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terça-feira, 6 de agosto de 2024

A “tempestade perfeita” (1) - Elie Barnavi (Telos.eu)

 Telos, July 29, 2024

https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/perfect-storm-1.html

Perfect storm (1)


Telos.eu, July 29, 2024

Les Anglo-Saxons appellent ainsi une configuration climatique complexe et rare, où des facteurs disparates mais concordants se combinent pour produire une tempête énorme, d’une puissance inédite. L’expression a investi la politique, l’économie et les marchés, où le déchaînement des éléments n’est évidemment pour rien. Ici, à la violence des vents et à la hauteur des vagues correspondent le choc des intérêts et la sauvagerie des passions maquillées en idéologies.  Ces « tempêtes parfaites » dans les affaires humaines sont innombrables, et elles tendent à se multiplier. En effet, plus la configuration internationale est complexe et moins elle obéit à un ordre discernable, plus elle donne prise à des éléments irrationnels et moins elle est maîtrisable. Cependant, contrairement à ce qui se passe en haute mer, la « tempête parfaite » humaine met du temps à monter en puissance. Certains de ses éléments viennent de loin, d’autres s’ajoutent au fil des années. Le temps s’accélère, la crise enfle, jusqu’à ce qu’un facteur déclencheur provoque son déchaînement paroxystique.

Israël vit une de ces « tempêtes parfaites », la première de son existence. Et son facteur déclencheur a été, bien sûr, le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. À partir de là, elle a pris aussitôt une dimension régionale et internationale. Dès le lendemain, Israël a fait face à sept fronts : au sud au Hamas, au nord au Hezbollah, à l’est, en Cisjordanie, à une Intifada qui ne dit pas encore son nom, en Syrie et en Irak à une myriade de groupes terroristes, plus loin aux Houthis du Yémen, ainsi qu’à l’Iran, patron de tous les autres.

Ce dernier front mérite une mention spéciale. Pour la première fois, en effet, l’Iran ne s’est pas contenté de faire la guerre à Israël par milices interposées mais, le 13 avril 2024, réagissant à l’élimination du général des Gardiens de la révolution en charge de la Syrie et du Liban, il a lancé un assaut contre le territoire israélien à partir de son propre territoire. L’échec de l’attaque et la riposte très mesurée de Tsahal ne doivent pas masquer la signification de cette affaire : c’est un changement d’échelle, gros de dangers. Les belligérants ont beau vouloir éviter la guerre, les escalades militaires ont leur propre logique. Qui voulait la guerre en août 14 ?

Ainsi, par cercles concentriques, la guerre de Gaza irradie les Territoires palestiniens, les pays limitrophes du Proche-Orient, ceux du Moyen Orient, et, au-delà, la géopolitique planétaire. Comme la guerre d’Ukraine, c’est une affaire mondiale. En effet, face à la coalition dirigée depuis Téhéran, se dressent Israël et son allié unique, les États-Unis. Entre les deux s’étend ce que l’on peut décrire comme une sorte de marais aux contours flous, dont le positionnement par rapport au conflit de Gaza et de ses ramifications dépend d’une foule de considérations disparates, voire contradictoires. Plus on est proche de l’épicentre, et plus les secousses du conflit se font durement sentir. Naturellement, les voisins d’Israël sont les plus affectés : la Syrie, État morcelé et failli dont le territoire sert depuis longtemps de champ de bataille entre l’Iran et Israël ; le Liban, dont le sud est en guerre ouverte et qui tremble de la voir s’étendre à l’ensemble du territoire ; l’Égypte, qui craint le débordement dans le Sinaï de masses de Gazaouis ; et la Jordanie, dont le gros de la population est palestinien, et qui, de ce fait, est menacée de déstabilisation. Ces deux derniers, à l’instar des autres pays sunnites de la région – le deuxième cercle – sont hostiles au Hamas et alignés sur Washington. D’ailleurs, ceux qui ont déjà signé des accords de paix avec Israël ne songent pas à les dénoncer ; mieux, l’Arabie saoudite, qui était sur le point de s’y résoudre avant la guerre, n’a pas renoncé à la normalisation avec l’État juif après – seulement, elle la conditionne désormais à la solution du problème palestinien, ou du moins au début d’un processus censé y conduire. On l’aura remarqué, à l’exception de l’Iran, tous les ennemis d’Israël sont des milices religieuses. Mais les gouvernements sont sensibles à une « rue arabe » très remontée contre Israël.

Le troisième cercle est constitué des puissances de ce qu’il est convenu d’appeler le « Sud global », entité gazeuse et fluctuante qu’anime un vieux fonds d’antiaméricanisme tiers-mondiste, et où Israël fait figure de poste avancé de l’Occident. Le procès intenté par l’Afrique du Sud à Israël pour faits de génocide devant la Cour de Justice internationale de La Haye illustre cette posture. Enfin, on trouve dans ce marais les deux puissances révisionnistes, la Russie et la Chine, peu connues pour leur mansuétude à l’égard de leurs propres populations musulmanes, mais auxquelles Gaza offre, dans une curieuse alliance avec les islamistes à l’extérieur, une occasion en or de damer le pion à Washington.

Pour l’heure, le Hamas a perdu son pari stratégique, à savoir entraîner ses alliés, voire l’ensemble du monde musulman, dans le « déluge » final contre « l’entité sioniste » (« Déluge d’al-Aksa », telle est l’appellation, d’inspiration messianique, dont il a affublé l’assaut meurtrier du 7 octobre).

Comment cette « tempête parfaite » a-t-elle fini par se former au-dessus de nos têtes ?

En simplifiant beaucoup une histoire tumultueuse de trois quarts de siècle, on peut la découper en quatre temps, qui sont autant d’actes d’une tragédie dont on devine le dénouement proche mais on ignore de quoi il sera fait. Le premier est la guerre victorieuse des Six-Jours, en juin 1967. Au sortir de cette campagne éclair, Israël se trouve à la tête d’un mini-empire : le Sinaï égyptien, le Golan syrien, la Cisjordanie et la Vieille Ville de Jérusalem (illégalement) occupées par le royaume hachémite de Jordanie. Les deux premiers territoires, pour importants qu’ils soient stratégiquement, ne sont guère investis de signification historique ou religieuse. La Cisjordanie, en revanche, aussitôt rebaptisée de ses noms bibliques de Judée et Samarie, ainsi que Jérusalem, sont tout simplement le berceau physique et spirituel du peuple juif.

Il faut savoir que, faute de pouvoir faire autrement, les sionistes ont installé les fondations de leur futur État le long de la côte, en pays des Philistins pour ainsi dire. Mais la longue mémoire juive privilégiait Hébron, Beit El, Samarie, Bethléem, Jérusalem et son Temple… tous lieux dont les vicissitudes de l’histoire récente avaient privé l’État nouveau-né. Recouvrer ces lieux enchantés à la faveur d’un affrontement dont le dénouement avait tout du miracle, a constitué pour la plupart des Israéliens un choc psychologique et spirituel dont peu ont pris la mesure dans l’immédiat. Le philosophe Yeshayahou Leibowitz fut l’un de ceux qui ont saisi d’emblée le potentiel destructeur de l’occupation pour l’occupant, et Moshé Dayan, un soldat peu porté sur le sentimentalisme religieux, avait d’abord refusé de prendre la Vieille Ville de Jérusalem – « Qu’avons-nous besoin de ce Vatican ? » – avant de céder devant la ferveur ambiante.

Y avait-il moyen d’échapper à l’enchaînement des faits qui se sont déroulés depuis ? Il était possible de placer ces territoires sous occupation militaire, comme l’autorisait le droit international, en y interdisant la moindre implantation civile. C’était la position du Premier ministre Levi Eshkol, qui entendait les garder comme monnaie d’échange contre une éventuelle reconnaissance d’Israël par ses voisins. Mais il a été impuissant à étouffer l’expression de plus en plus puissante de l’irrédentisme religieux. En effet, la conquête a ouvert grand la porte de la politique israélienne à un acteur jusque-là négligeable dans l’histoire du mouvement national juif : le sionisme messianique. Des jeunes issus des yeshivot(académies religieuses) du Parti national-religieux, formation traditionnellement modérée et partenaire docile des travaillistes au pouvoir, ont modifié l’ADN de ce parti. Activistes, voire révolutionnaires, remarquablement organisés et mus par une ferveur idéologique que leurs aînés ignoraient, ils se sont emparés de la direction de leur parti et en ont fait le fer de lance de la colonisation des Territoires. En face, les travaillistes, usés par le pouvoir, impressionnés malgré eux par l’énergie de ces nouveaux pionniers en lesquels ils n’étaient pas loin de voir le reflet de leur propre jeunesse militante, sensibles aussi à la poésie biblique de ce « retour » à un passé idéalisé, les ont laissé faire.

