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segunda-feira, 20 de maio de 2019

Nova direita europeia: a contra-revolucao cultural - Eric-Andre MARTIN (IFRI)

Vers une « contre-révolution culturelle » en Europe centrale ?

La crise migratoire en Europe a servi de catalyseur aux mouvements populistes des pays du Groupe de Višegrad (V4) depuis 2015 pour parvenir au pouvoir ou renforcer leur assise. Ils ont développé un discours anti-européen, dénonçant les défis à la souveraineté que constituent les décisions de Bruxelles.

Éric-André MARTIN


La fronde qu’ils ont conduite contre les décisions du Conseil européen relatives à la relocalisation des demandeurs d’asile, mais plus encore le refus de la Pologne et de la Hongrie d’accepter la moindre demande sur leur territoire, a ouvert une crise de gouvernance au sein de l’Union européenne (UE).
La Pologne et la Hongrie ont franchi un pas supplémentaire dans leur critique radicale du système en vigueur dans l’UE, à travers le concept d’ordre illibéral. Jaroslaw Kaczynski et Viktor Orban sont allés jusqu’à appeler à une « contre-révolution culturelle » en Europe lors du sommet de Krynica en 2016. Les élections au Parlement européen de 2019 sont considérées par les dirigeants des deux pays comme une opportunité de modifier l’orientation du projet européen.

Les symptômes d’un malaise spécifique à cette région

Le discours des dirigeants du V4 sur l’UE s’est inversé depuis la transition, comme le résume à lui seul le parcours de Viktor Orban qui est passé du statut de promoteur de la transition démocratique à celui de l’ordre illibéral. Le retour de cet « Occident kidnappé » dans le concert européen, loué par Milan Kundera, s’était en effet effectué dans le cadre d’un processus de transition, gage de la restauration d’un ordre libéral et du passage à l’économie de marché, qui s’est conclu par l’adhésion de ces États à l’UE en 2004.
La transition vers l’économie de marché et la dynamique de rattrapage économique de ces pays constituent un succès réel auquel la solidarité européenne, à travers les transferts opérés par les fonds structurels, a contribué. L’opposition sur la question des valeurs et du modèle de société est en revanche patente. La lutte engagée en Pologne et en Hongrie contre certaines institutions indépendantes du pouvoir, telles que la justice, les médias ou les organisations non gouvernementales (ONG), constitue une menace pour l’État de droit, incompatible avec les principes et valeurs de l’UE. C’est la raison pour laquelle la procédure de l’article 7 a été engagée contre la Pologne et la Hongrie, et que la Cour de Justice de l’UE a été saisie sur certains aspects de la réforme de la justice en Pologne.
Pour mieux affirmer leur indépendance, les pays du V4 se prévalent de soutiens à l’extérieur de l’UE. Le président Trump a rompu l’embargo sur les contacts à haut niveau avec le gouvernement Orban, mis en place par son prédécesseur, et réservé son premier voyage en Europe à la Pologne, apportant ainsi son soutien à l’Initiative des Trois mers[1]. La Russie voit dans le soutien qu’elle apporte à Viktor Orban un moyen de contrer l’influence de l’UE. La Chine étend également son influence à travers son initiative « 16 + 1 » et qualifie le V4 de « force la plus dynamique en Europe ».

Crise, rupture, divorce ?

Si l’on excepte la question de l’immigration, les pays de Višegrad ne constituent pas un groupe aux intérêts convergents. La Slovaquie et la République tchèque n’ont pas adopté la logique d’escalade empruntée par leurs partenaires et ont pris quelque distance avec leur rhétorique anti-européenne.
S’agissant des procédures engagées contre la Pologne et la Hongrie, l’UE s’est construite sur les principes de solidarité, de dialogue et de coopération. Quel sera le résultat de la procédure de l’article 7, surtout si l’UE n’est pas en mesure de sanctionner effectivement ces deux États ? Cette division Est-Ouest de l’Europe est-elle en définitive une crise de plus, comme l’UE en a connu beaucoup à travers son histoire, ou le point de départ d’une divergence fondamentale ?
Avec l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale (PECO), l’Europe a une chance unique de surmonter sa division historique, autour d’un projet fondé sur l’ouverture et l’échange. Cela lui permet d’engager un dialogue avec sa périphérie, des Balkans aux pays du Partenariat oriental jusqu’à la Russie. Un échec sur ce point ouvrirait la voie à un repli identitaire et au retour du jeu des puissances, qui marquerait la fin du projet européen historique.
L’UE doit surmonter le hiatus entre la conception contractuelle et libérale de la nation à l’Ouest, et la conception ethnoculturelle à l’Est[2]. Les PECO doivent participer aux grands débats européens et comprendre que non seulement l’approfondissement de l’Europe ne se fait pas contre eux, mais qu’ils auraient beaucoup à perdre en se marginalisant. Les sociétés civiles, majoritairement favorables à l’UE, doivent être sollicitées autour de ces questions, si l’on souhaite une réponse à la hauteur des enjeux.
[1]. L’Initiative des Trois mers est une plate-forme de coopération entre 12 pays d’Europe centrale lancée en 2016. Lire D. Richard, « Europe centrale : l’Initiative des Trois mers », Politique étrangère, vol. 83, n° 2, été 2018, p. 103–115.
[2]. C. Delsol, « Pourquoi les peuples d’Europe centrale refusent nos leçons de morale », Le Figaro, 22 février 2018, disponible sur : www.lefigaro.fr.
Éric-André MARTIN, chargé de mission auprès du directeur de l’Ifri.
Pour aller plus loin, retrouvez l’étude collective de l’Ifri : Élections européennes 2019 : les grands débats. Thomas GOMART, (dir.) , Marc HECKER, (dir.), février 2019.