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sábado, 30 de outubro de 2010

La Diplomatie de Lula - article de Paulo R. de Almeida (livre)

Minha contribuição ao livro referido abaixo:

Denis Rolland, Antonio Carlos Lessa (coords.):
Relations Internationales du Brésil: Les Chemins de La Puissance
Brazil’s International Relations: Paths to Power 
(Paris: L’Harmattan, 2010, 2 vols; vol. I: Visions Globales – Global Representations)


La diplomatie de Lula (2003-2010) :
une analyse des résultats

Paulo Roberto de Almeida
diplomate

Les objectifs diplomatiques du gouvernement Lula
Les priorités de la politique extérieure ont été établies par le président Lula dans son discours d’investiture (1-01-2003), explicitées plusieurs fois par son ministre des Affaires étrangères et réaffirmées par Lula lui-même, à l’occasion du début de son second mandat (1-01-2007). On peut y voir trois ensembles d’objectifs principaux :
- l’acquisition d’un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, via une réforme de la Charte de l’organisation et l’élargissement de cet organisme central dans les mécanismes de décision de l’ONU ;
- le renforcement et l’élargissement du Mercosur, base de la constitution d’un grand espace économique intégré en Amérique du Sud ;
- la conclusion des négociations commerciales multilatérales commencées en 2001 (Cycle de Doha ou Doha Round de l’OMC) et la correction du positionnement dans les négociations commerciales régionales initiées dans le cadre du projet américain de Zone de libre échange des Amériques (ZLEA, FTAA).
Il y a certes d’autres objectifs, dont la constitution de coalitions sélectives avec des « partenaires stratégiques » en vue de « changer les relations de force » dans le monde ; ou encore l’élan donné aux relations de tout type avec des pays en développement, dans le cadre de la « diplomatie Sud-Sud », avec l’objectif de créer une « nouvelle géographie commerciale internationale », selon les déclarations du Président et de ses représentants diplomatiques. L’un des instruments utilisés pour ce dernier but fut la constitution du G20 commercial, un groupe de pays en développement membres de l’OMC, avec le Brésil à leur tête et centrés sur la question agricole au cœur des négociations commerciales multilatérales du Doha Round. Ces objectifs de réforme de l’ordre international, sur la base de coalitions avec des pays dits « non-hégémoniques », ont été confirmés, parfois de manière implicite, par le discours des acteurs principaux de la diplomatie du gouvernement Lula durant ses deux mandats.
C’est précisément par une confrontation entre les objectifs considérés comme prioritaires par la diplomatie de Lula et les résultats effectivement atteints au terme de son gouvernement que doit commencer cet exercice d’évaluation d’une politique extérieure maintes fois jugée « active et fière » reposant sur deux principes directeurs, défense de la « souveraineté nationale » et centrage sur des relations privilégiées avec les autres pays en développement, spécialement les puissances moyennes émergentes. Pour cela, il faut examiner quels moyens ont été déployés pour mettre en œuvre cette diplomatie, discuter ensuite dans quelle mesure ces moyens étaient adaptés aux finalités prétendues, établir un bilan des objectifs demeurés non accomplis, et déterminer, si possible, les raisons des défaillances opérationnelles ou, pour certains des cas, les erreurs de conception à l’origine de ces frustrations.
L’intégration politique de l’Amérique du Sud, par exemple, a été mise en avant lors du premier mandat. Elle a été matérialisée d’abord par la création de la Communauté Sud-Américaine des Nations (décembre 2004), remplacée depuis par l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR, 2006), sans qu’elle entre en vigueur à la fin du second mandat. Les rencontres au sommet entre les Présidents d’Amérique du Sud et leurs correspondants des pays arabes et du continent africain ont été aussi l’objet de l’activisme diplomatique brésilien, sous l’impulsion directe du Président ; il n’est pas certain que sa continuité soit assurée, même si Lula a toujours exprimé son désir d’assurer la permanence de ces réunions entre chefs d’État de ces grandes régions. L’intention originelle était que ces rencontres entre les leaders nationaux des continents du Sud renforcent les liens politiques entre pays, de manière à opposer leur voix commune aux « décisions » prises par le G7/G8 sur des sujets touchant directement à leurs intérêts nationaux et régionaux : cela devait contribuer à la démocratisation d’un système international jugé trop « oligarchique » (bien que Lula ait toujours été invité aux réunions du G8, à l’exception de celle réalisée aux États-Unis en 2004).
Le premier mandat de Lula a été marqué par la constitution de l’IBSA, le groupe formé par le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, tandis que le second mandat a donné de l’importance au BRIC, groupe informel créé à partir d’une invention d’un économiste financier et matérialisé, depuis 2008, par des rencontres ministérielles entre chefs de gouvernement du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. La crise financière de 2008-2010 a élargi la participation du Brésil à d’autres groupements de consultation sur des questions de gouvernance mondiale, dont le G20 financier, sans toutefois que des réalisations tangibles résultent de ces rencontres : il n’y a pas eu des changements significatifs dans la structure ou le mode de fonctionnement des principales organisations économiques mondiales, contrairement aux vœux du Brésil des gouvernements Lula.
C’est en fonction de ces priorités que les efforts personnels du Président, ceux de ses assistants directs et du corps professionnel des diplomates ont été mobilisés et déployés.
Une autre catégorie d’objectifs de l’administration était moins explicite, devant néanmoins être poursuivie de manière discrète, bien que pouvant être ponctuellement mentionnés. Parmi ces objectifs implicites, il faut noter l’ambition du leadership en Amérique du Sud (en Amérique latine ?) et le refus péremptoire des accords bilatéraux pour la garantie des investissements directs, jugés nuisibles à la « souveraineté » économique du pays. Dans une catégorie spéciale, quasi l’ennemi à abattre, était située l’« implosion de la ZLEA ». L’expression a été plusieurs fois employée par le Président lui-même, par son ministre des Relations extérieures et par le Secrétaire général des relations extérieures, grand pourfendeur du projet économique d’intégration nord-américain. L’échec du projet nord-américain de libre-échange hémisphérique a été considéré comme la première grande bataille contre l’Empire, laquelle devait être gagnée à tout prix.
Parmi d’autres objectifs implicites se situait l’éloignement des États-Unis des affaires sud-américaines : cela devait être obtenu par la coordination des positions brésiliennes avec les voisins régionaux ainsi que par la constitution de nouvelles entités (comme l’Unasur) et forums de discussion réservés exclusivement aux pays du sous-continent. Il faut reconnaître que ce but a été poursuivi avec une constance et une opiniâtreté remarquables, comparables aux efforts déployés pour réinsérer Cuba dans le système régional latino-américain.
Les propositions de politique étrangère qui émanent directement du gouvernement constituent une partie seulement de l’activité diplomatique.
Dans cet exercice d’évaluation que ce livre propose, il faut aussi considérer les actions et réactions qui, tout en ne figurant pas dans le cahier des charges explicite de la diplomatie du Brésil, font partie de l’interface extérieure du pays : celui-ci doit réagir à des événements extérieurs, à des demandes bilatérales ou à des questions inscrites à l’ordre du jour mondial figurant dans le cahier de travail des organisations internationales ou surgissant de comme résultat de crises ou d’événements inattendus. Rentrent dans cette catégorie, par exemple, l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, des changements de gouvernement chez les voisins sud-américains pouvant affecter les intérêts brésiliens (comme en Bolivie, en Équateur, en Colombie et au Venezuela), ainsi que des menaces de conflits ou des graves crises sociales dans des pays proches (comme cela a peut-être été le cas d’Haïti).
D’autres sources d’action politique peuvent émerger de crises économiques, comme celle déclenchée en 2008 aux États-Unis et propagée rapidement presque au monde entier. Les difficiles négociations autour du programme nucléaire iranien ainsi que nombre d’autres événements – au Moyen Orient ou ailleurs – appartiennent à une catégorie spéciale qui a aussi retenu l’attention des chefs de la diplomatie brésilienne. Il y a eu alors aussi des prises de position du Brésil, directes ou indirectes : et il faut également examiner le sens de l’action diplomatique du gouvernement Lula en fonction de ces prises de position.