Deuxième acte. En mai 1977, les travaillistes sont chassés du pouvoir qu’ils ont exercé sans partage pendant quatre décennies, sur le Yishouv (la communauté juive préétatique en Palestine mandataire), puis sur l’État. Parvenue aux affaires, la droite nationaliste, adepte depuis toujours de « l’intégralité du Pays d’Israël », libère la colonisation des Territoires des restrictions que les Travaillistes lui imposaient tout de même. C’est désormais le grand, voire l’unique projet national.

De plus en plus, la religion investit le champ politique, en Israël par la montée en puissance du parti des colons et de leurs soutiens, en Palestine par la confessionnalisation de son mouvement national. Le Hamas, acronyme de « Mouvement de la résistance islamique », voit le jour en 1988, à la faveur de la première Intifada. Or, le Hamas n’est pas un mouvement de libération comme un autre. C’est un mouvement religieux, qui entend non pas créer un État-nation palestinien aux côtés de l’État d’Israël, mais un État régi par la shari’a, le droit musulman, à la place de l’État d’Israël. Fondamentalistes des deux côtés de la barricade partagent la même conception du pays comme terre sainte et inaliénable. Le travail de transformation d’un conflit national en une guerre de religion est bien entamé. Il ne fera que s’accélérer.

Troisième acte. Au cours des années 90 et au début de la décennie suivante, les tentatives de mettre fin au conflit lors de brefs passages au pouvoir des travaillistes, échouent l’une après l’autre. Le « processus d’Oslo » bute sur deux phénomènes parallèles : la colonisation côté israélien et le terrorisme côté palestinien, tous deux promus par une vision religieuse du conflit. Après l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un Juif fanatique, c’est une vague d’attentats islamistes qui, en 1996, assure l’élection d’une courte tête de Binyamin Netanyahou contre Shimon Peres pour son premier mandat de premier ministre. Netanyahou est un nationaliste séculier, mais il se servira des religieux pour se maintenir au pouvoir. Eux se serviront de lui pour enterrer le « processus de paix ».

Quatrième acte. Depuis 2016, Netanyahou est embourbé dans une série d’affaires judiciaires qui risque de le mener en prison. À partir de ce moment, il obéira à une double préoccupation : traîner son procès en longueur autant que faire se peut, ce qu’il parvient à faire avec un succès certain, puisque de manœuvres dilatoires en prétextes de tous genres, au bout de plus de quatre ans de procédure le défilé des témoins de l’accusation vient seulement de se terminer, celui de la défense n’a pas encore commencé. Et s’accrocher au pouvoir coûte que coûte. Privé de majorité à la Knesset, il lance le pays dans une série de cinq élections en quatre ans, dont la dernière, en novembre 2022, lui assure une majorité confortable de soixante-quatre députés sur les cent-vingt que compte la Knesset. Seulement, ce n’est pas n’importe quelle majorité. Le sixième gouvernement Netanyahou est le plus droitier de l’histoire du pays. En font partie les nationalistes ultra de son propre parti, le Likoud, devenu sous sa férule, au terme d’une évolution semblable à celle dont a fait l’expérience le Parti républicain américain, une secte dévouée à sa personne ; les messianiques annexionnistes du parti Sionisme religieux ; les suprémacistes racistes de Puissance juive (sic) ; les deux formations ultraorthodoxes, le Shas séfarade et le Judaïsme unifié de la Torah ashkénaze ; plus, en prime, une chose minuscule dont le programme se réduit à la mise au ban de la société des minorités sexuelles. À tous il distribue des portefeuilles fantaisistes (Héritage, Missions nationales, Identité juive nationale, Patrimoine…) dotés de budgets généreux. Aux deux chefs de parti les plus importants, dont sa survie politique dépend désormais – Bezalel Smotrich de Sionisme religieux et Itamar Ben Gvir de Puissance juive – il donne les ministères clés des Finances pour le premier et de la Sécurité nationale pour le second. Smotrich se fait attribuer en outre un poste ministériel au sein du ministère de la Défense chargé des implantations, position stratégique qui lui permet d’œuvrer à la fois à l’extension de la colonisation, à la légalisation des implantations sauvages, illégales même en droit israélien, et à l’annexion administrative de la Cisjordanie. Ben Gvir, un voyou violent et un criminel récidiviste que l’armée avait refusé en son temps de recruter, est désormais responsable de la police dont il était naguère un habitué des chambres d’interrogatoire.

Ce quatrième acte est décisif, puisque c’est lui qui précipite l’orage qui menace. Les objectifs des uns et des autres ne coïncident pas nécessairement. Netanyahou veut échapper à la justice ; l’extrême droite messianique veut annexer la Cisjordanie, soumettre ses habitants ou les expulser ; les ultraorthodoxes entendent préserver leur autonomie, assurer le financement de leur institutions éducatives et graver dans le marbre de la loi l’exemption de leurs jeunes du service militaire. Mais tous sont unis autour d’un constat : leurs objectifs ne sauraient être pleinement atteints tant que l’État de droit restera debout. Il faut donc l’abattre, en exploitant une configuration politique exceptionnellement favorable pour modifier en profondeur l’équilibre des pouvoirs au profit de l’exécutif, et, à cet effet, mettre un terme à la fonction de la Cour suprême comme garante de l’État de droit. Ce fut l’objet de la « réforme judiciaire » présentée le 4 janvier à la Knesset par le ministre de la Justice Yariv Levin, un ultra du Likoud.

Le lundi 23 février 2023, la Knesset a voté en première lecture les deux premières lois du coup d’État constitutionnel concocté par le gouvernement Netanyahou. Présentés comme des amendements à la Loi fondamentale sur le pouvoir judiciaire, elles assurent, pour l’une, le contrôle absolu du gouvernement sur le Comité de nomination des juges, pour l’autre, l’interdiction à la Haute Cour de justice de censurer les lois votées par la Knesset. Ces deux textes, en attendant ceux qui doivent suivre, abolissent à eux seuls la séparation et l’équilibre des pouvoirs, sans lesquels il n’est pas de démocratie libérale. Ils annoncent un changement de régime.

C’est une crise sans précédent dans l’histoire de ce pays, qui n’en a pourtant pas été avare, un de ces moments de bascule qui séparent les annales d’un peuple entre un avant et un après, une révolution pour tout dire. Et, comme toute révolution, celle-ci prend les allures d’une guerre civile, pour l’heure latente, mais qui risque à tout moment de verser dans la violence. Deux camps se font face : d’un côté, le noyau dur de « bibistes » prêts à s’immoler par le feu sur l’autel du grand homme, ainsi que l’ensemble du camp religieux, divisé entre haredim(ultraorthodoxes) et nationaux-religieux, mais unis dans la haine de la « gauche » – terme insultant englobant des gens de droite, voire de la droite dure, mais coupables d’avoir failli au Lider Maximo – et de ses bastions supposés, les tribunaux, l’Université, la presse. De l’autre côté, toutes les forces vives de la nation, sans lesquelles elle ne saurait ni se défendre, ni produire, ni tenir son rang dans le monde. Mais voilà, les premiers sont au pouvoir, ont la rage au cœur et il leur semble qu’ils tiennent une chance unique de refaçonner le pays à leur image. La démocratie, pour eux, commence et se termine dans l’urne ; ils n’ont pas lu Rousseau, mais ils ont découvert tout seuls la loi d’airain de la volonté générale : ils sont majoritaires, donc ils ont raison. Ils auraient tort même s’ils étaient majoritaires, or ils ne le sont même pas. La coalition a obtenu aux élections de novembre moins de voix que ses adversaires, et seule l’imbécillité de ces derniers, incapables de s’unir et d’éviter ainsi la perte sèche d’au moins sept mandats, lui a assuré la pluralité des sièges au parlement. Par ailleurs, tous les sondages montrent qu’une forte majorité d’Israéliens rejettent leur coup judiciaire. Selon des enquêtes d’opinion récurrentes, les deux tiers des Israéliens pensent que la Haute Cour doit continuer à pouvoir censurer des textes législatifs incompatibles avec les Lois fondamentales, et s’opposent au changement de la méthode de sélection des juges. Plus significatif encore, de fortes minorités parmi les électeurs des partis qui forment la coalition se disent opposés aux « réformes ». Bref, contrairement à la propagande gouvernementale, le peuple d’Israël n’a pas voté pour « ça ».  

D’où l’émergence incroyablement rapide d’une opposition puissante et aussi déterminée d’aller jusqu’au bout que ses adversaires. Il ne s’agit pas de l’opposition parlementaire, faible et divisée. Mais de l’opposition nationale, dont l’unité et la ferveur idéologique, nées du désespoir, sont la grande nouveauté de l’hiver révolutionnaire issu de la tentative de coup d’État du gouvernement. Cette unité et cette ferveur idéologique étaient jusqu’ici l’apanage de la droite colonisatrice ; ce n’est plus le cas. Semaine après semaine, dix mois durant, des dizaines de milliers de manifestants descendent dans la rue au cri de de-mo-kra-tiya !, un phénomène sans précédent nulle part ailleurs dans son intensité et sa durée. La mer bleu-blanc qui les noie a une seule signification : le camp de la démocratie libérale s’est réapproprié le drapeau national, jusqu’ici monopolisé par la droite, voire la droite extrême.

