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sexta-feira, 2 de setembro de 2016

A Revolucao Burguesa no Brasil, trinta anos depois - Paulo Roberto de Almeida

Parece que eu havia esquecido de publicar a nova introdução à minha tese de doutorado, finalmente publicada integralmente, em edição no francês original, agora disponível na plataforma Academia.edu.


Révolutions bourgeoises et modernisation capitaliste : Démocratie et autoritarisme au Brésil
(Sarrebruck: Éditions Universitaires Européennes, 2015, 456 p.; ISBN: 978-3-8416-7391-6); p. 15-41 :

Avant-Propos :
Capitalisme et démocratie au Brésil, à trente ans de distance



Dans l’introduction à son étude sur Les caractères originaux de l’histoire rurale française – publiée originalement en 1931, et depuis longtemps devenue un classique –, l’historien Marc Bloch affirmait avec raison que, « dans le développement d’une discipline, il est des moments où une synthèse, fût-elle en apparence prématurée, rend plus de services que beaucoup de travaux d’analyse, où, en d’autres termes, il importe surtout de bien énoncer les questions, plutôt, pour l’instant, que de chercher à les résoudre » (2ème éd. ; Paris : Armand Colin, 1964, tome I, p. vii).
Le présent travail – lequel, dans sa première incarnation, avait été soutenu en 1984, en tant que thèse de doctorat en Sciences Sociales à l’Université Libre de Bruxelles, sous le titre quelque peu ambitieux de « Classes Sociales et Pouvoir Politique au Brésil : une étude sur les fondements méthodologiques et empiriques de la Révolution Bourgeoise » – ne prétend certes pas se poser en « synthèse » de sociologie historique appliquée et, même s’il tend vers ce but, n’est en aucun cas une synthèse achevée. Plus modestement, il cherche, d’une part, à établir le bilan critique d’un modèle explicatif de nature historico-sociologique – sous le concept de Révolution Bourgeoise, à côté des révolutions bourgeoises réelles – et, d’autre part, à faire la mise au point empirico-théorique de la légitimité de ce modèle pour l’interprétation d’un processus donné de développement historique : la modernisation économique de la société brésilienne et ses manifestations au niveau du système de pouvoir. Elle touche donc à deux domaines classiques de la sociologie et de l’histoire, objets d’attention constante au sein de l’académie : le capitalisme et la démocratie.
Si, éventuellement, le travail n’a pas pu répondre à tous les problèmes soulevés par ce type de démarche, nous espérons néanmoins qu’il aura su poser toutes les questions pertinentes qu’il est possible d’énoncer dans ce genre d’entreprise. En attendant la « synthèse » sociologique du développement historique de la société brésilienne, dans son long cheminement vers une authentique démocratie politique dans le cadre d’une économie capitaliste avancée, voici donc un « travail d’analyse » théorico-empirique qui a tout fait pour mériter son caractère d’ouvrage académique : premier projet, lectures intensives et recherches extensives, recomposition du plan et nouvelle formulation des hypothèses de travail, développement des arguments, critique approfondie du manuscrit, mise au point du texte et rédaction finale, bref, le plat de consistance de tout candidat prétendant à des titres académiques.
Après avoir été l’objet d’un âpre débat avec (et entre) les membres du jury, lors de sa soutenance publique, au début du mois de juin de 1984, et ayant été décernée une évaluation finale de « Grande Distinction » par les examinateurs, la thèse a été déposée à la Bibliothèque de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Économiques de l’Université Libre de Bruxelles, où elle a dormi le sommeil des justes au cours des trois décennies successives. Pour être plus précis, quelques petits morceaux arrachés ça et là à ses première et deuxième parties ont servi à composer deux ou trois articles, publiés l’un en tant que chapitre d’un livre collectif, les autres dans deux revues académiques brésiliennes. Mais, à part cela, l’ensemble est resté inédit et oublié depuis, y compris car, n’ayant pas entamé une carrière académique, comme prétendu à l’origine, et préférant plutôt suivre le service diplomatique de l’État, son contenu de sociologie historique comparée a toujours eu très peu de rapports avec les sujets de relations économiques internationales dont je me suis occupé depuis. Les révolutions bourgeoises ne sont pas, décidemment, un sujet diplomatique.
À vrai dire, j’ai poursuivi des activités académiques parallèlement à une grande succession de postes au Brésil, et à l’étranger, exerçant tout particulièrement la chaire d’Économie Politique au master et au doctorat en Droit du Centre Universitaire de Brasilia (Uniceub), ainsi que m’associant à beaucoup d’autres institutions d’études supérieures au Brésil ou à l’étranger ; néanmoins, l’essentiel de ma production est resté concentré dans les domaines du commerce international, de l’intégration régionale, la politique extérieure, de l’histoire diplomatique et des relations internationales du Brésil, ayant, ainsi, très peu de rapports avec la plupart des sujets et de problèmes traités dans le présent ouvrage. Je dois la distinction de remettre à nouveau cette thèse en état de publication à la chargée de lectorat aux Éditions Universitaires Européennes, Julie Dubois, dont la bienveillance je dois remercier ici en tout premier lieu. Mais il me faut aussi remercier à distance M. le Professeur Robert Devleeshouwer, qui avait accepté de patronner ma candidature au titre de full sociologist et qui avait continué de diriger mon travail de recherche, même si certaines des thèses et arguments défendus, avant et pendant la présentation publique n’eurent pas recueillit tout son accord.
Les rites d’initiation préparant l’entrée dans la quelque peut restreinte « société des sociologues historiens » – ainsi qu’en général les exercices d’apprentissage en vue de l’admission à toute autre communauté « tribale » – inquiètent toujours le « jeune »candidat, ce que j’étais au début des années 1980. Je dois à M. Devleeshouwer le fait d’avoir accompli en tout tranquillité mon parcours initiatique, d’ailleurs réalisé dans les interstices de mes activités diplomatiques en deux pays européens que non la Belgique. En outre, il faut encore ajouter, il m’a accordé sa confiance, reconnaissant peut-être que cet « autodidacte acharné » que je suis ne représentait pas en fait un très grand danger pour les pratiques consacrées de toute institution académique, dont l’ULB et sa Faculté de Sciences Sociales sont des plus distinguées.

Une histoire de vie : mon cheminement intellectuel
Mais, si cet ouvrage a une histoire de trente ans de recueillement derrière soi, il a aussi une autre histoire concernant les conditions de son élaboration, depuis le premier essai de conception jusqu’à son « parachèvement » à l’ULB, qu’il serait peut-être intéressant d’évoquer ici, puisqu’il s’agit de la première, et probablement de la dernière, opportunité dont je dispose pour reconstituer mon parcours intellectuel et les raisons pour lesquelles cette thèse a été écrite, avec ses objectifs précis, sa place dans mes réflexions politiques et économiques de la première maturité et, plus important, comment elle a aussi représenté une sorte de cheminement intellectuel complet, depuis le marxisme académique du début des études sociologiques jusqu’au réalisme (non plus théorique, mais pratique) des années d’exercice professionnel. C’est en quelque sorte une histoire de vie, et d’engagement politique, qu’il faut raconter ici et maintenant, car la thèse reproduit et reflète non seulement mon parcours individuel, mais aussi la lutte pour la démocratie au Brésil, dans l’univers intellectuel des débats académiques qui se déroulaient au moment même de sa rédaction et présentation en jury, à la fin du régime militaire dictatorial du Brésil (mais cela n’était pas encore assuré du tout quand je la préparais et rédigeais en solitaire et isolé des mouvements démocratiques de combat).
Quels sont donc les jalons qui marquent sa préparation initiale, les changements conceptuels intervenus en milieu de chemin et son élaboration concrète, à la fin ? Je vais résumer ici quelques années de lectures, de combats pratiques et intellectuels, et de réflexions politiques autour des grands thèmes du capitalisme, de la démocratie, du pouvoir politique et du développement économique, ainsi que sur le rôle des classes sociales, et tout particulièrement des intellectuels, dans ces débats qui faisaient rage au Brésil dominé par une dictature militaire, des années 1960 au milieu des années 1980.

À la fin des années 1960, ayant constaté que le combat auquel, tout juste sorti de l’adolescence, je m’avais été superficiellement associé – celui des mouvements de lutte armée contre la dictature militaire brésilienne – n’avait vraiment aucune chance de réussir dans le contexte de répression violente contre toute opposition, déclenchée par le régime en vigueur, j’ai décidé, tout de suite après avoir commencé le cours de Sciences Sociales à l’Université de São Paulo, qu’il était déjà l’heure de partir du Brésil, pour échapper, vraisemblablement, au destin de tant d’autres jeunes idéalistes, tombés sous les coups des arrestations et de la torture. La Faculté de Sciences Sociales de l’USP, noyau de ce qu’on appelait l’École Pauliste de Sociologie, rassemblait à cette époque les plus distingués représentants du marxisme établi au Brésil, c’est-à-dire, les tenants du progressisme académique, dont j’avais déjà lu les livres avant même d’être admis au cours qui devait m’aider à « mieux faire la révolution sociale ».
En 1970, finalement, devenu majeur, et donc indépendant, j’ai interrompu mon cours au milieu de la deuxième année, acheté un ticket en troisième classe d’un navire, et suis parti vers l’Europe pour une période d’auto-exil dont je n’étais pas en mesure de deviner la durée au moment du départ. Mon exil européen a duré, en tout et pour tout, sept longues années, au cours desquelles j’ai repris, depuis le début, mon cours de Sciences Sociales, complété ensuite une maîtrise en Planification Économique et commencé, à la fin de 1976, un doctorat qui a été à l’origine de l’ouvrage qui est ici présenté.
La dissertation doctorale n’a été achevée, toutefois, que sept ans plus tard, et aussi bien sa nature, que son style et, ce qui est plus important, ses arguments principaux, ont subi une importante transformation par rapport au projet original, élaboré au milieu de 1976. Les raisons, ainsi que le contenu de ces changements demandent une explication que je suis capable d’offrir maintenant, dans ce témoignage à trente ans de distance de la soutenance de la thèse.

Quelles étaient mes intentions, et mes sentiments, au moment où j’ai formulé le projet de thèse et que je me préparais à commencer la recherche et à en écrire certaines parties ? Sincèrement, rien de très différent de tous ces arguments et raisonnements espérés, par trop communs et défendus à l’académie à cette époque, aussi bien dans ma Faculté d’origine – « l’École Pauliste de Sociologie » -- que dans ses consœurs européennes, surtout françaises (Sorbonne, EHESS) et belges (ULB et Louvain), que je parcourrais habituellement et dont la production intellectuelle je suivais avec intérêt. Dans une analyse rétrospective de mes intentions, avec le bénéfice de trente ans d’expérience et de réflexions, je perçois que je me préparais, alors, avouons-le, à pratiquer un « crime prémédité », c’est-à-dire, à inculper la bourgeoisie brésilienne – et par extension celle des pays avancés, et avec elles l’impérialisme et tout ce qui s’ensuit – d’être responsable et compromise avec un régime de force, privilégiant les riches et le capital étranger, plutôt que de favoriser un régime démocratique, tout en s’exemptant, par là, de promouvoir la construction d’un capitalisme progressiste et autonome, apte à défendre la souveraineté nationale et décidé à rompre avec des siècles de pauvreté, de misère, d’exploitation impériale et d’inégalités sociales. En bref, ce qui nous souhaitions alors, moi et tous les académiciens progressistes et de gauche, c’était que la bourgeoisie fût progressiste elle aussi, réformiste, radicalement démocratique, anti-impérialiste, enfin presque socialiste, en tout cas identifiée à un projet national-étatique de répartition de richesses, et d’élimination, ou tout au moins de réduction de la pauvreté.
C’était-il naïf ? Peut-être, mais du moins je ne défendais plus un modèle « cubain » pour le Brésil, comme c’était le cas au début de ma « carrière » politique d’adolescent rebelle, mais plutôt un projet réformiste, du type socialiste avancé, incliné dans un sens fort étatique, car nous tenions pour évident que la seule bourgeoisie ne pouvait soutenir de ses propres forces le combat contre les oligarchies, les officiers de droite de l’Armée, ainsi que la pression toujours importante de l’impérialisme. Oui, telles étaient mes conceptions au moment où j’ai décidé d’interrompre temporairement la préparation de la thèse et de rentrer au Brésil, après presque sept ans d’absence, retrouvant le pays encore sous la dictature militaire, quoique partiellement engagé dans un processus contrôlé d’ouverture politique et de distension prudente.
Au premier trimestre de 1977 j’ai donc accompli le chemin de retour, et me suis retrouvé, deux diplômes en main, mais sans aucun travail, dans la vielle et modeste maison familiale à São Paulo. Je me préparais, en tout cas, à m’engager dans une carrière académique classique – en commençant par donner des cours de sociologie et d’économie dans des institutions privées, en attendant un concours à l’université publique – quand mon attention a été attiré par une annonce de l’académie diplomatique concernant l’ouverture d’examens directs pour sélectionner des candidats au service extérieur de la nation. J’avoue qu’à ce moment-là j’étais plus intéressé de découvrir qu’est-ce que le régime militaire – auquel je me fus opposé farouchement pendant tout le temps de mon exil européen, encore que sous des noms de plume – savait de mes activités « subversives », et s’il y avait quelque chose de compromettant à mon égard, plutôt que de vouloir proprement servir a un État que je combattait encore.
Les examens, que l’on annonçait très rigoureux, m’ont paru, au contraire, tout à fait faciles, probablement dû à mes longs séjours de lecture à la bibliothèque de l’Institut de Sociologie de l’ULB, que je fréquentais beaucoup plus souvent que je ne m’aventurais dans les cours présentiels. Je me suis donc retrouvé, très rapidement, dans une position que je ne pouvais songer quelques mois auparavant : au cœur d’un État, et théoriquement au service d’un régime, que je voulais abattre le plus rapidement possible. En tout état de cause, le travail de recherche en vue de rédiger la thèse a continué, quoiqu’en deuxième plan, pendant trois ans encore, le temps de me marier, constituer famille, et de revenir en Europe pour mon premier poste diplomatique, moins de deux ans après avoir commencé la nouvelle carrière.
Cette fois installé en Suisse – pays faisant partie, avec la Belgique et quelques autres de l’Europe septentrionale, de cette architecture économique que l’on pourrait appeler « le capitalisme idéal », par contraste avec les pays du real existierenden Sozialismus, que je connaissais fort bien – je me suis préparé, au début des années 1980, à reprendre le travail de la thèse, dont les supposés de base ont été quelque peu modifiés par rapport au projet de 1976. Puisque nous entrons là au cœur des arguments qui ont soutenu la construction de la thèse, qui est reproduite dans ce volume, il me faut, maintenant, exposer mon raisonnement, les points de vue que j’y ait défendus , ainsi que les « découvertes » au cours de nouvelles lectures et de plus profondes réflexions entreprises entre 1981 et 1984, des efforts entrecoupés par des nombreux voyages faits en Europe, surtout en direction du « socialisme surréel », subissant alors ses premiers craquements d’édifice.
Tout d’abord le sujet, à proprement parler : en dépit d’avoir conservé le titre original du projet – Classes Sociales et Pouvoir Politique au Brésil: une étude sur les fondements méthodologiques et empiriques de la Révolution Bourgeoise – j’ai conclu, au cours de cette évaluation approfondie du phénomène qu’il y avait beaucoup de mythe, et très peu de réalité autour de l’axe principal de ma thèse : la Révolution Bourgeoise au Brésil, ou tout du moins, un désir (très académique) de l’occurrence d’une révolution bourgeoise, de n’importe quelle nature. Soit, un rêve, ou une utopie, dans le sens où le jeune Marx, encore un peu hégélien, parlait d’Aufhebung ou d’Aufheben. Sans plus tarder, examinons donc la problématique centrale de ma thèse.

