As gangues de mafiosos deixaram de ser um simples problema de polícia; elas se tornaram questões de segurança nacional
Aux Pays-Bas et en Belgique, la percée sanglante des mafieux
C’est un bâtiment à un étage, aux briques ocre, dans la banlieue ouest d’Amsterdam. Situé au bout de la rue Zuidermolenweg, aux confins de la zone commerciale du quartier d’Osdorp, il se remarque bien moins que le revendeur de Hummer américains situé en face. Rien ne le distingue, en dehors de ses volets fermés et de ses barrières de sécurité. Mais chacun sait, dans les parages, que cet ancien immeuble de bureaux accueille un public bien particulier. « Qui vient aujourd’hui ? »,interrogent deux passantes, apparemment coutumières de l’agitation ambiante.
Ce mercredi 17 novembre, derrière les murs sécurisés du « bunker », ainsi qu’il a été surnommé, un homme est jugé : Jeffrey Slaap, 31 ans. Un tueur réputé, à en croire la police. Tout juste extradé d’Espagne, où il se cachait, le voici qui comparaît devant ses juges, blouson de cuir et catogan ajusté. L’affaire est importante : elle a mis au jour la responsabilité d’une équipe criminelle, à laquelle ce Néerlandais serait lié, dans le cadre d’un conflit entre trafiquants de cocaïne. Les faits remontent au 31 décembre 2015. Ce soir-là, dans un bourg sans histoire du sud du pays, deux frères membres d’une bande rivale sont visés par des tirs d’armes automatiques alors qu’ils se trouvent dans leur voiture. Atteint à la tête, Chahid Yakhlaf, 27 ans, ajoute son nom à la liste des victimes de la « guerre de la coke » qui a fait plus de quatre-vingts morts en moins de dix ans aux Pays-Bas.
Face aux risques d’attaques et d’évasions, le gouvernement a décidé, il y a plusieurs années, d’organiser les comparutions les plus sensibles dans ce bâtiment de la périphérie. Avant Jeffrey Slaap, l’unique salle d’audience, équipée de vitres pare-balles pour séparer la presse, le public et le prétoire, a vu défiler certains des principaux cadres du crime organisé national, des trafiquants dont la puissance et la violence n’ont cessé de croître à mesure que le marché de la cocaïne explosait en Europe. Pareil casting fait du « bunker » un endroit à part, surprotégé et fortement symbolique. A sa façon, c’est un peu l’épicentre judiciaire du phénomène criminel qui frappe au plus profond les Pays-Bas et la Belgique, deux pays devenus, en quelques années, les plus importantes portes d’entrée de la coke en Europe.
Depuis le mois de mars 2020 et l’ouverture du procès Marengo – du nom d’un autre dossier –, les riverains ne s’étonnent plus du ballet presque quotidien des hélicoptères et des voitures de la police fédérale – jusqu’à 700 agents mobilisés par jour –, venues toutes sirènes hurlantes conduire jusqu’à la cour les dix-sept prévenus. La tête d’affiche de ce film sans fin est un Néerlandais de 44 ans, né au Maroc : Ridouan Taghi, alias De Kleine (« le Petit »). Interpellé à Dubaï en décembre 2019, il est considéré comme le chef de l’un des clans les plus redoutés du pays, un gang qu’il a lui-même baptisé « les Anges de la mort ».
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