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quinta-feira, 26 de outubro de 2017

China: os conselheiros do principe neo-autoritario - Le Monde

Le Monde
26 octobre 2017

Wang Huning, a cabeça pensante do regime, sai das sombras
Cet ancien professeur en sciences politiques, francophone, est un partisan du néo-autoritarisme à la chinoise

En accédant au comité permanent, où il va superviser le département de propagande du parti, Wang Huning accède à une place prééminente dans la hiérarchie du pouvoir communiste. Une consécration pour celui qu'on a surnommé le " Kissinger chinois " ou " conseiller en chef de Zhongnanhai ", le lieu du pouvoir communiste à Pékin, non loin de la Cité interdite. Wang Huning est l'un des théoriciens du pouvoir chinois depuis Jiang Zemin, qui l'a fait monter à Pékin en  1995, alors qu'il était doyen de la faculté de droit de l'université de Fudan à Shanghaï. Il rejoint alors le Centre de recherche de la politique centrale, le think tank du pouvoir central, dont il dirigera le département d'études politiques. Entré en  2002 au Comité central, il sera ensuite l'auteur du concept de développement scientifique de Hu Jintao et sert, selon sa biographie par la Brookings Institution, de lien entre l'équipe de Hu Jintao et l'ancien président Jiang Zemin et son éminence grise, Zeng Qinghong, tous deux très influents.
M.  Wang a fait des études de français – langue qu'il parle couramment – puis de politique internationale et de droit. Devenu professeur, il effectuera plusieurs séjours comme chercheur invité aux Etats-Unis à la fin des années 1980, notamment à Berkeley, en Californie. C'est durant ces voyages qu'il dresse le constat que Washington est le grand rival auquel Pékin ne cesse de se mesurer. En  1991, il publie un livre, Les Etats-Unis contre les Etats-Unis, où il détaille ses six mois passés sur le sol américain à tenter de comprendre la première puissance mondiale, ses forces et ses failles.
La responsabilité d'un intellectuel chinois, juge-t-il à ce moment, est à la fois de comprendre pourquoi la Chine, une civilisation vieille de plus de 2 000 ans, a pu sombrer dans le déclin et pourquoi les Etats-Unis, jeune pays de 200 ans, a pu devenir la première puissance mondiale. " Je considère, écrit-il, qu'un intellectuel vivant au XXe  siècle a le devoir d'étudier ces deux phénomènes. Tout intellectuel chinois doit le faire, c'est un moyen de mieux connaître le monde et soi-même et d'explorer le chemin de la Chine vers la puissance et la prospérité. " Voilà posé les bases de cette renaissance chinoise tant vantée par le sécrétaire général du PCC, Xi Jinping.
Dans les années 1980, il s'intéresse au système juridique. Dans un texte de 1986, il attribue ainsi les abus de la Révolution culturelle à l'absence de séparation entre la police, le parquet et la justice – un avis très partagé dans cette période d'ouverture politique. Mais il se fait vite remarquer ensuite pour sa défense d'un pouvoir centralisateur fort, capable d'" être efficace dans la redistribution des ressources " et de " promouvoir une croissance économique rapide ", comme il l'écrit en mars  1988 dans un article pour le Journal de l'universitéFudan (" Analyse sur les formes de gouvernement pendant le processus de modernisation "). M.  Wang devient à ce titre un représentant de l'école de pensée néo-autoritaire. C'est cette théorie qu'il faut comprendre, écrit le sinologue Jude Blanchette dans un article récent intitulé " Le rêve néo-autoritaire de Wang Huning " pour " comprendre la phase ultra-conservatrice dans laquelle se trouve aujourd'hui la Chine ". Devenu proche conseiller et " plume " de Xi Jinping, il l'accompagne lors de nombreux voyages à l'étranger.
François Bougon, et B. Pe (à Pékin)
© Le Monde

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26 octobre 2017
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Xi s'entoure de fidèles pour un pouvoir absolu
Le secrétaire général du PCC n'a nommé aucun successeur au nouveau comité permanent du bureau politique
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Xi Jinping a franchi une nouvelle étape dans le renforcement de son pouvoir. Après avoir fait inscrire, mardi 24  octobre, son nom dans la charte du Parti communiste chinois (PCC) – se plaçant à l'égal de Mao Zedong et de Deng –, il a rompu, en partie, avec les usages en ne nommant pas des successeurs possibles au sein du comité permanent du bureau politique, le cœur du pouvoir en Chine, dévoilé mercredi.