Présentation du sujet de la thèse
Mon objectif principal, dans la préparation de la thèse doctorale, était celui d’examiner les rapports entre classes sociales et pouvoir politique au cours du développement historique de la société brésilienne. Cependant, avec un sujet aussi étendu, ne pouvant être cerné par un seul chercheur, j’ai dû choisit de restreindre l’analyse de cette problématique à un biais conceptuel déterminé, celui de Révolution Bourgeoise. Pour quoi ce concept particulier ? Je n’avait pas, a priori, de réponse objective à cette question, mais l’on pourrait renvoyer ce type de discussion à la position de Max Weber à ce sujet : on a de l’empathie pour certains sujets, et pas pour d’autres, des affinités électives que l’on cultive, tout en essayant de rester neutre à propos d’un sujet marqué par une forte subjectivité conceptuelle. En tout cas, ce concept à lui seul définit tout un programme en sociologie et en historiographie, en même temps qu’il reste indiscutablement lié à la tradition marxiste en théorie sociale.
Il existe, en effet, un paradigme marxiste de la « Révolution Bourgeoise » et je me suis appliqué, dans la première partie de mon travail, à le démonter et à en faire une critique approfondie pour le récupérer ensuite en tant que modèle analytique. Dans la deuxième partie du travail, l’application de ce modèle au cas de la modernisation capitaliste de la société brésilienne a été menée à travers l’œuvre majeure de Florestan Fernandes, l’un des plus grands sociologues brésiliens et « père » indiscutable de la notion de Révolution Bourgeoise au Brésil (et, par extension, en Amérique Latine).
Au-delà, toutefois, du rituel académique de préparation et de soutenance d’une thèse typique (en vue de ma propre intégration à la tribu des sociologues), cela à quoi je tenais était moins répondre à des préoccupations théoriques à propos d’un thème classique de la recherche socio-historique (motivation très légitime d’ailleurs) qu’à discuter des questions essentiellement pratiques et relevant d’un domaine de transformation historique toujours original, et en particulier la question suivante: quels sont les rapports entre la bourgeoisie et la démocratie dans le processus de modernisation capitaliste, en général, et dans la transition périphérique, en particulier?
Les concepts principaux que j’ai employés dans la thèse – à part ceux, formels, de modèle, théorie, paradigme, etc. – sont tous historiquement qualifiés: ainsi, la modernisation dont il s’agissait était toujours la modernisation spécifiquement capitaliste, tout comme la révolution était principalement la Révolution Bourgeoise, alors que la domination politique – déformation analytique majeure peut-être – était surtout la domination politique de classe (bien que sur ce point particulier je fus devenu, au cours de mes lectures, bien plus Wébérien que marxiste).
Il n’en reste pas moins que la thèse demeurait au sein de l’univers conceptuel et explicatif Marxien, quitte à faire œuvre d’iconoclaste. Mais, le marxisme (du moins sa variante théorique) n’a pas besoin de défense: il se porte même très bien tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’institution académique. La thèse représentait, d’ailleurs, un moment de ma propre réflexion théorique (et politique, il faut l’avouer) sur les capitalismes et les socialismes réellement existants. Que ceux-ci étaient des formidables échecs, cela je le savais déjà par ma propre expérience, mes maints voyages, beaucoup de lectures, et une vision nourrie par des contacts humains avec des représentants de tous les systèmes en vigueur, y compris des exilés (ceux des dictatures du Tiers-Monde, y compris et principalement du Brésil et des autres régimes militaires de l’Amérique Latine, tout comme ceux du socialisme réel). Ceci étant dit, il faut préciser que pas plus que le Christ ou le christianisme ne peuvent être tenus responsables pour aucune des bêtises qu’on ait pu faire en leur nom, y comprise l’Inquisition, Marx ou le marxisme ne peuvent d’aucune façon être responsables des abominations staliniennes et du Goulag. Mais, j’allais encore, au cours des années suivantes, réfléchir beaucoup sur la responsabilité des intellectuels – ou plutôt des « ingénieurs sociaux » – quant à leurs choix politiques.

Contribution et originalité de la thèse
Au cours de mes recherches, et d’intenses lectures, j’ai étendu considérablement l’éventail des approches considérés autour de mon sujet, sans aucune préférence politique de principe. En effet, ma bibliographie pourrait être accusée de bien des défauts, mais probablement pas d’insuffisance. Soit, j’ai beaucoup cherché, mais je n’ai pas trouvé des études systématiques sur la Révolution Bourgeoise (à part évidemment les études proprement historiques des Soviétiques Drabkin et Porshnev ainsi que les Est-allemands Kossok, Markov et Dessau).
Je considère donc que la principale contribution de ma thèse doctorale a consisté non seulement dans la critique approfondie des fondements conceptuels et historiques de la Révolution Bourgeoise, mais aussi et principalement dans la proposition d’un modèle analytique (à distinguer bien sûr du paradigme marxiste sur la Révolution Bourgeoise) pouvant être appliqué à des cas concrets de développement historique et social. Peut-être le concept en cause ne méritât-il pas tant d’honneur, mais cela relève des choix que chaque chercheur est en droit de faire.
L’autre contribution a été celle de mener la discussion du modèle en cause à propos du développement historique de la formation brésilienne, la modernisation capitaliste qui y est intervenue et ses reflets au niveau de la structure sociale et du système de domination politique. L’entreprise avait été déjà entamée par Florestan Fernandes, mais le concept de Révolution Bourgeoise chez lui n’était pas qualifié de façon stricte, ni possédait un statut théorique précis: le sociologue de São Paulo passait d’une qualification socio-économique à une autre, essentiellement politique, sans que l’on puisse mesurer très bien la part de la « longue durée » et celle de la « conjoncture historique de transformation » (pour employer les termes Braudelien et Labroussien bien connus). Il faut remarquer que Fernandes était, si l’on peut dire, mon « maître-à-penser », quand je partageais entièrement, au début de mon cheminement académique, tous les présupposés théoriques et politiques de l’École Pauliste de Sociologie. Par la suite, cela doit être clair, je m’en suis beaucoup éloigné.
L’originalité de la thèse se situe donc dans l’affirmation critique du concept et de la théorie de la Révolution Bourgeoise, après une analyse serrée de ses fondements historiques, méthodologiques et épistémologiques. Bien sûr, la vraie « biographie intellectuelle » de la Révolution Bourgeoise reste encore à faire, mais j’estime avoir apporté ma modeste contribution à la réflexion sociologique sur un sujet jusque là marqué par une sorte de « dictature historiographique » (celle du marxisme académique, bien évidemment). Il n’en découle pas un nouveau « paradigme sociologique » (entreprise plus que douteuse), mais il s’agit tout de même d’un certain progrès dans le débat théorique et pratique (c’est-à-dire politique) sur le développement du capitalisme à la périphérie et ses avatars politiques.

Hypothèses développées à partir du problème
Quelles étaient, alors, les questions que, en tant que lecteur de Marc Bloch, je posais à mon objet propre ? L’hypothèse de départ affirme, preuves à l’appui, que le marxisme théorique est encore une « conception bourgeoise de l’histoire », dans le sens où il prolonge la réflexion sociale et politique inaugurée pendant les Lumières, tout comme il prolonge l’« âge de la Révolution française ». Mais nous aussi nous vivons encore à l’âge de la Révolution française: vocabulaire, mouvements, idéologies, concepts théoriques et pratiques, tout ce dont nous discutons et comment nous agissons aujourd’hui dérive de la Révolution française et en reproduit les débats. On n’est pas près de l’enterrer…
J’ai développé, ensuite, des hypothèses partielles et opérationnelles, à partir du paradigme Marxien, ou plutôt marxiste, de la Révolution Bourgeoise, celle surtout qui fait de cette notion – appelée à intervenir dans l’histoire concrète – un projet pratique de transformation économique et de démocratisation sociale et politique pour un pays arriéré du point de vue capitaliste. L’hypothèse s’applique aussi bien à l’Allemagne wilhelminienne, qu’à la Russie tsariste (où était née, à la fin du XIXème siècle, une « théorie » partielle de la Révolution Bourgeoise), ou même à certaines formations de la périphérie capitaliste, en l’occurrence le Brésil. Ce projet a conditionné le travail théorique et pratique d’intellectuels engagés, tout comme il serait canonisé, plus tard, dans le « marxisme établi ». Florestan Fernandes au Brésil et bien d’autres représentants typiques de l’académie en sont des exemples appartenant à la même tribu.
À quoi sert donc cette « théorie de la Révolution Bourgeoise »? D’une part, à la « reconstruction du passé », de l’autre à la « construction du présent ». Étant donné que « Révolution Bourgeoise » est un concept historiquement qualifié, peut-il s’appliquer à l’analyse d’un processus dérivé de transformation capitaliste? Mais, tout d’abord, les rapports entre capitalisme et démocratie sont-ils universels et invariables? En quoi le développement tardif du capitalisme peut-il affecter ce rapport? D’autre part, quel est le rôle historique de la bourgeoisie dans la révolution démocratique? Autant de questions théoriques qui ne peuvent que recevoir des réponses essentiellement pratiques.
Mais, puisque ma thèse s’attachait à examiner la validité de ce modèle explicatif, la discussion des hypothèses de travail a été surtout menée au niveau conceptuel – bien que tenant toujours compte du rapport d’adéquation des modèles proposés au mouvement réel de la société. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la thèse est devenue bien plus « historique » que proprement sociologique (la part des lectures de Braudel, de Gerschenkron, de Hill et d’autres historiens du capitalisme, pour ne parler à nouveau que de Marx et de Weber, est donc très importante).
D’autres hypothèses explorées dans la thèse concernent le rôle historique de la « modernisation capitaliste » en tant que facteur « structurel » de la Révolution Bourgeoise, le processus toujours original de formation de classes dans une structure sociale donnée, les dimensions spatiales de la domination politique, ainsi que le rapport entre développement tardif du capitalisme et le régime politique. Ces hypothèses subissent la critique sans ménagements de la part de celui qui est désigné, de manière faussement naïve, comme l’« apprenti sociologue » (ce qui j’étais, disons, au moment des lectures et de la rédaction préliminaire de la première partir de cet ouvrage).

