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sexta-feira, 2 de julho de 2010

Balance Énergétique du Brésil - Paulo R. Almeida à Radio France Internationale

Notes prises pour interview donné à France Culture, pour l'émission "Les Enjeux Internationaux", sous la direction du journaliste et professeur, auteur de nombreux ouvrages de relations internationales, Thierry Garcin (Radio France Internationale)
link : http://www.franceculture.com/emission-les-enjeux-internationaux.html

Balance Énergétique du Brésil
Paulo Roberto de Almeida
Balance Énergétique du Brésil : interview à France Culture

Questions soulevées:

1) Le Brésil et sa politique énergétique, compte tenu de ses richesses, de ses réserves et de ses besoins

L’offre d’énergie au Brésil, comme pour beaucoup d’autres pays, présente encore une bonne partie de combustibles fossiles, mais elle est très diversifiée et intègre d’autres sources naturelles, surtout de la biomasse. Aujourd’hui, cette balance énergétique este composée de 46% de renouvelables – dont l’hydraulique et les dérives de la canne à sucre font 15% chacun – et de 54% des non-renouvelables, dont le pétrole répond encore pour 37%. Ce mix est en train de se déplacer graduellement vers les renouvelables, mais la découverte de nouveaux gisements de pétrole peut modifier la matrice vers la « mauvaise » direction dans les prochaines dix années.
Dans le passé, lors de la deuxième crise du pétrole, près de 95% des automobiles brésiliens sont arrivés à rouler à l’alcool (éthanol) ; aujourd’hui, la presque totalité des véhicules sortent des usines avec des moteurs flex-fuel, ce qui les habilite à rouler avec n’importe laquelle combinaison d’alcool ou d’essence. Ceci est un bon exemple pour le monde et un signe que le Brésil peut offrir des solutions inventives aux problèmes de la pollution urbaine et de la surconsommation de pétrole.
Le Brésil a une matrice énergétique essentiellement propre dans le domaine de l’électricité, basée, pour la majeure partie, sur des ressources hydrauliques, qui sont énormes. Il y en a encore quelques grands fleuves à exploiter, soit en Amazonie, soit ailleurs, que ce soit par le système de construction de grands barrages, ou alors par des projets plus amiables au point de vue de l’environnement, basés sur les courants des fleuves. Mais, on approche, peut-être, des limites physiques à la continuité de l’énergie retirée des eaux, surtout en fonction des nouvelles préoccupations d’ordre écologique. Toutefois, il ne faut pas renoncer à cette possibilité qui, il faut insister, est propre, en dépit d’un certain dégât à des petites parties de la forêt vierge.
Mais le Brésil a su également diversifier sa matrice, aussi bien en direction des énergies fossiles, que de celles renouvelables. L’énergie fossile, en dépit de tous le préjugés à son encontre, est toujours nécessaire, pas tant au point de vue électricité, étant donné que le Brésil a très peu de thermiques au charbon ou au pétrole, mais au point de vue combustible et en tant que matière première industrielle, surtout à l’industrie pétrochimique et chimique (mais aussi pour beaucoup d’autres).
Or, le Brésil a toujours manqué, dans son histoire passée, aussi bien de charbon que de pétrole, ce qui a en partie retardé son développement industriel. Son charbon a toujours été insuffisant et de mauvaise qualité pour l’industrie sidérurgique, et il a dû importer beaucoup de charbon au cours de son histoire industrielle (il le fait encore, mais le charbon ne représente que 6% de l’offre totale d’énergie). Quant au pétrole, il a toujours manqué en terre, jusqu’au jour où il a été possible de le rechercher dans la mer, avec des plateformes off-shore, à partir des années 1970. Le monopole étatique en faveur de Petrobras a beaucoup retardé l’exploitation et le développement de l’industrie du pétrole du Brésil, mais le changement de législation, sous le gouvernement Fernando Henrique Cardoso, en 1997, a permis d’augmenter énormément les recherches et l’exploitation, en mettant des entreprises étrangères en coopération avec Petrobras. Depuis lors, la croissance de la production, surtout off-shore, a été constante. Récemment, on a découvert des immenses gisements de pétrole, dans les couches dites du pré-sel, à plus de 5kms de profondeurs, ce qui met le Brésil, pour la première fois de son histoire marginale du pétrole, dans la catégorie des pays à grandes réserves, et peut-être un jour, dans celle des grandes exportateurs.
Mais, a part cela, le Brésil est aussi potentiellement riche en d’autres sources d’énergie, surtout celles renouvelables, bien que les conditions technologiques ne soient tout à fait au point pour l’ensemble des possibilités. Les ressources le plus intéressantes, bien sur, ce sont celles de la biomasse ; ici le Brésil a toutes les conditions pour exceller dans le domaine : il a beaucoup de terres disponibles pour l’agriculture, même sans toucher à l’Amazonie ou à d’autres zones de protection ; il a une abondance d’eau, et du soleil, qui est gratuit, bien sur. La principale forme des renouvelables, mais plutôt comme combustible, que pour d’autres utilisations, est l’éthanol de canne à sucre, tout à fait prouvé, rentable et présentant le meilleur rapport possible entre énergie utilisée pour sa production et l’énergie produite. En plus, les résidus de la canne servent à produire l’électricité, dans des usines thermiques.
D’autres formes de combustibles sont aussi en essai au Brésil, dont le biodiesel, soit à partir du soya, aussi très fréquent, et bon marché au Brésil, soit à partir de palmacées et d’autres huiles végétales. Mais les technologies et les bases de production ne sont pas encore au point pour dire que le Brésil sera un grand producteur de biodiesel. Il faut attendre encore un peu dans ce domaine.
D’autres formes d’énergie, soit la nucléaire, soit l’éolienne ou la solaire, sont encore marginales au Brésil, bien que les possibilités soient immenses dans chacun de ces secteurs, surtout l’énergie des vents ; pour le nucléaire, le Brésil développe à cet effet ses sources d’uranium, qui sont aussi suffisantes. Contradictoirement, avec plein d’énergie solaire facilement disponible, le Brésil n’a pas encore un industrie de panels solaires ou photovoltaïques rentables et bon marché, pour que cette possibilité soit compétitive par rapport à la biomasse ou l’électricité des sources hydriques.