Cette tentative de coup d’État judiciaire visant à régler la démocratie israélienne sur l’heure de Budapest ou d’Ankara et l’énorme réaction populaire qui s’en est suivie, ont déchiré le tissu social et mis à mal les corps constitués, armée et services de sécurité compris. En effet, pour une armée qui repose sur les réserves, l’adhésion des civils est essentielle. Cela est surtout vrai dans les corps d’élite, notamment l’aviation, les commandos et les renseignements. Ainsi, dans l’aviation, les réservistes ne font pas de périodes militaires normales, puisqu’ils sont tout le temps à pied d’œuvre. Les pilotes sont des civils, certes, mais ils s’entraînent au moins un jour par semaine, leurs capacités opérationnelles en dépendent. Toute la structure de l’instruction, dans leurs escadrons, dépend également des réservistes.  Et tout cela repose sur le volontariat. Or, des milliers de réservistes dans l’aviation et les autres unités d’élite ont publiquement déclaré que, si le coup d’État judiciaire se poursuivait, leur contrat avec l’État démocratique était rompu et ils allaient cesser de répondre à l’appel. Les généraux et les chefs des services de sécurité ont essayé de prévenir le premier ministre des effets que cette crise de confiance ne manquerait pas d’avoir sur l’état de préparation des forces armées ; celui-ci a refusé de les recevoir. Pis, quand, en mars 2023, le ministre de la Défense a annoncé qu’il allait prendre publiquement la parole pour dire la vérité au peuple, il a été brutalement limogé. Mettre à pied son propre ministre de la Défense parce qu’on ne voulait pas entendre ce qu’il avait à dire, et qu’on ne voulait pas que les gens l’entendent... Cette curieuse conception du pouvoir a été sanctionnée par une gigantesque manifestation spontanée, et Netanyahou a dû reculer.

Cependant, le drame apparemment sans fin de la « réforme judiciaire », qui visiblement absorbait toute l’énergie de la nation et affaiblissait ses capacités de défense, a convaincu le Hamas et ses alliés que le moment était propice pour un grand coup.

(La suite de ce texte sera publiée demain, mardi 30 juillet.)


A “tempestade perfeita” (2): o assalto do Hamas em Israel - Elie Barnavi (Telos.eu)

 Perfect storm (2)

July 30, 2024

Telos.eu

Le 7 octobre 2023, le Hamas lance ses hommes à l’assaut des communautés israéliennes du Néguev occidental, inflige à Israël le coup le plus terrible de son histoire, et au peuple juif le plus monstrueux pogrom depuis la Shoah. C’est un événement inédit, et d’abord par son ampleur : plus de 1500 victimes, dont 1200 civils, et 251 otages, on n’a jamais connu cela. On n’a jamais vu non plus une opération terroriste de cette envergure. Le Hamas a envoyé une troupe de plus de 2000 hommes : 1500 à 1600 combattants, auxquels se sont joints plusieurs centaines de civils qui ont participé aux massacres et aux pillages, soit une véritable petite armée. On a saisi des documents étonnants, distribués aux unités du Hamas et comportant des instructions précises, à savoir tuer le plus de juifs possibles et ramener des otages. Des plans détaillés, aussi, des communautés et des habitations attaquées – un effet pervers de l’accueil de milliers de travailleurs palestiniens en provenance de Gaza, dont certains ont servi d’espions.

On comprend que le monde ait été frappé de stupeur, car le monde non plus n’avait jamais vu une opération terroriste de cette envergure. On a comparé cet assaut avec le 11 septembre – mais, ramené à la taille de la population, c’est quinze 11-Septembre. On l’a comparé avec le Bataclan – mais c’est seize Bataclan. « Nous sommes tous Américains », proclamait l’éditorial de Jean-Marie Colombani dans Le Monde au lendemain du 11 septembre. Évidemment, nul n’a signé d’éditorial proclamant « Nous sommes tous Israéliens ». Mais enfin, ceux qui avaient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ont compris qu’il se passait quelque chose d’exceptionnel, et ont réagi en conséquence. Les Israéliens ont donc bénéficié, d’emblée, au moins en Occident, de la compréhension et de la sympathie des gouvernements et des opinions publiques. Excepté les milieux islamistes et des poches d’extrême-gauche, la réaction a été dans l’ensemble à la mesure de ce qu’ils vivaient.

Autre élément important, et qui a, lui aussi, constitué un tournant : cela s’est passé sur le territoire souverain d’Israël, dans un pays conçu précisément pour que de tels événements ne puissent plus advenir. On a évoqué la « défaillance » de Kippour, mais la guerre du Kippour de 1973 était une guerre classique, un affrontement entre armées étatiques, et aucun civil n’a été massacré ; c’était une affaire de militaires. Cette fois, ce sont des civils qui ont payé le prix. Bref, quel que soit l’angle sous lequel on l’aborde, il s’agit d’une effroyable et radicale nouveauté.

Enfin, ce qui a aussi stupéfié les Israéliens, c’est l’impéritie de leur armée. Il était admis qu’Israël disposait de l’armée la plus puissante de la région, que ses services de renseignements comptaient parmi les meilleurs au monde, et qu’il s’était doté sur sa frontière avec la bande de Gaza d’une formidable barrière protectrice munie de senseurs ultrasensibles. Certes. Mais une armée n’est efficace que si se tient est sur ses gardes, les renseignements ne valent que s’ils sont correctement interprétés, et l’histoire militaire fourmille de barrages infranchissables qui ont pourtant été franchis. Or l’armée a failli, les services de sécurité ont failli et « l’armée du peuple », la vache sacrée de la nation, s’est montrée incapable d’honorer le contrat moral qui la liait à cette nation.

Que s’est-il donc passé ? On ne sait pas encore tout, mais on a déjà des éléments de réponse. D’abord, ce que les Grecs appelaient l’hubris, en l’occurrence, la confiance aveugle dans la supériorité militaire et technologique d’Israël. On a oublié que toute puissance est relative. C’est la grande leçon de Thomas Hobbes dans son Léviathan (1651) : dans l’état de nature, qui est largement celui de la région, nul n’est trop faible pour n’être point capable de tuer le plus fort. Ainsi, on a investi des milliards dans la clôture de séparation avec Gaza, et, convaincus qu’on était désormais protégé, on a négligé les signaux d’alarme. On a méprisé l’adversaire, qui s’est avéré capable de monter une opération complexe, de la préparer une année durant et de la garder secrète jusqu’au bout. Enfin, à l’exception de troupes éparses se prélassant (c’était jour de fête) dans des camps mal gardés, l’armée israélienne n’était simplement pas là. Résultat : pendant des heures, le Hamas a pu agir pratiquement en toute liberté, ayant préalablement détruit les caméras de surveillance de la clôture, et ne trouvant en face de lui que les unités de protection des communautés prises d’assaut, composées de civils sommairement armés, ainsi que des réservistes accourus, avec leur arme personnelle, à l’appel désespéré des assiégés.

Ensuite, la conviction largement répandue que les Palestiniens ont disparu des radars du monde en général et du monde arabo-musulman en particulier. Netanyahou, croyait-on, était en train de gagner son pari : apaiser les relations de l’État juif avec les Arabes, tout en mettant le problème palestinien sous le boisseau. Les Accords d’Abraham de septembre-décembre 2020 avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc, étaient censés en constituer la preuve, tout comme le processus de normalisation en cours avec l’Arabie saoudite. Ceux qui rappelaient que le peuple palestinien était toujours là, que le feu couvait sous la cendre et qu’un jour il allait s’embraser, s’attiraient les regards apitoyés des gens sérieux. À la question de savoir où était l’armée le 7 octobre, la réponse est qu’elle était en Cisjordanie, occupée à défendre les colonies. Et que l’armée de défense d’Israël est devenue, au fil des ans, une force de police dans les Territoires occupés.

Enfin, la conception selon laquelle le Hamas, loin d’être une menace, était plutôt un atout pour Israël. C’était le cœur de la stratégie palestinienne de Binyamin Netanyahou. Un coup d’œil sur la fiche signalétique du Hamas suffit à montrer l’inanité de cette politique.