Les résultats diplomatiques au cours des deux mandats
Si l’on part de la constatation que les trois grandes priorités du gouvernement Lula, expressément déclarées, étaient le siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le renforcement et l’élargissement du Mercosur et la conclusion du Cycle de Doha de négociations commerciales de l’OMC, force est de reconnaître qu’aucun de ces objectifs n’a été atteint, même partiellement.
Peut-on dire que le Brésil est encore plus éloigné du point de départ ? Certes, si l’on considère le manque de résultats (ne dépendant pas seulement du Brésil). Certes aussi en tenant compte des résistances créées autour des deux premiers objectifs, en fonction, probablement, des procédés employés pour acheminer les plus importantes initiatives diplomatiques du gouvernement Lula. L’anxiété, peut-être même l’agitation, d’une diplomatie activiste, autour de ces questions ont soulevé, surtout dans la région, des problèmes non identifiés au préalable. Il y a eu, de l’avis de certains observateurs, beaucoup plus de mouvement que de réussites, beaucoup plus de transpiration que d’inspiration, pour dire les choses familièrement ; et tout ceci était trop centré autour de la personne du Président, qui a mis à profit son accueil exceptionnel par la presse internationale pour gérer directement une grande partie des dossiers diplomatiques, avec les risques et périls attenants à une telle entreprise[1].
Le prestige international du Brésil et son influence mondiale se sont indubitablement accrus durant la période. Cela a été acquis surtout grâce à la préservation de la stabilité économique et à l’absence d’erreurs de type populiste commises par d’autres gouvernements de la région. Néanmoins, le Brésil est assurément sorti frustré de ces trois aventures tentées par la diplomatie de Lula. Une analyse plus détaillée met en évidence des motifs d’ordre opérationnel expliquant cette frustration relative ; mais elle révèle aussi des erreurs de conception liées aux fondements politiques de cette diplomatie activiste.
Par rapport à l’objectif majeur de la « démocratisation des relations internationales », par exemple, il serait très naïf de croire que certains des pays voisins – en particulier l’Argentine, la Colombie, voire le Mexique – accepteraient de bon gré la volonté brésilienne de se présenter en tant que leader de la région et de vouloir les représenter de manière permanente au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y a eu non seulement de considérables erreurs d’évaluation de la position des « cinq grands », mais aussi des estimations trop optimistes quant aux positions des petits pays, surtout Africains.
Lula, convaincu par son ministre des Affaires étrangères que le Brésil avait de grandes chances d’entrer au Conseil de Sécurité, s’est attelé à la tâche avec vigueur (ou obsession ?), proposant nombre de concessions en échange d’appuis, notamment la diminution partielle ou l’élimination totale de dettes bilatérales de certains pays africains (même de grands exportateurs de pétrole, comme le Gabon), ainsi que l’augmentation des efforts de coopération technique et de l’assistance financière. Cette pratique, nommée « diplomatie de la générosité », s’est aussi traduite par l’ouverture systématique d’ambassades brésiliennes dans tous les États de l’Amérique latine, même dans les plus petits pays des Caraïbes, ainsi que dans un grand nombre de pays africains, même sans suivre la traditionnelle politique de réciprocité. L’initiative la plus importante a été la création du G4, avec l’Allemagne, le Japon et l’Inde, expressément dédié à la cause de la réforme de la Charte de l’ONU et à l’ouverture du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le groupe a pris position par rapport à l’une des propositions faites par le Secrétaire Général Kofi Annan et s’est lancé à la conquête d’appuis un peu partout. Ce faisant, les pays membres du groupe ont aussi attiré l’activisme contraire de certains voisins jaloux et a peut-être aligné le Brésil avec des pays subissant des oppositions obstinées dans leurs régions (avec le Japon face à la Chine ; avec l’Allemagne face à l’Italie et à l’Espagne). Cela a pu renforcer l’action de l’Argentine dans la région et ailleurs (le président Kirchner est allé jusqu’à signer une déclaration très critique sur ce sujet avec le président du Pakistan) ; le voisin de la Plata s’est ensuite attaché à proposer la formule « rotative », ce que Lula a refusé comme étant une diminution de statut. Le dossier est toujours à l’ordre du jour des pays candidats – mais pas de celui de l’organisation –, sans qu’il soit possible de constater un quelconque progrès réel dans ce processus depuis au moins 2007. La Chine et les États-Unis en sont les pays clés, et il ne semble pas qu’ils soient disposés à bouger rapidement dans cette affaire.
En ce qui concerne l’intégration régionale et le renforcement du Mercosur, il n’est pas non plus possible de reconnaître de progrès notables. Certes la rhétorique présidentielle affirme le contraire. Et il y a assurément eu beaucoup d’initiatives brésiliennes pour relancer le processus d’achèvement de la zone de libre échange (toujours pas réalisée pour le sucre et les automobiles, ainsi que pour quelques autres produits) et, surtout, dans le cas de l’union douanière, fragmentée par une adhésion théorique au Tarif Extérieur Commun (en fait, appliqué uniformément à un pourcentage minime du commerce global) et gravement atteinte par des actions unilatérales illégales et abusives (surtout de la part de l’Argentine, à l’encontre de produits brésiliens). Ces tentatives brésiliennes n’ont cependant pas abouti, d’abord à cause des restrictions introduites par les Argentins mais aussi en fonction d’une inversion complète des priorités du Brésil dans ce domaine, consistant à attribuer beaucoup plus d’importance aux aspects politiques et sociaux de l’intégration, au lieu de se concentrer sur l’essentiel, le déblayage des obstacles nationaux à l’achèvement de la libéralisation commerciale la plus étendue possible. En fait, l’intégration a été conçue comme une fin en soi, pas en tant que moyen pour atteindre des buts économiques.
L’inversion - de nature politique - a commencé par un exercice de blocage, celui du projet américain du libre échange hémisphérique (ZLEA). L’idée était de se concentrer sur les négociations entre l’Union européenne et le Mercosur, et de miser, en parallèle, sur les tractations multilatérales du Cycle de Doha ; ce faisant, trois processus ont été délaissés qui auraient dû avancer simultanément afin de préserver les facteurs d’équilibre et les éléments de compensation sur chacun des trois fronts. Une fois menée à bien la tâche d’implosion de la ZLEA – par l’action conjointe et en grande mesure coordonnée de l’Argentine, du Brésil et du Venezuela –, les Européens se sont montrés peu disposés à faire des concessions (surtout dans le domaine agricole) et ont au contraire augmenté leurs demandes (dans le secteur industriel, mais aussi dans celui des services et de la propriété intellectuelle).
Le protectionnisme argentin doit certes d’abord être responsabilisé d’une bonne partie des reculs institutionnels au sein du Mercosur ; toutefois, le changement de priorités brésiliennes et l’approche essentiellement politique de l’intégration (en vue aussi d’étayer le désir de leadership régional) participent aussi de cette perte de dynamisme et de l’égarement du processus. S’appuyant de manière très discutable sur l’exemple de l’intégration européenne, la diplomatie de Lula a fortement soutenu l’idée que les principaux obstacles à l’approfondissement des liens économiques entre les pays membres étaient constitués par des « asymétries » entre le Brésil et les autres pays, et que le plus grand se devait de surmonter ces « différences ». Outre les conditions propres, structurelles, à chaque pays (le Brésil est grand en territoire, population, économie et donc en terme de marchés, de flux commerciaux et d’attrait pour les investissements étrangers), il existe en fait des « asymétries », notamment sociales qui jouent contre le Brésil : les différences sociales et régionales existant à l’intérieur du Brésil sont en particulier beaucoup plus importantes que celles qui séparent les pays du Mercosur les uns des autres. Concrètement, sauf à considérer quelques indicateurs encore plus défavorables pour le Paraguay, le Brésil apparaît en retard par rapport à ses partenaires en ce qui concerne la plupart des indices sociaux (notamment l’inégalité et l’éducation).
Sous le prétexte contestable que le Brésil, du fait d’être grand, devait faire les plus grands « sacrifices », le gouvernement Lula a été tolérant envers les mesures unilatérales prises à l’encontre de ses exportations par l’Argentine, qui en a profité pour en créer d’autres, en poussant aussi les petits pays à demander des avantages en leur faveur. Au lieu de renforcer le Mercosur, ces attitudes ont en fait dilué les obligations communes à l’abri des principes de base de son architecture. Le Brésil a aussi proposé la création d’un Fonds de « correction d’asymétries » (se déclarant disposé à le financer à hauteur de 70%), lequel reste néanmoins symbolique, doublant en outre le travail déjà accompli par les banques régionales de développement, sans accroître la qualité des projets retenus (décidés plutôt de manière bureaucratique, loin de la réalité des marchés).
La même « diplomatie de la générosité » a conduit le gouvernement Lula à se montrer passif face aux violations claires de traités en vigueur, comme ce fut le cas lors de la nationalisation unilatérale – sans préavis ou consultation, ne fût-ce que par courtoisie – des investissements de Petrobras en Bolivie, dont les installations ont été occupées militairement en contradiction flagrante avec les procédés diplomatiques habituels. En réponse, la seule attitude du gouvernement Lula a été d’émettre une note diplomatique reconnaissant le « droit » et la « légitimité » de la Bolivie à disposer de ses ressources naturelles, ce qui a surpris la plupart des diplomates brésiliens. Les mêmes attitudes conciliatrices se sont reproduites dans des cas similaires en Équateur – en ce qui concerne les investissements brésiliens dans des ouvrages d’infrastructure – et au Paraguay, qui a « exigé » la renégociation du traité d’Itaipu sur l’usine hydroélectrique sur le Paraná. À chaque fois, le gouvernement Lula a défendu les intérêts des pays voisins, au détriment des intérêts nationaux.
Les cas les plus sérieux sont liés aux différentes étapes du conflit entre la Colombie et ses deux voisins à propos des guérilleros des FARC installés en Équateur et au Venezuela, lesquels ont reçu l’appui politique de la diplomatie de Lula, qui n’a jamais reconnu la gravité de la menace représentée par le narco-terrorisme pour la démocratie dans la région. Cette sympathie s’est aussi étendue à la tolérance manifestée par le gouvernement bolivien d’Evo Morales à l’égard de la culture de la coca sur son territoire, alors qu’elles ont des implications très sérieuses sur la sécurité et la santé publique au Brésil. Plus inquiétant, les sympathies et l’appui politique explicite du Brésil au leader vénézuélien Hugo Chávez contribuent au démantèlement de la démocratie dans le pays andin, puis ont conduit le Brésil à violer sa propre Constitution en soutenant l’aventure de Chávez au Honduras, en très nette contradiction avec les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Une pratique déjà manifeste auparavant, quand Lula déclara systématiquement son appui politique aux candidats de « gauche » disputant des élections dans les pays voisins (Argentine, Uruguay, Bolivie, Équateur, Chili, Paraguay et, certainement, à plusieurs reprises lors des innombrables affrontements politiques et électoraux survenus au Venezuela).
D’autres initiatives de la diplomatie de Lula – comme la Communauté Sud-Américaine des Nations dédaignée par Chávez au profit de sa proposition d’une Union de Nations Sud-Américaines, que celui-ci espère contrôler – n’ont servi qu’à offrir des tribunes politiques à de vieux exercices rhétoriques en faveur de l’intégration, quand, en vérité, la région n’a jamais été aussi éloignée des rêves d’unité politique ou de coopération économique. L’appui de Lula et de sa diplomatie au régime de Chávez a sans doute un coût négatif en termes de prestige pour le Président et l’Itamaraty, une partie de l’opinion publique mondiale considérant avec préoccupation les déclarations autoritaires et militaristes du chef de l’état vénézuélien. De même, le soutien aux frères Castro à Cuba et au régime iranien d’Ahmadinejad, ainsi que la non considération pour les violations des droits de l’homme dans beaucoup de cas pourtant flagrants, ont contribué à éroder le capital de sympathie accumulé par Lula au début de son gouvernement.
Finalement, le pari exclusif sur le Cycle de Doha à l’OMC, sans réelles négociations parallèles d’accords commerciaux significatifs – ceux qui ont été conclus ont un impact minimal sur les échanges courants – ont laissé le Brésil et le Mercosur sans nouvelles opportunités sur des nouveaux marchés, durant une phase de grande croissance du commerce international. Le Brésil a augmenté, c’est un fait indiscutable, ses exportations. Mais c’est plus notable en valeur (et cela ne dépend pas du Brésil) qu’en volume, et beaucoup plus pour les matières premières que pour les produits manufacturés. En d’autres termes, le Brésil a été plutôt “acheté” qu’il n’a vendu à l’étranger, ayant bénéficié de l’énorme expansion de la demande mondiale, tirée surtout par les pays émergents dynamiques, en particulier la Chine (devenue le premier partenaire commercial du Brésil en 2009, mais dont les échanges reflètent le vieux modèle Nord-Sud, fait de produits manufacturés contre matières premières).
Sur le plan des négociations, le Brésil a indubitablement joué un rôle de premier ordre dans la dynamique du Doha Round, ayant pris la tête, dès la réunion de Cancun (2003) d’un groupe de pays en développement demandant l’élimination des subventions à la production agricole dans les pays avancés et des subventions à l’exportation de ces mêmes produits : le G20 (devenu ensuite G20 commercial, pour le distinguer de l’autre G20, financier). Cet ensemble de pays réunissait, paradoxalement, quelques grands pays – comme la Chine et l’Inde – qui pratiquent eux-mêmes un protectionnisme exacerbé de leur agriculture, y compris au moyen de formes diverses de subvention : cela va tout à fait dans un sens opposé aux intérêts brésiliens, si l’on part de la constatation évidente que la source principale de la future demande de produits agricoles ne peut se situer que dans les grands pays en développement. On retrouve la même contradiction dans le domaine industriel et celui de la propriété intellectuelle au sein du Mercosur, où l’Argentine s’opposait à toute libéralisation des tarifs industriels et à l’ouverture dans le domaine des services, deux des concessions potentielles du Brésil pour faire aboutir de manière satisfaisante le Cycle de Doha. En ménageant les positions de l’Argentine, de l’Inde, et d’autres pays en développement, en s’attaquant presque exclusivement aux positions des pays avancés, le Brésil n’a pas exercé, selon nous, le comportement qu’on est en droit d’espérer d’un pays leader.
La diplomatie commerciale du Brésil, encadrée de près par la conception politique manichéiste du parti au pouvoir, a imprimé à son action à Genève le vieux style des années 1970, qui consistait à diviser le monde entre Nord et Sud et à organiser des alliances préférentielles autour de cet axe ; or cela s’accommode mal des alignements qu’il est possible et nécessaire de faire dans le domaine du commerce multilatéral. La même volonté de se présenter en tant que leader d’un Tiers Monde déjà dépassé, et inexistant dans les faits, a conduit la diplomatie commerciale de Lula à sacrifier les intérêts concrets du Brésil au nom de ces principes douteux et manichéens. Nombre d’opportunités ont été perdues à cause de la vision idéologique imprimée à la politique étrangère, avec notamment le refus de l’invitation de l’OCDE pour renforcer le dialogue dans la perspective d’une adhésion ultérieure. 