Méthodologies et approches
La méthodologie, ou plutôt l’approche adoptée dans la rédaction de ce long essai d’interprétation analytique autour de la Révolution Bourgeoise (et des révolutions bourgeoises, celles historiques), n’est peut-être pas toujours conforme au style habituel dans le genre, qui commande une séparation stricte entre l’auteur du (des) discours et le critique du (des) discours des adversaires, un terrain toujours marécageux quand il s’agit d’un sujet pour lequel on a une très forte empathie (à nouveau, les affinités électives dont parlait Weber). Cela a pu provoquer certains problèmes à la lecture et j’y prends l’entière responsabilité. Les dissertations doctorales sont en général trop « sérieuses », dans la forme et dans la présentation: j’y ai voulu échapper, et peut-être fut-ce très maladroit de ma part. Tant pis! En tout cas, il faut à nouveau replacer la thèse dans le contexte politique de sa préparation et soutenance, quand on vivait en « dictature bourgeoise » au Brésil, et l’apprenti sociologue voulait « enseigner » à la bourgeoisie comment elle avait tout avantage à, finalement, « devenir » démocratique.
Quant à la méthodologie de mon propre discours, je me suis attaché à une approche hybride, du type historico-conceptuel et qui a souvent surpassé (et parfois étouffé) la méthode proprement historico-sociologique, cette dernière touchant aux aspects concrets de la modernisation capitaliste et de la domination politique. Pour un exemple de cette méthode historico-conceptuelle, voir le livre du philosophe allemand Reinhart Koselleck: Kritik und Krise – ein Beitrag zur Pathogenese der bürgerlichen Welt, que j’ai consulté dans la version italienne: Critica Illuminista e Crisi della Società Borghese.
C’est donc à partir de cette méthode que j’ai développé ma propre critique de (et à) la Révolution Bourgeoise, c’est-à-dire de sa légitimité historique et conceptuelle et de sa valeur heuristique. Ayant constaté son utilité analytique, j’ai appliqué le concept à une réalité dérivée de modernisation capitaliste: c’est alors à la sociologie historique de jouer. Je prends donc le concept de développement historique (ou « développement social ») pour étudier la modernisation capitaliste de la société brésilienne, le processus de formation de classes, les modalités de domination politique et le rôle spécifique de la classe bourgeoise.
Encore en ce qui touche à la méthode, je n’ai pas été explicitement comparatif, et je m’explique quelque part dans ce sous-chapitre: «...la comparaison dont il s’agit ici est purement conceptuelle et concerne l’interprétation de processus toujours uniques de développement historique et social au moyen d’un concept rendu théoriquement général ». La référence ici est au sous-chapitre « Du bon usage du comparatisme », qui tente une discussion théorique à ce sujet, sur la base d’historiens et sociologues réputés.
Par ce type de procédé comparatif-conceptuel (mais aussi comparatif-historique, puisqu’il y a des références concrètes) et en cherchant la légitimation empirique dans l’analyse des cas classiques, je suis bien parvenu à établir la validité conceptuelle et la légitimité méthodologique de la Révolution Bourgeoise, mais je n’ai pas réussi (mais je considère que ce n’est pas de ma faute) à découvrir une révolution bourgeoise concrète au Brésil, quoiqu’en eût dit Fernandes dans son magnum opus. Les psycho-analystes freudiens aiment se référer à la situation (peut-être réelle) de « révolte contre le père » ; pourrait-on dire, alors, que je me suis révolté contre mon « maître-à-penser » ? Je n’en suis pas sûr, car je pense avoir entamé une recherche sérieuse, réfléchi de manière tout à faite indépendante vis-à-vis mes anciens « patrons de la tribu » et établit un certain nombre de « découvertes » sociologiques sur la base de la discussion très approfondie que j’ai menée autour de mon concept-fétiche. Quelles sont ces « découvertes » ?

Principales « découvertes » de la thèse
Elles sont assurément nombreuses, même si en sciences sociales on ne découvre jamais des « nouveaux continents » ou des « nouvelles planètes » dans un système par ailleurs en mutation continuelle (je récuse, à propos, les notions de « système » ou de grand theory dans l’explication sociologique). Il faut faire la distinction entre, d’une part, les « contributions théoriques » à l’étude de la Révolution Bourgeoise en tant que concept historique et en tant que modèle explicatif (pour la sociologie historique, pour la sociologie des révolutions, pour l’étude du développement historique des sociétés capitalistes occidentales) et, d’autre part, les « contributions pratiques » pour ainsi dire à la discussion des chemins de la modernisation sociale et de la démocratie politique (ou plutôt de la non-démocratie) au Brésil et, en général, en Amérique Latine.
Mais, allons directement aux constatations que j’ai faites. J’ai « découvert » que:
1. La Révolution Bourgeoise en tant que concept historique est un fait français par excellence, plus spécifiquement de la première historiographie révolutionnaire (doctrinaires), déterminisme linguistique oblige.
2. La Révolution Bourgeoise en tant que concept social et politique est un fait allemand par excellence, plus spécifiquement Marxien.
3. La Révolution Bourgeoise en tant que programme pratique de transformation sociale et en tant que théorie (partielle) du développement historique est un fait russe par excellence, plus spécifiquement de la pensée marxiste classique (des proto-marxistes à Lénine).
4. La Révolution Bourgeoise en tant que modèle théorique et en tant que concept analytique sacralisé est un fait soviétique par excellence, plus spécifiquement du « marxisme établi » ou de l’imagination dialectique convertie en doctrine d’État.
5. La Révolution Bourgeoise, finalement, en tant que concept opérationnel pour la sociologie de la modernisation est un fait anglo-saxon par excellence, plus spécifiquement de la pensée libéralo-marxiste, du type Moore, Stone, Hill, Hobsbawm, etc. Les Français, quant à eux, semblent continuer à se bagarrer sur des mots.
J’ai encore « découvert » que:
6. La modernisation capitaliste en tant que telle n’est pas une condition structurelle de la Révolution Bourgeoise. Je me réfère dans l’essai aux notions « mariées » de rupture ou continuité dans le processus historique, à la longue durée (Braudelienne) et à la conjoncture de transformation (Labroussienne), ainsi qu’à l’emprise nécessaire du capitalisme, telles que la conçoivent les marxistes, vis-à-vis de la persistance de l’Ancien Régime, comme prétendent certains historiens révisionnistes.
7. La sociologie historique ou politique de Weber n’est pas le corpus théorique le plus adéquat pour l’analyse d’un phénomène de changement historico-social du type de la Révolution Bourgeoise, le marxisme étant beaucoup mieux « armé » pour le faire. J’ai « découvert » que Marx « explique » la Révolution Bourgeoise, Weber seulement sa « suite », c’est-à-dire la politique « bourgeoise ». Je ne revendique pas une quelconque originalité à ce propos, car j’ai puisé l’idée chez maints interprètes de Max Weber que j’ai lu attentivement (le chapitre sur la politique wébérienne est instructif à cet effet).
8. Le « mythe » de la Révolution Bourgeoise est encore et toujours ancré dans l’historiographie marxiste des révolution bourgeoises, du moins celle orthodoxe, les interprétations plus riches se trouvant dans la pensée marxiste-libérale d’extraction anglo-saxonne (bien que Hobsbawm soit aujourd’hui quelque peu sous-valorisé à la bourse des historiens « non-idéologiques », je le trouve toujours intéressant).
9. Il ne faut pas toujours identifier le capitalisme à la société bourgeoise, tout comme il ne faut pas identifier la domination politique à un pouvoir de classe.
En dépit de toutes ces « critiques » et découvertes déroutantes, j’ai « découvert » que le concept de Révolution Bourgeoise était quand même opérationnel pour mes objectifs et pouvait donc être mobilisé à des fins analytiques au-delà des frontières strictement historiographiques. J’ai donc essayé de donner une définition propre à ce concept quelque peu élusif et j’ai tâché de proposer un « type-idéal » de Révolution Bourgeoise. L’exercice ne trouve-t-il, peut-être, vraiment pas d’application pratique ; cependant il semble que l’on ne demande pas à une dissertation doctorale d’être opérationnelle, seulement de prouver que son auteur est capable de mener une recherche dotée d’un minimum de consistance logique et de supports empiriques (dans les cas de thèses historiques, en tout cas).
Du point de vue de la sociologie historique, il ne faut pas laisser sans mention les constatations suivantes:
10. Il n’y a pas un modèle unique de transition capitaliste (ce à quoi Fernandes souscrit entièrement, d’ailleurs), mais diverses transitions, différentes modalités de changement historique qui, tout en étant capitalistes, ne sont pas forcément bourgeoises. Le Brésil est précisément un cas en l’espèce, et ici je me place contre l’opinion de Fernandes, qui s’efforçait de prouver (à tort, à mon avis), que la modernisation capitaliste au Brésil est un cas, malgré tout, de Révolution Bourgeoise. J’ai simplement « démontré » qu’il n’y a même pas eu, au Brésil, de révolution bourgeoise tout court.
11. La Révolution Bourgeoise, du point de vue du développement historico-social, est à la fois un processus de transformation structurelle et une conjoncture de luttes politiques autour du système de domination, bien que le concept doive s’appliquer stricto sensu. La domination politique est un phénomène spécifiquement Wébérien, mais dans la fantasmagorie marxiste il devient toujours « domination de classe ».
12. Les « voies de développement » ouvertes aux formations en cours de modernisation capitaliste ne sont pas déterminées structurellement, mais restent toujours des « possibles historiques », dans le sens où il y a toujours un « domaine autonome de changement social » – c’est-à-dire, une « marge de liberté dans l’histoire » – se présentant sous la forme d’options laissées aux « élites » de chaque formation sociale. Je me place donc – après y avoir adhéré dans ma jeunesse – résolument contre l’idée Marxienne (et marxiste) de la nécessité historique, c’est-à-dire, la « surdétermination » de l’action des hommes (la « superstructure ») par les forces matérielles (« infrastructure »).
13. Dans ce sens, il faut distinguer la formation « économique » (au sens Marxien) de la formation « sociale » (stricto sensu, c’est-à-dire des classes sociales) et écarter toute détermination absolue du pouvoir politique par le pouvoir économique. Une lecture très variée de l’histoire économique m’avait déjà confirmé dans cette « découverte », ainsi que l’observation critique des politiques économiques effectives appliquées tant dans le capitalisme réel, que dans les pays du socialisme « surréel » (c’est-à-dire, maintenus en « fonctionnement » plus par la force de la répression que par les rouages « naturels » de l’activité productive, toujours défaillante, ce qui j’ai constaté de mes propres yeux).
14. La modernisation capitaliste dans les sociétés périphériques non-traditionnelles (c’est-à-dire nouvelles) n’est pas bourgeoise, la « société civile » ne se constituant qu’après la formation de l’État (qui d’ailleurs participe à la structuration sociale); cela s’applique, bien évidemment, au cas du Brésil, et je me suis confronté ici directement aux arguments de Fernandes. Le Brésil de la colonisation portugaise fut un pays où l’État a constitué la société, ou du moins l’a façonnée ; il semble que, même depuis l’Indépendance, et cela jusqu’à nos jours, ce processus s’est maintenu.
15. La « dépendance » et l’« absence de reforme agraire » ne sont pas des causes du « retard », tout comme leurs contraires ne sont pas des conditions du développement économique et social. Là, je me suis confronté aussi à tous les théoriciens de la « dépendance », dont Fernando Henrique Cardoso (qui, dix ans plus tard, devait devenir président de la république, en reniant quelque peu ses théories, mais cela je ne pouvais aucunement deviner au moment où j’entamais la rédaction de la thèse). Le fait remarquable, ici, mais cela est aussi une « découverte » a posteriori, c’est que l’agriculture brésilienne s’est modernisée sans jamais avoir eu à subir une quelconque réforme agraire d’en haut, von oben, car cette modernisation a été conduite, dans une bonne proportion, par les forces du marché, quand l’économie était en crise, et l’État incapable de faire une véritable « politique agricole ». Cela n’est pas non plus très original : ce n’est que quand les sociétés sont en crise, qu’elles sont obligés de se réformer, donc de se moderniser.
Les observations critiques que j’ai présentées dans les chapitres XIII et XIV, concernant les rapports – toujours contradictoires – entre le capitalisme, la bourgeoisie et la démocratie (y compris avec l’intervention de la Révolution Bourgeoise), ne peuvent pas toutes se ranger dans la catégorie « découvertes » – ce que, dans les doctoral dissertations des anglo-saxons, l’on appelle des major findings –, mais elles expriment toutefois une réflexion approfondie sur la nature du développement social des sociétés occidentales, tout en étant une critique voilée des tentatives plus ou moins maladroites d’établir des rapports unilatéraux de causalité. Il y a, bien sûr, entre chacune de ces catégories (non plus conceptuelles, mais historiques) des rapports réciproques d’adéquation, ou des « affinités électives » (pour reprendre l’expression du grand poète allemand, repassé au grand sociologue), mais non pas des déterminants universels.
De même, les rapports entre modernisation tardive et autoritarisme – qui sont à la base du modèle interprétatif proposé par Fernandes – ne peuvent être appréciés de par la seule référence à la nature de la domination bourgeoise. Je peux, à ce propos, attirer l’attention sur la discussion de l’« autocratie bourgeoise » dans la dernière partie de mon travail, ainsi que sur l’ensemble du dernier chapitre en ce qui concerne la question de la « démocratie bourgeoise ». En tout état de cause, au cours de mon cheminement autour de la thèse, j’ai appris à ne plus jamais mettre des adjectifs à la démocratie, comme on avait l’habitude de le faire pendant les années de la grande confrontation entre systèmes opposés. Les qualifications de ce type sont toujours réductrices et trompeuses, servant le plus souvent à soutenir des régimes illégitimes. Il vaut mieux réserver ce genre d’exercice aux menus culinaires : Poulet à la Kiev, Filet à la Parme, Saumon en papillote, etc. La démocratie se suffit à elle seule, sans aucun complément.

