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sexta-feira, 9 de maio de 2014

Entrevista a Radio France Culture - Emissao "Les Enjeux Internationaux" - Paulo Roberto de Almeida

A convite do meu amigo jornalista e professor francês, Thierry Garcin, animador do programa "Les Enjeux Internationaux", que está comemorando 30 anos de emissões continuas, participei na manha de hoje, 9/05/2014, de uma emissão especial sobre os países emergentes.
A emissão ainda não foi ao ar, e quando for vou receber o link.
Mas, como sempre faço, tinha preparado algumas notas para guiar minha participação.
Acabei não usando, como também sempre acontece, porque as perguntas são um pouco diferentes daquilo que se estabelece como temática geral, mas o que vai escrito abaixo é o que penso sobre a questão.
Apenas em Francês...
Paulo Roberto de Almeida

Les Pays Emergents à Trente Ans de Grands Changements Mondiaux

Paulo Roberto de Almeida
Notes prises pour une émission commémorative
du trentième anniversaire de l’émission quotidienne
« Les Enjeux internationaux », radio France Culture
Journaliste et Professeur Thierry Garcin
Enregistrement : Vendredi, 9 Mai 2014, à 11hs, depuis Hartford, CT

            En 1984, on est en plein dans la crise de la dette latino-américaine, après que le Mexique ait fait default en septembre 1982, suivit tout de suite après par le Brésil ainsi que d’autres pays Latino-américains, beaucoup de pays Africains et quelques Asiatiques. La crise de plusieurs pays émergents a eu deux causes principales, l’une médiate, l’autre immédiate. La première a consisté dans les deux super-relèvements des prix du pétrole, en 1973 et en 1979, pour des raisons politiques chaque fois : la guerre du Youm-Kippur et la révolution iranienne, même si, pour le premier mouvement, la fin du régime de Bretton Woods, en 1971, et la dévaluation du dollar, ensuite, ne sont pas étrangers aux énormes transferts de revenu qui se sont enclenchés entre les pays exportateurs de pétrole, et le pays importateurs, dont le Brésil, qui dépendait à plus de 80% du pétrole du Moyen Orient.
            La seconde raison, immédiate, dérivée du relèvement des taux d’intérêt aux Etats-Unis, par Paul Volcker, le nouveau président de la Federal Reserve, à la fin de la présidence Jimmy Carter, terrassé aussi bien par l’inflation de plus de 10% (du jamais vu), que par l’échec de l’opération de sauvetage des diplomates américains, séquestrés dans leur Ambassade de Teheran par les gardes révolutionnaires et les étudiants de Khomeiny. L’envolée des taux d’intérêt a sonné le glas pour beaucoup de pays de l’Amérique Latine, même pour le Mexique, qui pourtant était un exportateur de pétrole. Le Brésil – en plein milieu de son « miracle économique » voulu par ses technocrates obéissant à la volonté du régime militaire, qui voulait faire le pays devenir une grande puissance, au lieu de faire un ajustement comme la plupart des autres importateurs – a vu sa dette extérieure tripler a partir de 1974, ce qui l’a conduit directement à la crise de 1982. En 1984, on était déjà au deuxième ou troisième accord avec un comité de banques créancières, avant de plonger dans plusieurs accords stand-by avec le FMI.
En 1984, on est aussi dans la pente ascensionnelle du Thatchérisme et de la Reaganomics, les programmes orthodoxes de politique économique menés en Grande-Bretagne par la première-ministre conservatrice Margareth Thatcher, et aux Etats-Unis par le président républicain Ronald Reagan, tous les deux responsables par le grand bouleversement qui interviendra dans les relations économiques internationales. C’est la fin du « nouvel ordre économique international », promu à l’ONU par des pays émergents leaders du Tiers Monde, dont l’Inde, le Brésil, l’Algérie, le Mexique, et beaucoup d’autres. C’est la fin d’une époque, et le début d’une autre, tout à fait différente, même si certaines constances continueront à se manifester.