Le Mouvement de résistance islamique a été fondé par un prédicateur, cheikh Ahmed Yassin, dans la foulée de la première intifada de 1987. C’est une branche des Frères musulmans, ce mouvement fondamentaliste créé en Égypte en 1928 et qui a essaimé depuis à travers le mode sunnite. Axé à l’origine sur le prêche, l’éducation et la bienfaisance, il a rapidement muté et s’est donné des structures quasi militaires. Au début, Israël l’a regardé d’un œil plutôt bienveillant, en se disant, comme l’armée française en Algérie, qu’il valait mieux les religieux que les nationalistes : on les contrôle mieux, ils s’occupent de leurs œuvres de bienfaisance et de leurs mosquées… Avant de se rendre compte que ce n’était pas du tout le cas. En effet, le Hamas a rapidement évolué en un mouvement politique et militaire et s’est doté d’une charte. Un document d’un antisémitisme délirant, où les juifs sont accusés de tout ce qui est arrivé de mal dans l’histoire de l’humanité, Révolution française comprise ! Mais ce qu’il faut surtout retenir de cette charte, et qui reste valable malgré une tentative de maquillage à la fin des années 1990, c’est un principe fondamental : la terre de Palestine est un waqf, c’est-à-dire un bien religieux musulman inaliénable. Aussi bien, la présence des juifs sur cette terre est illégitime, et il faut donc la débarrasser de toute présence juive quelle qu’elle soit, et à plus forte raison de cette aberration qu’est un État juif. De manière significative, dans les proclamations du Hamas, les habitants des kibboutzim frontaliers sont appelés « colons ». Tout juif habitant sur cette terre, où qu’il soit, est un colon, c’est-à-dire une cible militaire légitime, puisque les militaires le sont par définition et que ceux qui ne sont pas militaires l’ont été ou le seront : nous sommes tous, hommes, femmes, enfants et nourrissons, logés à la même enseigne. Comme on l’a vu plus haut, l’idéologie du Hamas n’est pas une affaire nationale ; c’est un credo éradicateur. C’est la différence entre le Hamas et l’OLP, qui était et reste un mouvement national, et avec lequel on peut, à la longue, aboutir à un compromis. Mais il n’y a pas de compromis possible avec le Hamas : on ne transige pas sur un bien appartenant à Dieu et que ses fidèles ont reçu en héritage. L’extrême-droite religieuse en Israël ne dit pas autre chose.

En 2005, le Premier ministre à l’époque, Ariel Sharon, décide de vider la bande de Gaza de toute présence israélienne, militaire et civile. Il le fait unilatéralement, sans coordonner le retrait avec une Autorité palestinienne qu’il méprise et dont il se méfie. Que vont faire les Palestiniens de cette bande de terre ? Ils peuvent, en principe, y développer des structures étatiques et économiques et en faire une espèce de vitrine de l’État palestinien à venir. Ce n’est pas ce qui se passe. Les deux frères ennemis, le Hamas et l’Autorité palestinienne, se disputent le bout de territoire. En 2006, il y a des élections municipales et législatives, que le Fatah, le parti dominant de l’AP, perd ; mais le Hamas veut les pleins pouvoirs. Il les aura au bout d’une brève mais violente guerre civile qui se termine par l’expulsion du Fatah. Aussitôt, Gaza se transforme en rampe de lancement de roquettes contre Israël. C’est à ce moment-là qu’Israël, imité par l’Égypte, impose un véritable blocus, et que s’enclenche une série ininterrompue d’attaques du Hamas et de ripostes israéliennes. Une sorte d’équilibre de la terreur s’installe ainsi, où les deux parties trouvent leur compte. Le Hamas émerge comme le seul « mouvement de résistance » efficace ; n’a-t-il pas réussi par la force là où l’Autorité palestinienne a échoué par la négociation ? Israël, lui, compte sur le Hamas, qu’il veut assez faible pour ne pas trop le mettre en danger et assez fort pour qu’il se maintienne au pouvoir, pour faire pièce à l’Autorité palestinienne. La logique est simple.  En maintenant séparées les deux entités palestiniennes, Gaza et Ramallah, et en ménageant le Hamas au détriment de l’Autorité, on écarte toute possibilité d’un État palestinien. Avec qui négocier ? Avec l’Autorité palestinienne qui ne représente qu’une moitié de son peuple ? Avec le Hamas, qui entend détruire Israël ? Netanyahou l’a dit très clairement à plusieurs reprises : ceux qui veulent empêcher la création d’un État palestinien doivent donner de l’argent au Hamas. Et en effet, les deux tiers du budget du Hamas, à savoir l’argent qatari et celui de l’Autorité palestinienne, transitent par des comptes bancaires qui opèrent avec l’assentiment d’Israël (seul échappe à la surveillance d’Israël le tiers qu’assure au mouvement islamiste les taxes qu’il impose à la population). On a maintenu cette politique autant qu’on a pu, en dosant autant qu’on a pu l’action militaire, et en ne prenant jamais la décision d’« en finir avec le Hamas ». En finir avec le Hamas, cela supposait de faire quelque chose de significatif avec l’Autorité palestinienne. Or, c’est précisément ce dont on ne voulait pas entendre parler. C’est cette politique qui a conduit à la tragédie du 7 octobre. Netanyahou le savait depuis longtemps : le Hamas est un voisin avec lequel Israël ne pouvait pas coexister à la longue. Mais, malgré ses proclamations martiales, il a choisi en toute connaissance de cause de ne rien faire.

Cela dit, l’attitude des Israéliens membres du camp de la paix n’était pas non plus exempte d’ambiguïté. Il y avait en gros deux écoles. L’une assurait qu’il fallait « parler avec le Hamas ». L’organisation, disait-on, avait montré qu’elle pouvait faire preuve d’un certain pragmatisme et elle était susceptible d’évoluer, tout comme l’avait fait l’OLP. L’autre considérait qu’il était illusoire de chercher à parler avec le Hamas. Étant ce qu’il est, il ne pouvait pas plus changer que nos propres fondamentalistes. Détruire Israël a toujours été et reste sa raison d’être. Les événements ont prouvé que, malheureusement, c’est cette école qui avait raison.

Au moment où j’écris ces lignes (mi-juillet), alors que la guerre de Gaza est entrée dans son dixième mois, la fin n’est toujours pas en vue. Une armée qui a toujours défait en une poignée de jours des coalitions puissantes est incapable de venir à bout d’une milice terroriste. Le constat est brutal : Israël est en train de perdre cette guerre. Il suffit pour s’en convaincre de mesurer les résultats à l’aune des objectifs. Il s’agissait de détruire le Hamas, de récupérer les otages et de permettre aux dizaines de milliers d’évacués des localités martyrisées de l’« enveloppe de Gaza » de rentrer chez eux. Aucun n’a été atteint. La « victoire totale » que ne cesse de promettre le premier ministre est illusoire – « de la poudre aux yeux de l’opinion », a osé dire à la télévision publique le porte-parole de l’armée. En effet, détruire le Hamas n’est possible que si l’on met en place une solution de remplacement réaliste, qui ne saurait être que l’Autorité palestinienne soutenue par une coalition arabe avec la coopération américaine et européenne. Or c’est précisément ce dont Binyamin Netanyahou et sa coalition de jusqu’au-boutistes messianiques ne veulent pas entendre parler.

Est-ce à dire que, si Israël a perdu la guerre, le Hamas est en train de la gagner ? Rappelons cette loi d’airain des conflits asymétriques : il suffit au fort de ne pas avoir annihiler l’adversaire pour perdre, au faible de ne pas disparaître pour gagner. En vertu de cette règle, oui, le Hamas est en train de gagner la guerre. Dans le nord et le centre du territoire, là où Tsahal est censé l’avoir éliminé, des escouades terroristes émergent toujours des tunnels pour harceler ses forces, les sirènes retentissent encore dans les localités israéliennes frontalières, et il maintient un semblant de gouvernance partout où l’armée s’est retirée.

Dépourvue de logique militaire, la poursuite de la guerre a sa logique politique. La composante messianique de la coalition au pouvoir veut la guerre à outrance. Elle est la seule à savoir ce qu’elle veut, et le fait savoir : réoccuper la bande de Gaza et y renouveler la colonisation. Voilà pourquoi elle ne veut pas d’un accord sur les otages, lequel mettrait fin aux opérations militaires et sonnerait le glas de ses ambitions. En Cisjordanie, elle multiplie les violences contre les Palestiniens afin de les pousser hors de leurs terres et provoquer à terme une troisième et dernière Intifada dont l’écrasement viderait le territoire de leur présence et en permettrait enfin l’annexion. Ce ne sont pas là des hypothèses d’observateurs mal disposés à son égard ; c’est un programme politique ouvertement affiché. À cet effet, un vaste plan en trois points est en train de se matérialiser sous nos yeux sous la férule de Bezalel Smotrich, ministre en charge de la Cisjordanie : légalisation des colonies sauvages ; requalification de vastes morceaux de territoire en « terres domaniales » sujettes à colonisation ; construction accélérée d’implantations nouvelles, souvent, mais pas toujours, masquées en quartiers neufs de colonies existantes.

