cologne, le comte-palatin du Rhin Wittelsbach, le margrave de Brandebourg Hohenzollern, le duc de Saxe-Wittenberg et le roi de Bohême. 
4. Cf. Jean Boutier, Alain Dewerpe et Daniel Nordman, « Les voyages des rois de France »,  L'Histoire n° 24. 
H. Lapeyre, « Les voyages de Charles Quint »,  L'Histoire n° 30. 
5. La Chambre impériale ou tribunal suprême d'empire a été instituée en 1495 par Maximilien Ier. Son siège, d'abord fixé à Francfort, puis à Worms, a été établi à Spire en 1527. Il s'agit d'une cour d'appel chargée de juger en dernière instance les différends survenus dans les États de l'Empire. 
6. Les villes libres sont administrées par un conseil disposant de pouvoirs étendus en matière économique, financière, militaire : ainsi à Colmar, Hambourg, Cologne, Brême, Metz, Toul, Verdun... 
7. Cette violente réaction xénophobe antiflamande exprime un idéal médiéval de République urbaine s'administrant elle-même hors de toute pression notamment fiscale d'un État lourd, autoritaire et centralisé. 
8. Cf. G. Veinstein, « Un secret d'État : la mort de Soliman le Magnifique », L'Histoire n° 211. 
9. Nom donné par les historiens européens à deux frères corsaires turcs. Khayr al-Dîn vers 1476-1546 a fondé, avec son frère Aroudi, la régence d'Alger. Il est le vassal du sultan ottoman. 
10. Les indulgences, ou rémissions des peines temporelles accordées par l'Église en contrepartie de dons ou de gestes de pénitence, faisaient l'objet d'un trafic, violemment critiqué notamment par Luther. 
11. Ordre de saint Jérôme, suivant la règle de saint Augustin. Voués à la prière, les hiéronymites avaient la garde d'importants sanctuaires comme celui de Guadalupe, celle aussi des sépultures royales.

"O que ocorre atualmente no Brasil?", perguntam na ONU - Jamil Chade

Jamil Chade sobre diplomacia brasileira em Genebra: foi um profundo constrangimento

O jornalista Jamil Chade, que há 20 anos percorre os corredores da ONU e de outras entidades internacionais, em um relato contundente afirmou que o que viu nesta quinta-feira (27) nas salas de reunião das Nações Unidas, em Genebra, é diferente de tudo o que havia visto em duas décadas. "O que presenciei foi um profundo constrangimento"