2) L'autosuffisance en matière de pétrole
L’autosuffisance est un concept ambigu, et cette réalité, bien que potentielle et même certaine à l’avenir, est encore très relative actuellement. Disons que le Brésil est arrivé à une situation de production suffisante pour ses besoins, au point de vue simplement arithmétique, mais que l’autosuffisance n’est pas encore assurée en raison des caractéristiques de la production de pétrole et de l’état actuel des raffineries au Brésil. Sur le papier, on est déjà là, soit : une production de 1,75 million de barils par jour, pour une consommation de 1,73 mb/j; mais cela ne se passe pas comme ça dans la réalité, car il faut examiner toute la filière de la production et de la consommation, par types de produits en fonction des besoins de l’industrie, des transports, et autres.
Le Brésil a été dépendant, pour très longtemps, du pétrole importé du Moyen Orient, plus léger, dit Arabian light. Ses raffineries ont été donc adaptées à cette circonstance. Or, le pétrole extrait au Brésil, est beaucoup plus lourd, donc peut convenable à la structure de la production des dérivés industriels. Il arrive, donc, qu’il exporte beaucoup de pétrole cru, plus lourd, et qu’il est obligé d’importer toujours du pétrole plus léger, ainsi que du diesel, très consommé au Brésil en fonction d’un réseau de transport surtout basé sur des gros camions de route (et très peu sur le rail ou la navigation de côtes ou intérieure). Le Brésil exporte aussi de l’essence, car la production est en excès de ses besoins pour le parc automobile.
En résumé, l’autosuffisance est beaucoup plus un procès en cours, qu’une réalité du moment, bien que, avec ses nouvelles découvertes, le Brésil pourra acquérir son indépendance pétrolière dans un avenir de moyen terme. Dans l’offre totale d’énergie, le Brésil est capable de subvenir a plus de 90% de ses besoins sur le plan domestique.

