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segunda-feira, 27 de julho de 2020

A ditadura do PCC se instala em Hong Kong - Florence De Changy (Le Monde)

A Hongkong, un milliardaire tient tête à Pékin

Semblant visé par la nouvelle loi sécuritaire, le magnat de la presse d’opposition Jimmy Lai refuse de se taire

Florence De Changy

Le Monde, Mardi 28 juillet 2020
Si les autorités chinoises tiennent une liste bien à jour des personnalités les plus pénibles et les plus tenaces de la rébellion hongkongaise, le milliardaire militant Jimmy Lai y figure assurément en bonne place. Et ce, de longue date.
Depuis le début des années 1990, par le biais de son groupe de presse populaire, d’inspiration tabloïde, Next Media, devenu Next Digital en 2019, et de son titre-phare, l’Apple Daily, lancé en 1995, Jimmy Lai n’a eu de cesse de s’en prendre au Parti communiste chinois (PCC), exposant ses abus, ses injustices, son cynisme et ses complots… Le Global Times, le journal de propagande de Pékin, lui renvoie abondamment les politesses, le qualifiant de « traître sécessionniste »« à la solde de la CIA », l’accusant de « financer les émeutes » et d’« utiliser la jeunesse de Hongkong comme chair à canon ».
L’homme d’affaires de 71 ans, qui nous reçoit chez lui au petit matin d’un jour de semaine, est actuellement en liberté sous caution. Le juge lui a refusé à deux reprises le droit de quitter Hongkong pour des voyages d’affaires et des visites de famille. Le 19 août, il devra répondre de deux chefs d’accusation, « intimidation » et « participation à un rassemblement illégal ». Mais, c’est surtout la nouvelle loi sur la sécurité nationale, promulguée à Hongkong le 30 juin, qui semble le viser directement. Pourtant, malgré la menace qui pèse sur lui et ses proches, il persiste et signe.
« Cette loi sonne le glas pour Hongkong. Elle s’attaque en même temps à l’Etat de droit qui prévalait à Hongkong et à nos libertés. C’est pire que ce que les plus pessimistes avaient imaginé », affirme-t-il en guise d’entrée en matière, entre deux verres d’un jus vert persil fait maison, son régime des lendemains de dîner en ville. Le petit déjeuner est servi sur une nappe blanche, dans le grand jardin d’hiver attenant au salon où règne un chaleureux désordre.

« Pékin ne plaisante plus »

Cet homme aujourd’hui richissime et influent est arrivé jeune enfant sans-le-sou du sud de la Chine au milieu des années 1950. Il n’est pas du genre à échanger des banalités. Pendant dix ans, jusqu’en 2019, il n’a quasiment pas donné d’interviews. Mais voilà un an qu’il est passé à l’offensive. On dirait presque un baroud d’honneur. Car l’heure est grave. « Cette fois, Pékin ne plaisante plus », dit-il. En juillet 2019, il est allé personnellement à Washington demander l’appui des Etats-Unis au secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, ainsi qu’au vice-président, Mike Pence, un acte qui pourrait relever de la « collusion avec un pouvoir étranger » sous la nouvelle loi, qui n’est toutefois pas rétroactive.
Il admet avoir espéré, il y a une dizaine années, qu’avec l’embourgeoisement de la classe moyenne en Chine, les citoyens du continent réclameraient plus de libertés civiles, « mais cela n’a pas eu lieu ». Au contraire, la montée en puissance de la Chine l’a dotée d’une nouvelle assurance pour imposer sa façon de faire, tant au reste du monde qu’à sa propre population. « Jamais un dictateur n’a eu les moyens de contrôler sa population comme Xi Jinping. Ils savent tout : où vous allez, ce que vous achetez, les gens auxquels vous parlez, en vrai, par téléphone ou en ligne… », affirme M. Lai, ahuri de l’arsenal technologique de surveillance déployé aujourd’hui en Chine. « Et si vous faites quelque chose qui leur déplaît, vous ne pouvez même plus vous acheter un billet de train ! », s’emporte-t-il soudain.
Il se demande comment les Hongkongais, pour qui les libertés individuelles et les valeurs occidentales sont une seconde nature, vont peu à peu s’adapter au changement de contexte créé par la nouvelle loi. Il a déjà remarqué un changement d’attitude chez certains, une plus grande prudence dans leur façon de parler. « Certains ont l’air de penser qu’un ami pourrait les dénoncer, qui sait ? »
D’après lui, arrêter les transferts de technologie vers la Chine, notamment dans les secteurs de la communication et de la surveillance, serait le moyen le plus efficace de faire pression sur Pékin et de ralentir l’ascension chinoise. Car si la Chine estime avoir réussi son coup de force à Hongkong, elle l’a tout de même payé en se mettant à dos une bonne partie du reste du monde. « Beaucoup de pays faisaient semblant de ne pas savoir car ils voulaient continuer à faire des affaires avec la Chine. Maintenant vous ne pouvez plus prétendre que vous ne savez pas », juge-t-il. Alors que se pose à présent la question de la survie du centre financier de Hongkong, quatrième place internationale, Jimmy Lai pense que, quand bien même Pékin n’avait pas comme intention initiale de détruire la place financière, la nouvelle loi va se charger de le faire, avec ou contre son gré. 
« En privant Hongkong de son Etat de droit, vous lui enlevez le climat de confiance indispensable à une grande place financière. » Il sait que l’argent chinois va continuer d’affluer, ce qui en volume compensera largement la perte des investissements américains. Mais la confiance ne sera plus là.
Il plaint les fonctionnaires qui vont devoir faire allégeance au gouvernement et à la Basic Law, la mini-Constitution de Hongkong, désormais placés sous l’autorité de la nouvelle loi sécuritaire. « Dans ces conditions, soit vous faites ce que l’on vous dit, soit vous perdez votre emploi. » Et tôt ou tard, il est persuadé que le même régime d’allégeance forcée va s’appliquer à tout le monde.