41 Sessão do Conselho de Direitos Humanos da ONU, em Genebra
247 - O jornalista Jamil Chade, que há 20 anos percorre os corredores da ONU e de outras entidades internacionais, em um relato contundente afirmou que o que viu nesta quinta-feira (27) nas salas de reunião das Nações Unidas, em Genebra, é diferente de tudo o que havia visto em duas décadas. "O que presenciei foi um profundo constrangimento", escreveu no Uol.
Crítico dos ex-presidentes Lula e Dilma Rousseff, Chade conta que nos tempos petistas havia uma "coerência mínima" em relação à tradição da diplomacia nacional, que respeitava a lógica que remontava ao DNA da diplomacia de Rio Branco. "A soberania seria defendida por meio do fortalecimento da paz, pelo diálogo e da defesa irrestrita do sistema multilateral. E não por sua destruição", escreveu.
Chade diz que hoje o Brasil abriu mão dessa tradição e levou à política externa valores ultra-conservadores do grupo no poder, passando a colocar em prática uma diplomacia "ideológica-religiosa" que, segundo o jornalista, "passou a minar o consenso até mesmo dentro do Ocidente".
Jamil conta que nos últimos dias, os diplomatas brasileiros receberam instruções de Brasília para vetar nos textos e resoluções da ONU qualquer uso da palavra "gênero", para atacar questões específicas relacionadas à religião e também o conceito de direitos reprodutivos, incluindo aí "qualquer referência nos textos que eventualmente pudesse dar brecha a uma suposta análise positiva do aborto". Em tempo: nenhuma resolução defendia o aborto, "isso estava apenas na forma pela qual o governo brasileiro as interpretava".
Com isso em vista, "enquanto os diplomatas brasileiros pediam a palavra e começavam a listar os vetos sobre os trechos das resoluções, o que se via na sala era uma mistura de espanto, ironias e incompreensão por parte das delegações estrangeiras", contou o jornalista.
Chade citou um representante do Uruguai, que não disfarçava o susto, e dois da UE: um ria e outro suspirava diante do que escutava. Os delegados trocavam impressões sobre como reagir ao Brasil por mensagens de telefone, conta Chade, enquanto os diplomatas "colocavam as placas com o nome de seus países para que pudessem intervir, contra as propostas brasileiras".
Entre as ongs, "os comentários beiravam a revolta".
Nem mesmo Chile e Israel, dois novos aliados de Bolsonaro, "toparam a guinada brasileira ao obscurantismo e fizeram questão de pedir a palavra para dizer que não aceitavam o que o Brasil sugeria". 
Para o jornalista, um diplomata europeu comentou que o regime de Duterte afirma que os brasileiros "estão com eles em uma resolução para impedir que os massacres nas Filipinas sejam investigados".
Quando achou que já tivesse visto de tudo, Chade contou que enquanto deixava a sede da ONU, uma relatora especial da entidade o segurou pelo braço e perguntou: o que está ocorrendo no Brasil?

quinta-feira, 27 de junho de 2019

Acordo Mercosul-UE: o gato subiu no telhado...

Depois de Merkel, Macron isola Bolsonaro ainda mais

O presidente francês, Emmanuel Macron, afirmou que não assinará acordo comercial com o Brasil caso Jair Bolsonaro saia do acordo climático de Paris, ameaçando colocar em risco negociações comerciais entre UE e Mercosul; A chanceler alemã, Angela Merkel, também havia dito estar preocupado com a posição de Bolsonaro sobre o meio ambiente

247, com Reuters - O presidente francês, Emmanuel Macron, afirmou nesta quinta-feira que não assinará nenhum acordo comercial com o Brasil caso o presidente Jair Bolsonaro saia do acordo climático de Paris, ameaçando colocar em risco os trabalhos de negociações comerciais entre UE e Mercosul. A chanceler alemã, Angela Merkel, também havia dito, nesta quarta-feira (26), que deseja conversar com Bolsonaro sobre o desmatamento no Brasil. Ela se disse preocupada com o posicionamento dele sobre o meio ambiente.
As jornalistas no Japão, antes da reunião do G20, Macron afirmou que, “se o Brasil deixar o acordo de Paris, até onde nos diz respeito, não poderemos assinar o acordo comercial com eles”. 
“Por uma simples razão. Estamos pedindo que nossos produtores parem de usar pesticidas, estamos pedindo que nossas companhias produzam menos carbono, e isso tem um custo de competitividade”, disse ele. “Então não vamos dizer de um dia para o outro que deixaremos entrar bens de países que não respeitam nada disso”, acrescentou.
O Conselho de Direitos Humanos da Organização das Nações Unidas divulgou, nesta terça-feira 25, um documento sobre o impacto das mudanças climáticas na faixa mais pobre da população mundial. O relator especial Philip Alston chamou Bolsonaro de  “fracasso”. “No Brasil, o presidente Bolsonaro prometeu abrir a Floresta Amazônica para a mineração, acabar com a demarcação de terras indígenas e enfraquecer as agências e proteção ambientais”, citou o americano.
As negociações da UE com o grupo do Mercosul, que abarca Argentina, Brasil, Paraguai e Uruguai, o quarto maior bloco comercial do mundo, se intensificaram, com Bolsonaro dizendo este mês que um acordo poderia ser assinado “logo”, enquanto a UE o chamou de “prioridade número um”.
No entanto, a irritação da União Europeia em relação ao aumento de importações de carne e a hesitação do Mercosul sobre abertura de alguns setores industriais, como o automotivo, fizeram prazos anteriores para um acordo serem descumpridos. Se um acordo estiver perto, está além do alcance.
A França em particular está preocupada com o impacto sobre sua vasta indústria de agricultura de importações sul-americanas, que não teriam que respeitar as estritas regulações de meio ambiente da UE.
O país europeu votou contra a abertura de negociações comerciais entre a UE e os Estados Unidos por conta da decisão de Washington de deixar o acordo climático de Paris.
No entanto, a medida francesa não bloqueou a abertura de negociações comerciais porque a maioria necessária de membros da UE a apoiou. Não está claro se a França seria capaz de levar outros países do bloco a votarem contra o acordo do Mercosul.

