Um artigo importante do correspondente do
Le Monde na Alemanha, que toca na questão mais relevante para o desenvolvimento dos povos e a prosperidade das sociedades: ganhos de produtividade.
Socialistas em geral se interessam pelo nível dos salários, pela distribuição dos ganhos e pela repartição das riquezas, de forma geral, esquecendo-se que tudo isso precisa ser ganho, produzido, criado em primeiro lugar.
Os alemães, que tinham o maior custo salarial unitário da Europa, com benefícios sociais extensíssimos -- colônia de férias com muitas amenidades para todos os trabalhadores e, curiosamente, eram os que menos trabalhavam na Europa, com dezenas de feriados -- aprenderam uma lição, com a unificação e com as diversas crises que eles viveram depois dela: não dá para viver distribuindo sem produzir.
Voltaram aos velhos hábitos de trabalho duro e de ganhos de produtividade.
Os franceses, e os brasileiros, deveriam aprender com isso.
Paulo Roberto de Almeida
Compétitivité allemande, la myopie française
Frédéric Lemaître
Le Monde, 12.02.11
Le contraste est saisissant. Fin 2008, Nicolas Sarkozy ne pouvait cacher sa satisfaction : "La France agit, l'Allemagne réfléchit", ironisait-il, opposant la rapidité de la réaction française à la prudence allemande face à la crise financière. Février 2011 : Nicolas Sarkozy et Angela Merkel présentent le "pacte de compétitivité" que, selon eux, l'Europe devrait adopter, mais nul ne s'y trompe : si l'idée initiale est effectivement française, le contenu dudit pacte est allemand.
Dans le fameux couple, l'Allemagne a pris le leadership. Il est vrai qu'en matière de compétitivité, les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2010, la France affiche son huitième déficit commercial d'affilée : 51,4 milliards d'euros, alors que l'Allemagne présente un excédent de 154,3 milliards, le dix-septième d'affilée.
Pour expliquer cette divergence, gauche et droite avancent la même explication : le coût du travail, qui serait désormais moins élevé de l'autre côté du Rhin. L'institut COE-Rexecode a remis, fin janvier, à Eric Besson, ministre de l'industrie, un énième rapport sur l'écart de compétitivité entre les deux pays. On y lit qu'"il ne fait aucun doute que le coût de l'heure de travail a augmenté plus rapidement en France qu'en Allemagne depuis dix ans, et qu'il s'établit, aujourd'hui, au moins au niveau du coût allemand et plus probablement au-dessus. En outre, les coûts salariaux unitaires (...) qui tiennent compte de l'évolution relative de la productivité, ont progressé d'un peu moins de 3 %, entre début 2000 et fin 2007 en France, alors qu'ils reculaient de 11 % en Allemagne. L'écart qui s'est creusé est ainsi de 14 % et suffit à expliquer très largement la divergence de compétitivité."
En réponse, la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste, expliquait, le 7 février, qu'"on commente le dynamisme économique de l'Allemagne : c'est pourtant son atonie qui est frappante. L'explication est simple : le boom des exportations n'a pas relancé la croissance, car il a été gagé sur la contraction de la demande interne. La logique politique implicite est insoutenable : appauvrir les salariés allemands pour qu'ils soient compétitifs sur le marché mondial. Cet appauvrissement est réel : le revenu par habitant allemand était supérieur de 15 % à la France en 2000 ; il est aujourd'hui inférieur de 10 %."
Que l'Allemagne, après une décennie passée à gérer les conséquences de sa réunification, fasse tout, depuis dix ans, pour redevenir compétitive, en ayant notamment recours à une réelle modération salariale, est évident. Les lois Hartz, adoptées par le gouvernement SPD-Verts au début des années 2000, ont visé à remettre les chômeurs au travail et à accroître la flexibilité. Les demandeurs d'emploi doivent prendre le poste qu'on leur propose, même s'il ne correspond pas à leur qualification et n'est qu'à temps partiel.
Sur une population active de 60 millions de personnes, on compte 5 millions de salariés à temps partiel, plus 5 millions de personnes disposant d'un "mini-job" (400 euros pour vingt heures par semaine) et près de 1 million d'intérimaires. Or ces derniers gagnent environ deux fois moins que les salariés qu'ils sont supposés remplacer. Un intérimaire sur huit a d'ailleurs droit aux prestations sociales réservées aux personnes pauvres. Résultat : 15,5 % des Allemands vivaient en 2008 (derniers chiffres connus) sous le seuil de pauvreté, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne européenne, mais en nette augmentation par rapport aux années précédentes.
Cela ne signifie pas que le pays s'appauvrit mais que les inégalités augmentent. Car, globalement, le pays va bien. L'hebdomadaire The Economist (du 5 février) parle même de "miracle allemand". Si l'on prend l'évolution du produit national brut (PNB) par habitant, note le journal, l'Allemagne est le pays du G7 où la croissance a été la plus forte ces dix dernières années : + 0,9 % par an en moyenne, davantage qu'aux Etats-Unis (+ 0,7 %) et en France (+ 0,6 %). Les chiffres du Fonds monétaire international (FMI) ne corroborent pas l'analyse de Terra Nova. En 2000, le PIB par habitant était un peu plus élevé en Allemagne qu'en France (25 130 euros contre 24 430 euros) et cet écart a tendance à croître. En 2010, le PIB par habitant était de 27 470 euros en Allemagne, contre 25 792 euros en France.
Il y a peu de chances que l'écart se réduise en 2011 : le moral des chefs d'entreprise allemands n'a jamais été aussi haut, et les instituts de prévision misent sur une croissance comprise entre 2,5 % et 3 % cette année - plus qu'en France. Les salariés devraient en profiter. Pour la première fois depuis 1994, le pouvoir d'achat réel a augmenté de 1,1 % en 2010, selon l'institut WSI, proche des syndicats. Pour 2011, les négociations salariales avancent rapidement. Volkswagen a conclu, le 8 février, avec le syndicat IG Metall, un accord prévoyant une hausse de 3,2 % des salaires, en 2011, plus une prime comprise entre 500 et 890 euros.
Pour remercier les salariés qui ont accepté, en 2009, de passer à temps partiel pendant la crise, plusieurs entreprises, comme Siemens ou Bosch, ont avancé de plusieurs mois les augmentations de 2011. Daimler va distribuer 125 millions d'euros de primes à ses salariés dans le monde, soit près de 1 000 euros par personne.
Croire que c'est surtout grâce à la modération salariale que l'Allemagne est plus compétitive que la France sur les marchés mondiaux relève, au mieux, de la myopie. Un technicien travaillant dans l'automobile n'a rien à envier à son collègue français. En revanche, les caissières des supermarchés sont encore plus exploitées en Allemagne, et les emplois de services à la personne y sont payés une misère.
Une anecdote résume la différence entre les deux pays. Commentant le déficit du commerce extérieur français, le secrétaire d'Etat Pierre Lellouche a indiqué qu'"il reflète essentiellement l'évolution de la facture énergétique". Nous voilà rassurés. En revanche, Mme Merkel a jeté un froid en indiquant que le monde n'attendait pas l'Allemagne pour innover, et qu'il ne saurait être question de se reposer sur ses lauriers.
Article paru dans l'édition du 13.02.11