Le style politique de la diplomatie de Lula
Beaucoup du succès escompté par la diplomatie de Lula peut être attribué, bien sûr, à la personnalité de son principal acteur, le Président, toujours prêt à monter dans son avion officiel pour un chapitre de plus de sa diplomatie présidentielle aérienne, un procédé qu’il ne s’était jamais gêné de critiquer à l’époque de l’« inventeur » de cette diplomatie présidentielle, son prédécesseur Fernando Henrique Cardoso.
Il est vrai que l’histoire de la vie de Lula, instrumentalisant de manière discutable sa carrière politique – désormais beaucoup plus importante que ses années de « pauvre travailleur » et de syndicaliste « alternatif » –, servait à merveille pour composer un bon récit de « réussite individuelle ». Cela a été exalté à l’envie par la presse brésilienne et surtout étrangère, en grande mesure responsable de la transformation du leader d’un parti de gauche, typiquement latino-américain (y compris dans son anti-américanisme primaire) en véritable leader providentiel et responsable de la politique nouvelle issue d’un Tiers Monde respectable et assagi.
La grande presse internationale a collaboré, sans doute involontairement, à la construction de cette version contemporaine du mythe du « bon Sauvage », sur la base de matériaux soigneusement fabriqués par le PT et par le Président lui-même, pour étayer ses prétentions à être invité à la « table des Grands décideurs mondiaux ». Cette nouvelle aura, stimulée et agrandie par une publicité ciblant la personnalité de Lula et mise au service de sa diplomatie personnelle, a été l’une des grandes réussites au plan international. Le staff professionnel de l’Itamaraty, à commencer par le ministre lui-même, a été activement mobilisé autour de cet objectif prioritaire du chef d’État.
Parmi les véritables raisons du succès du Brésil en tant que pays, il y a le maintien de la stabilité économique, y compris les accords avec le FMI, la responsabilité fiscale, le maintien du régime de change flottant issu du gouvernement précédent, la très grande croissance de l’économie mondiale et l’offre abondante de capitaux de risque et d’emprunt. Néanmoins, tout cela a été maintenu au second plan, face aux initiatives internationales du Président, à commencer par une version mondiale du programme qui, en fait, a été un échec au Brésil : le programme « Faim Zéro » (Fome Zero). Cette initiative, que Lula voulait transformer en une véritable croisade internationale contre la faim et la pauvreté, prévoyait, dans la pratique, de regrouper tous les efforts des secteurs de la communauté internationale engagés dans ce genre d’activité dans une seule unité de décision et d’application de ressources multilatérales et nationales ; étant données les responsabilités diversifiées des agences de l’ONU déjà engagées dans des programmes spécifiques – y compris dans la lutte contre la faim, tels la FAO, le PNUD et le Programme Mondial pour l’Alimentation, etc. – l’initiative de Lula a été déviée, selon un modème très traditionnel, vers la constitution d’un bureau de coordination pour dispenser des médicaments anti-Sida en Afrique, avec de nouveaux fonds ; en fait, ces nouvelles ressources, en dépit des efforts de la diplomatie brésilienne (en coordination avec la France) pour créer des « mécanismes novateurs de financement », ont été constitués essentiellement à partir de nouveaux impôts ou taxes introduits par certains pays – comme la France et la Norvège – et basés surtout sur l’émission de billets de voyages aériens internationaux. Et les résultats effectifs sont très en deçà des attentes ; de la même manière, les efforts accrus du Brésil dans le domaine de la coopération au développement ont eu tendance à reproduire les vieux schémas dans ce domaine, avec les maigres résultats déjà connus par les pays avancés.
Une caractéristique générale de la diplomatie de Lula, tout comme de certaines de ses politiques mises en œuvre sur le plan interne, est une sorte de retour à un passé mythique, celui du « développementisme » des années 1950. Et, cela pourrait aussi faire penser, d’une certaine manière, au planning étatique tel qu’il a fonctionné lors du régime militaire (1964-1985), notamment le dirigisme économique dans les mains d’un État fort. Aujourd’hui, les références à la « politique extérieure indépendante » du début des années 1960 sont innombrables dans les discours des responsables d’une diplomatie qui a déjà été décrite comme « active et fière ». Cette politique a en outre été appliquée dans des régions ou sur des sujets peu abordés jusque là par la diplomatie brésilienne, comme par exemple le Moyen Orient ou des questions stratégiques et de sécurité internationale.
Cet activisme a parfois conduit le président Lula sur des sentiers très complexes, comme celui de la paix entre Israéliens et Palestiniens ou Arabes, ou encore celui, beaucoup plus dangereux, du programme nucléaire iranien et de sa possible dérivation militaire. Plus surprenante encore a été le net recul de la position brésilienne dans les cas de violations des droits de l’homme : les prises de position sur le plan international ont parfois bénéficié à des dictatures et régimes connus par la négation systématique des droits les plus élémentaires. Au Conseil des Droits de l’Homme, par exemple, le Brésil a voté en faveur des « usual suspects » quand, auparavant, l’orientation de sa diplomatie professionnelle tendait à l’abstention, pour ne pas « politiser » le traitement des accusations de violations les plus graves des droits de l’homme. Tout cela n’est pas complètement surprenant pour un observateur attentif, nombre de responsables du PT étant traditionnellement indulgents, si ce n’est amicaux avec la dictature cubaine ou des mouvements révolutionnaires parfois voisins du narco-terrorisme (comme les FARC en Colombie).
Une autre caractéristique générale de la diplomatie de Lula est une persistance de la conception d’un monde toujours divisé entre Nord et Sud, à laquelle s’ajoute une méfiance constante envers les intentions des « puissances hégémoniques », en premier lieu l’« impérialisme américain ». Toutes les actions de la diplomatie de Lula en Amérique du Sud ont eu pour but constant l’éloignement des États-Unis des affaires sud-américaines. Cette disposition, en plus des sympathies idéologiques déjà connues, a conduit la diplomatie brésilienne à soutenir politiquement le régime aux dérives autoritaires du colonel Chávez, au Venezuela, et à s’opposer de façon très active à la coopération militaire entre États-Unis et Colombie. Le double langage sur la démocratie dans la région a choqué certains observateurs, puisque il s’est montré aussi disert dans le cas de la crise politique en Honduras que tolérant envers la nette dégradation de la situation politique et des libertés au Venezuela, un pays où, selon le président Lula, il existerait, au contraire, un « excès de démocratie ».
Beaucoup des prises de position sur la situation politique, sur le continent ou ailleurs, ont été marquées par la prééminence des options du parti au pouvoir sur l’avis - beaucoup plus circonspect mais toujours technique -, de la diplomatie, laquelle a ainsi été plus mise au service d’un parti que des intérêts nationaux. De ce fait, le consensus national dont elle semblait jouir auparavant a été remplacé par un âpre débat entre opposants et partisans des nouvelles positions de la politique extérieure : cette diplomatie supposéé de « gauche » serait-elle une forme de compensation d’une politique économique « néolibérale » antérieure ? Il est facile de constater, par exemple, que cette diplomatie reflète les positions politiques historiques du PT, sans aggiornamento[2] et qu’elle dispose de beaucoup d’appuis dans les mouvements de gauche et dans l’université.

