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quarta-feira, 15 de janeiro de 2014

Le Bresil dans l'Economie Mondiale - interview a Radio France Culture - PRAlmeida

Acabo de dar uma entrevista para a Radio France Culture, que vai ao ar na próxima segunda-feira, 20/01/2014, as 06h45 da manhã, em Paris, ou seja, 03h45 de Brasília, em plena madrugada, portanto.
Quando dispuser do link da emissão, comandada pelo jornalista e professor Thierry Garcin, vou informar aqui.
No momento, permito-me transcrever abaixo, mas em francês, pois foi feito diretamente nessa língua, o texto que havia preparado como apoio a minha intervenção. Não falei exatamente o que vai abaixo, nem tudo o que aí está, mas seguiu mais ou menos essa linha.
O jornalista também fez menção a um outro artigo meu que ainda vai ser publicado, este aqui:

« Géoéconomie du Brésil : un géant empêtré? », Géoéconomie 
(n. 68, Février 2014, p. 101-114; ISSN : 1284-9340).

Seguem as notas de referência para a entrevista radiofônica:

Le Brésil dans l’économie mondiale

Paulo Roberto de Almeida
Notes pour un interview à la radio France Culture, 15 Janvier 2014
Journaliste Thierry Garcin (Thierry.GARCIN@radiofrance.com)


1) Comment le Brésil a-t-il traversé la crise économique mondialisée, depuis 2008 environ ?

PRA : Le Brésil a précisément connu une situation confortable de 2004 jusqu’à 2009, non exactement en fonction des vertus supposées de ses politiques économiques – qui ont continué plus ou moins dans la ligne du gouvernement précédent, celui de Fernando Henrique Cardoso – mais grâce à la forte demande pour ses produits primaires de la part de la Chine, qui est devenue le principal partenaire commercial du Brésil en 2009, justement. À la veille de la crise, la plupart des commodities étaient à leur plus haut niveau, avec des prix à 600 dollars la tonne de soya, ou 180 dollars la tonne de minerai de fer, et aussi des records pour la plupart des autres produits primaires. En fait, le Brésil a surfé dans la demande chinoise, avec une moyenne de croissance de près de 4% par an. Mais, en 2009, le taux de croissance a plongé, moins de 1%, pour rebondir à un niveaux presque « chinois » en 2010, à plus de 7%, ce qui a permis à Lula, entre autres, d’élire sa candidate, Dilma Rousseff, au mois d’Octobre.
Depuis lors, hélas, l’économie semble avoir rentré dans une phase de croissance médiocre, avec moins de 2% par an. Cela est dû, en partie, à la modération des prix de ses produits primaires d’exportations, devenus à nouveau la principale source de devises dans le commerce extérieur, mais aussi au fait que le Brésil est devenu un pays trop cher – et pas seulement pour un problème du change – et a beaucoup perdu en compétitivité internationale. Le grand débat actuellement au Brésil, en fait depuis quelques années, touche au processus de désindustrialisation dont le Brésil serait affecté. La vérité est que le Brésil est devenu très peu compétitif sur la scène internationale entièrement en fonction de ses propres erreurs de politique économique, et pas comme résultat d’une crise internationale qui est déjà en processus de réabsorption.
Il y a, d’abord, une incroyable charge fiscale, typique de pays riche, de près de 38% du PIB, mais pour un revenu par tête cinq ou six fois moindre à celui des pays de l’OCDE. Il y a aussi, ensuite, une ambiance de négoce terriblement difficile pour les investisseurs et les hommes d’affaires, en fonction des instincts interventionnistes et dirigistes des leaders du Parti des Travailleurs. Mais il y a surtout le fait que l’État dépense toujours plus que la croissance du PIB et de l’inflation, et dépense mal, avec peu d’investissements productifs, presque tout en dépenses courantes, en spécial des salaires des fonctionnaires. Au lieu de procéder à des réformes, les gens au pouvoir ont ressort à des subsides sectoriels et à des mesures protectionnistes, qui ne font qu’aggraver la situation, car elles provoquent de l’inflation et encore moins de compétitivité externe pour l’industrie. Celle-ci reste ainsi confinée au Mercosur, qui n’est pas non plus à l’abri, soit de la compétition extérieure, surtout de la Chine, soit des réactions encore plus protectionnistes de l’Argentine, qui est le troisième partenaire individuel du Brésil, après les Etats-Unis. Avec ce pays, précisément, le Brésil a connu le pire déficit de son commerce extérieur dans l’année qui vient de s’écouler, avec un résultat négatif de plus de 16 milliards de dollars, en annulant tout son surplus avec la Chine et avec beaucoup d’autres pays.
La balance commerciale est, donc, presque en équilibre, et elle constitue le seul recours d’un pays qui a un déficit chronique, historique, dans la balance des services, ce qui donne un résultat négatif de plus de 88 milliards de dollars, ce qui est énorme, même si les réserves du Brésil soient énormes (mais elles sont presque toutes appliquées en Treasury-bonds, qui donnent un retour insignifiant). Les Brésiliens dépensent toujours plus à l’extérieur, surtout aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, car le Brésil est devenu, il faut le réaffirmer, trop cher. On est, donc, dans une situation difficile, avec une stabilisation dans la croissance très médiocre, et une inflation renaissante.