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Gulag: invenção de Stalin; o escravagismo moderno - revista L'Histoire

Les mondes du Goulag


Mis en place par Staline en 1929, ce fut le plus important et le plus long système de travail forcé du XXe siècle. En vingt-cinq ans, 25 millions de Soviétiques passent par le Goulag.
Que doit-il à l’héritage des tsars ? Dans quelle mesure a-t-il inspiré les nazis ou la sinistre laogai chinoise ? Et pourquoi fut-il si difficile d’en prendre la mesure ?
C’est avec L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne (1974) qu’il a pris réalité. Aujourd’hui, le travail des historiens s’appuie sur des archives, la patiente collecte de documents de l’association Memorial, l’archéologie des charniers. Une découverte qui est aussi un enjeu de mémoire pour la Russie de Poutine

Em tempo: recomendo a leitura de Gulag, de Anne Applebaum.

Social justice in the Treaty of Versailles: a very brief history - Ingo Venzke (Social Europe)

Social justice in the Treaty of Versailles: a very brief history

The centenary of the Treaty of Versailles should remind us how closely it connected the fragile promise of peace to the quest for social justice. 
Treaty of Versailles
Ingo Venzke
The Treaty of Versailles, which settled the scores after World War I, also set up the International Labour Organization (ILO) to work towards social justice. The treaty asserted that ‘universal and lasting peace can be established only if it is based upon social justice’. In the background was the Russian revolution of 1917—it was out of fear of communism that the ILO emerged.
After the industrial revolution, transnational labour movements leaned towards strong forms of socialism, stoked fears of communist revolution and paved the way for the ILO. They placed emphasis on the power relations between labour and capital, and the inequitable distribution of gains between them.
For them, the ILO was the bearer of the hope that their broad demands of social justice would be met in practice. In a truly innovative and still unique fashion, the ILO then included the representatives of workers in its tripartite structure, next to the representatives from government and employers.
In substantive terms, however, the ILO bracketed many of the more radical questions about how to organise the economy. The idea of social justice gradually shrank and the injustice of forms of domination and exploitation—let alone their transformation—fell from view.
Today, the ILO’s public-relations tag continues to reflect this reductive understanding when it translates the advancement of social justice into the promotion of decent work. Instead of the distribution of gains remaining central, the focus has been on the minimal protection of workers in an increasingly globalised economy which favours the haves over the have-nots.
True, there has been increasing attention to high levels of inequality. And the idea of social justice is regaining its broader punch—directed at privilege rather than poverty and at power rather than protection. But a sense of why the Treaty of Versailles tied universal and lasting peace to social justice is nowhere to be found. Tracing that sense over time might mitigate the risk that history repeats itself.

Nagging reminder

The spectre of communism was still haunting Europe after World War I. The ILO’s preamble claimed that ‘conditions of labour exist, involving such injustice, hardship and privation to a large number of people so as to produce unrest so great that the peace and harmony of the world is imperilled’. Like other peace treaties, Versailles longed for the quiet prior to the war. But Soviet Russia was a nagging reminder that communism had cast its spell.