Le secrétaire général du PCC, reconduit dans ses fonctions par le comité central pour un nouveau mandat de cinq ans, a présenté ce comité permanent à la presse, chinoise et internationale, au Palais du peuple, à Pékin, à la mi-journée. En plus de l'actuel numéro deux, Li Keqiang, reconduit dans ses fonctions, il est composé de cinq nouvelles figures, tous des hommes et des cadres confirmés venus du bureau politique. Agés de 60 à 67 ans, donc tous nés dans les années 1950, ils appartiennent à sa génération, ou sont à peine plus jeunes, et seront sans doute appelés à davantage suivre les décisions du numéro un chinois que ne l'ont jamais été leurs prédécesseurs.
Déjà désigné comme " noyau dirigeant du parti " en  2016, un titre hautement symbolique, Xi Jinping a vu mardi sa " philosophie ", " la pensée de Xi Jinping du socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ", inscrite dans la charte du parti au côté de son nom, un honneur qui lui donne un pouvoir sans précédent depuis le début de l'ère des réformes à la fin des années 1970.
" Trouvaille marketing "
Pour former sa nouvelle équipe, M.  Xi, qui a certes dû composer avec d'autres forces politiques au sein du parti et avec les vœux des anciens, n'a pas fait entrer de représentants de la sixième génération de dirigeants, ceux nés dans les années 1960. " Nous ne sommes plus dans l'ère où des successeurs sont nommés, le système du roulement a vécu ", explique au Monde le politologue chinois Zhang Ming. Xi Jinping semble installer un nouveau paradigme de gouvernance, avec une personnalisation du pouvoir, mais entièrement au service d'un parti qu'il a voulu renforcer dans son rôle dirigeant et ses prérogatives, quitte à ce qu'il soit moins collectif dans ses prises de décision. Un " système de noyau dirigeant ", selon M. Zhang, au détriment du " système de direction collective ", et qui rend, selon lui, bien moins pertinent le rôle même d'un comité permanent.
Xi Jinping, un fils de révolutionnaire qui se pose en sauveur du parti et du régime, n'a cependant sans doute pas l'intention d'en être le fossoyeur : " On n'est pas dans une poutinisation du pouvoir, réagit une diplomate occidentale à Pékin. Ce qui se passe actuellement est l'expression de la volonté de ceux qui veulent au sein du régime un pouvoir fort, incarné par le parti. Xi et son rêve chinois sont dans cette optique, une trouvaille marketing qui fonctionne. "
Outre Li Keqiang, qui reste numéro deux du PCC, mais dont le poste de premier ministre ne sera reconduit qu'en mars  2018, le nouveau comité permanent à sept membres, comme le précédent, comporte, par ordre protocolaire, Li Zhanshu, l'ex-bras droit de Xi Jinping, puisqu'il fut durant les cinq dernières années chef de l'Office général du comité central. Puis vient Wang Yang, un politicien qui s'était illustré par ses politiques libérales à Canton avant 2012. M.  Wang avait été appelé à rejoindre la direction centrale du gouvernement comme vice-premier ministre et a piloté les efforts d'allégement de la pauvreté.
Ensuite apparaît Wang Huning, le théoricien du régime depuis Jiang Zemin, devenu un proche de Xi Jinping. Zhao Leji, le plus jeune du comité permanent et un allié de Xi Jinping, remplace Wang Qishan à la tête de la Commission disciplinaire centrale du parti, la toute-puissante organisation chargée de lutter contre la corruption. Enfin, Han Zheng, ex-secrétaire du parti de Shanghaï qui a secondé Xi Jinping lorsque celui-ci fut nommé à la tête de la célèbre municipalité avant de rejoindre le comité permanent du parti en  2007.
Ce " casting " respecte la plupart des règles établies, comme celle de l'ancienneté : l'ex-chef de la lutte a anticorruption, Wang Qishan, dont certains spéculaient qu'il serait maintenu au comité permanent malgré ses 69 ans (l'âge limite pour y entrer est de 67), a bien lâché son poste. Les autres " élus " l'ont été selon peu ou prou leur rang d'ancienneté au bureau politique – l'une des règles informelles servant à stabiliser les transitions du pouvoir qui, selon la sinologue américaine Alice Miller, a systématiquement été appliquée dans la Chine post-maoïste.