Déjà, dix ans auparavant, avec la stagflation, on avait assisté à la fin des Trente Glorieuses, les trente années de croissance soutenue après la récupération de l’après-guerre : différemment de ce que prédisait Keynes, on avait du chômage, et de l’inflation ; sur le plan théorique, donc, c’est aussi la fin du keynesianisme, et le début de l’ascension des idées libérales, avec Hayek retiré de son oubli par Thatcher et par quelques conservateurs britanniques. Reagan, quant à lui, s’appuyait plutôt sur Milton Friedman, de l’école d’économie de Chicago : les monétaristes ont donné quelques leçons, via les Chicago boys, aux réformistes du Chili et du Mexique. Il n’empêche que Reagan n’a pas suivi Friedman dans ses conseils pratiques : avec le programme Guerre dans les Étoiles, il a mené un énorme effort de keynesianisme militaire à outrance, ce qui a aussi sonne le glas du pouvoir soviétique, déjà sclérosé sur le plan économique. 
Les pays émergents abandonnent, donc, leurs projets de développement national basé sur le soutien à l’industrie, la protection commerciale, les contrôles sur les capitaux et les investissements étrangers, pour commencer, eux aussi, une ouverture économique et des projets plus ou moins réussis de libéralisation commerciale. Ils n’ont pas tous réussi, comme l’ont fait les Asiatiques dynamiques, qui se sont liés étroitement aux principaux marchés occidentaux et japonais, et se sont ouverts à leurs investissements, surtout et principalement la Chine du dernier empereur, Deng Xiao-ping, qui a mené l’une des plus importantes révolutions économiques au XXème siècle, depuis la collectivisation bolchévique et maoïste de quelques décennies auparavant.
Quant à l’Amérique Latine, elle a sombré, dans la plupart des cas, dans le marasme économique, la décennie perdue, en fait deux décennies pour le Brésil, qui a vu pas moins de cinq changements de monnaie en sept ans, avec une inflation cumulée chiffrée par des nombres astronomiques. Mais, la crise a aussi précipité des changements de régime, avec le retour à la démocratie dans beaucoup de pays qui avaient connue la vague des régimes militaires de la Guerre Froide. Même si la stabilité a tardé a être confirmé, on a commencé avec des nouveaux expériences d’intégration, dont un projet de marché commun entre le Brésil et l’Argentine déjà en 1988, qui s’est transformé dans le Mercosur en 1991. Le Paraguay et l’Uruguay ont alors joint leurs deux grands voisins, avec l’espoir de répéter l’expérience européenne en moins de temps. Hélas, ils ne l’ont pas fait, mas tout de même la démocratie s’est raffermie dans la région, ce qui n’a pas empêché quelques dérapages dans certains pays.
Les vulnérabilités des pays émergents n’ont pourtant pas cessé avec les accords financiers du début des années 1990, puisque déjà dans sa deuxième moitié ont était à nouveau replongé dans des nouvelles crises financières – Asie, Russie, Brésil –, dues à la largesses des créanciers et des investissements en excés dans des projets parfois pharaoniques dans certains pays. Les inégalités internes ne sont pas moins importantes et elles ont continué à s’accroître pendant la phase de croissance induite de l’extérieur. Le Brésil continuait d’être un cas négativement exemplaire, même en ayant réussi à dominer l’inflation avec le très ingénieux Plan Réal de Fernando Henrique Cardoso et sa troupe d’économistes : depuis vingt ans, on est avec le real (et 250% d’inflation).
La globalisation, ou la mondialisation, prends un nouvel essor, surtout avec l’ascension vertigineuse de la Chine, à partir du milieu des années 1990 et pendant toute la première décennie du XXIème siècle ; en fait jusqu’aujourd’hui, avec un petit tremblement pendant la grande crise déclenchée aux Etats-Unis à partir de 2007, avec l’éclatement de la boule immobilière de 2007, et la crise bancaire tout de suite après. L’Europe, en fait, en a beaucoup plus souffert, mais les cas des pays méditerranéens, avec leurs crises d’endettement, sont très différents des pays nordiques, avec leurs crises bancaires et de régulation. Un pays qui a aussi beaucoup déçu, depuis le début des années 1990, c’est le Japon, le champion des taux de croissance pendant la période de l’après-guerre, et qui reste plongé, depuis plus de vingt ans, dans une demi-récession.