Listen to the latest episode of Social Europe Podcast

The link between peace and social justice gradually widened beyond a fixation with communism towards inter-state relations and rising fascism. John Maynard Keynes already argued in his The Economic Consequences of the Peace, published in 1919, that the economic subjugation of Germany would ‘sow the decay of the whole civilised life of Europe’. It was ever more apparent that social injustice within and across countries provided a formidable breeding ground for fascism.
Towards the end of World War II, allied policy once more aimed at shielding western Europe from Soviet influence, through economic reconstruction and a military bloc. But that is only part of the story. The vivid memory of economic crises in the 1920s and 30s, and the political opportunity these provided for fascism in Europe as well as in Asia, pushed social justice to the centre of attention, for a moment even past military security.
It is part of the forgotten foundations of the Bretton Woods institutions (the World Bank and the International Monetary Fund) that they originally had a mandate to work towards economic justice in inter-state relations. The so-called World Trade Charter once again closely linked peace and social justice—now with communism and fascism in mind.
Fifty-three out of the 56 states at the time signed the charter on the closing day of the UN Conference on Trade and Employment in Havana, Cuba. The charter would have set up the International Trade Organization (ITO), whose first article recognised that the creation of ‘conditions of stability and well-being … are necessary for peaceful and friendly relations among nations’.
It not only aimed at fair labour standards but also at more equitable economic relations generally, for instance through the regulation of primary commodities and industry development. Against expectations, the ITO never came into existence to keep these ideas alive.

Rather marginalised

The ILO was rather marginalised in that context. Part of its programme had been absorbed by the still-born ITO. The ILO still helped however to enshrine the aim of ‘promot[ing] social progress and better standards of life in larger freedom’ as one of the leading ends of the United Nations. It affirmed its role with its 1944 Declaration of Philadelphia.
Yet, while much praised as a counter-current to what Alain Supiot calls the ‘total market’, the declaration actually showed great ambivalence: it affirmed that ‘labour is not a commodity’ and, at the same time, promoted higher levels production as well as consumption through greater volumes of trade. While it harboured fickle hopes for an equitable way of organising the economy, it foreshadowed a further reduction of what social justice would come to mean.
Developments in the 1970s shaped the beliefs still prevalent today: the contribution of trade to peace was reduced to growth through efficiency gains, and to the intertwining of countries in a global division of labour. A concern for the relationship between labour and capital—and the distribution of power between them—was overtaken by a preoccupation with growth through globalisation.
In that context, the ILO continued to focus its work on worker protection and technical assistance, in a now largely decolonised world. In fact, it spearheaded the move towards an emphasis on basic needs, which was subsequently adopted by other institutions (notably the World Bank) and by human-rights discourses more generally.
This was in sync with an essentially neoliberal outlook: human rights in general, and worker rights in particular, were scaled down to minimal protection. That focus has allowed the injustice of relations within and across societies to be sidelined entirely. The reasons why somebody is poor or needs protection fell from view.
Loaded with symbolism, in 1975 the ILO left its premises on the lake of Geneva to the secretariat of the General Agreement on Tariffs and Trade (which developed into the World Trade Organization in 1995). The building which once proclaimed that labour is not a commodity now houses the organisation that facilitates global production around the commodity of labour. The spirit of social justice has been left wandering in some despair.