Wang Huning a sans doute un grand rôle dans la formulation du rêve chinois de Xi Jinping, mais il fut aussi actif sous ses prédécesseurs. Enfin, le premier ministre Li Keqiang ainsi que Wang Yang restent bien placés dans l'ordre protocolaire en tant que représentants de la filière politique de la Ligue de la jeunesse, plus libérale, ce qui perpétue la tradition de composer, pour le secrétaire général, avec la principale faction rivale. Le peu d'espace politique laissé au premier ministre lors des cinq années écoulées laisse toutefois présager qu'il en sera de même dans la " nouvelle ère ".
En revanche, Xi Jinping a dynamité les règles de succession. Aucun responsable politique de la sixième génération ne figure au comité permanent. Le modèle de succession en œuvre jusqu'ici aurait imposé qu'un duo de politicien de cette génération émerge et soit coopté au comité permanent. Le duo autrefois pressenti, formé par deux des plus jeunes membres du bureau politique, Sun Zhengcai (ex-premier secrétaire de Chongqing) et Hu Chunhua (premier secrétaire de Canton) est devenu caduc quand le premier a été arrêté pour corruption juste avant le 19e congrès.
" Coup de force "
M.  Xi semble avoir préféré donner à son remplaçant putatif et protégé, Chen Min'er, tout juste admis au bureau politique, plus de temps. Certains observateurs estiment que le numéro un chinois souhaite éviter qu'un dauphin potentiel soit soumis à trop de pression avant d'avoir fait ses preuves et soit éventuellement remis en cause dans sa légitimité à accéder au poste suprême, comme lui-même l'a indirectement été par Bo Xilai avant 2012. M.  Bo et toute une clique de hauts dirigeants purgés, dont tout dernièrement Sun Zhengcai, sont aujourd'hui ouvertement accusés d'avoir fomenté " un coup de force " avant l'accession au pouvoir de Xi Jinping en  2012.
Parmi les nouveaux entrants au comité permanent, seuls trois, Wang Yang, Wang Huning et Zhao Leji, peuvent éventuellement être reconduits lors du 20e congrès de 2022, mais pour un seul quinquennat. La question de l'après-2022 est donc désormais entièrement ouverte. Un scénario pourrait être que Xi Jinping reste secrétaire général du parti pour un troisième mandat au-delà de la limite d'âge, mais que la présidence du pays (limitée à deux mandats), incombe à un autre dirigeant. Ou alors qu'un nouveau poste de président du parti soit taillé à sa mesure, le temps qu'un successeur fasse ses premières armes.
Brice Pedroletti
© Le Monde
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26 octobre 2017
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Le modèle Xi
C'était en  2009, à l'Académie des sciences, à Pékin, dans un bureau de l'Institut de physique. Hong Ding venait de rentrer des Etats-Unis, où il était resté après ses études. Dix-neuf ans de bonheur, nous disait-il. Il y avait décroché la nationalité américaine et une chaire à vie au dépar-tement de physique de Boston College. Pourtant, à 39 ans, il avait fait le pari du retour, attiré par la mère patrie et séduit par l'abondant financement de la recherche en Chine, au moment où les -universités américaines subissaient, elles, le contrecoup de la crise financière.
Hong Ding avait fait partie de cette première génération d'étudiants chinois partis en Occident sous l'impulsion de Deng Xiaoping qui, quitte à en perdre quelques-uns, voulait surtout faire émerger des élites intellectuelles susceptibles, un jour, de rivaliser avec l'Ouest. Près de vingt ans avaient passé lorsque Hong Ding est rentré : le moment était venu du retour des cerveaux. Par précaution, il n'avait pas renoncé à son passeport américain. Mais, huit ans plus tard, il est toujours là. Ses travaux sur la supraconductivité, il les mène désormais avec des chercheurs chinois.
Et pourquoi serait-il reparti ? Son cher Boston College est sans doute plongé, comme la plupart des universités de la Côte est, dans le désespoir des élites anti-Trump, stupéfaites par l'humeur d'un pays qui se replie sur lui-même. Alors que là, à quelques encablures de son bureau de l'Académie des sciences, son président, Xi Jinping, celui que certains ont baptisé " l'anti-Trump ", vient de se faire couronner une deuxième fois par le parti à l'aube d'une " nouvelle ère ".
