À l’inverse, cette singularité brésilienne masque-t-elle un processus souterrain de décomposition en cours, cache-t-elle des menaces réelles sur l’emploi et les salaires ? Poursuivant dans la métaphore suggérée par le débat entre la Chine et l’URSS concernant les États-Unis, si la financiarisation est un tigre en papier, a-t-elle des « dents atomiques » ou, dit autrement, a-t-elle, à terme, des conséquences très graves au niveau de l’emploi et des salaires ?
Il en est de la financiarisation comme des miracles : ce sont le plus souvent des mirages. La désindustrialisation se rapproche d’un point de non retour au Brésil, les importations augmentent vertigineusement, surtout celle des biens industriels de moyenne et haute technologie, la vulnérabilité externe s’accroît et la dépendance vis-à-vis de l’exportation de matières premières est de plus en plus périlleuse, la croissance ralentit fortement et déjà la hausse des salaires réels devient de plus en plus modeste. L’essor de la financiarisation est-il principalement responsable de la désindustrialisation et des nouvelles formes de vulnérabilité au Brésil, ou bien faut-il chercher les principales causes de celles-ci à la fois dans la financiarisation et dans l’exportation de matières premières en plein essor dans les années 2000 ?
Après avoir défini ce qu’on entend par financiarisation et désindustrialisation et souligné l’originalité de la voie brésilienne, nous chercherons à expliquer pourquoi les salaires et les emplois ont augmenté alors que dans d’autres pays ils ont régressé, nous analyserons les limites de ce modèle et nous montrerons combien le « tigre en papier » qu’est la financiarisation peut s’avérer dangereux tant pour les emplois que pour les salaires.
Ler a íntegra no site da Attac France (attac.org.fr)
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