Compelling reminders

The centenary of the Treaty of Versailles should not only evoke images of World War I. It should also prompt us to recover and reconsider venerable beliefs about the link between peace and social justice. The ILO disappointed the hopes of the labour movements at the time—that it would strengthen the position of labour in relation to capital. The organisation’s tripartite structure and its very existence nevertheless still serve as compelling reminders of the widespread conviction that universal and lasting peace is only available if it is based on social justice.
That belief came to the fore even more prominently in the institutional designs of the period after World War II. Postwar plans were shaped by the experience of fascism, adjacent to the continuing fear of communism. But concerns for social justice were again sidelined by arresting military, potentially nuclear, confrontation and then by the neoliberal fixation on efficiency gains in globalised production.
Today, the implosive potential of inequality again captures attention and pushes old questions back on the agenda. Tracing how the Treaty of Versailles linked peace to social justice may allow a recognition that what used to be known should not have to be learned anew.
Ingo Venzke is professor of international law and social justice at the University of Amsterdam and director of the Amsterdam Center for International Law.

Authoritarians Fool the World, But for How Long? - David Dapice (Yale GLobal)

Yale Global, New Haven – 27.6.2019
Authoritarians Fool the World, But for How Long?
The G20 must take bold stands on inequality, climate change and human rights – or risk encouraging authoritarianism
David Dapice

A number of trends contributed to two world wars during the last century: protectionism, delusions about national capabilities, isolationist tendencies on the part of some and expansionism from others, scapegoating ethnic groups, rejection of critical thinking and demonization of the opposition. Similar trends gather strength today as strongmen exploit resentment and fear, promising quick and cruel fixes rather than tackling root causes of real problems. The outlook is bleak for a world with a growing population if world leaders do not push back at authoritarians who emphasize divisions while failing to cooperate on trade, migration, climate change and other global challenges. “Conceivably, authoritarian leaders can cooperate with one another, but this will be an uneasy alliance,” explains economist David Dapice. “Hardliners need enemies and are not reliable allies.” So far, the authoritarians struggle to cow education, legal and media systems and a youthful opposition deeply worried about their future. Dapice concludes that the current down cycle could sow the seeds for a cycle of progressive activism. – YaleGlobal

