quinta-feira, 6 de julho de 2017

Venezuela: um Estado falido - Paulo Paranagua

Analyse 
Imposture populiste au Venezuela 


Paulo A. Paranagua10/05/2017
Service International 
Au Venezuela, les manifestations contre le régime se ­succèdent, malgré une répression brutale. Il y a une ­vingtaine d'années, un lieutenant-colonel parachutiste, Hugo Chavez, arrivait au pouvoir par les urnes, après avoir échoué à le faire par les armes. Il avait promis de combattre la corruption. Pendant sa longue présidence (1999-2013), le cours du pétrole est passé de 8 dollars le baril à 150 dollars. La manne pétrolière dont il a bénéficié a dépassé les 1 100 milliards de dollars. La moitié de cette somme ne figurait pas dans le budget de l'Etat, basé sur un cours du brut systématiquement sous-évalué, ni dans les comptes publics. C'est le hold-up du siècle.
Cette fortune a été versée à des cagnottes opaques, utilisées de manière discrétionnaire. Elle a alimenté le clientélisme chaviste et arrosé les soutiens du régime des deux ­côtés de l'Atlantique, qu'ils soient hommes politiques ou affairistes, journalistes ou universitaires. Les pétrodollars n'ont pas d'odeur. ­Légende noire ? En Argentine, une douanière zélée a découvert une valise provenant de ­Caracas avec 800 000 dollars, en pleine campagne pour la réélection de la présidente Cristina Kirchner. Et en Espagne, le fisc a coincé des dirigeants de Podemos (gauche radicale) qui avaient omis de déclarer des sommes ­reçues du Venezuela. Ces revenus pétroliers siphonnés ne sont pas inscrits dans les livres de comptabilité, contrairement aux pots-de-vin de l'entreprise brésilienne Odebrecht : une chance pour les propagandistes du ­chavisme invités au Cayena, luxueux hôtel de Caracas, aux frais de la princesse. Le ­Venezuela est un Etat corrompu et corrupteur.
Après quarante ans de démocratie civile, Hugo Chavez a remis en selle la tradition militariste du pays. Les militaires, qui n'ont ­jamais gagné une guerre, se posent en sauveurs de la patrie. Avec le chavisme, ils se sont enrichis, ils ont trempé dans les trafics d'armes, de drogues et de denrées alimentaires, alors que les Vénézuéliens subissent des ­pénuries. Ils ont leur propre entreprise pour l'exploitation pétrolière et minière. Le tiers des ministres, de nombreux gouverneurs et chefs d'entreprises publiques sont des gradés. Le ­Venezuela est un Etat militaire.
La nouvelle bourgeoisie « bolivarienne » a stimulé les appétits du crime organisé. Au lieu de le combattre, le populisme s'est appuyé sur la pègre, qui tient les prisons et contrôle des territoires. Les « collectifs » chavistes armés, chargés des basses oeuvres du régime, sont à la frontière de la politique et de la délinquance. L'explosion du nombre d'homicides - 21 752 en 2016, selon la procureure générale de la République, beaucoup plus selon des ONG - est le symptôme des déchirements du tissu social et d'une déliquescence des institutions. La plupart des juges sont soumis au pouvoir. Le président de la Cour suprême a un ­casier judiciaire, avec deux homicides. Le ­Venezuela est un Etat mafieux. Hugo Chavez a respecté les résultats électoraux tant qu'ils lui étaient favorables. Ce n'est plus le cas de son successeur, Nicolas Maduro. D'aucuns ont cru voir dans le bricolage institutionnel d'Hugo Chavez une forme de ­démocratie participative, capable de rééquilibrer la démocratie représentative. En fait, il a vidé de leur substance l'une et l'autre. Il n'était pas un bâtisseur, juste un démolisseur, qui faisait le vide autour de son leadership charismatique.
UN éTAT FAILLI
Sa Constitution stipule l'existence de cinq pouvoirs au lieu de trois : les autorités électorales sont censées être autonomes, tandis qu'un « pouvoir moral » regroupe le parquet, le médiateur et la Cour des comptes. Or la séparation des pouvoirs n'existe pas : l'exécutif commande au nom de la « révolution ­bolivarienne » et de « l'unité civico-militaire ». Le Venezuela n'est pas un Etat de droit, ni une République, mais un Etat failli.
Par ordre d'Hugo Chavez, l'ambassade vénézuélienne à Paris devait s'assurer que la vie du terroriste Carlos en prison soit la plus confortable possible. Cela va bien au-delà du devoir d'assistance consulaire. Ce mercenaire vénézuélien du terrorisme palestinien, trois fois condamné à la prison à perpétuité en France, est un héros national pour les chavistes. Base arrière de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie, plate-forme du trafic de stupéfiants vers l'Europe, le Venezuela est impliqué dans un trafic de passeports au Moyen-Orient. Caracas est complaisant, si ce n'est complice, avec « narcos » et terroristes.
Hugo Chavez prétendait aider les pauvres avec ses programmes sociaux. Le populisme, la gabegie et les malversations ont plongé dans la pauvreté les trois quarts des Vénézuéliens, privés d'aliments, de médicaments et désormais du droit de vote, puisque les élections sont renvoyées aux calendes grecques. Depuis début avril, on assiste à un printemps vénézuélien. Le régime réprime et ses « collectifs » tuent par balles les opposants ou les mécontents qui manifestent dans la rue.
Hugo Chavez et Nicolas Maduro ont cherché une légitimité révolutionnaire du côté de Cuba. Fidel Castro a joué son rôle de mentor en échange de pétrole à prix d'ami et de devises pour ses services de santé. Ainsi, même le castrisme crépusculaire s'est fait rétribuer son soutien. Le « socialisme du XXIe siècle » de Chavez s'est donc construit sur les vestiges mal digérés du stalinisme du XXe siècle et une régression nostalgique vers le nationalisme du XIXe. Le chavisme a ruiné le Venezuela en moitié moins de temps que Castro l'a fait à Cuba, alors que l'économie cubaine avait pour seul carburant le sucre. Le populisme est l'imposture idéologique du XXIe siècle.

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