Discussion des résultats et implications de l’étude
J’arrive maintenant au terme de mon cheminement théorique et pratique. À part la contribution originale mentionnée plus haut – à propos du modèle analytique de Révolution Bourgeoise et de son application à un exemple concret de modernisation capitaliste –, ma dissertation représente en fait un exercice de contestation théorique à tout « modèle global de développement historique ». Les « théories générales » ne sont pas forcement inutiles, mais elles sont parfois dangereuses pour le travail sociologique (bien qu’aujourd’hui, vu l’état de désarroi des sciences sociales, peu de « dictatures théoriques » subsistent trop longtemps).
L’étude de Fernandes ne se présente pas en tant que « théorie générale de la Révolution Bourgeoise dans la périphérie », ou du moins pas explicitement; elle apparaît toutefois, de manière voulue ou indirecte, une « théorie régionale de la modernisation capitaliste », avec les conséquences politiques que l’on sait. Or, tout comme la « théorie de la dépendance » semble avoir épuisé ses possibilités explicatives, la « théorie régionale de la modernisation capitaliste », impliquant la non-démocratisation politique, possède des bases tout aussi fragiles, que ce soit du point de vue historique que de celui théorique. J’ai, quant à moi, toujours préféré de parler de façon qualifiée, c’est-à-dire, avec un certain support empirique, dans la diachronie historique, et en soumettant chaque affirmation à l’épreuve des faits.
Cela dit, il ne faut pas écarter, a priori, tout effort de systématisation qu’il est possible de faire à partir des « modèles de développement ». Selon Fossaert, « la recherche sociologique tend à concevoir des types caractéristiques de développement social », ce à quoi je n’ai pas été en mesure de souscrire entièrement, en faisant question d’ajouter tout de suite après: « Il n’est pas permis de penser que la réalité du développement social est faite de types caractéristiques ». Pour dire vrai, je suis devenu, plus tard, bien moins tolérant envers ces soi-disant « modèles de développement », peut-être à cause de tant d’échecs qu’ont subi ces prétendus modèles (y compris dans leur application au cas du Brésil).
Ce que j’ai surtout essayé de faire – on m’avait accusé, à une certaine étape de la soutenance de la thèse, de ne pas avoir « annoncé mes couleurs » et de rester insaisissable quant à mes options idéologiques et politiques – c’est l’unification dans un même champ théorique de deux paradigmes – au sens large – divergents et contradictoires: d’une part le paradigme de la « politique sociale » ou de la « modernisation », pouvant grossièrement être décrit comme « bourgeois »; d’autre part, celui du “conflit” ou de la “révolution”, d’inspiration marxiste.
En tout état de cause, ma thèse est restée dans l’univers conceptuel du marxisme académique, mais je crois avoir procédé, à chaque fois, à une critique impitoyable de ses bases théoriques et historiques. D’une certaine façon, la thèse a représenté mon dépassement de ce marxisme académique par trop figé dans ses concepts « classiques », au profit d’une vision moins « religieuse » de l’outillage théorique mis à la disposition des analystes se penchant sur des cas concrets de modernisation capitaliste (avec ou sans domination bourgeoise). Comme l’avait remarqué quelque part Fernand Braudel, le capitalisme est devenu, dans l’univers conceptuel marxiste, un superlatif, imposant sa dictature terminologique même là où il n’y a point de capitalisme dans la pratique. Le Brésil est, encore ici, un cas en l’espèce.
Implicite à la démarche unificatrice mentionnée ci-dessus, il y a une volonté d’arriver à une entente conceptuelle entre les deux paradigmes, étape précédant nécessairement une entente sur les principes. Mais, celle-ci est-elle vraiment possible?
Le premier paradigme concerne l’amélioration de l’ordre social, la correction des défaillances les plus évidentes du système en place, bref, la réforme. Le deuxième paradigme vise, lui, la destruction et le remplacement de système: il est prescriptif, dans le sens où il propose, en plus du diagnostic, une thérapie. Comme il est assez connu, le marxisme appliqué a toujours et partout consisté en des gigantesques opérations d’ingénierie sociale, avec son cortège de catastrophes sociales et une perte « inutile » en vies humaines (inutile dans le sens où ces pertes ne sont pas nécessaires au fonctionnement du système, mais elles le sont, probablement, pour sa « survie »).
Les expériences tentées au cours de l’histoire, ou encore existantes (très rares, il faut le reconnaître), ne tournent pas à son avantage, c’est le moins qu’on puisse dire (et je le reconnaissais déjà trente ans auparavant). L’approche libérale ou bourgeoise est beaucoup plus modeste quant à ses ambitions. Le même type de raisonnement vaut aussi pour les formations sociales insuffisamment développées, c’est-à-dire, encore peu capitalistes, ce qui s’applique encore une fois au Brésil. Mais, pourraient argumenter les true believers dans le « sens de l’histoire », la modération serait-elle une bonne qualité quand on meurt de faim? C’est là la justificative des politiques distributives – voire populistes – quand la richesse est encore à ses débuts pour satisfaire à tous les besoins déclarés. La question est toujours ouverte, et le débat autour des thèses de l’économiste français Thomas Piketty a encore renouvelé le débat.
La question sociale continue d’être le problème par excellence des pays en voie de modernisation (est-elle toujours capitaliste, dans le sens classique du terme?). Mais il serait illusoire de penser que l’on puisse délaisser la question démocratique pour s’occuper seulement de la première. Les réponses que l’on pourrait apporter à ce « problème » – s’il en est un – ne sont d’ailleurs jamais de nature théorique, mais bien pratique. Il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir, de théorie du « développement » à l’échelle mondiale: le changement historique n’est pas contrôlable par la société (ce que Marx avait affirmé dès l’Idéologie Allemande), même quand celle-ci a opéré un « saut qualitatif » en direction de la « démocratie réelle ».

Retour vers le futur : capitalisme et démocratie trente ans après
La thèse présentée en 1984 n’a probablement pas répondu à tous les problèmes soulevés au départ, et à tous les questionnements qu’il est encore possible de faire aujourd’hui autour des relations toujours difficiles entre capitalisme, démocratie et transformations dans le régime de pouvoir en fonction de la dynamique sociale (ou de classes, comme le prétendent toujours les marxistes). Mais je crois, sincèrement, que ma thèse s’est efforcé au moins de rectifier quelques-unes des questions posées dans le domaine du marxisme académique et d’éliminer certaines réponses qu’il cherchait à produire (contre un certain « sens de l’histoire », rectification à laquelle j’ai accédé par maintes lectures, mais surtout par des voyages d’observation).
Quoiqu’il en soit, et pour terminer avec l’omniprésent savant allemand – encore objet de trop de révérence dans des académies de pays périphériques –, la onzième thèse sur Feuerbach n’est de toute façon pas réalisable: cela supposerait la « connaissance réelle » de ce monde et la mise en action d’une sorte de « volonté collective » à laquelle peu de savants de l’académie seraient capables de se rallier aujourd’hui. Suite à la succession de désastres historiques – donc bien réels – provoqués par l’imagination dialectique transmuée en pouvoir politique, très peu d’intellectuels s’attachent de nos jours à vouloir pratiquer ces exercices démodés d’ingénierie sociale. Le danger est pourtant toujours là, comme le prouvent bien d’expériences encore aujourd’hui conduites en Amérique Latine. En tout état de cause, le populisme qui se revendique d’un faux héritage de Simon Bolivar ne semble être autre chose qu’une contrefaçon de mauvaise qualité (mais, elles le sont toujours) du vieux fascisme de l’entre-deux-guerres.

Quant à l’apprenti sociologue, devenu enfin un académicien professionnel, sa tâche – constante, permanente – est celle de continuer à faire la critique du monde réel, ce qu’il a fait dans cette thèse et à chaque opportunité pratique et théorique depuis lors. Il ne s’agit pas seulement de répéter le vieil adage qui prétend que la théorie, dans la pratique, ne fonctionne pas, car cela on le sait déjà. Mais, même pour dire cela, il faut une certaine théorie, c’est-à-dire, il faut partir de certains supposés.
Mes supposés, à l’origine de la conception, de la première formulation et de la rédaction de cet exercice académique, étaient très clairs : je m’inquiétais du capitalisme et de la démocratie au Brésil, et cela dans un contexte bien déterminé : le Brésil d’alors était un pays insuffisamment développé du point de vue capitaliste et n’était clairement pas un pays démocratique. Ayant un système économique dominé, à près d’un tiers par le poids de l’État, les agents économiques privés n’étaient pas en mesure de créer, eux-mêmes, des nouvelles sources de richesse sur la base de leurs initiatives individuelles, en toute liberté économique, car tout dépendait de la permission de l’État, un peu comme aux temps de la colonisation. D’autre part, tombé, en 1964, sous les coups de ses crises politiques et de son instabilité institutionnelle chronique, dans un type de gouvernement et de régime politique à dominance autocratique-militaire, le Brésil n’était pas encore arrivé, au moment de la rédaction de cette thèse, entre 1983 et 1984, à un système que l’on pourrait appeler comme formellement démocratique, comme il serait devenu près d’un an plus tard (et encore avec beaucoup de limitations pratiques). Plus qu’un simple exercice académique, la thèse était donc une sorte de cri d’angoisse personnel, exprimé dans une forme très académique, en face de la double absence d’un capitalisme réel et d’une démocratie fonctionnelle au Brésil d’alors.
Plus de trente ans plus tard, que pourrait-on dire à cet égard ? Quelles seraient les constatations que nous sommes maintenant en droit de faire, si l’ont suit la lente évolution du pays dans les contextes économique et politique de la période écoulée ? Quel a été l’itinéraire, dans le cas du Brésil, de ces deux éléments majeurs de toute économie libérale de marché, que sont le capitalisme et la démocratie ? J’offre ici ma petite synthèse rétrospective.

Pour ce qui est du capitalisme, nous avons certes avancé un peu en termes de stabilité macroéconomique, mais nous ne sommes pas certains d’avoir vaincu vraiment les fléaux de l’inflation, de la dette publique élevée, des déséquilibres budgétaires, ou bien les défis d’un régime de change encore erratique et inconstant, car l’on retrouve à chaque fois les mêmes défis qui étaient les nôtres des décennies auparavant. En termes de compétitivité microéconomique, nous nous ressentons toujours du poids démesuré de l’État sur la vie économique, de l’absence de véritable compétition de marché, d’un excès de cartels et des monopoles (et pas seulement ceux relevant directement de l’État), d’une protection officielle à certains grands acteurs dans le domaine productif –ceux-là mêmes qui financent, bien sûr, la corruption politique et la collusion (dont parlait déjà Braudel, du début du capitalisme) entre entrepreneurs privés et agents publics, bref, de tous ces maux qui affectent la productivité du système économique et la compétitivité interne et externe des entreprises privées. Il reste un long chemin, encore, pour que le Brésil devienne un pays capitaliste « normal ».
Pour ce qui est de la gouvernance politique, nous avons surmonté, bien sûr, l’enfer de l’autocratie de l’ancienne dictature militaire, mais il n’est pas certain, non plus, que notre démocratie soit de bonne qualité. Près de huit cents ans après la proclamation de la Magna Carta, nous ne sommes pas encore arrivés à une situation où personne, même pas le roi, ne soit au-dessus de la loi : la puissance des « maîtres du pouvoir » – dont parlait le sociologue Wébérien Raymundo Faoro – est toujours là, pour défier ce principe central de l’accord imposé par les barons, en 1215, à Runnymede, à un roi arbitraire. La justice, de son côté, fonctionne mal, est trop lente, et ce suffisamment pour représenter, en fin de compte, un déni de justice. Les système électoral et le régime des partis sont encore déformés, des legs de la période autoritaire qui n’ont pas encore été réformés de manière acceptable, pour introduire au Brésil ces principes politiques et d’organisation institutionnelle que, dans le système anglo-saxon, l’on appelle accountability.
Que dire, alors, de la qualité du capital humain, qui est la base du progrès matériel, de l’innovation technologique, bref, de la prospérité économique et du bien-être social ? Il n’est pas difficile de reconnaître que le Brésil est arrivé trop tard au réquisit fondamental de l’éducation universelle, et qu’aujourd’hui encore la qualité de l’enseignement délivré dans les établissements publics des premiers cycles est particulièrement mauvaise, ce qui se reflète dans les très bas niveaux de productivité du système économique. Finalement, pour ce qui est de l’ouverture économique et de la libéralisation commerciale, force est de constater que le Brésil continue d’être un pays fermé au commerce international – avec un coefficient d’ouverture, c’est-à-dire, la part du commerce extérieur dans la formation du PIB, qui est la moitié de la moyenne mondiale – et encore très frileux par rapport aux investissements étrangers : il y a toujours des domaines réservés à des nationaux, des secteurs monopolisés ou pas, ce qui diminue, bien sûr, le potentiel de transformations novatrices qu’il serait possible d’introduire dans le système économique.