Le legs diplomatique des deux mandats du Président Lula est celui d’une politique étrangère très active, assurément responsable d’une présence accrue du Brésil sur la scène internationale. Mais cette action internationale est faite aussi de choix politiques – dans les domaines de la démocratie et des droits de l’homme – et d’alliances préférentielles discutables, voire critiquables du point de vue des intérêts nationaux. La rhétorique « tiers-mondiste », par exemple, et un anti-impérialisme élémentaire constituent, selon moi, des résidus politiques d’un âge révolu, peu conformes aux nouvelles responsabilités internationales d’une nation émergente comme le Brésil. L’idée d’un changement de l’ordre international sur la base d’une coalition de forces « anti-hégémoniques » représente une perception erronée des intérêts politiques prioritaires de partenaires comme la Chine, l’Inde ou même la Russie. De même, la prétention brésilienne de conquérir un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU ou à exercer un leadership régional n’a pas résisté à la mise en œuvre.
Les « nouveaux habits » de la diplomatie brésilienne ont reposé sur un ensemble de mythes politiques entretenus par le parti au pouvoir, très vite confrontés à la réalité. Une diplomatie post-Lula, sans le charisme[3] et le style du Président sortant, devrait retrouver un professionnalisme apaisé ; ce service diplomatique, qui a toujours recruté les meilleurs, pourra alors travailler de manière plus autonome.
 

[1]. Cf. l’article de Rubens Ricupero, « À sombra de Charles De Gaulle: uma diplomacia carismática e intransferível : a política externa do governo Luiz Inácio Lula de Silva (2003-2010) », Novos Estudos CEBRAP (n° 87, 07-2010, pp. 35-58; http://novosestudos.uol.com.br/acervo/acervo_artigo.asp?idMateria=1389).
[2]. Pour un exposé sur les positions historiques du Parti des Travailleurs, cf. mon article : “La politique internationale du Parti des Travailleurs: de la fondation du parti à la diplomatie du gouvernement Lula”, in Denis Rolland et Joëlle Chassin (org.), Pour Comprendre le Brésil de Lula (Paris, L’Harmattan, 2004) pp. 221-238.
[3]. Cf. Rubens Ricupero, « À sombra de De Gaulle: une diplomatie carismática et intransferível », op. cit.

Relations Internationales du Brésil - table des matieres du livre

Dans la suite du post précédent, je présente ici les chapitres du premier volume:

Relations Internationales du Brésil: Les Chemins de La Puissance
Brazil’s International Relations: Paths to Power
Denis Rolland, Antonio Carlos Lessa (coords.)
(Paris: L’Harmattan, 2010, 2 vols.) 
vol. I: Visions Globales – Global Representations
Table des matières
Préface d’Yves Saint-Geours
Introduction : Brésil, terre et puissance du présent
Denis Rolland et Antônio Carlos Lessa
Introduction à la puissance brésilienne en graphiques
Laboratoire Perspective Monde, Université de Sherbrooke
1. L’éveil à la puissance : Analyse globale
Rise to Power: Global analysis
Brazil’s rise on the international scene: Brazil and the world
From the Cardoso to the Lula era: Brazil and the world
High priority attached to integration into the global scene
Integration and bilateralism: establishment of the global network
Amado Luiz Cervo
Le Brésil et le monde

Les atouts majeurs du Brésil, énergie et espaces libres

Relations aériennes et diplomatiques

Le Brésil et les Amériques

Entre BRIC et Afrique

La quête d’un nouveau statut international

Hervé Théry
Brazil and the Economic, Political, and Environmental Multilateralism: the Lula years (2003-2010)
Foreign Policy under Lula: Multilateralism and Variable Geometry
The G-20, the WTO and Economic Multilateralism
IBSA, Multipolarity Defense and the Development of the South
United Nations reform and Brazilian political protagonism
Brazil and Environmental Multilateralism
Paulo G. Fagundes Visentini & André Luiz Reis da Silva
Lula da Silva’s Foreign Policy: Autonomy through Diversification Strategy

Hermann’s Model to Understand the Changes in Foreign Policy

The Three Autonomies: Distance, Participation and Diversification
The Significance of the South-South Cooperation
Regional Roles, Relations with the United States and the Diversification of Partners
Integration and Relation with South America
Deepening of the Autonomy through Diversification
Tullo Vigevani & Gabriel Cepaluni
 “Brazil and the New International Order”, Celso Amorim (document)
2. La question des stratégies nouvelles
     New Strategies Issues
Security issues during Lula’s administration: from reactive to assertive approach
The reactive period
The Globalilization of Brazil’s foreign policy
South America: still on the top, but with different emphasis
Partnership and dispute involving the United States: impacts of an assertive approach
Rafael Antonio Duarte Villa & Manuela Trindade Viana
Le nouveau Plan pour une stratégie de défense nationale brésilienne : la fin d’un état pacifiste ?
Bernardo dos Reis Peixoto, Iberê Pinheiro dos Santos Filho, Monica Alexandra Silva
avec Marie-Josée Ferreira dos Santos
Les nouveaux partenaires internationaux du Brésil
Une insertion internationale complexe
Le concept de partenariats stratégiques dans l’expérience internationale du Brésil
Les partenariats fondamentaux : États-Unis et Argentine
Les nouveaux partenariats stratégiques
Antônio Carlos Lessa
The Possibilities and Perils of Presidential Diplomacy: Lessons from the Lula years in Brazil
Presidential Diplomacy
Lula’s Foreign Policy Shift
Lula’s Presidential Role
The Perils of Presidential Diplomacy
Presidentialized Policy Reform
Sean Burges

- « Les voyages internationaux consolident le poids du Brésil dans le monde », Lula, 2010 (doc.)

