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domingo, 8 de agosto de 2010

Uma revista de historia dos tempos presentes - França

Chronique
Le contemporain, objet d'histoire
Thomas Wieder
Le Monde, 06.08.2010

En ouverture du premier numéro, en janvier 1984, la question posée était claire : "Que voulons-nous ?" La réponse tout autant : "Faire une revue du contemporain." En deux phrases, l'essentiel était dit : l'aventure de Vingtième siècle pouvait commencer. Vingt-six ans plus tard, elle se poursuit, et il n'est pas exagéré de dire que cette publication trimestrielle éditée par les Presses de Sciences Po et qui compte un peu moins de 1 000 abonnés est devenue une petite institution.

Une "revue du contemporain" ? Le projet semble aujourd'hui aller de soi. Il l'était beaucoup moins en 1984. A l'époque, l'historien qui s'intéressait à la guerre d'Algérie ou à Mai 68 appartenait à une espèce encore rare. L'histoire, la vraie, la noble, la sérieuse, était celle des siècles passés. Et celui qui voulait faire carrière à l'ombre de Clio n'était guère encouragé par ses maîtres à arpenter un terrain que de nombreux universitaires considéraient, avec dédain, comme tout juste bon à laisser en pâture aux journalistes.

Une telle conception de l'histoire commença à être battue en brèche à partir des années 1960. En 1964, René Rémond (1918-2007) inaugurait à l'université de Nanterre la première "chaire d'histoire du XXe siècle". En 1978, François Bédarida (1926-2001) prenait, au sein du CNRS, la direction du tout nouvel Institut d'histoire du temps présent (IHTP). Au même moment, Pierre Nora créait, à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, un enseignement sur le thème "Histoire du présent".

Rétrospectivement, la création de la revue Vingtième siècle, dont le premier rédacteur en chef fut Jean-Pierre Rioux, élève de René Rémond et collègue de François Bédarida à l'IHTP, apparaît donc comme le prolongement logique de ce début d'institutionnalisation de l'histoire contemporaine.

Mais elle correspond aussi au retour en force de l'histoire politique. Dans les années 1950-1960, celle-ci était regardée de haut par la plupart des historiens, qui ne juraient que par l'histoire économique et sociale, celle défendue par une "école des Annales" alors triomphante (du nom de la revue fondée, en 1929, par Marc Bloch et Lucien Febvre).

En 1974, dans un livre piloté par Jacques Le Goff et Pierre Nora (Faire de l'histoire, Gallimard), Jacques Julliard résumait de façon synthétique les reproches faits à l'histoire politique : elle "est psychologique et ignore les conditionnements ; elle est narrative et ignore l'analyse ; elle est idéaliste et ignore le matériel ; elle est idéologique et n'a pas conscience de l'être ; elle est partielle et ne le sait pas davantage ; elle s'attache au conscient et ignore l'inconscient ; elle est ponctuelle et ignore la longue durée ; en un mot, car ce mot résume tout dans le jargon des historiens, elle est événementielle".

Retour du contemporain et du politique : c'est dans cette conjoncture historiographique qu'est né Vingtième siècle. Mais sa création s'inscrit également dans un climat plus général d'engouement pour la discipline historique. En cela, on ne peut isoler sa fondation de celles d'autres périodiques, qu'il s'agisse de magazines grand public (L'Histoire, en 1978, Histoire magazine, en 1980, ou Notre Histoire, en 1984) ou de revues spécialisées (Communisme, en 1982, Sources. Travaux historiques, en 1985, ou Matériaux pour l'histoire de notre temps, la même année).

Depuis sa création, Vingtième siècle a évolué. Nicolas Roussellier, membre du comité de rédaction et auteur d'un article consacré à l'histoire de la revue ("A la fenêtre de Vingtième siècle", no 69, 2001), a ainsi montré que, au fil des années, l'histoire politique avait eu tendance à céder du terrain face à l'histoire culturelle. Cela tient à l'évolution de certains "piliers" de la revue, comme Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli. En 1997, neuf ans après avoir participé à l'ouvrage collectif dirigé par René Rémond sous le titre Pour une histoire politique (Seuil), ils publiaient un plaidoyer Pour une histoire culturelle (Seuil).

Comme le remarque cependant Nicolas Roussellier, la réussite de Vingtième siècle est d'avoir su conjuguer les deux domaines, en consacrant des numéros spéciaux à des thèmes situés à la charnière du politique et du culturel ("Les populismes", en 1997, "Les engagements du XXe siècle", en 1998, "Publicité et propagande", en 2009).

Ces dernières années, Vingtième siècle s'est également davantage ouvert sur l'étranger. Comme le notait Nicolas Roussellier dans son article de 2001, la revue était devenue, entre 1984 et la fin des années 1990, de plus en plus "hexagonale" (dans le comité de rédaction de 1984, les spécialistes de la France étaient 11 sur 19 ; en 2000, ils étaient 24 sur 35).

Depuis le milieu des années 2000, et avec l'arrivée à la tête de la rédaction d'Olivier Wieviorka, professeur à l'Ecole normale supérieure de Cachan et spécialiste de la seconde guerre mondiale, la tendance est à un certain rééquilibrage. Les signatures étrangères sont plus nombreuses. Et les numéros spéciaux consacrés à des problématiques internationales plus fréquents : ("L'Amérique de George W. Bush" et "Aristocraties européennes et césure de la Grande Guerre", en 2008 ; "Proche-Orient : foyers, frontières et fractures", en 2009).

Plus féminine, la revue s'est également rajeunie. Si certains des enfants de la "Rémondie", pour reprendre le terme de Jean-François Sirinelli, sont toujours là (Jean-Jacques Becker, Serge Berstein, Jean-Noël Jeanneney, Pierre Milza, Jean-Pierre Rioux, Michel Winock), une nouvelle génération d'historiens, représentée notamment par Ludivine Bantigny et Quentin Deluermoz, occupe aujourd'hui une place grandissante dans la vie de la revue.

Vingtième siècle. Rédacteur en chef : Olivier Wieviorka. Trimestriel, 20 euros.

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