2) Quelles sont les principales forces et faiblesses du pays, pour affronter les défis économiques majeurs des prochaines années ?

PRA : Le Brésil à des énormes ressources naturelles, ce qui, couplé avec des innovations technologiques et des ressources de marketing, peut en faire un très gros exportateurs de produits alimentaires, pas seulement en gros, mais aussi élaborés. Je crois qu’il y a là, avec les possibilités de production d’énergie renouvelable – je pense à l’éthanol et au biodiesel – de très grandes possibilités de croissance, sur la base de ces avantages comparatifs et compétitifs. L’agrobusiness brésilien est un killer absolu dans les marchés mondiaux, seulement retenu par une infrastructure vraiment pitoyable, mais qu’il est possible d’améliorer dans les prochaines années, grâce à l’ouverture des concessions et à des investissements brésiliens et étrangers. Justement, jusqu’il y a très peu, les staliniens au Parti des Travailleurs étaient tout à fait contraires à des privatisations ou à des simples concessions ; ils ont rebroussé chemin, non pas par conviction, mais parce qu’il n’y avait pas d’autre solution, faute des ressources et de compétence au gouvernement de la nouvelle Nomenklatura. Il y a là, donc, des forces importantes, qui peuvent aider le Brésil dans un monde qui semble s’acheminer vers 9 milliards de personnes, ayant donc besoin de beaucoup plus d’aliments et de l’énergie. Il y au monde seulement deux grands pays qui peuvent augmenter considérablement l’offre alimentaire et de l’énergie, et ce sont les Etats-Unis et le Brésil, le premier du côté de la productivité et des technologies, le second par l’extension de ses terres arables encore disponibles, et aussi d’une productivité croissante, au moins dans le domaine agricole et minier.
Regardez que je ne mise pas sur les ressources en pétrole off-shore, car il y a parfois une malédiction du pétrole associée à une très grande abondance de ce produits, qui a le pouvoir d’attiser l’esprit rentier de beaucoup de politiciens, ce qui est déjà arrivé au Brésil ; mais, avec les nouvelles technologies en développement aux Etats-Unis, et les difficultés d’extraire l’huile qui est à plus de 7 mille mètres de profondeur, il ne faut pas être trop optimiste là dessus. Si le prix du baril tombe, par exemple, à mois de 80 dollars, on peut dire adieux au pétrole des couches plus profondes.
Du côté des faiblesses, bien, elles sont nombreuses, et commencent par le poids démesuré de l’État dans l’économie et dans la vie des entrepreneurs et des simples citoyens en général. Comme les Français, le Brésiliens aiment l’État, veulent plus d’État, rêvent de devenir des employés du secteur public – qui paye, en moyenne, six fois plus que le secteur privé, pour des fonctions équivalentes – et ne se rendent pas compte qu’on est en train de construire une sorte de fascisme corporatif qui va beaucoup peser dans les possibilités futures de développement au Brésil. En fait, l’État brésilien, qui dans le passé était le principal inducteur de la croissance, est devenu, avec sa charge fiscale monstrueuse et ses régulations byzantines, le principal obstacle au développement du pays. Prenez les rapports de compétitivité mondial, ou le Doing Business de la Banque Mondiale pour vous en convaincre : le Brésil est presque un enfer pour les entrepreneurs, et pas seulement pour les impôts.
Mais, le principal facteur, et là je dois être absolument pessimiste, se situe dans le domaine de l’éducation, où le Brésil occupe toujours les dernières places dans les examens de comparaison internationale menés par l’OCDE. L’enseignement public est vraiment défaillant dans les deux premiers niveaux, et il semble que même à l’université on arrive à avoir des analphabètes fonctionnels. Il n’y a pas moyen de corriger les niveaux très réduits de productivité du travail humain au Brésil si l’on n’améliore pas substantiellement la qualité de l’éducation en général, aussi bien publique que privée. Or, des résultats dans ces secteurs n’arrivent pas avant dix ou 15 années, et cela si on commence par corriger ce qui est erroné, ce qui est loin d’être encore le cas au Brésil. Le Parti des Travailleurs a des conceptions tout à fait équivoques dans ce secteur, y compris avec la tromperie des quotas sociaux et raciaux, qui sont en train de construire un nouvel Apartheid au Brésil.