- Cartographie des voyages de Lula, 2007 (document)
3. Interprétations critiques
Critical Interpretations
International Insertion in Lula’s Government: Diverging Interpretations
Calling to the stand, the government
Hegemony and counter-hegemony
Contradictory perspectives: the analysts voices
Final Considerations: Ways for the Brazilian International Action
Diego de Moura Mapa
L’action à l’international du Brésil de Lula jugée par la presse et au-delà : objectivations et conceptualisations de métamorphoses
Des convergences de vue
Des convergences productrices d’objectivation
Conceptualisations des raisons du succès proclamé
Des changements dont le Brésil de Lula hérite
Où est donc le grand projet ? était-il nécessaire qu’il y en eût un ?
Stéphane Monclaire
La diplomatie de Lula (2003-2010) : une analyse des résultats
Les objectifs diplomatiques du gouvernement Lula
Les résultats diplomatiques au cours des deux mandats
Le style politique de la diplomatie de Lula
Paulo Roberto de Almeida
Le legs maudit de l’éternel pays du futur et la légende de la diplomatie Lula
Légitimité et inégalité

Les « gouvernistes » dans l’analyse de la politique étrangère

Diplomatie et pragmatisme de circonstance

La diplomatie et le latifundio

La question environnementale dans la politique étrangère

Déplacement des priorités sans rupture

Le monolinguisme en diplomatie

Le népotisme à l’Itamaraty

La légende Lula sur des sables mouvants
Argemiro Procópio
La médiatisation internationale des silences de Lula sur les droits de l’homme : l’information ponctuelle et la mise en perspective (documents)
4. héritage politique et prospectives
     political heritage and prospectives
La vie politique brésilienne au XXIe siècle.
Le processus de récupération démocratique
La nécessité d’une réforme
Estevão de Rezende Martins
Quels lendemains pour la politique extérieure des années 2003-2010 ?
Deux candidats, deux partis, deux conceptions de l’insertion internationale
Un volontarisme contraint par le réel
Perspectives
Jean-Jacques Kourliandsky
Résumés
Les auteurs

Relations Internationales du Brésil - Brazil’s International Relations: nouveau livre - new book


Novo livro publicado:
Relations Internationales du Brésil: Les Chemins de La Puissance
Brazil’s International Relations: Paths to Power
Denis Rolland, Antonio Carlos Lessa (coords.)
(Paris: L’Harmattan, 2010, 2 vols.)
vol. I: Visions Globales – Global Representations
vol. II: Aspects Régionaux et Thématiques - Regional and Thematic Aspects

En 1941, Stefan Zweig écrivait Brésil, terre d’avenir… Le Brésil, autrefois « grand pays du futur », puissance émergente, apparaît au XXIe siècle comme une puissance du présent. La visibilité du pays a exceptionnellement augmenté, y compris via une forte présence sous bannière internationale. Dans les années 1990 un ministre européen pouvait encore asséner « Le Brésil n’est pas près de grandir, en tout cas, pas suffisamment pour jouer dans la cour des grands », un autreministre européen constatait en 2009 « Le Brésil est un géant qui a commencé à courir » et le Président Obama déclarait la même année « Les temps changent, le Brésil est maintenant une puissance économique et une pièce clef dans le scenario mondial ». Dans quelle mesure le Brésil mérite-t-il le qualificatif de « grand » ou « géant » ?
Pendant ses deux mandats présidentiels, le Président Lula a largement su imposer son pays en tant qu’acteur global. Soutenu par une économie et unmarché intérieur en plein essor, le pays est devenu « sérieux », selon les mots du Président Lula et a profondément diversifié ses relations politiques et commerciales.
Une initiation par les meilleurs spécialistes aux relations internationales du Brésil en deux temps : représentations globales (vol. 1) et aspects régionaux et thématiques (vol. 2).

In 1941, Stefan Zweig wrote Brazil, Land of Future…Brazil, before a “great nation of the future”, an emerging power, appears in the 21st century as a present power. The visibility of the country has exceptionally raised, with via a great presence under international banner. In the 1990’ a European minister could say « Brazil will not grow soon, any way, not enough to play in the courtyard of the power », another European considered in 2009 « Brazil is a giant who began to run » and the President Obama declared the same year « Times are changing, Brazil is now an economic power and a key player in the international scenario ». Is Brazil to be a great power in the future?
During his two presidential mandates, President Lula imposed greatly his country as a global actor. Thanks to an economy and an interior market in full expansion, the country has become “serious” according to President Lula’s own words and has deeply diversified its political and commercial relations.
An initiation with the best specialists to the international relations of Brazil in two times: the global representations (vol. 1) and the regional and thematic aspects (vol. 2)

Ouvrage sous la coordination de / Book under the coordination of
Denis ROLLAND, Professeur à l’Université de Strasbourg (IEP),Directeur du laboratoire FARE, Membre de l’Institut universitaire de France, Directeur d’études à l’Institut d’études politiques de Paris et Antônio Carlos LESSA, Professeur, Institut de Relations Internationales, Université de Brasília.

1er VOLUME
1. L’ÉVEIL À LA PUISSANCE : ANALYSE GLOBALE / THE RISE TO POWER : GLOBAL ANALISIS
2. LA QUESTION DES STRATÉGIES NOUVELLES /NEW STRATEGIES QUESTION
3. INTERPRÉTATIONS CRITIQUES / CRITICAL INTERPRETATIONS
4.DELHÉRITAGE POLITIQUE À LA PROSPECTIVE / FROMPOLITICALHERITAGE TO PROSPECTIVE
Contributions de / Contributions of : Sean W. BURGES, Gabriel CEPALUNI, Amado Luis CERVO, Paulo Roberto DE ALMEIDA, Jean-Jacques KOURLIANDSKY, Antônio Carlos LESSA, Diego DE MOURA MAPA, Estevão de REZENDE MARTINS, Stéphane MONCLAIRE, Argemiro PROCÓPIO, Denis ROLLAND, Yves SAINT-GEOURS, André Luiz REIS DA SILVA, Hervé THÉRY, Enrique VENTURA, Manuela Trindade VIANA, Rafael Antonio DUARTE VILLA, Paulo G. FAGUNDES VISENTINI, Tullo VIGEVANI.
Couverture : Isabel Lavina - © Photo : NASA

2e VOLUME
1. L’AGENDA CONTINENTAL / CONTINENTAL AGENDA
2. L’EUROPE ET LE « PARTENARIAT STRATÉGIQUE » / EUROPE AND « STRATEGIC PARTNERSHIP »
3. LE BRÉSIL ET LE SUD / BRAZIL AND THE SOUTH
4. L’INSERTION ÉCONOMIQUE INTERNATIONALE / INTERNATIONAL ECONOMIC INSERTION
5. DYNAMIQUE ENVIRONNEMENTALE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE /
ENVIRONMENTAL DY NAMICS AND CLIMATE CHANGE
Contributions de / Contributions of :
Renato BAUMANN, Elodie BRUN, José Mauricio BUSTANI, Maria Isabel MEUNIER FERRAZ, Raphael TSAVKKO GARCIA, Thiago GEHRE, AntônioCarlos LESSA, Rodrigo ALVES MASCHION, Marcelo DE ALMEIDA MEDEIROS, Ana Flávia BARROS-PLATIAU, Diego PAUTASSO, Cristina SOREANU PECEQUILO, Carlos QUENAN, Henrique ALTEMANI DE OLIVEIRA, Daniela ORDÓÑEZ, Denis ROLLAND, Miriam GOMES SARAIVA, José Flávio SOMBRA SARAIVA, André Luiz REIS DA SILVA, Daniel VAN EEUWEN, Enrique VENTURA , Carlos Eduardo VIDIGAL, Paulo G. FAGUNDES VISENTINI.

PS.:
Participo do primeiro volume, com este artigo:
998. “La diplomatie de Lula (2003-2010): une analyse des résultats”, In: Denis Rolland, Antonio Carlos Lessa (coords.), Relations Internationales du Brésil: Les Chemins de La Puissance; Brazil’s International Relations: Paths to Power (Paris: L’Harmattan, 2010, 2 vols; vol. I: Visions Globales – Global Representations, p. ). Relação de Originais n. 2184.


A politica externa do Brasil e as eleicoes presidenciais - Paulo R. Almeida

Não tenho certeza de ter jamais postado o texto que segue abaixo neste blog, ou divulgado por qualquer outra via, a não ser em caráter restrito, para ser lido, por outra pessoa, em debate acadêmico para o qual fui convidado, sem poder comparecer, como indicado na ficha abaixo. Em todo caso, mesmo sem ter qualquer importância para um debate (que seria de toda forma tardio) sobre a política externa, eu o divulgo neste momento.

2171. “A Política Externa e as Eleições Presidenciais no Brasil em 2010”, Shanghai, 12 agosto 2010, 6 p. Texto de comentários para serem lidos por ocasião de um debate acadêmico. Não publicado.


A Política Externa e as Eleições Presidenciais no Brasil em 2010

Paulo Roberto de Almeida
Comentários para um debate acadêmico

Meus comentários, nem é preciso dizer, são absolutamente pessoais e nem de perto ou de longe assimiláveis à política externa oficial, essa em curso atualmente no Brasil; posso até dizer que nunca antes neste país um disclaimer deste tipo, tal como empregado em ocasiões do gênero, foi tão válido quanto este que agora faço, por dever de ofício. Sendo diplomata, meus comentários serão totalmente não diplomáticos. Bem, vamos ao que interessa.