Bref, le Brésil reste un pays insuffisamment développé d’un point de vue économique et avec une démocratie défaillante et lacunaire du point de vue politique. Trente ans après avoir exprimé ces angoisses à l’encontre de notre situation nationale dans un exercice académique, l’on revient aux mêmes exigences en ce qui concerne la possibilité de constitution d’un capitalisme démocratique dans le pays. Sur le plan économique, on ne peut manquer d’enregistrer l’interventionnisme toujours actif de bureaucrates prétendant guider les marchés et même les capitalistes privés, ainsi que la persistance d’un capitalisme d’État par trop invasif, et soumis encore à l’intromission de la classe politique, ce qui est une porte ouverte à toutes sortes de combines corrompues. Sur le plan politique, on ne peut non plus ne pas remarquer une gouvernance organisée autour de l’État, fonctionnant par l’État et pour l’État, plutôt qu’en faveur des simples citoyens.
En observant ces traits, il n’est pas surprenant de retrouver dans le Brésil d’aujourd’hui certaines des caractéristiques qui étaient en vigueur au cours des années de dirigisme économique excessif et d’autocratie politique du temps des militaires, ou peut-être même plus loin, lors des fascismes d’entre-deux-guerres. C’est une sorte de corporatisme hérité des années de dictature, mais qui plonge des racines un peu plus en arrière dans notre histoire, et pour cause : les militaires qui ont commandé le pays des années soixante au milieu des quatre-vingt avaient fait leurs académies militaires quand les conceptions dirigistes d’économie, et les notions autoritaires d’ordre politique, avaient une large acceptation dans leurs cours et ne disputaient l’espace qu’avec une faible présence d’une pensée plus libérale, dans les cœurs et dans les mentalités des dirigeants. Nous devrons peut-être supporter la survivance de ces idées vétustes pour un certain nombre d’années encore. Jusqu’à quand, exactement ? Comment faire pour s’en débarrasser ? Serions-nous en présence de la célèbre répétition hégélienne-marxiste de l’histoire ?
Il n’y a pas de réponses faciles à ces questions. Même quand on prétend abandonner les illusions de l’académie pour se réfugier dans le monde de la pratique, l’on est toujours prisonnier d’une certaine conception quant à l’organisation du monde et à son fonctionnement réel. Donc, à s’efforcer de pratiquer la critique de la raison pratique, et de devenir un peu Machiavélien dans les faits, sinon dans les intentions (et cela, dans le bon sens du concept lié au Florentin, bien entendu), l’on retombe toujours sur Raymond Aron et sa philosophie de l’histoire. En tout cas, on ne pourrait pas désirer être en meilleure compagnie qu’avec celle du « spectateur engagé ».
Cette thèse doctorale en fournit une bonne preuve : elle avait commencé, dans le projet tout au moins, comme un exercice de sociologie et d’histoire résolument marxistes dans son outillage et dans son vocabulaire : elle s’est conclue dans un univers conceptuel beaucoup plus Wébérien, dans sa méthode, et délibérément Aronien, dans son esprit.

C’est un exercice académique que j’ai eu beaucoup de peine à terminer, entre les labours dévoués à un nourrisson et un transfert à un poste beaucoup plus difficile que celui du capitalisme avancé où je l’avais commencé ; mais il m’a aussi prodigué beaucoup de satisfaction intellectuelle quand je l’ai finalement terminé. Que son résultat soit resté déposé trente ans dans le silence d’une bibliothèque universitaire me faisait un peu de peine, je l’avoue. Qu’il soit aujourd’hui ressuscité par les soins des Éditions Universitaires Européennes, en vue d’un accès plus large, représente une sorte de compensation – quoique tardive – pour tous les efforts de recherche et de lecture, ainsi que pour l’investissement intellectuel qui y a été fait dans ma jeunesse.
Il ne serait pas non plus exagéré de dire que sa publication représente une espèce de renaissance spirituelle, pour la thèse et pour son auteur. J’en suis là tout à fait conscient et reconnaissant.

Paulo Roberto de Almeida
Hartford, CT, USA, le 30 Août 2015.

De memorias e lembranças - Bolivar Lamounier e Paulo Roberto de Almeida

Primeiro, o relato de Bolivar Lamounier, neste dia triste de 1ro de setembro. Depois, meus comentários a respeito.
Paulo Roberto de Almeida 

FRAGMENTOS DE MEMÓRIA
Bolívar Lamounier – 01.09.2016

Não gosto de relatar episódios de minha vida pessoal, mas os acontecimentos de ontem (31.08) forçam-me a abrir uma exceção. Sei que todos ou quase todos os que me leem ficaram estupefatos ao acompanhar ao vivo e em cores a trapaça perpetrada contra o país pelo Senado Federal.  

Mais que estupefatos, humilhados e indignados frente à sem cerimônia com que  Renan Calheiros, o ministro Lewandovsky, Lula Primeiro e Único, o Notório, e muito provavelmente uma parcela do atual governo tramaram rasgar, como de fato rasgaram a Constituição Federal.

Os episódios que passo a relatar tiveram inicio no primeiro semestre de 1969. Os que viveram aquele período se lembram de que em dezembro de 1968, com a edição do Ato Institucional número 5,  o Brasil entrara nos chamados “anos de chumbo”. Repressão intensa, arbitrariedades de toda ordem.

No dia  25 de abril de 1969, com base no Ato 5, o governo decretou a aposentadoria compulsória de dezenas de professores do sistema público. Fernando Henrique, Florestan Fernandes, Octávio Ianni  e outros integravam a lista. Eu também fui agraciado, embora não estivesse na rede pública ou em qualquer outra função pública. Ensinava no IUPERJ – Instituto Universitário de Pesquisas do Rio de Janeiro-, uma instituição privada. 

Ou seja, fui aposentado de uma função que não exercia. Recorrer à Justiça? Ora, estávamos, como indiquei, nos “anos de chumbo”, e nem preciso lembrar que medidas baseadas nos atos institucionais eram insuscetíveis de apreciação judiciária. 

Mercê da referida aberração, fiz toda a minha carreira acadêmica em pequenas instituições privadas: o já citado Iuperj e posteriormente o Cebrap, para cuja fundação, liderada por Fernando Henrique, tive o privilégio de contribuir  na medida de minha capacidade e de minhas escassas credenciais. Dez anos mais tarde, no final de 1980, fundei o Idesp, Instituto de Estudos Econômicos e Políticos de São Paulo, que permaneceu em atividade até 2003. Lecionei na PUC-SP, num programa de mestrado em ciências sociais precariamente estabelecido, limitado ao período noturno. 

Impedido de exercer função pública, só vim a ser admitido na USP em 1984, e mesmo então sem oportunidade de ensinar na pós-graduação, uma vez que, nos três anos em que lá permaneci,  a universidade não deliberou sobre a validade ou não do doutorado que eu havia cursado e concluído na Universidade da Califórnia.  Em 1985, nomeado pela Presidência da República para a comissão incumbida de redigir um anteprojeto constitucional – a chamada Comissão Afonso Arinos- desinteressei-me do ensino; desliguei-me de ambas as universidades  e me dediquei por inteiro ao Idesp e a atividades privadas de consultoria.

Trocando em miúdos, a aberração jurídica de 1969 impediu-me não só de seguir a carreira acadêmica no padrão para o qual me julgava capacitado como de exercer alguma outra função pública. 

À época não estranhei, como não estranho até hoje, que o regime militar, por meio do Ato 5,  jogasse no lixo o pouco que o Brasil ainda possuía de vida constitucional.  Assim proceder é da índole de regimes autoritários. Ontem sim, estranhei não só o conteúdo, mas também  a frieza e a determinação com que Renan Calheiros, Ricardo Lewandovski et caterva  representaram seus papéis numa farsa meticulosamente concebida para fazer em ambiente pacífico e em plena democracia o que os militares fizeram pela força em 1969: rasgar novamente a Constituição. Conspurcar com seus pés sujos a fonte cristalina do artigo 52 parágrafo único da Constituição Federal, cujo cumprimento acarretaria a suspensão dos direitos políticos de Dilma Rousseff e sua inabilitação para o exercício de qualquer função política. Foi mais uma vez, como temos visto desde a ascensão de Lula e Dilma ao proscênio nacional, uma manobra  calcada numa concepção maliciosa e trapaceira da vida política.  

Ainda não está claro se a parcela mais respeitável do Senado recorrerá ao STF. Se não o fizer, ficarei um pouco mais triste, mas não surpreendido.

Do que acima expus os meus caros leitores e leitores  possivelmente concluirão que cometi crimes muito mais graves que os comprovadamente cometidos por Dilma Rousseff em sua nefasta passagem pela Presidência da República. Devo ter me levantado em armas e cometido atos terroristas, não? Ou me valido de recursos ilícitos para concorrer a mandatos eletivos. Ou, quem sabe, tomado ou influenciado medidas econômicas estúpidas, empobrecendo milhões de brasileiros e arrastando outros tantos para o desemprego. 

Não, não fiz nada disso. Desde logo, quem estudou comigo sabe que minha orientação ideológica foi sempre liberal, sendo essa a razão pela qual as esquerdas nutriam a meu respeito uma atitude de desconfiança não inferior à dos famigerados órgãos de segurança. O fato de eu ter passado três meses preso em 1966 em nada alterava tal atitude;  apenas confirmava, suponho, que aos olhos  da esquerda eu não passava de um trouxa liberal. 

Eu poderia ter pleiteado uma daquelas "indenizações" que o governo pagou a várias dezenas de antigos militantes e a alguns jornalistas. Optei por não fazê-lo. Não suportaria a vergonha.

Era minha intenção deixar este relato - este desabafo, melhor dizendo - para minhas memórias, se um dia vier a escrevê-las, mas confesso não ter resistido à emoção do dia de ontem; não sou jejuno em política, mas, otimista inveterado que sou, não imaginava presenciar tanta canalhice. Com uma indevida ponta de vaidade ou de orgulho, sabe Deus, me senti no direito de lembrar as palavras do apóstolo São Paulo: bonum certamen certavi, cursum consummavi, fidem servavi.

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Agora meu comentário a respeito do que foi transcrito acima:

Da arte de suportar o arbítrio reservadamente
Paulo Roberto de Almeida 

Depoimento pessoal de Bolívar Lamounier sobre as graves consequências dos anos de chumbo da ditadura militar sobre sua carreira acadêmica, que ele relembra agora por motivo de mais um arbítrio cometido contra a democracia num momento em que todos acreditávamos ser justamente de início da correção dos muitos arbítrios cometidos contra essa mesma democracia já de muito baixa qualidade nos anos companheiros que agora se encerram (não por um bang, mas por um bimp, como se diz). 
Compreendo inteiramente este tipo de rememoração dolorosa de Bolivar Lamounier pois eu também teria meu depoimento pessoal a fazer no momento em que encerro, já no atual "governo golpista", um longo ostracismo, um segundo exílio com o dobro da duração do primeiro (sob o regime militar justamente), a que fui levado durante todos os 13 anos do reinado companheiro, sem qualquer cargo ou função na carreira diplomática, por ter, desde o início, ousado escrever o que eu pensava sobre o o governo que se iniciava em 2003, e que despertaram o meu ceticismo desde aquele primeiro momento. 
Só voltei a ter um cargo no Itamaraty agora, a partir de 3/08/2016, quando o último tinha sido no século passado, e ainda assim não exatamente no Itamaraty, pois se trata da função de Diretor do IPRI, um órgão subordinado à Fundação Alexandre de Gusmão, uma autarquia da administração indireta vinculada ao MRE.
 Durante todos estes longos 13 anos suportei quase silenciosamente (a não ser por meus muitos escritos de resistência ao regime que eu sempre considerei espúrio) minha travessia de um deserto funcional humilhante, durante  os quais fiz da biblioteca do Itamaraty o meu gabinete de trabalho, e do meu blog Diplomatizzando o meu "quilombo de resistência intelectual ".
Creio que terminou agora, mas não deixarei de oferecer, futuramente, o meu depoimento sincero sobre estes novos anos de chumbo, pelo menos no âmbito da diplomacia companheira, uma perversão completa do que possa ou deva ser uma política externa credível e legítima para uma nação democrática. 
Nunca me rendi aos totalitários de um partido que agora se revela ser uma vulgar organização criminosa.

Paulo Roberto de Almeida 
Gramado, RS, 2/09/2016

quinta-feira, 1 de setembro de 2016

Guerra Fria: fontes para aulas e pesquisas - H-net

Apenas transcrevendo referências que podem ser úteis aos que se dedicam ao assunto:

Sources for teaching - Cold War course

by Przemyslaw Piotr Damski
To the enlisted sources I propose also:
Mikhail Geller and A. M. Nekrich, Utopia in power: the history of the Soviet Union from 1917 to the present (New York : Summit Books. 1986),
John Lewis Gaddis, The Cold War: A New History. (New York, NY: The Penguin Press. 2005).