Netanyahou, qui, on l’a vu, dépend de ces partis pour sa survie politique, laisse faire. Les Américains s’énervent, mais pour l’heure ils ne vont pas au-delà d’admonestations et de gestes symboliques, pour l’essentiel des sanctions imposées aux colons coupables de violences particulièrement graves à l’encontre de la population palestinienne. Il en faudrait évidemment bien davantage pour faire pencher la balance de la peur en leur faveur. Tant que Netanyahou estimera qu’il a plus à perdre en confrontant le parti des colons que l’administration Biden, il continuera de naviguer à vue en gardant le cap de sa coalition, et en essayant de survivre jusqu’en novembre prochain, lorsque l’élection présidentielle aux États-Unis, espère-t-il, ramènera Donald Trump à la Maison Blanche.

Alors comment sort-on de l’œil du cyclone ? En arrêtant la guerre de Gaza. Car tous les fronts que nous énumérions tantôt y trouvent leur origine immédiate et leur éventuelle solution. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré à plusieurs reprises qu’il déposerait les armes dès l’annonce d’un cessez-le-feu là-bas. La cessation des hostilités de part et d’autre de la Ligne bleue devrait ouvrir la voie à un règlement du contentieux frontalier avec le Liban et à la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité adoptée dans la foulée de la deuxième guerre israélo-libanaise de 2006. Le prétexte des Houthis pour harceler la navigation en mer Rouge est aussi la guerre de Gaza, de même que celui des milices terroristes de Syrie et d’Irak. Et, outre calmer tous ces foyers de tension, la fin de la plus longue guerre de l’histoire d’Israël donnerait aussi un coup d’arrêt à l’érosion de ses positions internationales.

Arrêter la guerre à Gaza serait donc une affaire de bon sens, militaire, humanitaire et diplomatique. La campagne de Rafah, le dernier bastion du Hamas dans le territoire, est sur le point de s’achever. Les généraux veulent savoir, et ils le proclament désormais publiquement, ce qu’ils sont censés faire le lendemain. Netanyahou se garde bien de le leur dire. Un cessez-le-feu à Gaza est aussi le seul moyen de sauver la cinquantaine d’otages encore en vie sur les cent-vingt qui croupissent toujours dans les tunnels du Hamas, et de permettre le retour des dizaines de milliers de réfugiés dans leurs communautés ravagées du Néguev et de Galilée.

Un cessez-le-feu à Gaza permettrait enfin une normalisation rapide des relations d’Israël avec l’Arabie saoudite, qui ne demande pas mieux, et, à terme, ouvrirait la perspective véritablement révolutionnaire dessinée par Joe Biden d’une vaste alliance régionale anti-iranienne sous l’égide de Washington. Cette alliance suppose naturellement l’amorce d’un processus diplomatique renouvelé entre Israël et l’Autorité palestinienne « revitalisée » que le président américain appelait naguère de ces vœux.

Peut-être, après tout, la vision de ce « nouveau Proche-Orient » que nous faisait miroiter en son temps Shimon Peres n’est-elle pas si absurdement optimiste que cela. Mais elle restera à l’état de mirage tant que Binyamin Netanyahou et ses amis s’accrocheront au pouvoir à Jérusalem.

 


Guerra de agressão da Rússia contra a Ucrânia: dados recentes do CDS

Relatório de 6/08/2024; 

Russian operational losses from 24.02.22 to 06.08.24  

Personnel - almost 585,140 (+1050); 

Tanks 8,421 (+4);

Armored combat vehicles – 16,294 (+8); 

Artillery systems – 16,384 (+39);

Multiple rocket launchers (MLRS) – 1,138 (0);

Anti-aircraft warfare systems - 910 (0);

Vehicles and fuel tanks – 22,148 (+54);

Aircraft - 363 (0);

Helicopters – 326 (0);

UAV operational and tactical level – 13,158 (+36);

Intercepted cruise missiles – 2,420 (+6);

Boats/ships – 29 (0).

Humanitarian+general:

  • During the night of July 5-6, the occupiers attacked Ukraine with four ballistic missiles, two guided aviation missiles, and 16 kamikaze drones. Ukrainian air defense shot down two ballistic and two aviation missiles, as well as 15 UAVs.

  • During the nighttime attack by Russian troops with missiles and drones on the Kyiv region, all enemy targets were shot down. However, there was damage to an apartment building, an office building, a gas station, and a forester's house. In Kyiv, debris from a downed Russian missile damaged a car parking lot.

  • On August 6, the Russian army dropped explosives from a drone on people on the street in a suburb of Kherson, injuring six people.

  • In Sumy, explosions were heard during the day on August 6. Russian invaders launched guided aerial bombs (KABs) and missile strikes on the infrastructure in the Sumy district. Preliminary reports indicate there were no casualties, and the effects of the enemy strike are being clarified.

  • As a result of a Russian "Iskander" strike on the Shevchenkivskyi district of Kharkiv around 10 a.m., 12 people were injured, including an 8-month-old baby and one person was kiled. A fire broke out at the impact site, there are still people under the rubble.

  • Around 11 a.m. on August 6, Russian forces dropped explosives from a drone on the Dniprovskyi district of Kherson, injuring two women aged 70 and 83.

  • In the city of Beryslav, Kherson Oblast, a civilian received fatal injuries due to an attack by a Russian drone.

Centre for Defence Strategies (CDS) is a Ukrainian security think tank. We operate since 2020. We publish this brief daily. If you would like to subscribe, please send us an email at cds.dailybrief@gmail.com 




A grande ameaça ao Brasil: o avanço da direita neopentecostal

 Primeiro a notícia da mídia:

Evangélicos traçam estratégia para eleger um vereador por igreja nas privipais cidades e se unem por prefeituras

https://oglobo.globo.com/politica/noticia/2024/08/06/evangelicos-tracam-estrategia-para-eleger-um-vereador-por-igreja-nas-principais-cidades-e-se-unem-por-prefeituras.ghtml

Agora o comentário recebido de uma relação:

“É a única religião que quer chegar ao poder em todos os níveis. Por que??? Não vejo padres católicos, mães de santo, cardesistas, budistas etc, etc querendo se eleger e formar uma grande bancada no Congresso.

Alinhado a isso, nos últimos anos, a Teologia do Domínio, que prega a importância de dominar os espaços de poder para construir um país cristão, foi importada dos Estados Unidos e hoje já influencia os pentecostais.

Tanto o televangelismo quanto a ascensão de influenciadores digitais cristãos são peças-chave para a projeção que especialistas fazem do país deixando de ter uma maioria católica até 2032.”

Finalmente, um comentário pessoal (PRA):

Isso é terrível. Alguns anos atrás eu já tinha chegado a esse temor: uma maioria politica e educacional evangélica nos diversos níveis da federação. Seria a completa destruição cultural e administrativa do Brasil, entregue a corporações fundamentalistas que nos manteriam no atraso, e mesmo no retrocesso intelectual, e num sistema corrupto de extração, captura e controle de recursos coletivos, públicos e privados. Seria condenar o país ao atraso.

America Isn’t Ready for the Wars of the Future - Mark A. Milley* and Eric Schmidt (Foreign Affairs)

 America Isn’t Ready for the Wars of the Future

And They’re Already Here

 

By Mark A. Milley* and Eric Schmidt

Foreign Affairs, September/October 2024 (Published on August 5, 2024)

 

*MARK A. MILLEY served as the Chairman of the Joint Chiefs of Staff from 2019 to 2023. He is a Visiting Professor at Princeton University and Distinguished Fellow in Residence at the Georgetown University School of Foreign Service

 

On the battlefields of Ukraine, the future of war is quickly becoming its present. Thousands of drones fill the skies. These drones and their operators are using artificial intelligence systems to avoid obstacles and identify potential targets. AI models are also helping Ukraine predict where to strike. Thanks to these systems, Ukrainian soldiers are taking out tanks and downing planes with devastating effectiveness. Russian units find themselves under constant observation, and their communications lines are prone to enemy disruption—as are Ukraine’s. Both states are racing to develop even more advanced technologies that can counter relentless attacks and overcome their adversary’s defenses.

The war in Ukraine is hardly the only conflict in which new technology is transforming the nature of warfare. In Myanmar and Sudan, insurgents and the government are both using unmanned vehicles and algorithms as they fight. In 2020, an autonomous Turkish-made drone fielded by Libyan government-backed troops struck retreating combatants—perhaps the first drone attack conducted without human input. In the same year, Azerbaijan’s military used Turkish- and Israeli-made drones, along with loitering munitions (explosives designed to hover over a target), to seize the disputed enclave of Nagorno-Karabakh. And in Gaza, Israel has fielded thousands of drones connected to AI algorithms, helping Israeli troops navigate the territory’s urban canyons.