Prêt à assumer son destin

Donc, tant que le calcul reste gagnant pour les entreprises, les banques et même les tycoons, ces milliardaires à la tête des quelques familles patriciennes qui contrôlent toute l’économie de Hongkong, ils resteront. C’est l’homme d’affaires qui parle. Il n’empêche, dans son entourage, tout le monde sans exception se prépare, au cas où il faille vraiment partir. « Ils se disent, commençons à emballer. Liquidons nos biens pour sortir plus facilement le jour venu… »
Dans son groupe de presse, plusieurs journalistes ont déjà renoncé : il y a eu des démissions et des demandes d’affectation dans les services non politiques. Ceux qui ont un second passeport vont tenter leur chance en Australie ou au Royaume-Uni. Au sein de la rédaction de Apple Daily, porte-voix du camp prodémocratie, les journalistes sont persuadés que la nouvelle police politique guette avidement le premier faux-pas de l’un d’eux pour y faire une descente, et tôt ou tard forcer la fermeture du titre. Quant au mouvement démocratique, « tout le monde a eu très peur, certains ont fui et ceux qui restent ne sont pas forcément prêts à passer leurs meilleures années en prison. Personne ne peut exiger de quiconque de devenir martyr. »
A cet égard, Jimmy Lai estime que Pékin a déjà gagné : « Ils n’ont pas besoin d’aller plus loin pour le moment. Ils ont eu leur effet d’intimidation. Ensuite, ils vont sélectionner calmement un par un ceux qu’ils veulent éliminer. »Quant à lui, il n’envisage pas une minute de fuir. « Je les ennuie depuis trente ans, je ne vais pas leur faire le cadeau d’abandonner maintenant. Je me ferais honte à moi-même, au journal et au camp prodémocratie. Au pire, Teresa [sa femme] et les enfants partiront. Je resterai seul », déclare-t-il.
Cela fait déjà longtemps que l’on cherche à le faire taire. Pendant le « mouvement des parapluies », en 2014, quand, soixante-dix-neuf jours durant, les manifestants prodémocratie bloquèrent le quartier administratif de Hongkong, Jimmy Lai avait été aspergé d’un seau de viscères animales. Hormis le désagrément passager, cela ne l’avait nullement atteint.
Sa résidence a été la cible de plusieurs attaques. Ces derniers temps, il est régulièrement suivi. Ses gardes se sont habitués à la présence de voitures suspectes garées devant chez lui. « On m’a fait passer des messages explicites : Tu vas finir tes jours dans une cellule en Chine, tu vas être abattu… Si je réfléchissais à cela, je ne pourrais plus dormir, ni travailler. Je n’y pense pas, c’est tout », confie-t-il. Il semble prêt à assumer son propre destin, déjà exceptionnel, quel qu’il soit, et jusqu’au bout.
Avant de commencer l’entretien, Jimmy Lai avait allumé un cône d’encens devant un ensemble éclectique de sculptures saintes et d’icônes. Comme la plupart des aînés du combat démocratique à Hongkong, notamment l’avocat et fondateur du Parti démocratique Martin Lee, et l’ancienne première secrétaire du gouvernement, Anson Chan, Jimmy Lai est catholique. Lui a été baptisé adulte, à la  cathédrale de Hongkong, le 7 juillet 1997, soit sept jours après la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, par un autre membre éminent de la lutte pour la démocratie, l’infatigable cardinal Zen, 88 ans, alors évêque.
Tout cela crée des liens. « Nous, nous sommes à la fin de notre vie. C’est plus facile que pour les jeunes. Mais tous, on tient bon parce que l’on sait qu’on est du bon côté de l’histoire. Même si l’on perd aujourd’hui, ceux qui reprendront le flambeau gagneront. C’est notre espoir. »