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domingo, 9 de fevereiro de 2025

Auschwitz não foi suficiente… - Ryan Faulkner-Hogg

Dica de leitura de Mauricio David : "Judeus ou não, nós morremos todos em Auschwitz- Nos subterrâneos da consciência universal, é a humanidade inteira que desapareceu nas fábricas da morte"

Penser Auschwitz sous le seul prisme de la tragédie survenue au peuple juif serait une erreur. 

Ryan Faulkner-Hogg

via Unsplash

C'est pourquoi penser Auschwitz sous le seul prisme de la tragédie survenue au peuple juif serait une erreur ou tout au moins une paresse de la pensée. Non, ce qui a disparu dans les fours crématoires, c'est l'enfance même de l'humanité. Tous tant que nous sommes, juifs ou pas, nous sommes orphelins d'une espérance qui depuis la nuit des temps s'était transmise de génération en génération, d'un fol espoir que l'homme pouvait parvenir à dominer ses instincts et rêver à une époque prochaine où les individus, au-delà de leurs innombrables différences, s'aimeraient les uns les autres...

...É porque pensar em Auschwitz sob só o prisma da tragédia que alcançou ao povo judeu seria um erro ou, pelo menos, uma preguiça do pensamento. Não, o que desapareceu nos fornos crematórios foi a infância mesmo da humanidade. Todos os que nós somos, judeus ou não, nós somos órfãos de uma esperança que desde a noite dos tempos se transmitia de geração em geração, de um esperança de que o homem poderia chegar a dominar seus instintos e a sonhar em uma época próxima onde os indivíduos, mais além das suas inumeráveis diferenças, amar-se-iam uns aos outros...

 

Juifs ou pas, nous sommes tous morts à Auschwitz

[BLOG You Will Never Hate Alone] Dans les souterrains de la conscience universelle, c'est l'humanité tout entière qui a disparu dans les usines de la mort.

 

Il y a quatre-vingts ans, le 27 janvier 1945, l'armée soviétique libérait le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée. Trois mois plus tard, c'était au tour des forces alliées de découvrir l'ampleur de la catastrophe, de ces millions de morts assassinés au seul motif de leurs origines ou de leurs particularismes. Le monde ne s'en est jamais remis. Au-delà des six millions de juifs massacrés et de tous les autres exécutés au nom de la supériorité de la race allemande, c'est l'humanité tout entière qui a sombré dans les camps de la mort.

Oui, par bien des aspects, le monde tel qu'on pouvait l'envisager avant la Shoah, un monde fondé sur l'idée de progrès et de fraternité entre les peuples, cet idéal d'une humanité prompte à embrasser les valeurs d'une civilisation guidée par l'espoir de terrasser les forces du mal, ce rêve-là s'est fracassé sur les portes des chambres à gaz. La dernière innocence de ce monde s'en est allée à travers les conduits des cheminées qui surplombaient les usines de la mort.

C'est pourquoi penser Auschwitz sous le seul prisme de la tragédie survenue au peuple juif serait une erreur ou tout au moins une paresse de la pensée. Non, ce qui a disparu dans les fours crématoires, c'est l'enfance même de l'humanité. Tous tant que nous sommes, juifs ou pas, nous sommes orphelins d'une espérance qui depuis la nuit des temps s'était transmise de génération en génération, d'un fol espoir que l'homme pouvait parvenir à dominer ses instincts et rêver à une époque prochaine où les individus, au-delà de leurs innombrables différences, s'aimeraient les uns les autres.

D'une certaine manière, la civilisation née avec la naissance du Christ s'est terminée à Auschwitz. Pour bien faire et appréhender cette tragédie et ses conséquences sous sa vraie lumière, il faudrait penser et différencier le temps d'avant Auschwitz et celui d'après. Ne plus affirmer par exemple que nous sommes aujourd'hui en 2025, mais en 80 après Auschwitz. Prendre la découverte des camps de la mort comme l'année zéro d'une nouvelle ère qui verrait l'humanité tenter de renouer avec la lumière de ses débuts.

 

Sans quoi, on prendrait le risque de considérer Auschwitz comme un simple accident de l'histoire, une sortie de route dont les juifs auraient fait les frais. On pourrait aller ainsi de commémorations en commémorations, sans jamais réaliser à quel point les fondements même de notre âme ont été abîmés, souillés, contaminés par l'horreur des chambres à gaz. Dans les souterrains de la conscience universelle, les images des déportés ont eu un tel effet que non seulement elles n'ont jamais disparu mais qu'elles continuent à nous hanter comme le chant funèbre d'une humanité morte à elle-même.

Nous sommes tous morts à Auschwitz. Tous, sans exception.

Qu'une nation aussi éclairée que l'Allemagne, terre de tant de génies, ait pu ainsi concevoir une telle sophistication dans la mise à mort d'un peuple parfaitement innocent, cette découverte a constitué un choc si tellurique que depuis nous chancelons, comme frappés de stupeur. Au fond de nous, nous savons désormais de quoi nous sommes capables, cette débauche de l'horreur qui nous apparaît comme une fatalité face à laquelle, malgré tous nos efforts, nous demeurons impuissants.

 

Nous sommes tous des nazis, nous sommes tous des juifs. Nous portons en nous les germes d'un mal qui, s'il n'est pas contenu aux premiers temps de son apparition, peut en un temps record nous précipiter dans les abîmes. Il a fallu une dizaine d'années à la nation allemande pour concevoir la solution finale. Avec l'essor foudroyant et terrifiant de la technologie, combien de mois seront nécessaires pour que l'impensable se déroule à nouveau?

Tous les jours, sans le savoir, nous commémorons ceux tombés à Auschwitz. En continu, nous entendons leurs cris, nous percevons leurs douleurs, nous écoutons leurs sanglots trempés de silence. Ils sont notre passé, un passé qui nous conjure de ne jamais baisser la garde, sans quoi ce passé-là deviendra notre avenir. La douleur juive est la douleur du monde tout entier. Puisse-t-on ne jamais l'oublier.

 

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