In a sense, there is nothing surprising about the pace of such developments. War has always spurred innovation. But today’s shifts are unusually rapid, and they will have a far greater effect. Future wars will no longer be about who can mass the most people or field the best jets, ships, and tanks. Instead, they will be dominated by increasingly autonomous weapons systems and powerful algorithms.

 

Unfortunately, this is a future for which the United States remains unprepared. Its troops are not fully ready to fight in an environment in which they rarely enjoy the element of surprise. Its jets, ships, and tanks are not equipped to defend against an onslaught of drones. The military has not yet embraced artificial intelligence. The Pentagon does not have nearly enough initiatives aimed at rectifying these failures— and its current efforts are moving too slowly. Meanwhile, the Russian military has fielded many AI-powered drones in Ukraine. And in April, China announced its largest military restructuring in almost a decade, with a new emphasis on building up technology-driven forces.

 

If it wants to remain the preeminent global power, the United States will have to quickly shift course. The country needs to reform the structure of its armed forces. The U.S. military needs to reform its tactics and leadership development. It needs new ways to procure equipment. It needs to buy new types of gear. And it needs to better train soldiers to operate drones and use AI.

American policymakers, accustomed to governing the world’s most powerful defense apparatus, may not like the idea of such a systemic overhaul. But robots and AI are here to stay. If the United States fails to lead this revolution, malevolent actors equipped with new technologies will become more willing to attempt attacks on the United States.

 

When they do, they might succeed. Even if Washington prevails, it will find itself increasingly surrounded by military systems designed to support autocracies and deployed with little respect for liberal values. The United States must therefore transform its armed forces so it can maintain a decisive military advantage—and ensure that robots and AI are used in an ethical manner.

 

CHANGE OR PERISH

The nature of war is, arguably, immutable. In almost any armed conflict, one side seeks to impose its political will on another through organized violence. Battles are fought with imperfect information. Militaries must contend with constantly fluctuating dynamics, including within their ranks, between them and their governments, and between them and ordinary people. Troops experience fear, bloodshed, and death. These realities are unlikely to change even with the introduction of robots.

But the character of war—how armies fight, where and when the fighting occurs, and with what weapons and leadership techniques— can evolve. It can change in response to politics, demographics, and economics. Yet few forces bring more change than technological development. The invention of saddles and horseshoes, for example, helped enable the creation of cavalry in the ninth century BC, which extended the battlefield beyond the flat expanses required for chariots and into new types of terrain. The introduction of the long bow, which could fire arrows over great distances, enabled defenders to pierce heavy armor and decimate advancing armies from afar. The invention of gunpowder in the ninth century AD led to the use of explosives and firearms; in response, defenders built stronger fortifications and placed a greater emphasis on producing weapons. The effect of technology grew more pronounced with the Industrial Revolution, which led to the creation of machine guns, steamships, and radios. Eventually, it also led to motorized and armored vehicles, airplanes, and missiles.

 

The performance of militaries often depends on how well they adapt to and adopt technological innovations. During the American Revolution, for example, the Continental Army fired muskets at the British in massed volleys and then charged forward with fixed bayonets. This tactic was successful because Continental forces were able to cross the distances between opposing lines before the British reloaded. But by the Civil War, muskets had been replaced by rifled barrels, which took much less time to reload and were more accurate. As a result, defending armies were able to decimate advancing infantry. Generals on both sides adjusted their tactics—for example, by using snipers and defensive fortifications such as trenches. Their decisions paved the way for the trench warfare of World War I.

 

 

Traditional defense firms won’t design the next generation of small, cheap drones.

Technological adaptation also proved essential to World War II. In the lead-up to that conflict, all advanced countries had access to the then new technologies of motorized vehicles, armored tanks, aircraft, and the radio. But the German army was a trailblazer when it came to bringing these components together. Their new warfighting doctrine, commonly called blitzkrieg (“lightning war”), involved air bombings that disrupted communications and supply lines, followed by armored vehicle and infantry assaults that broke through Allied lines and then traveled far past them. As a result, the Germans were able to overrun almost all of Europe in 18 months. They were stopped in Stalingrad, but only by a Soviet military that was willing to take enormous casualties.

 

To respond, the Allies had to develop similar tactics and formations. They had to illustrate what one of us (Schmidt) termed “innovation power”: the ability to invent, adapt, and adopt new technologies faster than competitors. They eventually succeeded at mechanizing their own forces, developing better ways of communicating, using massive amounts of airpower, and, in the case of the Americans, building and employing the world’s first nuclear bombs. They were then able to defeat the Axis in multiple theaters at once.

The Allies’ effort was incredible. And yet they still came close to defeat. If Germany had more efficiently managed its industrial capacity, made better strategic choices, or beaten the United States to an atomic weapon, Berlin’s initial innovation edge could well have proved decisive. The outcome of World War II may now seem preordained. But as the Duke of Wellington reportedly said of the outcome at Waterloo over a century earlier, it was a close-run thing.

 

ALL SYSTEMS GO

It has often been difficult for military planners to predict which innovations will shape future battles. But forecasts are easier to make today. Drones are omnipresent, and robots are increasingly in use. The wars in Gaza and Ukraine have shown that artificial intelligence is already changing the way states fight. The next major conflict will likely see the wholesale integration of AI into every aspect of military planning and execution. AI systems could, for instance, simulate different tactical and operational approaches thousands of times, drastically shortening the period between preparation and execution. The Chinese military has already created an AI commander that has supreme authority in large-scale virtual war games. Although Beijing prohibits AI systems from making choices in live situations, it could take the lessons it learns from its many virtual simulations and feed them to human decision-makers. And China may eventually give AI models the authority to make choices, as might other states. Soldiers could sip coffee in their offices, monitoring screens far from the battlefield, as an AI system manages all kinds of robotic war machines. Ukraine has already sought to hand over as many dangerous frontline tasks as it can to robots to preserve scarce manpower.

So far, automation has focused on naval power and airpower in the form of sea and air drones. But it will turn to land warfare soon. In the future, the first phase of any war will likely be led by ground robots capable of everything from reconnaissance to direct attacks. Russia has already deployed unmanned ground vehicles that can launch antitank missiles, grenades, and drones. Ukraine has used robots for casualty evacuation and explosive disposal. The next generation of machines will be led by AI systems that use the robots’ sensors to map the battlefield and predict points of attack. Even when human soldiers eventually intervene, they will be led by first-person-view aerial drones that can help identify the enemy (as already happens in Ukraine). They will rely on machines to clear minefields, absorb the enemy’s first volleys, and expose hidden adversaries. If Russia’s war on Ukraine expands to other parts of Europe, a first wave of land-based robots and aerial drones could enable both NATO and Russia to oversee a wider frontline than humans alone can attack or defend.

 

The automation of war could prove essential to saving civilian lives. Historically, wars were fought and won in open terrain where few people live. But as global urbanization draws more people into cities and nonstate actors pivot to urban guerrilla tactics, the decisive battlefields of the future will likely be densely populated areas. Such fighting is far more deadly and far more resource-intensive. It will therefore require even more robotic weapons. Militaries will have to deploy small, maneuverable robots (such as robot dogs) on streets and flood the sky with unmanned aerial vehicles to take control of urban positions. They will be guided by algorithms, which can process visual data and make split-second decisions. Israel has helped pioneer such technology, using the first true drone swarm in Gaza in 2021. Those individual drones bypassed Hamas’s defenses and communicated through an AI weapons system to make collective decisions about where they should go.

 

Ukrainian soldiers attaching an anti-tank mine to a drone, Chasiv Yar, Ukraine, June 2024

Inna Varenytsia / Reuters

The use of unmanned weapons is essential for another reason: they are cheap. Drones are a much more affordable class of weapons than are traditional military jets. An MQ-9 Reaper drone, for example, costs roughly a fourth as much as an F-35 fighter jet. And the MQ-9 is one of the most expensive such weapons; a simple first-person-view drone can cost just $500. A team of ten of them can immobilize a $10 million Russian tank in Ukraine. (Over the past few months, more than two-thirds of the Russian tanks that Ukraine has taken out were destroyed by such drones.) This affordability could allow states to send swarms of drones—some designed to surveil, others to attack—without worrying about attrition. These swarms could then overwhelm legacy air defense systems, which are not designed to simultaneously shoot down hundreds of objects. Even when defense systems prevail, the cost of defending against swarms will far surpass the cost of the attack for the enemy. Iran’s April mass drone and missile strike against Israel cost at most $100 million, but U.S. and Israeli interception efforts cost more than $2 billion.

