Avril 1914 : c'est arrivé il y a 100 ans !
Alors que l’année 2014 sera marquée par les commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale, nous vous proposons de revivre le mois d'avril 1914, à travers le regard de L’Illustration, premier magazine au monde au début de la Grande Guerre.
En ce début du mois d’avril 1914, la France est touchée par une vague de froid exceptionnelle. La neige est particulièrement abondante en montagne et le village de Chamonix subit de nombreuses avalanches destructrices. A Noailhac, c’est toute la montagne qui bouge sur 200 hectares, donnant lieu à des glissements de terrains spectaculaires.
A cinq mois du début de la Première Guerre Mondiale, le journal revient sur la loi du 5 avril 1910, qui fixe la dotation en navire de la marine militaire française. Les journalistes sont confiants : la France devrait être dotée pour 1920 de 28 cuirassés ! L’occasion de découvrir les chantiers navals de la Loire à Saint-Nazaire, mais aussi ceux de Lorient, de Brest, de Gironde et de Méditerranée.
A Paris, la mode impose la voilette turque : « Ne laissant apparaitre que les yeux, elle en fait ressortir l’éclat » ! Ainsi vêtue, La Parisienne peut s’adonner à un nouveau plaisir en vogue, la foire à la ferraille, l’ancêtre de nos vides greniers.
Sur la Côte d’Azur, la nature conserve encore ses droits. Monsieur Piaget nous fait découvrir : « ses rives enchantées… A côté de Nice, fleurie d’œillets qui pimentent l’atmosphère… Les îles de Lérins à quelques encablures de la blonde Cannes, nous offrent en dépit du tourisme, les beautés d’une nature presque vierge » Plus loin, il profite des baignades azuréennes : « Dès avril, la tiédeur du flot invite à un bain délicieux comme sans péril. Les Dauphins se montrent vers l’aube, charme du regard. »
Le sud-est de la France s’impose déjà comme un haut lieu de divertissements. A Marseille et Monaco, des meetings aériens et maritimes sont organisés. Des hors-bords, alors appelés « autocanots », font la course, tandis que l’on apprend que Roland Garros doit recommencer son périple aérien, son avion ayant pris feu au niveau d’Orange !
La « villégiature de printemps » du Président de la République, Raymond Poincaré, qui s’installe pour quelques temps sur la Côte d’Azur, afin d’y profiter d’un climataccueillant apparait dans ce contexte, presque, comme une évidence !
La France est en pleine mutation, le paysage se transforme. Souvenez-vous, enfin ! « Tous les parisiens dignes de ce nom ont connu « le maquis de Montmartre, à dix minutes de l’Opéra, derrière le moulin de la galette, un parc champêtre. Les maisons rustiques offrant à leurs habitants tous les plaisirs de la campagne... Le métro et l’autobus ont tiré Montmartre de son isolement; l’audace des constructeurs n’a plus connus de limites… ». Pour L'Illustration, bientôt : « le bruit des pianos succédera au chant des pinsons ». Ainsi va « la création d’un quartier moderne à Montmartre ».
L’Illustration, Journal Universel par vocation, s’intéresse aussi à l’international.
Au début du mois d’avril 1914, l’hebdomadaire tourne son regard vers le Royaume-Uni. L’application du Home Rule et la résistance de l’Ulster, en Irlande, embrase la chambre des communes. En effet, pour les officiers de l’Armée d’Irlande du sud, il n’est pas question d’intervenir contre les civils du nord. Une position qui provoque un tollé, chez les lords londoniens, qui refusent que l’armée interfère sur le politique. Loin de ces turpitudes, le roi Georges V parcoure son royaume et est acclamé par une foule d’enfants, portant haut l’Union Jack, à Chester.
En Russie, le tsarévitch âgé de dix ans, commence son éducation militaire, aux côtés de son père, le tsar Nicolas II, empereur de Russie et chef suprême des armées. L’arrivée des enfants royaux en Albanie fait la couverture du journal.
Au Maroc, le Résident-Général, le Général Lyautey est reçu en grande pompe par le Sultan Moulay Youssef à Rabat. En exclusivité, l’hebdomadaire nous fait aussi découvrir les mystérieuses beautés du pays, mises à jour par une expédition. Le journal revient sur les récentes avancées au Maroc, avec l’arrivée d’une locomotive à Msoun, marquant l’achèvement prochain d’une ligne reliant Oudja à Taza. Sur la locomotive, une devise de France a été écrite : « En avant, quand même ? ».
Le journal revient aussi sur un fait-divers tragique. Deux aviateurs, le capitaine Hervé et le caporal Rooland, victime d’une panne moteur, ont été contraint de se poser en rase campagne. Leurs cadavres ont été retrouvés par des indigènes, ainsi que leur avion intact, ce qui laisse supposer qu’ils ont été « surpris par des rôdeurs et assassinés ».
L’Illustration consacre un reportage à « la belle et malheureuse Epire », qui est à feu et sang : Grecs et Albanais se disputent cette magnifique région qualifiée « d’Alsace-Lorraine grecque ».
Le journal lève le voile sur le mystère du Sphinx de Gizeh en Egypte, avec la contribution du Professeur Hippolyte-Boussac, membre de l’institut oriental du Caire. En Chine, le magazine s’attarde sur les sculptures de Loung Men, dans la province du Honan et l’incroyable beauté de la pagode Koan-Ti-Mao.
Au Canada, l’amitié entre la France et le pays à l'érable est célébrée. L’occasion pour L’Illustration de revenir sur le parcours de Sir Wilfrid Laurier, qui est à la tête du gouvernement canadien depuis 16 ans. Cet homme politique d’origine française a profondément transformé et modernisé son pays.
L’hebdomadaire consacre l’une de ses couvertures à un grand américain, le colonel Goethals, qui vient d’achever le percement du canal de Panama. Plus au nord, au Mexique, la révolution se poursuit. L’Illustration revient sur les faits d’armes de Pancho Villa, et nous décrit ce golfe du Mexique, étendue d'eau « où le pétrole suinte littéralement du sol ».
En Turquie, L’Illustration nous emmène à la rencontre des « Demoiselles du Téléphone ». Le pays est en pleine modernisation, sous l’impulsion de ses jeunes ministres, qui parfois bousculent la tradition. Ainsi depuis un mois, le téléphone a fait son apparition à Constantinople. Pour ce faire une équipe de dames trilingues, « parlant les trois langues indispensables ici : turc, français et grec » a été constituée. « Mais comment appliquer sur de petites oreilles les récepteurs du casque téléphonique, avec le voile traditionnel ? Il a fallu sacrifier le voile. On s’y est résigné ! »
L’Illustration achève le mois d’avril 1914, par une couverture sur un toast à l’Elysée. Le roi Georges V, souverain du Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande, de l’empire des Indes et des territoires au-delà des mers, déclare : « Je souscris de tout mon cœur, Monsieur le Président, à votre éloquente définition des desseins élevés et nobles que nos deux pays poursuivent en commun… ». Cinq mois après cette festive visite, c’est effectivement ensemble, que les deux pays vont plonger dans l’une des plus effroyables guerres de l’histoire de l’humanité.
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