3) Les espoirs mis dans les nouvelles réserves trouvées en mer (difficultés de leur exploitation)
Justement, le Brésil a découvert des gisements immenses à des très grandes profondeurs, ce qui pose des problèmes techniques, d’investissements, de planning de ce qu’il faut faire pour bien gérer cette manne pétrolière. Tout d’abord, il s’agit des ressources potentielles, pas encore réelles : il faut mesurer et établir les conditions de son exploitation, ce qui ne dépend pas seulement de la volonté du Brésil, mais surtout du marché international du pétrole. Avec les technologies d’aujourd’hui, et tenant compte des difficultés d’exploitation, il est possible que ce pétrole ne soit rentable qu’à un prix international du baril supérieur à 60 dollars. Il est de plus nécessaire de faire des très gros investissements, ce qui Petrobras est incapable de faire seule.
Or, le gouvernement vient de modifier la loi du pétrole de 1997, dans le sens de lui donner la part du lion dans ces nouvelles ressources du pré-sel, au lieu de conserver le régime de concessions à des industries privées, comme c’était le cas jusqu’ici, avec une agence d’État pour vendre aux enchères les blocs d’exploitation. Désormais, Petrobras a la priorité dans toute cette zone et doit être présente à 30% même pour des gisements accordés à d’autres entreprises, ce qui renchérit énormément son cahier de charges. Elle doit donc avoir des ressources. Comme le gouvernement a une vision très étatique de l’exploitation du pétrole, il a commencé a financer Petrobras avec des ressources publiques, en d’autres termes, en ayant recours à l’endettement national, ce qui va certainement peser sur les comptes publiques et dévier des ressources qui pourraient être dirigés vers des domaines sociaux.
En synthèse, les gisements sont là, leur exploitation est très difficile, très couteuse, et le gouvernement a choisi la voie de l’entreprise d’État – celle qui était autrefois monopoliste – pour la mise en pratique de la production. Il ne pas certain que ce soit la bonne voie ou la seule voie pour le faire, surtout parce que le gouvernement a, en même temps, choisi d’ouvrir la boite de Pandora de la distribution des profits et des royalties du pré-sel aux états et municipalités, ce qui a excité la gourmandise des politiciens et perturbé énormément les débats autour du changement du régime du pétrole. Il en a résulté, de ce populisme énergétique, une énorme confusion au Congrès brésilien, les actuels états producteurs faisant lobby pour maintenir leur position et les autres états voulant établir une division équitable de la rente pétrolière.

4) La biomasse et les énergies renouvelables
Déjà l’énergie tirée de la canne à sucre pour en faire de l'éthanol est devenue la deuxième source énergétique au Brésil, avec plus de 16% du total, après le pétrole, qui occupe encore la première place (avec 36%). L’énergie hydraulique se situe autour de 15% du total (mais est très importante pour l’électricité).
La biomasse est destinée à accroître sa participation dans la matrice énergétique du Brésil, de manière graduelle mais constante au cours de l’avenir prévisible. Les ressources naturelles sont évidemment abondantes au Brésil, mais il a toujours besoin de ressources financières et parfois des technologies pour exploiter toutes ces possibilités. Il y a aussi un grand rôle pour les politiques publiques, car dans le domaine de la matrice énergétique rien ne peut se faire sans que des lignes directrices soient tracées par l’État, car il y va de la sécurité nationale. Bien sur, le secteur privé a une énorme responsabilité dans toute la chaîne, et en fait tout le secteur de l’éthanol au Brésil fonctionne selon les lois du marché, sans aucun type de subside étatique (mais selon des règles établies par l’État).
Dans toute son histoire économique, le Brésil s’est contenté de fournir au monde des produits primaires, dits de dessert : sucre, café, cacao, et quelques autres. Bien qu’un fournisseur important de ces produits, et à certaines époques un véritable monopolisateur de certains d’entre eux – comme dans le cas du café – cette condition du Brésil ne lui a jamais donné aucune emprise sur l’économie mondiale, à vraie dire aucune importance au point de vue stratégique. Pour la première fois dans son histoire, avec les énergies renouvelables de la biomasse, le Brésil peut faire une différence dans l’économie mondiale, et ceci en contribuant avec les efforts pour combattre les émissions nuisibles, car le rapport écologique de la biomasse brésilienne, surtout de l’éthanol, est largement positif.
Il faut dire très clairement que la production d’éthanol ne se fait pas dans la région amazonienne ; la canne à sucre est cultivée dans les zones côtières et tempérées du Nord-Est jusqu’au Sud, mais pas en Amazonie. De même, la production du biodiesel à partir du soya n’implique pas d’agression à l’environnement et possède aussi un rapport économique des plus favorables au point de vue effets de serre.

Shanghai, 1er Juillet 2010.

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