Avec Xi, dit le discours officiel, le rêve a changé de camp : il n'est plus américain, il est chinois. Triomphant, Xi Jinping ne se reconnaît que deux prédécesseurs à son échelle, Mao et Deng. Il ne récuse pas le terme de " timonier ", réservé à Deng et à Mao. Son " socialisme aux caractéris-tiques chinoises pour une nouvelle ère " est désormais élevé au rang de " pensée ".
Enfin, seul maître à bord, Xi -promet à son 1,4  milliard de -compatriotes un " développement en deux étapes " : d'ici à 2035, la Chine aura achevé sa moderni-sation, notamment en termes d'innovation et, en  2049, année du centenaire de la fondation de la République populaire, elle aura atteint le statut de leader planétaire, défendue par une armée " de premier rang mondial ".
On est loin de la prudence de Deng, qui préconisait de " tra-verser la rivière en tâtonnant les -pierres ". La Chine de Xi enjambe la rivière avec des bottes de sept lieues. La question n'est plus de rattraper le modèle occidental et son soft power : le modèle chinois est installé. Contrairement à ses prédécesseurs, note le sinologue François Godement, de l'European Council on Foreign Relations (ECFR), Xi Jinping ne s'embarrasse plus d'allusions aux réformes démocratiques ni au libéralisme du marché : " Il ne laisse aucun espace pour cela. " Grâce à Internet et au big data, outils dont la planification aurait rêvé, " son ambition dépasse Orwell ".
Hong Ding a réintégré son pays au moment où la Chine, auréolée de la gloire de l'après-Jeux olympiques, laissait discrètement deviner ses rêves de puissance, parallèlement à sa réussite économique. A l'étranger, les experts soupçonnaient le dessein des -dirigeants chinois, celui de produire un modèle alternatif au modèle occidental. Ils entrevoyaient deux obstacles : la montée des classes moyennes, dont l'amélioration du niveau de vie s'accompagnerait nécessairement d'une revendication de liberté, selon un schéma classique ; et l'indispensable innovation technologique qui, malgré le retour des cerveaux, se heurterait à un système fermé à la libre compétition des idées.
Concentration des pouvoirs
Moins de dix ans plus tard, Xi semble balayer ces obstacles. Le dogme selon lequel la libéralisation économique conduit inévitablement à l'ouverture politique est sérieusement mis à mal. Les fameuses classes moyennes chinoises, souligne François Godement, ont vu cette année leurs revenus augmenter comme jamais. Les Chinois peuvent aller et venir, voyager à l'étranger – et ils rentrent chez eux. Ils jouissent de médias sociaux parmi les plus avancés du monde, à condition de ne pas en faire un usage politique. En revanche, ajoute le -sinologue, " parmi les experts et les intellectuels, le désespoir est total : ils redoutent un retour au maoïsme ". Mais ce ne sont pas eux qui fourniront les bataillons d'une rébellion de masse.
Quant aux limites apportées à l'innovation et à la créativité par un système politique trop rigide, le verdict n'est pas tombé. Mais on n'en est plus au stade où, devant l'explosion du nombre de brevets déposés par la Chine, les experts occidentaux se rassuraient en constatant qu'il s'agissait plus de multiplications d'inventions existantes que d'innovations originales.
Entre les transferts de technologie, les copies, l'espionnage industriel et sa propre matière grise, la Chine, atelier du monde, est aussi devenue une puissance dans le domaine de l'innovation. Il lui manque toujours la reconnaissance d'un prix Nobel, les scandales de fraude sont encore trop nombreux et l'argent ne peut pas tout. Mais la taille compte. Avec 730  millions de personnes connectées, un usage du téléphone mobile plus avancé que celui des pays occidentaux et infiniment moins de barrières éthiques, la Chine aborde la bataille de l'intelligence artificielle avec de gros atouts.
C'est officiel. Le " socialisme aux caractéristiques chinoises " de Xi Jinping se veut un modèle alternatif, et un modèle exportable. Si " l'ère " est nouvelle, cependant, le modèle de la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme et de son parti, lui, est familier. Cela s'appelle une dictature. Son succès serait, pour le coup, une authentique -innovation.
par Sylvie Kauffmann
© Le Monde

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