Sionisme. Utopie et tragédie
Revue L’Histoire, Mai 2024
Le raid terroriste du 7 octobre 2023, en déclenchant la guerre entre Gaza et un désastre humanitaire, a réinscrit à l’agenda la question du sionisme au prix de contresens historiques multiples.
Le projet d’un État Juif en Palestine n’allait pas de soi : l’idée émerge dans les années 1880, en Europe, au sein de cercles laïques, face à la montée de l’antisémitisme et de la vague de pogroms dans l’empire tsariste.
En 1897 à Bâle, l’Altneuland d’Herzl n’est encore qu’une utopie. A sa mort, en 1904, moins de 50 000 Juifs ont fait le voyage. Et beaucoup – socialistes du Bund ou élites intégrées y sont hostiles.
Le XXe siècle donne une réalité au projet d’Eretz Israël. Les pionniers juifs, soutenus par les Britanniques achètent des terres, forment des communautés agricoles, au détriment des Arabes. Rien n’est joué pourtant lors de la Grande Révolte (1936-1939) entre Juifs et Palestiniens.
Au projet sioniste, la Shoah donne une base morale – mais c’est l’ONU qui, par le partage de novembre 1947, lui donne une base légale L’État, naît en mai 1948 dans la violence. Depuis 75 ans, la guerre n’a pas vraiment cessé. La colonisation, depuis 1967 et la montée du messianisme religieux, ont émoussé la base morale du sionisme. Reste la base légale d’un État, qui, depuis 1948, a le droit imprescriptible d’être traité comme les autres.
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