 

The affordability of these weapons will, of course, make offense much easier—in turn empowering frugal, nonstate actors. In 2016, Islamic State (ISIS) terrorists used cheap drones to counter U.S.-supported advances on the Syrian city of Raqqa and the Iraqi city of Mosul, dropping grenade-sized munitions from the sky and making it hard for the Syrian Democratic Forces to set up antisniper positions. Today, Iranian-backed insurgents are using drones to strike U.S. air bases in Iraq. And the Houthis, the military group that controls much of Yemen, are sending drones to strike ships in the Red Sea. Their attacks have tripled the cost of shipping from Asia to Europe. Other groups could soon get in on the action. Hezbollah and al Qaeda in the Middle East, for example, might engage in more regional attacks, as could Boko Haram in Nigeria and al Shabab elsewhere in Africa.

Drones are helping groups beyond the Middle East and Africa, as well. A ragtag coalition of pro-democracy and ethnic militias in Myanmar is using repurposed commercial drones to fight off the military junta’s once feared air force. Now, it controls over half the country’s territory. Ukraine has similarly used drones to great effect, particularly in the war’s first year.

 

In the event of a Chinese amphibious assault, drones could help Taiwan, as well. Although Beijing is unlikely to launch a full attack on the island in the next few years, Chinese President Xi Jinping has ordered his country’s military to be capable of invading Taiwan by 2027. To stop such an attack, Taiwan and its allies would have to strike an enormous number of invading enemy assault craft within a very short time window. Unmanned systems—on land, sea, and air—may be the only way to do so effectively.

 

As a result, Taiwan’s allies will have to adapt the weapons used in Ukraine to a new type of battlefield. Unlike the Ukrainians, who have mostly fought on land and in the air, the Taiwanese will be reliant on underwater drones and autonomous sea mines that can quickly move around in battle. And their aerial drones will have to be capable of longer flight times over larger stretches of ocean. Western governments are at work developing such drones, and as soon as these new models are ready, Taiwan and its allies must manufacture them en masse.

 

SHAKE IT UP

No state is fully prepared for future wars. No country has begun producing the hardware it needs for robot weapons at scale, nor has any state created the software required to fully power automated weapons. But some countries are further along than others. And unfortunately, the United States’ adversaries are, in many ways, in the lead. Russia, having gained experience in Ukraine, has dramatically upped its drone production and now uses unmanned vehicles to great effect on the battlefield. China dominates the global commercial drone market: the Chinese company DJI controls an estimated 70 percent of global commercial drone production. And because of China’s authoritarian structure, the Chinese military has proved especially adroit at pushing through changes and adopting new concepts. One, termed “multidomain precision warfare,” entails the People’s Liberation Army’s use of advanced intelligence, reconnaissance, and other emerging technologies to coordinate firepower.

 

When it comes to AI, the United States still has the highest quality systems and spends the most on them. Yet China and Russia are swiftly gaining ground. Washington has the resources to keep outspending them, but even if it maintains this lead, it could struggle to overcome the bureaucratic and industrial obstacles to deploying its inventions on the battlefield. As a result, the U.S. military risks fighting a war in which its first-rate training and superior conventional weaponry will be rendered less than effective. U.S. troops, for example, have not been fully prepared to operate on a battlefield where their every move can be spotted and where they can be rapidly targeted by the drones hovering overhead. This inexperience would be especially dangerous on open battlefields like those in Ukraine, as well as other eastern European countries or in the wide expanses of the Arctic. The U.S. military would also be especially vulnerable in urban battlefields, where enemies can more easily sever U.S. communications lines and where many American weapons are less useful.

 

Even at sea, the United States would be vulnerable to its adversaries’ advances. Chinese hypersonic missiles could sink U.S. aircraft carriers before they make it out of Pearl Harbor. Beijing is already deploying AI-powered surveillance and electronic warfare systems that could give it a defensive advantage over the United States in the entire Indo-Pacific. In the air, the capable but costly F-35 might struggle against swarms of cheap drones. So might the heavily armored Abrams and Bradley tanks on the ground. Given these unfortunate facts, U.S. military planners are right to have concluded that the era of “shock and awe” campaigns—in which Washington could decimate its adversaries with overwhelming firepower—is finished.

 

In the worst-case scenario, AI warfare could endanger humanity.

 

To avoid becoming obsolete, the American military needs to make major reforms. It can start by shaking up its processes for acquiring software and weapons. Its current purchasing process is too bureaucratic, risk-averse, and slow to adapt to the rapidly developing threats of the future. For example, it relies on ten-year procurement cycles, which can lock it into particular systems and contracts long after the underlying technology has evolved. It should, instead, ink shorter deals whenever possible.

Similarly, the United States must look to purchase from a wider pool of companies than it typically uses. In 2022, Lockheed Martin, RTX, General Dynamics, Boeing, and Northrop Grumman received over 30 percent of all Defense Department contract money. New weapons manufacturers, by contrast, received hardly any. Last year, less than one percent of all Defense Department contracts went to venture-backed companies, which are generally more innovative than their larger counterparts. Those percentages should be far more equal. The next generation of small, cheap drones are unlikely to be designed by traditional defense firms, which are incentivized to produce fancy but expensive equipment. They are more likely to be created as they were in Ukraine: through a government initiative that supports dozens of small startups. (One of us, Schmidt, has been a longtime investor in defense technology companies.)

 

To adapt for the future, however, the United States will need to do more than simply reform the way it purchases weapons. It must also change the military’s organizational structures and training systems. It should make its complex, hierarchical chain of command more flexible and give greater autonomy to small, highly mobile units. These units should have leaders trained and empowered to make crucial combat decisions. Such units will be more nimble—a critical advantage given the fast pace of AI-powered war. They are also less likely to be paralyzed if adversaries disrupt their communications lines to headquarters. These units must be connected with new platforms, such as drones, so they can be as effective as possible. (Autonomous systems can also help improve training.) U.S. special forces are a possible template for how these units could operate.

 

RISKS AND REWARDS

This new age of warfare will have normative advantages. Advances in precision technology could lead to fewer indiscriminate aerial bombings and artillery attacks, and drones can spare the lives of soldiers in combat. But the rates of civilian casualties in Gaza and Ukraine cast doubt on the notion that conflicts are becoming any less deadly overall—especially as they move into urban areas. And the rise of AI warfare opens a Pandora’s box of ethical and legal issues. An autocratic state, for example, could easily take AI systems designed to collect intelligence in combat and deploy them against dissenters or political opponents. China’s DJI, for example, has been linked to human rights abuses against Chinese Uyghurs, and the Russian-linked Wagner paramilitary group has helped the Malian military conduct drone strikes against civilians. These concerns aren’t limited to U.S. adversaries. The Israeli military has used an AI program called Lavender to identify potential militants and target their homes with airstrikes in densely populated Gaza. The program has little human oversight. According to +972 Magazine, people spend just 20 seconds authorizing each attack.

 

In the worst-case scenario, AI warfare could even endanger humanity. War games conducted with AI models from OpenAI, Meta, and Anthropic have found that AI models tend to suddenly escalate to kinetic war, including nuclear war, compared with games conducted by humans. It doesn’t take much imagination to see how matters could go horribly wrong if these AI systems were actually used. In 1983, a Soviet missile detection system falsely classified light reflected off clouds as an incoming nuclear attack. Fortunately, the Soviet army had a human soldier in charge of processing the alert, who determined the warning was false. But in the age of AI, there might not be a human to double-check the system’s work. Thankfully, China and the United States appear to recognize that they must cooperate on AI. Following their November 2023 summit, U.S. President Joe Biden and Xi pledged to jointly discuss AI risk and safety issues, and the first round of talks took place in Geneva in May. This dialogue is essential. Even if cooperation between the two superpowers starts small, perhaps achieving nothing more than establishing shared language regarding the use of AI in war, it could lay the foundations for something greater. During the Cold War—an era of great-power rivalry significantly more intense than the current U.S.-Chinese competition—the Soviet Union and the United States were able to build a strong regime of nuclear safety measures. And like the Soviets, Chinese officials have incentives to cooperate with Washington on controlling new weapons. The United States and China have different global visions, but neither of them wants terrorists to gain possession of dangerous robots. They may also want to stop other states from acquiring such technology. Great powers that possess formidable military technology almost always have an overlapping interest in keeping it to themselves.

 

Even if China won’t cooperate, the United States should ensure that its own military AI is subject to strict controls. It should make sure AI systems can distinguish between military and civilian targets. It must keep them under human command. It should continuously test and assess systems to confirm that they operate as intended in real-world conditions. And the United States should pressure other countries— allies and adversaries alike—to adopt similar procedures. If other states refuse, Washington and its partners should use economic restrictions to limit their access to military AI. The next generation of autonomous weapons must be built in accordance with liberal values and a universal respect for human rights—and that requires aggressive U.S. leadership.

 

War is nasty, brutish, and often much too long. It is an illusion to think that technology will change the underlying human nature of conflict. But the character of war is changing both rapidly and fundamentally. The United States must change and adapt, as well, and American officials must do so faster than their country’s adversaries. Washington won’t get it exactly right—but it must get it less wrong than its enemies.

