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sexta-feira, 28 de dezembro de 2012

Pierre Salama: as formigas asiaticas e a grande cigarralatino-americana ( o Brasil, claro...)

Le Brésil face aux autres économies émergentes d’Amérique latine et d’Asie
Paulo Paranagua
Le Monde, 20 Decembre 2012

Un émergent à la mode, le Brésil, peut en cacher d’autres, comme le Mexique, la Colombie, le Chili ou encore l’Argentine. L’ouvrage de Pierre Salama sur Les économies émergentes latino-américaines : entre cigales et fourmis (qui vient de paraître aux éditions Armand Colin) replace dans son contexte l’engouement suscité actuellement par les Brésiliens.

Salama privilégie le comparatisme et la mise en perspective, l’histoire économique au long cours.

Il ne se limite pas à comparer les performances des principales économies d’Amérique latine, il les confronte aux dragons et tigres asiatiques et à l’émergence de la Chine comme une nouvelle puissance, qui bouscule le vieux schéma sur le centre et la périphérie.

En même temps, il ne perd jamais de vue ses lecteurs français, soucieux d’une Europe en crise qui risque d’imiter des expériences latino-américaines révolues depuis deux décennies.

La comparaison entre l’Amérique latine et l’Asie tempère sérieusement l’optimisme des analystes incapables de prendre en compte les ombres et lumières du tableau. La croissance latino-américaine, notamment la brésilienne, reste très modeste par rapport à celles de la Chine et de l’Inde. Il ne faut pas prendre l’acronyme des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) pour argent comptant.

Le poids du Brésil dans l’économie mondiale peine à dépasser les 1 %, tandis que la Chine est parvenue à atteindre les 10 %. La compétitivité de l’industrie brésilienne se dégrade, alors que celle de l’industrie chinoise s’améliore. Si les Chinois concurrencent désormais les Américains aux yeux des Latino-Américains, l’inverse n’est pas vrai : l’Amérique latine reste marginale pour Pékin.

Pédagogue, l’auteur discute aussi les théories économiques sur le développement et passe au crible les concepts, les indicateurs, les expressions utilisées couramment par les organisations multilatérales, les organisations non gouvernementales et les Etats. Derrière la critique des mots, il y a des nuances et la recherche de précision, de clarté.

L’engagement latino-américaniste de Pierre Salama n’est plus à démontrer. L’intérêt de son nouveau livre est de concilier le didactisme et la lucidité. Le Brésil et d’autres économies d’Amérique latine résistent plus ou moins bien à la crise internationale, mais elles n’ont pas pour autant surmonté leurs faiblesses. Ainsi, la moindre vulnérabilité, selon les critères traditionnels, a été remplacée par d’autres risques de contagion dus à la globalisation financière ou la dépendance à l’égard des cours des matières premières.

La reprimarisation de l’économie et la désindustrialisation relative précoce ne sont pas une fatalité. La mondialisation, l’ouverture économique peuvent être maîtrisés si l’Etat, déjà très présent par des dépenses publiques (et sociales) en hausse, se dote d’une politique spécifique. Des mesures protectionnistes passagères peuvent diminuer la désindustrialisation, mais le nationalisme qui freine l’intégration régionale n’est pas une solution à moyen ou long terme.

Salama décortique aussi les programmes sociaux et évalue leur contribution à la notable réduction de la pauvreté enregistrée dans la région. Il met en lumière l’importance de la croissance, de la création d’emplois et de la hausse des salaires dans l’amélioration du sort des Latino-Américains au bas de l’échelle. Il pointe du doigt la fiscalité régressive, qui n’aide pas à combler le fossé des inégalités.

Le social étant l’autre face de l’économie, l’auteur aborde un défi autrement plus complexe à comprendre et à relever que la dette des Etats : la montée des violences, avec l’explosion du nombre d’homicides à des niveaux insupportables en Amérique centrale, au Mexique, au Brésil, au Venezuela, alors qu’ils sont en baisse en Colombie, malgré l’absence de règlement du conflit armé interne. Salama avance prudemment sur ce terrain, conscient que les explications socio-économiques restent insuffisantes, mais qu’il n’est plus possible d’éluder l’insécurité dans une évaluation des chances de l’Amérique latine à s’imposer comme un partenaire dans le nouvel ordre économique international.

Pierre Salama, Les économies émergentes latino-américaines : entre cigales et fourmis, Armand Collin, collection U, 2012, 230 pages.

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