Inicialmente, creio que todos concordarão comigo numa coisa: numa campanha eleitoral tão manifestamente aborrecida como esta de 2010, com debates entre os candidatos presidenciais tão rigorosamente enfadonhos como os que estamos assistindo, com tantas platitudes sendo ditas em torno dos temas habituais de campanha – crescimento, emprego, políticas públicas para isso e para aquilo, mais um ministério no vasto organograma do governo – talvez não seja de surpreender que, pela primeira vez, a política externa seja, de verdade, o único campo que possa diferenciar os dois principais candidatos em liça.
Sim, porque nos temas de política econômica e de políticas sociais, os candidatos vêm se esforçando para serem rigorosamente os continuadores ampliados de tudo o que aí está: Bolsa-Família, bolsas e mimos de diversos tipos para empresários e banqueiros, subsídios e proteção às empresas nacionais, cuidados com a segurança, a saúde e a educação de todos, enfim, o desfile habitual de promessas hipócritas e de compromissos com todos os grupos de interesse para atender a todos os seus desejos e para se engajar em qualquer coisa que a imaginação dos marquetólogos políticos seja capaz de conceber.
Vou deixar de lado a candidata supostamente ecológica e o revolucionário geriátrico porque, a despeito da capacidade de cada um de desviar votos dos dois principais candidatos, pela novidade dos discursos e pela própria necessidade de muitos eleitores de escapar à pasmaceira reinante no campo dos dois grandes, eles não dispõem, manifestamente, de condições para serem considerados a sério, independentemente do fato que levarão, inevitavelmente, a disputa ao segundo turno. A candidata ecológica possui uma plataforma de política externa quase ao estilo do velho Itamaraty, morna, enfadonha, politicamente correta, sem grandes sobressaltos e sem grandes novidades, a não ser a promessa de defesa enfática dos direitos humanos, o que, na atmosfera complacente com ditadores de todo gênero que prevalece atualmente, deve ser saudado como proposta bem-vinda. Quanto ao revolucionário da terceira idade, ele está muito bem para encantar platéias já convencidas, como assembléias da UNE, encontros do Foro Social, reuniões da Via Campesina e coisas do gênero, mas não tem nenhuma importância para o Brasil real e para o mundo como o conhecemos.
Bem, chega de alternativos, vamos ao que interessa.

No campo oficial, o que se promete é mais do mesmo. Que seja; não deve mesmo ser diferente, em se tratando do mesmo grupo político que ocupa o poder desde 2003, e que gostaria de se aboletar nele pelos próximos 25 anos. Como? Ocupando todas as esferas e nichos do aparelho de Estado com seus militantes aguerridos e seus homens de combate, promovendo a validade de suas teses políticas e suas posições diplomáticas, ao estilo do Nosso Guia: “nunca antes neste país...”. De fato, nunca antes neste país a política externa tinha sido empregada de forma tão acintosa para realçar a figura do próprio presidente da República, nunca antes neste país as teses de um partido, na verdade de um grupo do partido, tinham ocupado espaço tão relevante na diplomacia oficial, na agenda do Itamaraty. Também, nunca antes neste país um ministro de Estado de carreira tinha se filiado a um partido. Isso não ocorreu nem na ditadura militar, quando os diplomatas de carreira ocuparam com maior realce a chefia do Itamaraty. Não se diga que políticos ocuparam a chancelaria, pois isto é normal em democracias consolidadas, que pessoas saídas das fileiras congressuais e dos quadros partidários tenham sido e sejam designados para chefiar a chancelaria.
De fato, o que distingue a diplomacia atual é que ela é rigorosamente partidária, portanto com menor importância sendo dada às posições tradicionais do Itamaraty. O que pode mudar então, no caso da eleição da candidata oficial? O estilo claro. Nunca jamais, no futuro deste país, teremos um chefe supremo da diplomacia tão, como direi?, exageradamente exibido, tão pitorescamente presente em todos os cenários abertos à sua participação, quanto o Nosso Guia atual. Nunca jamais teremos alguém com essa inacreditável capacidade de improvisação discursiva, de imaginação vocabular quanto o presidente atual. Nunca mais teremos o inacreditável desaproveitamento dos discursos oficiais, trabalhosamente preparados pelos diplomatas do Itamaraty, nas cerimônias solenes presididas pelo chefe de Estado. Se supõe que a candidata oficial, convertida em presidenta do Brasil, se atenha rigorosamente aos enfadonhos discursos preparados na linha do politicamente correto pelo Itamaraty, inclusive por razões de carências na sintaxe básica e de dificuldades com a gramática.
O estilo, portanto, deve mudar, e muito. E se o estilo é o próprio homem, como diria o conde de Buffon, neste caso a mulher, alguma coisa talvez mude, embora eu esteja propenso a acreditar que pouco mudaria nas linhas básicas da política externa partidária atual. A mesma complacência com os pequenos atentados à união aduaneira do Mercosul, a mesma diplomacia da generosidade em relação aos vizinhos, a mesma disposição a financiar projetos que reduzirão, supostamente, as assimetrias regionais, a mesma leniência com atentados aos direitos humanos por ditadores conhecidos e com as violações aos princípios democráticos por candidatos a caudilhos autoritários, enfim, tudo isso é previsível que ocorra, pois é isso o que JÁ ESTÁ acontecendo hoje, sob os nossos olhos, que custam a crer que o Itamaraty esteja envolvido em tudo isso.
Claro, tem o discurso da importância internacional do Brasil, sua visibilidade nos cenários econômicos e políticos mundiais, a projeção alcançada por sua hiper-ativa diplomacia, a capacidade de ser um líder regional, até mesmo a condição de candidato a potência mundial. Tem também a alegação da defesa da soberania, aquela história sempre repetida de não descalçar sapatos, a coragem de dizer não, a ousadia de ter posições próprias sem pedir permissão aos grandes, as iniciativas de realizar encontros e organizar novas entidades sem tutela e sem a presença do Império. Tudo isso é alegado como marca distintiva da nova diplomacia brasileira, e que promete se prolongar num regime de continuidade. Se isso é verdade, então não há muito mais a acrescentar; basta confirmar que teremos, sim, continuidade das mesmas linhas diplomáticas, o mesmo continuísmo partidário, e tudo está dito, não é preciso acrescentar mais nada sobre as posições da candidata: elas serão as do seu guia e mentor. Ponto.

Restam então as posições, ou promessas, do candidato oposicionista, que pouco disse, até agora, de estruturado, sobre a sua eventual política externa, a não ser frases soltas em discursos. Sabemos, por exemplo, que o Mercosul é uma porcaria, que ele não serve, e que possivelmente os arranjos atuais serão revistos no sentido de dar mais liberdade de política comercial ao Brasil. Sabemos que o candidato não gosta de ditadores e de violadores dos direitos humanos e que ele nunca alinharia o Brasil com alguns dos personagens que aparentemente se converteram em amigos do presidente atual. Sabemos também que ele pretende acabar com o monopólio do Itamaraty na formulação da política comercial e na negociação de acordos nessa área, e que ele pretende, de modo geral, conduzir uma diplomacia mais pragmática, mais consistentemente alinhada com as posições tradicionais do Itamaraty, no lugar da diplomacia ideológica e partidária que hoje ocupa todos os espaços na política exterior do Brasil.
Isso parece ser tudo, mas é na verdade muito pouco, pois não temos ainda plataforma de campanha, como aquelas já apresentadas pela candidata da situação (é verdade que trocadas três vezes). O candidato da oposição fica devendo seus pontos programáticos, de maneira a nos permitir julgar o conteúdo exato de seu pensamento em política externa. Inclusive porque o PSDB não é um partido tão avassaladoramente “ocupacionista” de nichos no Estado como o PT, se supõe que a diplomacia voltará a fluir a partir de seus canais habituais no Itamaraty, havendo inclusive uma grande chance para que a chancelaria venha a ser novamente ocupada por algum diplomata – talvez aposentado e provavelmente apartidário, ainda que simpático aos tucanos – e que a assessoria presidencial venha a ser novamente monopolizada pelos itamaratecas, como habitualmente são chamados os diplomatas profissionais. Quanto ao resto, ou seja, o que mais faria, ou fará, o candidato da oposição, se e quando no comando do Estado, parece ser um tanto misterioso, tanto porque é proverbial sua tendência centralizadora e um tanto concentradora de decisões.