Medford - “Things fall apart. The center cannot hold. Mere anarchy is loosed upon the world.” These lines, written in 1919 after the upheaval and carnage of World War I, still apply to many parts of the world today.
The United States, the leader of the post-World War II order, elected a president who is in a competition with Baghdad Bob, the famously delusional spokesperson for Saddam Hussein during the 2003 invasion of Iraq.  Donald Trump seems intent on destroying trade agreements and alliances with friends while praising dictators with blood on their hands. And polls suggest he has 40 to 45 percent support from voters while Republican senators dare not oppose policies antithetical to their professed ideology and contrary to the interests of their constituents. The United Kingdom, once a builder of a globe-spanning empire, is undecided on whether or how to sever ties with Europe – ignoring the cries of firms that make plans to relocate and drain the country of future tax revenues. India overwhelmingly reelected a Hindu nationalist whose leadership resulted in economic backsliding. Under his leadership as minister, hundreds of Muslims were killed in Gujarat, and as prime minister, Narendra Modi largely remained silent when innocent Muslims were lynched. China has a supreme leader who tries to fit a dynamic and complex society into a 1960s Maoist mold that had proven disastrous. In doing so, he has made many enemies at home and abroad, likely contributing to the collapse of an integrated global economy that had lifted hundreds of millions of Chinese out of poverty.
Does Xi Jinping really think that China could lead the world without giving citizens access to information with an ever-tighter great firewall? Can he believe that putting Communist Party cells in private firms increases innovation? Will Trump succeed in making America “great again” by raising walls against immigration?
Creating divisions and building walls is a theme that unites these rulers.
We have entered a post-factual world in which reality is at best a footnote. Voters support symbols who speak to their fears, not to the reality of their problems. Even Denmark, among the most egalitarian and happiest places on earth, has seen rising support for a right-wing anti-immigrant party at a time when immigration has averaged only 20,000 a year since 2010 among a population of 5.8 million. Places with more stresses like central Europe, Turkey or Egypt have turned to “elected” authoritarians who suppress the press and opposition parties and demonize minorities while corruption rises. Leaders like Germany’s Angela Merkel, a liberal internationalist who said she does not like walls is on her way out. France’s Emmanuel Macron is unpopular, and the anti-immigrant National Rally Party of Marine Le Pen took a third of contested seats in the recent European Parliament elections. No wonder the G20 meetings at which these leaders assemble accomplish so little.
If these trends continue without effective pushback, the expectations are bleak. There will be more controls on migration. But if migrants manage to enter target countries, they will form a marginalized underclass, competing for jobs with native-born workers, many less educated. Climate change, already a driving force for migration at the US-Mexico border, could displace millions more in the next decade. There could be immense pressure to stop people fleeing their destroyed or declining livelihoods, especially if they cross borders. This could go in several directions, from militarized efforts to seal borders with “big beautiful” walls, as suggested by Trump, to more constructive attempts such as giving potential migrants secure choices closer to home.
There will also be more tariffs and higher costs. Prices of goods will increase, and people will have fewer children if they anticipate economic difficulty. The US tariffs in 2018 have cost the average family $419, according to the Federal Reserve, and the 2019 tariffs could cost double that. Lower birthrates and an aging society require more migration. Otherwise, costs in the construction, health care and food processing industries climb – a dilemma for those who dislike foreigners but need them.
The foreign policy implications of an authoritarian world in which each nation strives for narrow advantages and fails to coordinate actions on trade, migration, climate change and other cross-border concerns are not promising. With young people becoming more politically active, their “green” positions may check politicians who try to argue that the “burden” of adjustment should not fall on their nation. Since many localities and major companies already confront climate-related issues, there may even be reason for optimism that cooperation on curtailing fossil fuels will be realized – though probably not fast enough to prevent substantial deterioration of the climate. Still, the advance of cheaper renewable technologies, energy storage and the electrification of vehicles will help immensely. Conceivably, authoritarian leaders can cooperate with one another, but this will be an uneasy alliance. Hardliners need enemies and are not reliable allies.
The outlook for trade is harder to predict. Agriculture remains a politically potent force even though the share of full-time farmers is falling and is already low in most rich countries, usually registering in the low single digits. If farming became less export-oriented, it could evolve into something more like factory farms for many crops, grown closer to final markets. Climate change could also lead to more controlled growing environments. Trump’s tariff policies have trashed foreign markets for US farmers, perhaps leading to long-term displacement as nations retaliate and switch to other sources. Yet his political support holds. If senators from farm states like Iowa, Nebraska and Texas reflected the interests of their constituents, waging trade wars would be more difficult. Temporary fixes such as price supports only lead to larger surpluses, budget deficits and more anger directed against government.
Meanwhile, increasing use of smart robots and lower-cost 3D manufacturing may make clothing and shoe production or electronics assembly more economical, returning such factory work to where the purchasing power is.  If so, this will displace millions of workers in the developing world – again spurring migration – but also lower the volume of trade. Perhaps the world will devolve into trading blocs – the EU and North America are obvious examples, but China and India could form their own regions, too. Some regional groupings, such as Association of Southeast Asian Nations have not managed to increase their intra-group trade shares. How these groups manage relations with the various blocs will determine how open the world system remains. But trade and investment also create rules. A fractured set of rules would make trade more costly and difficult – less than anarchy, but much worse than what had been negotiated over a half century.
Then there is the possibility that the embrace of authoritarian leaders is more a passing fever than chronic condition. “You can fool all of the people some of the time and some of the people all of the time, but you cannot fool all of the people all of the time,” former US President Abraham Lincoln purportedly observed.  Younger people accustomed to diversity will become more dominant, many rejecting the populists and parties who claim to defend against minorities. Healthy societies and economies respond to stimuli and change. This down cycle may sow the seeds for the next upcycle – at least if the world learns how to deal with fake news and those who use it for cynical reasons and personal gain.

David Dapice is the economist of the Vietnam and Myanmar Program at Harvard University’s Kennedy School of Government.