Interesting view from East-Central Europe you can find in more general works by Piotr Stefan Wandycz:
P.S. Wandycz, The price of freedom : a history of East Central Europe from the Middle Ages to the present (London and New York : Routledge. 1992).
P.S. Wandycz, United States and Poland, (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1980).
A. Kemp-Welch, Poland under Communism: A Cold War History, (Cambridge University Press. 2008)

To the list of primary sources I would add:
Vasili Mitrokhin and Christopher Andrew, The Mitrokhin Archive: The KGB in Europe and the West. (Allen Lane. 1999).
Vasili Mitrokhin and Christopher Andrew, The Mitrokhin Archive II: The KGB and the World (Allen Lane. 2005)
(The original documents in Russian are available here: https://digitalarchive.wilsoncenter.org/collection/52/mitrokhin-archive)
American documents are available here: https://history.state.gov/historicaldocuments
Links to different documents and materials you can also find here: https://www.mtholyoke.edu/acad/intrel/coldwar.htm and here: http://millercenter.org/academic/dgs/primaryresources/cold_war

I hope it is useful


Przemyslaw Piotr Damski
Faculty of Bussines and International Relations
Vistula University
Warsaw, Poland

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Re: Sources for teaching - Cold War course

by A Ross Johnson
I also suggest the Soviet documents related to countering Western broadcasting, in Johnson and Parta, eds., Cold War Broadcasting, CEU Press, and online in the Wilson Center Digital Archive, https://www.wilsoncenter.org/publication/cold-war-broadcasting

Another suggestion: The Media and Intra-Elite Communication in the USSR, RAND report, http://www.rand.org/pubs/reports/R2869.html

E sobre a América Latina: 

Re: Sources for teaching - Cold War course

by Richard Grossman
Quick suggestions on Latin America:

Secondary sources:
Stephen Rabe The Killing Zone: The United States Wages Cold War in Latin America (Oxford)
Clara Nieto The Masters of War: Latin America and US Aggression (Seven Stories Press)

Primary go to National Security Archives which is a private research organization.which has published lots of declassified documents.

Hope this is helpful.

Richard Grossman
Department of History
Northeastern Illinois University

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Re: Sources for teaching - Cold War course

by Robert Larson
You know, in terms of Soviet domestic politics, the secondary source I keep going to is Vladislav Zubok's A Failed Empire. It's very accessible. For primary sources, I'm no expert, but maybe something from Khrushchev's memoirs, or a bit of Samizdat literature? The latter could be a good discussion piece.

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Re: Sources for teaching - Cold War course

by Jenny Smith
Moshe Lewin's Gorbachev Phenomenon is pretty good, although not a comprehensive overview like Zubok's (which is also very good and I second the recommendation)

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Re: Sources for teaching - Cold War course

by Laura Deal
Zubok's book is a good one. CWIHP's Digital Archive (which I work for) also has some primary sources on censorship and mass media in the Soviet Union that might be useful: http://digitalarchive.wilsoncenter.org/collection/51/mass-media-and-cens...

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Re: Sources for teaching - Cold War course

by Grant Weller
I concur with Mr Larson. I've had great success with Zubok's _A Failed Empire_ in class, as well as the volume he coauthored with Constantine Pleshakov, _Inside the Kremlin's Cold War_. Though _Inside_ is an earlier work, students found the biographies included to be of great interest and made it a favorite. Another great primary source for the USSR would be the cartoons from _Krokodil_, many available online or in a collected published volume. Many anekdoti can be found on like and used to great effect, as well.

O Brasil atingido de psicose coletiva? - Luiz Olavo Baptista

 Meu amigo Luiz Olavo Baptista, horrorizado, como eu, com o espetáculo de ódios disseminados em todos os meios, com o cenário de divisão do país, e de fundamentalismo político (o religioso há muito existe) que tomou pé em nosso país desde algum tempo, faz estas reflexões que tenho o prazer de reproduzir aqui.
Paulo Roberto de Almeida 

Coxinhas, mortadelas e a psicose coletiva
  • Published on August 28, 2016
Experienced and Independent Arbitrator and Jurisconsult
Este texto, como outros que postei neste site contém anotações rápidas sobre coisas que chamam a minha atenção e não aspiram à dignidade dos textos acadêmicos, meros registros de sentimentos que são.
Pouco a pouco o país foi ensandecendo, dividindo-se fracionariamente, em polos opostos. Um conhecido me disse com cara séria e ar de quem acredita no que está dizendo que seu sonho era ver mortos todos os palmeirenses – ele é corintiano. Outro queria que se eliminassem os muçulmanos, ele integra um grupo que se intitula cristão (acho que há um novo significado para o termo) fundamentalista.
Nas mídias de comunicação social – aparentemente concebidas para congregar e aproximar pessoas, - alguns dirigem insultos a outros, os quais coroavam com a expressão coxinha; recebem respostas com agressões verbais de igual teor sendo e eram tachados como mortadelas. As mensagens de uns e outros exalam ódio exacerbado.
O ódio por razões políticas não é novo na história do Brasil. Antes de 1930, no Rio Grande do Sul, maragatos degolavam ximangos e vice versa. De novo os apelidos e o ódio assassino são coletivizados.
Essa atitude, para as pessoas não contaminadas pela psicose coletiva que ora grassa, é inaceitável. Não consigo aceitar ou compreender  o desrespeito ao direito de cada um pensar, falar e votar como quiser e suas manifestações, pacificas e ordeira serem respeitadas por todos mesmo que com elas não estejam de acordo. A Declaração Universal dos Direitos Humanos diz clara mente que:

Artigo 18  - Toda pessoa tem direito à liberdade de pensamento, consciência e religião; este direito inclui a liberdade de mudar de religião ou crença e a liberdade de manifestar essa religião ou crença, pelo ensino, pela prática, pelo culto e pela observância, isolada ou coletivamente, em público ou em particular.
Artigo 19 - Toda pessoa tem direito à liberdade de opinião e expressão; este direito inclui a liberdade de, sem interferência, ter opiniões e de procurar, receber e transmitir informações e ideias por quaisquer meios e independentemente de fronteiras.

A psicose coletiva leva aos diferentes tipos de totalitarismo e desrespeito que ameaçam os direitos de cada um e das minorias.
Por isso é preciso voltar à sanidade, e lembrar que na origem da ideia de republica, lançada pela Revolução Francesa, o lema era liberdade igualdade e fraternidade. Com essa tríade, teremos de volta aquilo de que mais necessitamos para superar as dificuldades por que teremos que passar nos próximos anos.

Quase parecida com a minha biblioteca...

Só que não uso tênis, e meus cabelos não são assim de longos...

quarta-feira, 31 de agosto de 2016

Vergonha, apenas vergonha...

Existem momentos na vida nacional em que sentimos vergonha de ser brasileiros, poderia dizer o grande Rui Barbosa. 
O Brasil se expõe ao ridículo internacional de não respeitar a sua própria Constituição, e isso pelas mãos (e pés) daqueles mesmos que deveriam defendê-la.
Paulo Roberto de Almeida 
Brasília, 31 de agosto de 2016.

A Guerra Civil Espanhola em exposicao de fotojornalismo - Robert Capa (Sao Paulo)

As fotografias raras de Robert Capa na Guerra Civil Espanhola estão em São Paulo
Exposição do mestre do fotojornalismo de guerra registra um conflito dramático do século XX

Robert Capa em um de seus retratos mais difundidos.
FSP, São Paulo 22 JUL 2016 - 22:44 CEST
O grande mestre do fotojornalismo de guerra, o húngaro Robert Capa (1913-1954), um revolucionário da fotografia contemporânea, ganhou pela primeira vez (só) cinco anos atrás uma ampla exposição de seu trabalho original. Durante esse tempo, ela viajou por cinco países, sempre com um sucesso tremendo, e, agora, finalmente aterrissa no Brasil. A Valise Mexicana: a redescoberta dos negativos da Guerra Civil Espanhola de Capa, Taro e Chim, em cartaz na Caixa Cultural de São Paulo de 23 de julho a 2 de outubro, traz aos olhos paulistanos as imagens que Capa fez do conflito espanhol (1936-39) ao lado de seus parceiros Gerda Taro (1910-1937) e David ‘Chim’ Seymour (1911-1956). São fotografias únicas: históricas, artísticas e raras de ser vistas em seu contexto original.
Por isso, quem estiver na cidade deve aproveitar. São 4.500 negativos, que formam a tal Valise mexicana e que permaneceram desaparecidos por décadas, até serem recuperados na década de 1990 no México e, anos depois, arquivados com toda a importância merecida peloInternational Center of Photography (ICP) – fundado em Nova York pelo irmão de Capa, Cornell, que os recebeu em 2007 depois de uma busca incansável.
A história é que Capa mantinha um estúdio em Paris, para onde foi com Gerda, sua esposa, seguindo o rastro de Chim, o primeiro do grupo (todos judeus esquerdistas e exilados) a tentar a vida na França como fotógrafo, já que na Alemanha o nazismo estava em ascensão. Os três viram na Guerra Civil Espanhola uma oportunidade de trabalhar e ter destaque profissional. Em 1939, ano em que termina o conflito espanhol, estoura a Segunda Guerra Mundial, e Paris está na iminência de ser invadida pelo exército alemão. A pessoa responsável pelo estúdio naquele então embala o material e o entrega alguém de quem não se teve notícias por tempos. Até que Cornell os recuperou.

Refugiados andando na praia. Campo de internação francês para exilados republicanos, Le Barcarès, França. Março de 1939. ROBERT CAPA INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY / MAGNUM

Nas fotos enfim resgatadas e agora expostas na Caixa Cultural, o que se vê é Capa e seus companheiros experimentando o estilo pelo qual ficariam consagrados, com fotos levemente tremidas, mais verossímeis que as nítidas no caso de conflitos, e tiradas quase sempre junto às cenas, como explica umareportagem da Ilustríssima sobre o mestre lançado à fama graças a um perfil publicado pela revista Picture Post.

Mulher amamentando e escutando um discurso político perto de Badajoz, Espanha, maio de 1936. CHIMESTATE OF DAVID SEYMOUR / MAGNUM
Vivendo essa vida imersa no perigo, os três fotógrafos, cujos nomes verdadeiros eram outros (Capa se chamava, na realidade, Endre Friedmann, Gerda era Gerta Phorylle e David, Dawid Szymin), morreram em ação. Gerda foi atropelada por um tanque na Espanha em 1937, Capa pisou em uma mina na Indochina em 1954 e Chim levou um tiro quando cobria a Guerra do Suez, em 1956. Talvez não sobre dizer que seus legados vivem eternamente.
Guerra Civil Espanhola teve início em 1936 após a sublevação de parte do Exército contra contra o Governo da época. Durou quase quatro anos e terminou com a vitória dos militares que levou o ditador Francisco Franco ao poder. Foi um dos momentos mais dramáticos do século XX. Em 2016, completa 80 anos.


Esquizofrenia e alienacao da esquerda - Wanderley Guilherme dos Santos, um alucinado

Posto aqui pois, por mais alucinado, alienado, paranoico e esquizofrênico que seja este sociólogo de esquerda, diferentemente dos jovens, que não leram nada e não sabem nem falar, este pelo menos teve uma educação à antiga, e sabe pelo menos se expressar, o que a Afastada sequer consegue fazer, por exemplo.
Mas as loucuras são extensas, disseminadas, amplas e irrestritas.
Paulo Roberto de Almeida

Governo Temer é profundamente antinacional. É pior que 64’. 
Entrevista com Wanderley Guilherme dos Santos
Marco Weissheimer
Sul21, 29/08/2016

“O governo de Michel Temer dá as primeiras passadas, acelerando para o grande salto para trás e a grande queima de estoques. A massa assalariada brasileira está sendo vendida a preços de saldo, com as liquidações iniciais dos programas educativos e sociais. O patrimônio de recursos materiais, como antes, será oferecido como xepa. A repressão à divergência não será tímida. Não há nada a esperar”. Esse é o resumo da obra que será exibida no Brasil nos próximos meses, talvez anos, na avaliação do cientista político Wanderley Guilherme dos Santos, professor aposentado de Teoria Política da Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ) e pesquisador sênior do Instituto de Estudos Sociais e Políticos (IESP-UERJ).
A entrevista é de Marco Weissheimer, publicada por Sul21, 29-08-2016.