En Amérique Latine, le Mexique et le Chili ont donné le départ aux réformes libérales, mais c’est ce dernier qui a confirmé sa vocation de tigre asiatique dans un continent encore dominé par l’extrême nationalisme économique et l’intervention de l’État dans la vie des entreprises. Le Mexique est entré à l’OCDE par les mais des Etats-Unis en 1994, en même qu’il signait son adhésion à l’Alena, l’accord de libre échange de l’Amérique du Nord, mais c’est le Chili, qui n’est entré à l’OCDE que depuis trois ans, qui s’est distingué dans les taux de croissance, dans la stabilité monétaire et dans les accords de libre échange avec pratiquement 80% du PIB mondial, y compris l’UE, la Chine et la plupart des pays de l’hémisphère américain.
Que faut-il espérer maintenant d’un Tiers Monde très fragmenté, très divisé, surtout idéologiquement, et qui n’a plus ses vielles recettes dirigistes, voire socialistes, qui ne servaient, en fait, que pour légitimer certains dictatures aussi sclérosées que l’ancien totalitarisme soviétique ? Probablement, la continuité de la fragmentation, de la diversification économique, et une insertion très inégale dans les rouages toujours incertains, et forcément inégaux, de la mondialisation. Ceux des pays émergents qui ont réussi à s’insérer productivement dans les nouvelles donnes de l’économie mondiale, ont pu, grâce à des taux soutenus de croissance, retirer des millions de personnes d’une misère extrême et les faire arriver à une pauvreté convenable, ou  raisonnable, si l’on pense au sort qui était le leur avant la troisième vague de la mondialisation.
En Amérique Latine, le résultat est plus contrasté, avec des pays qui ont adhéré aux nouvelles règles – comme ceux de l’Alliance du Pacifique, le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique – d’autres qui ont essayé un retour en arrière – frustré dans la plupart des cas, comme on le constate chez le Bolivariens, le Venezuela en tête – et ceux qui hésitent, qui restent au milieu du chemin, qui n’avancent pas dans les réformes et qui sont réticents quant aux chemins à prendre, dont le Brésil, qui n’est pas plongé dans la récession, mais qui semble condamné a des taux médiocres de croissance, faute de réformes et de plus d’ouverture internationale.
Qu’est ce qui va se passer dans les prochains trente ans ? Difficile à deviner, mais l’Asie, certains pays plus que d’autres, semble tourné décisivement vers l’avenir, tandis que l’Afrique continuera de susciter des préoccupations de tous les dirigeants mondiaux, qui semblent décidés à continuer à commettre les mêmes erreurs du passé : donner de l’aide, au lieu d’ouvrir leurs marchés à ses exportations agricoles et minières. L’Afrique n’a pas besoin d’aide, pas au moins l’assistance officielle qui vicie et déforme les structures économiques nationales et les gouvernements locaux. Comme l’Amérique Latine, elle a besoin de réformes, de bonne gouvernance, de moins de corruption, de marchés libres et des entrepreneurs, plutôt que des bureaucrates de l’aide extérieures et des militants des ONGs bien intentionnées.
Le principal défi n’est pas le manque de capitaux, et si le manque d’éducation.
Il suffit de regarder les résultats du PISA de l’OCDE pour le confirmer. Par ailleurs, le Brésil et l’Argentine occupent les dernières places, avec quelques pays de l’Asie centrale et du Moyen-Orient.
Y a-t-il là une nouveauté quelconque ? Difficilement…

Paulo Roberto de Almeida

Hartford, 8 Mai 2014.

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