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sábado, 30 de março de 2013

França, de 1983 a 2013: austeridade, ainda que tardia

Mars 1983 – mars 2013, une « trop longue crise »
Françoise Fressoz
Le Monde, 29 Mars 2013

Il y a trente ans, presque jour pour jour, François Mitterrand prenait le tournant de la rigueur après avoir défendu pendant deux ans une politique de relance censée changer la vie.

Jeudi, sur France 2, François Hollande n'a pas pris le tournant de la rigueur pour la simple raison que la rigueur s'est imposée à lui dès le début de son quinquennat. Il n'a pas hésité à l'engager, contrairement à son lointain prédécesseur, parce que le niveau de la dette ne permettait plus à la France de tergiverser.

Mais il a pu mesurer, comme François Mitterrand, le coût politique et social de cette politique de remise en ordre des comptes publics. Comment incarner le progrès et insuffler l'espoir quand les usines ferment, que le chômage explose, que le pouvoir d'achat baisse, que la croissance est en berne et que le déficit de la balance commerciale sanctionne un inquiétant retard de compétitivité ?

Entre mars 1983 et mars 2013, les termes du débat n'ont pas fondamentalement changé : c'est le rapport à l'Allemagne qui est posé, avec en filigrane le décrochage français, qui nourrit une sorte de désespérance et crée dans tout le pays les germes de la division.

Une partie de la gauche crie à la trahison, la droite se radicalise, le Front national réussit une percée locale. Et cette répétition, à trois décennies de distance, est une désespérance supplémentaire.

François Hollande, qui connaît bien son histoire, sent le drame se nouer. Il reconnaît que "la crise a été trop longue". Il injecte autant qu'il le peut des antidotes, se veut rassembleur pour deux et réconfortant pour trois. Il "croit en la grandeur française" et nie que "l'Allemagne soit plus forte que nous".

Il "se bat" pour la croissance et rejette farouchement le mot d'austérité, exactement comme François Mitterrand en mars 1983, mais avec un handicap supplémentaire.

A l'époque, le président socialiste avait reporté tous ses espoirs sur l'Europe qu'il s'était mis à bâtir à coups d'Acte unique et de monnaie unique. François Hollande n'a plus la chance de cette utopie.

L'Europe est l'objet d'un ressentiment croissant. Elle semble paralysée, inerte face à la montée du populisme et incapable d'assurer la prospérité. La relation franco-allemande s'est délitée au point que le président se veut le chef de file des pays du Sud qui se rebellent contre la potion allemande.

François Mitterrand rêvait de faire l'Europe de la croissance en complicité avec l'Allemagne. François Hollande se fixe pour objectif de combattre l'Europe de l'austérité en confrontation avec Angela Merkel. C'est toute la différence.

par Françoise Fressoz


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