Em um artigo intitulado “O grande salto para trás de Michel Temer”, publicado em seu blog “Segunda Opinião”, o cientista político prevê dias sombrios para o país e aponta algumas características do bloco que apoia Temer e que pretende implantar uma novaagenda política e econômica no país, sem ser referendada pelo voto popular, com a confirmação da derrubada da presidenta Dilma Rousseff.
Wanderley Guilherme dos Santos fala sobre essa agenda, destacando o seu caráter profundamente antinacional. Para ele, o movimento golpista pretende recolocar o Brasil no fluxo normal das relações do capitalismo que havia sido interrompido com a eleição de Lula em 2002. “O que vai acontecer agora, e já começou a acontecer, como tem ocorrido em várias democracias sociais no mundo inteiro, uma redefinição programática drástico dos contratos de solidariedade social com uma hegemonia desabrida da lógica do interesse do capital”, assinala. Para tanto, acrescenta, a esquerda foi expulsa do jogo político legal por algum tempo. “Eles não deixarão Lula ganhar a eleição em 2018 em hipótese alguma. Não sei como vão fazer, mas não deixarão”, diz, advertindo que a tentativa de prisão do ex-presidente Lula é uma possibilidade real neste cenário.
Eis a entrevista.
Como você definiria a atual situação política do país e, mais especificamente, o que está acontecendo no Senado nos últimos dias, com o julgamento do impeachment da presidenta Dilma Rousseff?
Eu não tenho acompanhado o Senado e nem o Supremo Tribunal Federal porque, já há algum tempo, tenho a convicção de que está tudo essencialmente resolvido. É uma peça cuja primeira montagem, para a minha sensibilidade, teve alguma emoção. Agora, virou algo mecânico. Por isso não estou acompanhando o que ocorre no Senado. Não vai daí nenhuma depreciação das pessoas. Elas estão cumprindo o protocolo, mas, no fundo, todos sabem que está resolvido.
Com a confirmação do afastamento de Dilma, quais podem ser as repercussões políticas e sociais no país?
Acho que ocorrerão desdobramentos e aprofundamentos do telos, da finalidade deste movimento que pretende recolocar o Brasil no fluxo normal das relações do capitalismo que havia sido interrompido com a eleição de Lula em 2002. A inserção do Brasil nosistema capitalista evoluiu muito durante os governos de Fernando Henrique Cardoso, quando foram construídos laços explícitos com o modelo internacional. Previamente a isso, havia uma indefinição sobre o rumo que o país iria tomar. Mesmo durante o período militar, havia uma disputa permanente entre os nacionalistas e os mais, digamos cosmopolitas. Isso foi resolvido, primeiro, com a vitória de Collor e, depois, com a de Fernando Henrique, quando tivemos oito anos de ajustamento da dinâmica brasileira ao modelo capitalista internacional. Isso foi interrompido em 2002.
O que vai acontecer agora, e já começou a acontecer, como tem ocorrido em várias democracias sociais no mundo inteiro, uma redefinição programática drástico dos contratos de solidariedade social com uma hegemonia desabrida da lógica do interesse do capital. Esse processo já está em curso.
Na sua opinião, pode ocorrer uma reação na sociedade a esse processo, especialmente entre os setores que devem ser mais atingidos por essa redefinição programática? Há uma aparente calmaria na sociedade hoje, considerando a gravidade de tudo o que está acontecendo. O que essa calmaria expressa? Apatia? Indiferença?
Acredito que temos aí uma composição de percepções. Em primeiro lugar, há o reconhecimento da falta de recursos. Os assalariados, de modo geral, com a ameaça dedesemprego, estão muito pouco dispostos a participar de manifestações com pautas universais, generalizantes. Só farão isso por questões específicas. Essa postura obedece a razões materiais compreensíveis. Em segundo lugar, por uma avaliação, na minha opinião bastante sensata também, de que esse esquema de redefinição programática e de reajustamento reacionário é muito forte e pouco vulnerável a pressões externas. Ele tem algumas instabilidades, como essa briga agora entre Gilmar Mendes e o Ministério Público Federal, mas elas não transbordarão para uma associação com quem está de fora. Assim, acredito que essa aparente apatia não é, na verdade, uma apatia, mas sim uma avaliação bastante pessimista, porém racional.
Em que medida a Constituição de 1988 está sendo afetada pelo que está acontecendo agora no Brasil?
A Constituição, propriamente, não está sendo atingida. O texto da Constituição consagra uma série de votos de boa vontade. O que aconteceu, de 2002 até aqui, foi uma tradução desses votos constitucionais em políticas específicas sérias e sistemáticas. Como essas intervenções sociais não foram constitucionalizadas, como ocorreu, por exemplo, com a Consolidação das Leis do Trabalho, elas ficaram muito vulneráveis a mudanças ministeriais e de governo. Então, o que está ocorrendo agora é um desmanche das políticas sociais construídas a partir de 2002 e a instalação de uma forma diferente de ler os votos constitucionais que não são específicos, mas sim declarações de intenções. O que está sendo atingido é a gramática que traduzia essas declarações de intenções em políticas sociais específicas.
Qual é, na sua avaliação, a capacidade do PT e da esquerda brasileira de um modo geral, de resistir a esse processo e de enfrentar o período que se abre agora na história do país?
Há um trabalho que vem sendo realizado há alguns anos junto ao subconsciente da sociedade para cultivar a impressão de que tudo o que vinha sendo feito desde 2002 era algo paliativo, populista e maligno para comprar o apoio das classes mais desfavorecidas. Foram anos de condicionamento da subjetividade nacional e grande parte dela ficou bastante hesitante no que pensar diante de uma lava jato. Não obstante a execução efetiva dos procedimentos legais que até agora condenaram empresários, burocratas, marqueteiros e alguns políticos, o único grande nome do PT condenado neste processo é o Vaccari (João Vaccari Neto, ex-tesoureiro do partido).
Desde o início da Lava Jato, os vazamentos, delações, declarações são sempre em relação ao PT. Por isso não cessa a Lava Jato. Toda semana tem uma ameaça nova sobre a prisão de fulano ou de sicrano. E não acontece. Não acontece porque não tem base e as coisas não colam. Há alguns meses, o Lula seria preso por causa do sítio em Atibaia ou por um apartamento no Guarujá. Isso era martelado diariamente como se fosse verdadeiro e suficiente para tornar alguém incomunicável. A Lava Jato colheu os frutos desses 13 anos de cultivo de uma subjetividade disposta a aceitar determinadas coisas. E a devastação produzida por isso foi muito grande. A imensa maioria das forças de esquerda não tem nada a ver com o número de pessoas denunciadas e condenadas pelaLava Jato. Há uma discrepância absoluta aí e ninguém está se dando conta disso.
Há dois processos em curso. Há um processo teatral e um processo real. Os personagens reais estão lá na lista de denunciados e sentenciados pela Lava Jato, da qual não constam políticos do PT, com exceção de Vaccari e Delcídio, que era um recém-chegado ao partido. A Lava Jato continua produzindo essa devastação na esquerda.
Então, é natural que o eleitorado de esquerda esteja, não digo intimidado, mas aguardando os acontecimentos, pois foi colocado sobre seus representantes um véu generalizado de suspeição, o que faz com que ninguém se arrisque a por a mão no fogo por ninguém. A situação de meio paralisia que vemos hoje é uma situação de intimidação. Tudo contribui para um curto e médio prazo não muito róseo para aesquerda brasileira.
Você acredita que a Lava Jato, uma vez confirmado o afastamento da presidenta Dilma, tende a terminar?
Não. Pode até ser que eles tenham pensado nisso em algum momento do processo, mas acho que tomaram gosto pela coisa. É um poder que, agora, o Gilmar Mendesidentificou. É um poder excepcional esse de ter informações sigilosas sobre as pessoas, de saber quem faz o quê, em um contexto em que acusação e difamação se confundem. É um poder tirânico, aparentemente dentro da lei. Eu duvido que isso termine tão cedo.
Em que medida esse bloco que está apoiando Temer e a derrubada da Dilma é um bloco coeso e sólido, considerando especialmente as relações entre PMDB e PSDB?
Pode haver algumas rusgas internas, mas acho que o bloco reacionário é sólido. A esquerda foi expulsa do jogo político legal por algum tempo. Lamento, mas eu leio o que está escrito. Posso estar lendo errado, mas tento ler o que está escrito.
Como avalia a possibilidade do movimento sindical e dos movimentos sociais resistirem à agenda de políticas defendidas pelo bloco político e social de Temer, que inclui propostas como a flexibilização da CLT e a precarização de direitos?
Os movimentos sociais podem resistir um pouco, mas dentro do sistema político legal atual, lá entre eles, a situação não é tão fácil assim. Nem todos são reacionários de alfa a ômega. Há representantes dentro do Legislativo e da burocracia que tem interesses a defender e estão envolvidos com uma série de políticas. Então, acho que não será tão fácil para eles e não cumprirão 100 por cento do que gostariam os mais radicais deles, mas isso por conta de resistências dentro do próprio bloco deles. Esse bloco é muito sólido no seu veto à esquerda. O consenso básico deles é: esquerda fora. Esse é o denominador comum que os unifica.
“Em certo sentido, o golpe atual é pior que o de 64, pois tem um compromisso antinacional e reacionário muito mais violento”.
Tudo isso que estou dizendo não significa que nós vamos ficar olhando para tudo isso de braços cruzados, sem fazer nada. O que estou fazendo é procurar ver essa conjuntura com um olhar realista, inclusive para não criar expectativas falsas. As lideranças da esquerda não podem ficar levantando expectativas falsas que sabem que não poderão cumprir. Isso é ruim. O que não quer dizer que vamos ficar parados. Nós ficamos parados durante a ditadura? Não e tampouco ficaremos parados agora. Na ditadura, não acreditávamos que, em 48 horas, iríamos derrubar os generais. Nem por isso ficamos parados.
Em certo sentido, o golpe atual é pior que o de 64, pois tem um compromisso antinacional e reacionário muito mais violento que o dos militares daquela época. Estes tinham uma seção autoritária, mas comprometida com interesses nacionalistas. Não é o caso agora. Cerca de 90% desse bloco que apoia Temer é profundamente antinacional. Isso não está acontecendo só aqui, vem acontecendo pelo mundo inteiro depois da crise de 2008.
Você vê alguma possibilidade de Lula vencer a eleição em 2018 e retornar ao governo?
Eles não deixarão Lula ganhar essa eleição em hipótese alguma. Não sei como vão fazer, mas não deixarão. A esquerda não ganhará a eleição em 2018 de jeito nenhum. O que não quer dizer que a gente não vá mostrar a cara. Dependendo do andar da carruagem e se as eleições fossem livres, hoje eu acho que eles perderiam. O governo Temer é muito ruim e está afetando todo mundo. Se houvesse uma eleição para valer, eles perderiam. Como é que eles vão fazer eu não sei. O compromisso que eles estão assumindo, em nível nacional e internacional, é de tal envergadura que eles não podem perder a eleição em 2018.
Na sua opinião, o tema da prisão de Lula ainda é uma possibilidade?
Acho que sim. Estão preparando o ambiente e o farão quando avaliarem que isso provocará apenas alguns protestos impotentes. Há um ano, eles não fariam, pois não daria certo. Eles não estão para brincadeira e vêm trabalhando sistematicamente para “acostumar” a opinião pública com a ideia da prisão de Lula. Eles vêm realizando sucessivas ameaças, às quais reagimos, para ir criando o clima. A ideia é que, ao longo dessas sucessivas ameaças, a nossa reação vá perdendo força na sociedade.
Como definiria a atuação do STF neste processo? Há setores do Supremo que fazem parte orgânica desse bloco de Temer?
Sim, fazem. A maioria do Supremo é servil. Os que não são, se acomodam e se acovardam. Só esboçam alguma reação em coisas secundárias. Na hora de decidir sobre temas essenciais, isso desaparece.
Outra instituição que vem sendo apontada como uma protagonista do golpe é a chamada “grande mídia”. Como definiria o papel desse setor?
É claro que também faz parte desse mesmo bloco. Não há nenhuma dúvida quanto a isso. Esse encontro entre Legislativo, Judiciário, Supremo, empresariado e mídia é uma circunstância que aconteceu. Não é fácil de acontecer, mas aconteceu. Acho que nem foi o resultado de uma coisa totalmente planejada, pois é muito difícil planejar algo dessa natureza. Mas acontece e, quando acontece, eles têm consciência de que aconteceu. Eles sabem o que aconteceu e, por isso, estão à vontade para cometer as maiores barbaridades como se fossem verdades. Hoje, se alguém ligado à esquerda entra com um habeas corpus ou algo do gênero no Supremo, eles negarão o pedido. Pode parecer exagerado, mas é isso mesmo. O que está acontecendo não é brincadeira. A gente esquece como isso tudo começou. Há alguns anos, o que estamos vendo agora era algo impensável. Hoje acontece como se fosse algo normal.
Considerando o bloco político social que apoia Temer hoje é possível fazer uma comparação com aquele bloco que apoiou o golpe de 64?
Não, é uma realidade bem diferente. Em 64, não havia uma sociedade organizada e diversificada como hoje. Os militares obtiveram uma maioria conjuntural, mas depois as coisas foram ficando mais complicadas. Não tem nada a ver com 64. Como disse, acho que o que acontece agora, em certo sentido, é pior em função do caráter profundamente antinacional desse bloco.

terça-feira, 30 de agosto de 2016

Crise politica na Venezuela recrudesce na vespera de manifestacao oposicionista

Crise política na Venezuela recrudesce à véspera de manifestação oposicionista
Governo suspende prisão domiciliar do ex-prefeito Daniel Ceballos e proíbe voo de jatos particulares no país por uma semana
ALFREDO MEZA
Caracas 29 AGO 2016 - 18:34    BRT

A Venezuela viverá nesta quinta-feira um novo capítulo de sua infindável polarização. A oposição planeja ocupar as ruas de Caracas, a capital, com uma passeata que partirá de vários locais, confluindo para se concentrar em seu feudo, a região leste da cidade, para exigir que o Conselho Nacional Eleitoral (CNE) acelere a realização do plebiscito revogatório do presidente Nicolás Maduro. O Governo, por sua vez, também decidiu sair às ruas, em um esforço de mobilização para tentar se contrapor ao repúdio à sua gestão anunciado pelas pesquisas e agitando a bandeira da existência de um possível golpe de Estado em curso contra si, recurso clássico do chavismo quando a temperatura do conflito aumenta no país.
O Governo organizou um dispositivo para a venda de alimentos controlados, que se tornaram escassos devido às condições impostas pelo seu próprio modelo econômico, e anunciou “a ocupação da Venezuela”. A expectativa é de que, nesse dia, seus simpatizantes se concentrem nas praças públicas e avenidas em todas as cidades do país. Os funcionários mais leais a Maduro reiteraram as ameaças de demitir altos cargos de sua administração que respaldaram uma saída antecipada de Maduro.