Finalmente, um último comentário sobre a importância disso tudo para o Brasil, em geral, e para a população brasileira em particular. Eu diria, sem querer parecer pessimista ou contrarianista, que muito pouco, quase nada, do que vem sendo discutido em matéria de política externa apresenta importância efetiva para o Brasil ou relevância real para a vida diária dos brasileiros. À parte as questões óbvias de conquista de mercados externos e de concorrência nos mercados internos de bens e serviços – considerando-se também que o Brasil ainda é um país muito fechado – os temas de política externa são praticamente marginais ou periféricos aos grandes problemas do Brasil atualmente.
Nada, ou quase nada do que o Brasil fizer no plano externo tem a capacidade ou a virtude de mudar substancialmente a vida dos brasileiros se a própria sociedade brasileira não se engajar decisivamente num conjunto de reformas em áreas que constituem manifestamente problemas, ou limitadores das possibilidades brasileiras de crescimento, de melhoria das condições de vida, de progressos em suas instituições políticas, de avanços nos planos da educação e da saúde, em resumo, de saltos significativos no bem-estar da população.
Senão vejamos: o Brasil tem hoje um problema macroeconômico de baixa poupança, de baixas taxas de investimento e, portanto, de poucas alavancas para um ritmo mais vigoroso de crescimento. Isso não tem nada a ver com o ambiente externo ou com a diplomacia oficial. Tem a ver com a despoupança estatal, com a imensa capacidade extrativa e extratora do Estado brasileiro, com o fato de que ele gasta muito consigo mesmo e que investe pouco, portanto. Este é um problema brasilo-brasileiro, não um problema de relações internacionais.
O Brasil tem hoje um quadro fiscal em deterioração progressiva, uma previdência tecnicamente falida, uma educação pública de péssima qualidade (e piorando), saúde pública em condições deploráveis, com disseminação de doenças epidêmicas e deterioração dos equipamentos hospitalares, tem uma das piores situações de segurança pública das grandes sociedades urbanizadas, tem uma taxa de corrupção oficial escandalosamente alta, tem instituições governamentais entrópicas, um mandarinato extensivo e auto-centrado, preocupado apenas com seus privilégios nababescos em certos casos. Todos esses problemas são made in Brazil, não tem nada a ver com o ambiente externo.

Em contrapartida, o governo brasileiro atual pratica uma diplomacia da generosidade típica de país rico, como se toda a população brasileira já vivesse em situação confortável, sem qualquer tipo de problema material, para que o Estado possa fazer essas doações de milhões de dólares em favor de governos e populações estrangeiras, numa estratégia que no máximo consegue reproduzir a assistência oficial ao desenvolvimento que os países ricos praticaram nas últimas seis décadas, com os resultados que se conhecem em termos de desenvolvimento (ou não) dos países mais pobres. O Brasil tem uma política de projeção externa que foi mais concebida para dar realce ao seu mandatário de ocasião do que para fazer o país conquistar a tão desejada liderança regional – ainda não aceita, diga-se de passagem – ou convertê-lo em potência verdadeiramente mundial. Nisso a diplomacia foi extremamente bem sucedida, cabe ressaltar, mas acredito que esse estilo de diplomacia se encerra por aqui mesmo, sem capacidade de transferência a seu sucessor, ou sucessora.
O que o embaixador Rubens Ricupero chamou, em trabalho recente, de diplomacia “gaulliste” – do general De Gaulle – é na verdade um arremedo de diplomacia soberanista e defensora do interesse nacional. Não vou me estender sobre isso agora, em vista de tudo o que já escrevi e publiquei a respeito. De toda forma, as paixões desatadas em momentos como este, de campanha eleitoral, se prestam mal a uma avaliação ponderada, isenta, objetiva, do que seja uma diplomacia adequada a um país médio como o Brasil, interessado em primeiro lugar na prosperidade do seu próprio povo, na promoção dos direitos humanos e dos valores democráticos num mundo em transformação. Creio que teremos de aguardar ocasiões mais serenas, oportunidades mais tranqüilas, para um novo debate em torno dessas questões. Muito obrigado.

Paulo Roberto de Almeida
(Shanghai, 12 de agosto de 2010)

A utopia do desarmamento nuclear - Book by Michael E. O’Hanlon

Drop the Weapons

A SKEPTIC’S CASE FOR NUCLEAR DISARMAMENT
By Michael E. O’Hanlon
174 pp. Brookings Institution Press. $26.95


Since the detonation of nuclear weapons over Japan, American presidents haven’t learned to love the bomb, but rather have worried about it. In 1946, the Truman administration presented the United Nations with the Baruch Plan for international control of nuclear weapons, which Stalin, working on his own bomb, rejected. Four decades later, Ronald Reagan almost signed a deal with Mikhail Gorbachev to eliminate nuclear weapons, but this time missile defense proved an insuperable stumbling block. Now that President Obama and senior statesmen like George Shultz and Henry Kissinger have endorsed the abolition of nuclear weapons, the issue has assumed a fresh ­prominence.
In “A Skeptic’s Case for Nuclear Disarmament,” Michael E. O’Hanlon, a defense analyst at the liberal Brookings Institution who has attracted much controversy on the left for supporting the Iraq war, joins the debate. O’Hanlon expertly unravels the myriad threads of the often abstruse disputes about nuclear weapons and disarmament. He seeks to chart a middle ground between the nuclear abolitionists and the proponents of retaining the bomb in perpetuity. His solution is to advocate full dismantlement — but only if the United States and other major powers can reconstitute nuclear weapons rapidly if, say, menaced by a foreign foe who had secretly kept them. Like many attempts to cope with the problem of nuclear proliferation, however, O’Hanlon’s proposal is unpersuasive. His book is better at outlining the problems surrounding disarmament than at solving them.
According to O’Hanlon, pushing for disarmament without retaining the right to reconstruct nuclear weapons is sheer utopianism. He also notes that no major power is about to defer to the United Nations Security Council for authorization to rebuild these weapons. So he suggests the creation of a “contact group for each country that wishes to preserve the right to build or rebuild a nuclear arsenal under extreme conditions.” But this defies credibility. What commander in chief would ever put America’s national security in the hands of a “contact group”?
Still, as O’Hanlon sees it, one advantage of pushing for disarmament is simply that it might promote more general enthusiasm for arms reduction. “Tired of incrementalism,” he states, “the American public has long since lost its real interest in arms control.” But did it ever have any such interest in the first place? O’Hanlon himself doesn’t seem to have all that much interest in full disarmament.
His suggestion is that the United States should pursue a rather Machiavellian policy: On the one hand, it should “endorse a ­nuclear-free world with conviction.” On the other, “it should not work to create a treaty now and should not sign any treaty that others might create for the foreseeable future.” Only when Iran, North Korea, the status of Taiwan and Kashmir, and a host of other issues are settled will the great powers be able to cooperate on moving toward a world truly free of nuclear weapons. Of course, setting world peace as a precondition for nuclear disarmament is tantamount to saying it will never occur.
Even the act of disarming, O’Hanlon notes, could throw America’s relations with its allies into turmoil. Japan continues to rely on American nuclear assurances. So does Europe. In short, the American nuclear umbrella extends far and wide — indeed, Secretary of State Hillary Clinton suggested last year that a “defense umbrella” now extends to shield Middle East states like Saudi Arabia from a potential Iranian strike.
Rather than seeking the utopian dream of ridding the world of nuclear weapons, keeping a small arsenal on hand as a deterrent is far more likely to preserve the peace than abandoning them completely. The fundamental problem is that nuclear weapons are not the source of international tensions but an expression of them.

Jacob Heilbrunn is a senior editor at The National Interest.

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Os interessados em ler largos extratos do livro para conhecer as teses do autor, podem percorrer estas páginas no Google Books, que aliás segue o sistema da Amazon: dá para ler, mas não para copiar.

Excerpt by Google Books

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Transcrevo abaixo um comentário recebido e minha resposta a ele: 
Julian Farret disse...
A questão nuclear é um tema em voga. E não poderia ser diferente. Há algumas semanas, Roger Noriega denunciou o apoio de Hugo Chavez a o programa nuclear iraniano. Aparentemente, através de um acordo de "troca de tecnologia", a Venezuela forneceria urânio ao Irã, ao arrepio das Resoluções da ONU que tentam impedir que o país se arme. Apesar de neste caso tratarmos de governantes que, claramente, compõem sistemas autoritários de governo (e isso bastaria para que alguém repudiasse meus questionamentos), não posso deixar de me ansiar com um fator. Um aspecto, acredito, paradoxal ao paradigma da não-proliferação. Me refiro à utopia do absoluto desarmamento nuclear, tema do livro deste post. Posso estar equivocado, e sobre isso gostaria muito de ouvir o que pensa o estimado blogueiro, mas me parece que o armamento nuclear, quando em mãos de Estados de Direito, democráticos são excelentes "instrumentos da paz". Parecem garantir uma espécie de "isonomia" entre os Estados. Em sentido oposto, a insegurança surge, creio, ao passo que "esse" ou "aquele" país é detentor de uma arma tão poderosa. Isso faz surgir, sem dúvida alguma, uma hegemonia militar que em nada contribui para a segurança internacional. Não faço votos de proliferação das bombas atômicas, mas compreendo os governos que investem forças nesse sentido. Aproveito a oportunidade para registrar minha profunda admiração pelo autor do blog. Não é de hoje que o acompanho, apesar de não ser 'follower' nem ter antes me manifestado. Sucesso! Um forte abraço. Julian.
Resposta de Paulo Roberto de  Almeida:

Julian,
Discordo ligeiramente de sua analise. A questão da arma nuclear não tem tanto a ver com a natureza do regime -- democrático ou ditatorial -- e sim com sua capacitação tecnológica e industrial. Democracia e ditaduras, totalitarismos, enfim, qualquer tipo de regime, desde que dotado de capacitação adequada, pode chegar à manufatura de artefatos nucleares. A sequência é exatamente esta: EUA, URSS, UK, França, RP China, Israel, India, Africa do Sul (que depois voltou atrás), Paquistão e Coréia do Norte.
Podem fazer um artefato nuclear em menos de um ano, se assim o desejarem: Alemanha, Canadá, Japão, Suécia, Espanha, Itália, Ucrânia, Suíça e vários outros.
Demorariam um pouco mais mas poderiam também fazê-lo: Irã, Coréia do Sul, Africa do Sul, Indonésia, México, Argentina, e vários outros.
A natureza do regime não tem nada a ver com a capacidade nuclear.
Não diria que os artefatos nucleares são instrumentos de paz, e sim que são elementos estratégicos suficientemente desestabilizadores, e tremendamente destruidores, para atuar como fatores de dissuasão estratégica e obstáculos de ordem prática a uma guerra global, ou seja, entre potências detentoras desse tipo de armamento. Nesse sentido, ele garantiu, não a paz, mas a "não-guerra", que continuou a existir por outros meios: proxy wars, guerra fria, espionagem, desestabilização, guerras regionais com sistemas de alianças, e todos os tipos de golpes baixos, alguns ainda em curso e se reforçando.
Tampouco é uma isonomia completa, pois há outras maneiras de se projetar poder, mas de certa forma equaliza as chances de destruição mútua (caso ambos tenham meios de delivery, pois não adianta ter a ogiva ou a bomba, sem meios de entregá-la no lugar "certo").
Claro, quando a bomba é detida por líderes perfeitamente malucos, como alguns que existem por aí, a insegurança aumenta, pois outros vão procurar se armar nuclearmente também.
Governos que investem nesse sentido, estão simplesmente cometendo um crime contra seus povos, e jogando dinheiro no lixo.
Mas, não tenho espaço aqui para desenvolver todas as ideias.
Paulo R. Almeida 

Pausa para... a piada da campanha eleitoral

Serra e Dilma respondem: “Por que a galinha atravessou a rua?”

Dilma Rousseff: 
“No que se refere ao fato de a galinha ter cruzado a rua, eu considero que este é mais um ganho do governo do presidente Lula. Eu considero que foi apenas depois que o presidente Lula me pediu para coordenar o PAC das Ruas é que as galinhas no que se refere ao cruzamento das ruas tiveram a oportunidade de poder cruzar as ruas, coisa que, aliás, só as galinhas com maior poder aquisitivo podiam no governo FHC, no qual o meu adversário foi ministro do Planejamento e da Saúde”.

José Serra:
“Olha, este é mais um trolóló da campanha petista. Veja bem, as galinhas cruzam as ruas no Brasil, há anos. Eu mesmo coordenei a emenda na Constituição que permite o direito de ir e vir das galinhas. Eles ficam falando que foram eles que inventaram esse cruzamento de ruas, mas já no governo Montoro, quando eu era secretário do Planejamento, as galinhas cruzaram as ruas com maior segurança. Eu, por exemplo, criei o programa Galinha Paulistana, que permitiu que milhares de galinhas pudessem cruzar as ruas e, agora no meu governo, vou criar o “Galinha Brasileira”, em que toda galinha terá direito de cruzar as ruas quantas vezes quiser “.

Fonte: Sensacionalista, um jornal isento de verdade

Pre-sal: a mistificacao reiterada - Miriam Leitao

Míriam Leitão 

O Globo, 29.10.2010
 
O Brasil descobriu petróleo no pré-sal nos anos 50 e já o explora há décadas. O que houve agora foi a descoberta de grandes reservas, mas nem todo produto é de boa qualidade. A produção iniciada em Tupi é mínima perto do total extraído no Brasil. Principalmente é falsa a ideia de que o pré-sal é a solução mágica que garante o futuro. O governo faz confusão proposital quando o assunto é petróleo.
A excessiva politização do tema está criando mitos e passando para o país a ideia de que agora ganhamos na loteria, um bilhete premiado, que vai produzir dinheiro abundante que resolverá todos os nossos problemas. Isso reforça a tendência a acreditar na quimera, no “deitado em berço esplêndido”, que tem feito o país perder chances e assumir riscos indevidos.
A primeira descoberta de petróleo no pré-sal do Brasil foi em 1957 no campo de Tabuleiro dos Martins, em Maceió. A segunda foi em Carmópolis, em 1963. Ainda hoje se produz petróleo nos dois campos: no segundo, 30 mil barris por dia. O campo de Badejo, na Bacia de Campos, também fica na camada do pré-sal. Ele foi descoberto em 1975. Os dados contrariam o marketing do “nunca antes” e que esse petróleo é o “passaporte para o futuro”, como tem dito a candidata Dilma Rousseff.
Há produção de petróleo em campos de pré-sal no mundo inteiro. No Golfo do México, no Oriente Médio, no oeste da África, no mar do Norte. Um dos mais famosos é o de Groningen, na Holanda, descoberto pela Shell em 1959. Ainda hoje se tira petróleo de lá.
— O pré-sal invenção brasileira é uma distorção de marketing inventado pelos políticos do governo com apoio dos ideólogos da Petrobras e da ANP — explica o ex-diretor da Petrobras, Wagner Freire.
O Brasil produz hoje dois milhões de barris de petróleo por dia. Na melhor estimativa, a produção do pré-sal chegará a esse volume daqui a cinco anos. A exploração definitiva do campo de Tupi, que começou ontem, mas que na verdade ainda se encontra na fase de testes, foi de 14 mil barris, cerca de 0,7% da produção atual. A projeção é que em 2012 produza 100 mil.
— Na rodada zero de licitações, em 1998, a ANP permitiu que a Petrobras escolhesse todos os campos que gostaria de explorar. Ela não quis as áreas do pré-sal. Na época, o barril do petróleo custava em torno de US$ 15. Por esse preço, a exploração era inviável pelos custos e dificuldades. Hoje, o petróleo está cotado a US$ 80. É por isso que a produção começou a valer a pena — lembra o consultor Adriano Pires.
O campo de Tupi foi licitado para a Petrobras e outras empresas privadas no ano 2000, como resultado da segunda rodada da ANP. Em 2007, foi comprovado que havia petróleo e, diante dos indícios de grandes reservas 47, blocos do pré-sal foram retirados da competição.
Até agora ainda não se sabe quais são as reservas de Tupi. A Petrobras afirma que existem de 5 a 8 bilhões de barris. Mas a certificadora Gaffney, Cline & Associates, que foi contratada pela Agência Nacional do Petróleo (ANP) para analisar o campo, estimou um volume menor: de 2,6 bilhões de barris. Quem está certo? Ninguém sabe. É preciso fazer mais prospecção.
O relatório da Gaffney também diz que um dos campos de pré-sal, o de Júpiter, tem óleo pesado, ou seja, com menor qualidade, explica Wagner Freire. O gás possui 79% de CO2 e o petróleo é de 18° de API. O petróleo do tipo Brent e WTI, que são referência no mundo, possuem API acima de 30°. Quanto mais alta essa medida, mais leve é o petróleo, ou seja, dele se retira maior volume dos derivados mais valorizados. O petróleo que hoje se extrai no Brasil é de 20° a 22°. Tupi é um pouco melhor, 26°, mas ainda assim não chega ao nível do Brent e do WTI.
O fato de ter alto teor de CO2 no gás em Júpiter é um complicador. Se o CO2 for para a atmosfera, aumentará muito as emissões de gases de efeito estufa do Brasil.
Todo brasileiro admira a capacidade da Petrobras, provada ao longo de cinco décadas, de encontrar petróleo, desenvolver tecnologias e produzir em águas profundas. Mas a propaganda tem distorcido tudo, como se houvesse uma Petrobras velha e uma nova, do PT.
Não é verdade também que antes o petróleo brasileiro era carne de pescoço e agora acharam filé. Temos no Brasil óleos mais leves, ou seja filé mignon, em poços como os do Espírito Santo. O de Urucu na Bacia do Solimões é leve e sem enxofre, melhor que o Brent. E tem petróleo leve e pesado no pré-sal.
A Gaffney, que fez o estudo para a ANP, concluiu que todas as reservas do pré-sal juntas têm potencial de 15 a 20 bilhões de barris. Isso é uma boa notícia porque significa dobrar as reservas provadas do Brasil, que em 31 de dezembro de 2009 estavam em 15,2 bilhões. Poderíamos chegar a 35 bilhões e ganharíamos cerca de seis posições no ranking mundial de países com potencial para explorar petróleo, saltaríamos do 16º lugar para 10º, ao lado da Nigéria. Ainda assim, estaríamos longe de países como Arábia Saudita, com 314 bilhões de barris em reservas; Irã, com mais de 138 bilhões; Iraque, 115 bilhões; Kuwait, com 113 bilhões. Não seríamos também o primeiro da América do Sul porque a Venezuela tem mais de 99 bilhões de reservas comprovadas.
Há dificuldades técnicas nada desprezíveis para a produção desse petróleo em larga escala.
— Para se ter ideia, o campo de Roncador, que é no pós-sal, e foi descoberto em 1996, com três bilhões de barris de reservas, ainda não tem seu plano de desenvolvimento completo. E o desenvolvimento e a operação do pré-sal são mais complexos e mais caros — diz Freire.
Não existe um pote de ouro depois do arco-íris que vai resolver todos os nossos problemas. Ainda não inventaram um passaporte para o futuro que não seja trabalhar muito, poupar mais, investir sempre e, principalmente, educar a população.

Miriam Leitão