Jurong, la ville chinoise dans laquelle « personne n’habite »
Assis autour de petites tables rondes, les agents immobiliers d’Evergrande passent le temps : certains discutent, cigarette aux lèvres, quand d’autres sont penchés sur leurs smartphones. Derrière sa façade de fausses maisons à colombages, style conte de fées, la grande salle d’exposition du promoteur immobilier le plus endetté du monde compte bien quelques clients, mais ils sont venus régler des problèmes administratifs.
Hu Cui, la trentaine, tailleur bleu, tend une série de contrats à une femme un peu plus âgée à lunettes rondes. La cliente, venue signer, fait grise mine : il y a un an, elle a payé la totalité de son appartement un peu plus de 9 000 yuans (environ 1 212 euros) du mètre carré. Maintenant, Evergrande brade certains appartements du même complexe à 6 000 yuans le mètre carré… « Mais, même à ce prix-là, personne n’en veut », précise l’agent immobilier. L’appartement de cette cliente devait être livré en mai. Mais les ouvriers ont déserté les dizaines d’immeubles en construction qui jouxtent un gigantesque projet de parc d’attractions, à Jurong, une petite ville à l’est de Nankin, dans le Jiangsu.
Etranglé par une dette équivalant à 260 milliards d’euros, le promoteur Evergrande est aux abois depuis deux mois. Vendredi 22 octobre, le groupe a évité de peu le défaut de paiement formel en payant in extremis 83,5 millions de dollars (environ 71,2 millions d’euros) à des investisseurs étrangers, après avoir manqué une échéance un mois plus tôt.
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