3) Le Brésil peut-il devenir à moyen ou à long terme un pays émergé à part entière ?

PRA : Oui, certainement, comme beaucoup d’asiatiques l’ont fait déjà, ou comme le Chile semble en train de le faire. Cela dépend, bien sur, de beaucoup de réformes internes – surtout au niveau de l’éducation, de la législation du travail, de la diminution du poids de l’État dans l’économie et dans la vie des citoyens, dans la sécurité sociale, et aussi dans les politiques dites sociales – et d’une nouvelle mentalité du côté des leaders politiques. Il n’est pas possible, dans l’état actuel de la mondialisation, de vouloir maintenir son industrie isolée du monde, comme aux vieux temps du stalinisme industriel des militaires. Tout comme il n’est pas possible de devenir vraiment un pays émergé tant que la politique officielle maintient plus d’un quart de la population dans l’assistance publique : cela n’est pas soutenable à cause de son coût, qui n’est pas vraiment le problème majeur, avec autour de 1,5% du PIB alloué aux programmes de subsides à la consommation des plus pauvres.
Cela n’est pas acceptable au point de vue du marché du travail et, surtout, au niveau de la psychologie sociale : beaucoup de Brésiliens commencent à consolider une mentalité nationale qui les fait attendre de l’État n’importe lequel bénéfice social ou prestation de services : emploi, habitation, culture, santé, éducation, transport, tout ; les gens se sont habitués à espérer que l’État leur procure n’importe quoi dans la vie, y compris la capote et le Viagra. Cela n’est pas possible, et tant que cette mentalité perdure, aussi bien du côté des citoyens les plus pauvres que du côté des politiciens, le Brésil ne sera jamais un pays développé.
Le plus grave problème, j’insiste à nouveau, c’est l’éducation, mais aussi un État qui est devenu un prédateur de la richesse produite dans le secteur privé. Tant que l’ogre famélique ne sera pas contenu, il y a très peu de chance pour que le Brésil augmente son taux d’épargne et d’investissement, et pour que les gens soient libérés de ce fascisme corporatif qui est en train d’être construit dans l’inconscience générale. Rome n’a pas été vaincue par les Barbares : sa décadence avait commencé beaucoup de temps auparavant, et elle avait des causes profondément internes, des comportements abusifs de la classe dominante – comme au Brésil, d’ailleurs, et je n’exclue pas la nouvelle Nomenklatura du Parti des Travailleurs des profiteurs – et un sens perdu des vertus économiques faites de travail et de productivité, en faveur de la consommation et des subsides de l’État, comme au Brésil, d’ailleurs.
Espérons que le gens en prennent conscience, mais la responsabilité principale en incombe, en tout premier lieu, à la classe dirigeante. Or, au Brésil, elle s’est révélée, jusqu’ici tout à fait irresponsable. On a besoins des véritables hommes d’État.

Hartford, 11 Janvier 2014.


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