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  • MARK A. MILLEY served as the Chairman of the Joint Chiefs of Staff from 2019 to 2023. He is a Visiting Professor at Princeton University and Distinguished Fellow in Residence at the Georgetown University School of Foreign Service.
  • ERIC SCHMIDT is Chair of the Special Competitive Studies Project and former CEO and Chair of Google. He is a co-author, with Henry Kissinger and Daniel Huttenlocher, of The Age of AI: And Our Human Future.

 

segunda-feira, 5 de agosto de 2024

Regimes políticos na América Latina - Augusto de Franco, Renato Cecchettini (Inteligência Democrática)

Um artigo seminal, metodológico e reinterpretativo, sobre a tipologia e a classificação empírica dos regimes políticos no mundo e na América Latina, partindo dos modelos oferecidos pelo V-Dem Institute e pela revista The Economist, por Augusto de Franco e Renato Cecchetini, como disponível em minha página na plataforma Academia.edu, no seguinte link: 

https://www.academia.edu/122610052/Regimes_politicos_na_America_Latina_2024_Augusto_de_Franco_e_Renato_Cecchettini

Regimes políticos na América Latina



Augusto de Franco (com a colaboração de Renato Cecchettini), Inteligência Democrática (05/08/2024)

Como classificar os regimes dos países da América Latina? As melhores classificações dos regimes políticos do mundo são a do V-Dem Institute (V-Dem) e a da The Economist Intelligence Unit (EIU). Poderíamos, simplesmente, aplicá-las a 21 países da América Latina. Mas antes seria interessante ver os problemas dessas classificações.

CLASSIFICAÇÕES DE REGIMES POLÍTICOS

O V-Dem classifica os regimes em quatro tipos: Liberal Democracy (Democracia Liberal), Electoral Democracy (Democracia Eleitoral), Electoral Autocracy (Autocracia Eleitoral) e Closed Autocracy (Autocracia Fechada). O regime brasileiro é classificado como Electoral Democracy. O V-Dem adota seis índices: Democracia Liberal (uma espécie de síntese, chamado LDI), Democracia Eleitoral, Componente Liberal, Componente Igualitário, Componente Participatório, Componente Deliberativo.

The Economist Intelligence Unit classifica os regimes em quatro tipos: Full Democracy (Democracia Plena), Flawed Democracy (Democracia Defeituosa), Hybrid Regime (Regime Híbrido) e Authoritarian Regime (Regime Autoritário). O regime brasileiro é classificado como Flawed Democracy. A EIU adota cinco índices: Processo Eleitoral e Pluralismo, Funcionamento do Governo, Participação Política, Cultura Política e Liberdades Civis.

Comecemos com algumas perguntas problematizadoras: Democracias (apenas) eleitorais são regimes da mesma natureza que democracias liberais? E podem ser chamadas propriamente de democracias? O que fazer com os 58 regimes que o V-Dem classifica como democracias eleitorais (1)? O que fazer com os 48 regimes que a The Economist Intelligence Unit (EIU) chama de democracias defeituosas (flaweds democracies) (2) e, ainda, com os 36 regimes que a EIU chama de híbridos (3)?

Não parecem ser todos a mesma coisa. Ainda que sejam considerados (pelo V-Dem) democracias eleitorais, o regime de Portugal não se parece com o da Bolívia e o regime do Canadá não se parece com o do México. Ainda que sejam considerados (pela EIU) democracias defeituosas, o regime da República Checa não se parece com o do Brasil e, menos ainda, com o da Nigéria (hybrid). Quais as diferenças entre eles?

(...)

Regimes políticos da América Latina

1 e 2 | AUTOCRACIAS FECHADAS | Cuba [1] é uma autocracia fechada, uma ditadura de esquerda típica do século 20 - um regime não eleitoral. O Haiti [2] também é uma autocracia fechada, mas não se pode dizer com certeza que é o mesmo tipo de regime do cubano: não se aplica a ele a distinção (anacrônica) esquerda x direita. O regime do Haiti é o caos político.

3, 4 e 5 | AUTOCRACIAS ELEITORAIS | Venezuela [3] e Nicarágua [4] são autocracias eleitorais ditas de esquerda, que começaram seu processo de autocratização depois de serem parasitadas por uma forma de populismo que surgiu no dealbar do século 21, sobretudo na América Latina (o chamado neopopulismo). El Salvador [5] também é uma autocracia eleitoral, dita de extrema-direita, que começou seu processo de autocratização ao ser parasitado por uma forma de populismo que emergiu a partir da segunda década do século 21 (o chamado populismo-autoritário ou nacional-populismo).

6, 7, 8, 9, 10 e 11 | REGIMES ELEITORAIS PARASITADOS POR POPULISMOS | México [6], Colômbia [7], Honduras [8], Bolívia [9] e Brasil [10] são regimes eleitorais, ainda chamados de democracias (apenas eleitorais, segundo o V-Dem ou defeituosas, segundo a EIU), atualmente parasitados por governos neopopulistas (ditos de esquerda). Não viraram ainda autocracias, mas estão sob risco de entrar em transição autocratizante. Argentina [11] é um regime eleitoral também parasitado por um governo populista (dito de direita). Não se sabe ao certo se é um governo populista-autoritário ou nacional-populista (como o de Orbán, na Hungria). Sabe-se, porém, que o regime argentino não decaiu para uma autocracia, embora possa entrar em risco de.

12, 13, 14, 15, 16 e 17 | REGIMES ELEITORAIS FORMAIS | Panamá [12], Paraguai [13], Guatemala [14], República Dominicana [15], Equador [16] e Peru [17] também são, atualmente, regimes eleitorais formais (democracias apenas eleitorais ou defeituosas), quer dizer, não notadamente parasitados por governos populistas. Não estão sob grande risco - neste momento - de entrar em transição autocratizante e poderiam entrar em transição democrátizante convertendo-se em democracias liberais (embora isso também não seja muito provável no curto prazo).

18, 19, 20 e 21 | DEMOCRACIAS LIBERAIS | Costa Rica [18], Chile [19], Uruguai [20] e Suriname [21] são democracias propriamente ditas, ou seja, democracias liberais - as quatro únicas da América Latina.

Ler a íntegra no link abaixo: 

https://www.academia.edu/122610052/Regimes_politicos_na_America_Latina_2024_Augusto_de_Franco_e_Renato_Cecchettini


Política externa lulopetista: Lula arrastando governos para a lama - Augusto de Franco (Inteligência Democrática)

 Lula arrastando governos para a lama

Augusto de Franco

Lula está arrastando para a lama quem ele puder para não chafurdar sozinho. Já conseguiu atrair os dois governos populistas que restaram, como o de Obrador e de Petro, depois que os outros dois, de Xiomara e Arce, não tiveram pejo de validar a fraude no primeiro momento. Agora Lula quer puxar para o buraco o governo de Boric, que não é populista. 

A alegação do governo Lula de que quer ser imparcial e mediador é uma picaretagem - só comprada e divulgada pelo jornalismo chapa-branca que perdeu completamente a compostura. Qual foi a mediação que ele fez? Qual a mediação que fará, se Celso Amorim se recusou a sequer conversar com Maria Corina? Pelo contrário, os lulopetistas alegam que Corina é de extrema-direita ou um "Bolsonaro de saias" - sendo que foi ela que obteve mais de 90% das preferências nas prévias da oposição. Isso é lá posição de mediador? 

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É a mesma lorota contada, no passado, nos casos do Irã e no caso da Ucrânia - iniciativas que deram, ambas, com os burros n'água. 

Lula nunca se qualificou para ser um árbitro entre o chavismo-madurismo e a oposição venezuelana ou entre qualquer ditadura e qualquer democracia porque, invariavelmente, toma partido das ditaduras. No caso da Venezuela é pior ainda. Lula fez as campanhas eleitorais de Chávez e Maduro, declarou que aquela ditadura era uma democracia, não protestou contra o impedimento ilegal de Maria Corina (antes, foi indelicado com ela) e nem contra as fraudes de Maduro, inclusive a mais recente, de 28 de julho. Não tem nada de equidistante na sua posição. 

O que ele está fazendo é dar tempo para Maduro permanecer no comando, até que o mundo esqueça o caso ou até que o ditador consiga fasificar as atas, talvez com a ajuda dos agentes cubanos, russos ou chineses que há tempos já infestam aquele país.

A posição do governo brasileiro é insustentável e solerte. Pior ainda é a atitude dos meios de comunicação amestrados, que resolveram cumprir o vergonhoso papel de se integrar organicamente ao sistema de governança oficial afrontando a tradição do jornalismo democrático e independente.


Nota redigida por Augusto de Franco, do staff de Inteligência Democrática.