No sábado, o Governo deu sinais de que parece estar levando muito a sério as manifestações de quinta-feira. Durante a madrugada, membros do Serviço Bolivariano de Inteligência invadiram a casa de Daniel Ceballos, ex-prefeito de San Cristóbal e considerado o número três do Partido Vontade Popular, organização dirigida pelo famoso oposicionista Leopoldo López, para executar a ordem de um tribunal de suspender a sua prisão domiciliar. Horas depois, o Ministério da Justiça emitiu uma nota em que afirmava ter descoberto que Ceballos, um dos líderes das violentas manifestações ocorridas no primeiro semestre de 2014, planejava fugir para coordenar “ações violentas” na clandestinidade a partir de 1 de setembro. Ceballos foi, então, recolhido a uma penitenciária na região central da Venezuela.

Uma parte da mais alta direção do partido de López –o prefeito David Smolansky e os deputados Luis Florido e Freddy Guevara—também está sendo ameaçada de prisão, segundo denúncia veiculada no Twitter pelo presidente da Assembleia Nacional, Henry Ramos Allup. O regime está convencido de que a Vontade Popular tem conseguido convencer o restante da oposição a transformar uma manifestação como a de quinta-feira em um pretexto para derrotar Maduro. Florido, que é também presidente da Comissão de Política Externa do Parlamento, afirmou que o governo planeja criminalizar a chamada “ocupação de Caracas”.

Durante todo o dia de sábado, esperava-se que o prefeito de Caracas, Antonio Ledezma, preso em sua residência desde 2014 após os violentos incidentes do primeiro semestre daquele ano, também fosse transferido, como Ceballos, para uma penitenciária. Apesar das medidas especiais adotadas pelos responsáveis por sua segurança, o rumor não se concretizou.

O Governo dos Estados Unidos se disse “profundamente preocupado” com a decisão de se colocar Ceballos novamente na prisão. Em nota divulgada neste domingo, o porta-voz do Departamento de Estado, John Kirby, condenou a manobra, vista por Washington como “uma tentativa de intimidar e impedir o direito dos venezuelanos de expressar a sua opinião livremente em 1 de setembro”; o documento exige a “imediata libertação” de Ceballos. “Em uma sociedade democrática, não há espaço para usar os instrumentos do Estado com o objetivo de intimidar e silenciar a oposição política”, diz a nota.

Suspensão de voos particulares

O Instituto Nacional da Aeronáutica Civil acrescentou mais lenha na fogueira daqueles que avaliam que o governo quer evitar que se façam registros visuais para mostrar a dimensão da manifestação marcada para esta quinta-feira. Desde sábado, estão proibidos os voos de jatos particulares e de drones em todo o território venezuelano. A medida é válida até o dia 5 de setembro.

Na ausência de explicações oficiais, o argumento referente ao temor do governo começa a ganhar corpo nas redes sociais e entre os analistas políticos. Foi uma medida surpreendente que visaria também, segundo essas interpretações, a evitar o deslocamento de dirigentes políticos estrangeiros para participar do protesto. A mulher de López, Lilian Tintori, havia anunciado na semana passada a presença, em Caracas, de representantes de várias organizações estrangeiras.

As expectativas criadas em torno da manifestação não repercutiram na disposição das autoridades eleitorais, que sempre aguardam pelo vencimento de todos os prazos estabelecidos pelo cronograma do plebiscito a fim de anunciar os passos seguintes. “A passeata da oposição não altera os nossos planos em nada”, afirmou a Socorro Hernández, integrante do CNE, alertando para o fato de que qualquer ocorrência violenta na manifestação poderá levar à suspensão do processo que pretende colocar um fim ao mandato de Maduro.

Segundo esse plano, o segundo passo do longo caminho da oposição será dado no fim de outubro. Durante três dias, em datas ainda não definidas, a oposição tentará recolher apoio de 20% do eleitorado para finalmente obrigar à convocação do plebiscito. Falta definir alguns detalhes para que essas datas sejam marcadas e anunciadas.

Duas integrantes governistas do CNE –a própria Hernández e Tania D’Amelio— defendem, porém, que cada uma das 23 províncias do país precisaria registrar pelo menos 20% de eleitores favoráveis à consulta para que esta seja convocada. Se essa condição prevalecer, será um novo marco na história da Venezuela para esse tipo de consulta popular. No processo anterior, convocado em 2004 contra o então presidente Hugo Chávez, o que se considerou foi o total de assinaturas recolhidas em todo o país, independentemente dos percentuais obtidos em cada região.

Guerra Civil Espanhola: 80 anos - uma palestra em SP - Paulo Roberto de Almeida

Por enquanto o primeiro dia apenas, de uma semana inteira de atividades literárias e artísticas.
Paulo Roberto de Almeida

Brazil-Cuba-EUA: crise dos misses sovieticos em 1962, Secret Brazilian Diplomacy - video com a palestra de James Hershberg

Transmitido ao vivo em 22 de agosto de 2016
A Fundação Alexandre de Gusmão (FUNAG) e seu Instituto de Pesquisa de Relações Internacionais (IPRI) realizaram, em Brasília, em 22 de agosto, das 10h45 às 12h, no auditório Embaixador Paulo Nogueira Batista, térreo do anexo 2 do Palácio Itamaraty, palestra sobre o tema: 
 "Secret Brazilian Diplomacy, the Cuban Revolution, and the 1962 Cuban Missile Crisis: Unearthing Hidden History"
com o professor James G. Hershberg. 

James G. Hershberg é professor de História e Relações Internacionais na Universidade de George Washington e diretor emérito do Cold War International History Project, do Woodrow Wilson International Centers for Scholars.

Espanha: sua importancia para o Brasil - Seminario na Funag, 31/08, 9h30-12h00

Seminário com a participação de:
Embaixador Sérgio Eduardo Moreira Lima, presidente da Funag: Abertura
Embaixador Seixas Corrêa: Brasil-Espanha nos tempos da União Ibérica (1580-1640)
Prof. José Carlos Brandi Aleixo: Anchieta e a influência dos jesuitas na educação
Vamireh Chacon: Ortega y Gasset e o pensamento espanhol no Brasil
Embaixador da Espanha Manuel de la Camara Hermoso: Relações Brasil-Espanha: atualidade e perspectivas
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segunda-feira, 29 de agosto de 2016

Quem sao, e o que fazem, os internacionalistas da AL? - Arlene B. Tickner; Carolina Cepeda; José Luiz Bernal

Recomendo a leitura:

¿Quiénes son los internacionalistas en Latinoamérica?
Arlene B. Tickner; Carolina Cepeda; José Luiz Bernal
Foreign Affairs Latinoamerica, vol. 13, n. 2, abril-junio 2013, p. 42-49
https://www.academia.edu/27928791/Quienes_son_los_internacionalistas_en_Latinoamerica

www.fal.itam.mx

V Congresso Latino-americano de Historia Economica - resumo do encontro

Recebido, no boletim mais recente da ABPHE:

QUINTO CONGRESSO LATINOAMERICANO DE HISTÓRIA ECONÔMICA (CLADHE V)
O V Congresso Latino-Americano de História Econômica (CLADHE V) foi realizado na cidade de São Paulo, Brasil, entre os dias 19 e 21 de Julho de 2016. As instituições organizadoras do evento foram as associações de História Econômica da Argentina, do Brasil, do Chile, do Caribe, da Colômbia, do México, do Peru e do Uruguai, assim como da Espanha e de Portugal, como convidadas. A Associação Brasileira de Pesquisadores em História Econômica – ABPHE – e a Faculdade de Economia, da Universidade de São Paulo – FEA/USP, com sede na cidade de São Paulo, eram as instituições anfitriãs.
Seguindo a tradição dos congressos anteriores realizados desde 2007, o CLADHE V é um espaço acadêmico para debater as recentes pesquisas de história econômica da América Latina, assim como para abordar as perspectivas globais e comparativas com outras regiões. A organização do CLADHE buscou incentivar a participação conjunta de pesquisadores dos países latino-americanos e de outras partes do mundo para difundir e discutir seus trabalhos bem como estabelecer agendas de pesquisa comuns. Os idiomas oficiais do CLADHE V eram o espanhol e o português; entretanto, foram bem-vindos trabalhos e apresentações em inglês.
O evento contou com duas Conferências proferidas por Victor Bulmer-Thomas da University College London, Grã-Bretanha e de Gareth Austin de Cambridge University, Grã-Bretanha e do Graduate Institute, Genebra, Suíça, que respectivamente trataram do Imperialismo dos Estados Unidos na América Latina e da Relação do desenvolvimento econômico africano e latino-americano durante o século XX. Ainda como parte das atividades acadêmicas voltadas ao público geral, foram realizadas seis mesas redondas. A seleção dos temas das mesas buscou atender aos interesses dos participantes, abarcando períodos históricos e grandes questões temáticas da história econômica latino-americana. Para compô-las, foram convidados pesquisadores de diferentes nacionalidades, de maneira que fosse possível dar um panorama para cada tema por meio de perspectivas nacionais distintas e, quando possível, complementares. A mesa-redonda 1. Fiscalidade na Colônia contou com a presenta dos professores Angelo Carrara (UFJF, Brasil), Roberto Schmit (Universidad de Buenos Aires, AAHE, Argentina) e Ernest Sánchez Santiró (Instituto Mora, México). A mesa-redonda 2. 1ª Globalização foi composta pelos professores Sandra Kuntz (El Colegio de México, AMHE, México), Manuel Llorca (Universidad de Santiago de Chile, AChHE, Chile), Carlos Contreras Carranza (Universidad Católica de Perú, APHE, Peru) e Paulo Roberto de Almeida (Centro Universitário de Brasília, Brasil). A mesa-redonda 3 tratou do tema da Escravidão com os profesores Dale Tomich (Binghamton University, Estados Unidos), Rafael Marquese (FFLCH/USP, Brasil), Luiz Felipe Alencastro (FGV-SP, Brasil) e José Antonio Piqueras (Universitat Jaume I, Castellón, AHEC, Espanha). A mesa-redonda 4. Industrialização e desenvolvimento foi composta pelos professores Mario Rapoport (Universidad de Buenos Aires, Argentina), Reto Bertoni (Universidad de la República, AUDHE, Uruguai), Pedro Cezar Dutra Fonseca (UFRGS, Brasil) e Aurora Gómez Gavarriato (El Colegio de Mexico, México) A mesa-redonda 5 teve como temática o Pensamento Econômico Latino-Americano e foi composta pelos professores Andrés Álvarez (Universidad de los Andes, ACHE, Colômbia), Alexandre Mendes Cunha (UFMG, Brasil), Mauro Boianovsky (UNB, Brasil) e Luís Bértola (Universidad de la República, Uruguai). Finalmente, a mesa-redonda 6. Relações Brasil-África teve como expositores os professores John Schulz (BBS, Brasil), Gareth Austin (The Graduate Institute of International and Development Studies, Genebra, Suíça), José Manuel Gonçalves (UFF, Brasil) e Paris Yeros (UFABC, Brasil). Ademais, o evento teve como sessões ordinárias os 39 Simpósios Temáticos aprovados, coordenados por 2 ou 3 docentes de ao menos duas nacionalidades diferentes, e com a presença de 10 a 25 pesquisadores como apresentadores de trabalhos. Ao todo, foram 620 artigos aprovados, com mais de 700 pesquisadores entre coordenadores de Simpósios Temáticos e autores e coautores de artigos. Durante o evento circulou, contudo, cerca de 500 congressistas, especialmente dos países latino-americanos. Na quarta-feira, dia 20, foram realizados mais de 20 lançamentos de livros, divididos em 6 sessões.
Sendo assim, com três dias intensos de Simpósios Temáticos, conferências e mesas-redondas, acreditamos que o V Congresso Latino-Americano de História Econômica cumpriu de maneira extremamente satisfatória o objetivo de construir um espaço de diálogo e debate entre os pesquisadores da área na região. Ademais, com a organização do evento, a ABPHE tornou-se responsável pela organização, seguindo a tradição de que o evento deve circular entre as associações latino-americanas de história econômica. Por outro lado, a FEA/USP, sede da fundação da ABPHE, mostrou-se palco importante de realização dos eventos da área, tornando-se a sede do primeiro CLADHE no Brasil.
Assim, seguindo os exemplos dos encontros da ABPHE, que são efetivamente um dos espaços mais privilegiados no país para a disseminação do conhecimento entre historiadores econômicos brasileiros, a realização do CLADHE no Brasil foi decisivo para estreitar os laços de nossos pesquisadores com a comunidade latino-americana.

Agumas Revistas de História Econômica

América Latina en la História Econômica
Instituto Mora, México
http://alhe.mora.edu.mx/index.php/ALHE

Revista de Historia Económica – Journal of Iberian and Latin American Economic History (RHE-JILAEH)
Instituto Figuerola, Carlos III, Universidad de Madrid, España
http://journals.cambridge.org/action/displayJournal?jid=RHE

Economic History Review (EHR)
Economic History Society (United Kingdom)
http://www.ehs.org.uk/journal/index.html

História e Economia
Brazilian Business School (São Paulo, Brasil)
http://bbs.edu.br/a-bbs/revista-bbs/

Investigaciones de Historia Económica

Associação Espanhola de História Econômica
http://zl.elsevier.es/es/revista/investigaciones-historia-economica-328

Journal of Economic History (JEH)
The Economic History Association (USA)
https://eh.net/eha/publications/the-journal-of-economic-history/

Revista Tiempo y Economia (Colômbia)
Informações em: http://goo.gl/AqOSnO

Revista Uruguaya de Historia Económica (RUHE)
Associação Uruguaia de História Econômica, Uruguai
http://www.audhe.org.uy/revista/