De vez em quando, grandes mediocridades chegam ao comando de certos países. Nenhum está imune a esses desastres, como sabemos muito bem...
Grato a Pedro Luiz Rodrigues, por esta transcrição.
Paulo Roberto de Almeida
Le Monde, Paris – 13.6.2016 - Editorial
Boris
Johnson à la tête du Royaume-Uni ? Non merci !
Pour l’Union européenne, l’accession
de M. Johnson au poste de premier ministre équivaudrait à l’installation à
Londres d’un Trump au petit pied se consacrant à la saboter.
En juin 2016, au lendemain de la victoire de la campagne en faveur
du Brexit qu’il avait conduite, Boris Johnson avait disparu, passant le
week-end à jouer au cricket. Dépassé par un succès non anticipé,
lâché par son compère Michael Gove, il avait renoncé à briguer Downing Street
et à gérer la sortie de milité. Trois ans
après, alors que le divorce avec l’UE tourne au cauchemar pour le Royaume-Uni,
revoilà Boris Johnson en pole position pour succéder à Theresa May, dont il n’a
cessé de savonner la planche.l
Une partie de la biographie de Boris Johnson ressemble à celle d’un
leader nationaliste ordinaire, comme l’Europe mais aussi les Etats-Unis en
produisent désormais en quantité. Correspondant du Telegraph à
Bruxelles dans les années 1990, souvent à coup de
bobards sur de prétendues décisions de l’UE, il a largement contribué à la
transformation de l’europhobie en cause populaire au Royaume-Uni et en arme redoutable pour le Parti conservateur, jusque-là
pro-européen. Qu’il prenne enfin aujourd’hui la
responsabilité du Brexit pourrait découler d’une certaine logique. Mais Boris
Johnson n’a rien à faire de la logique ni des convictions. Il a même théorisé
son absence de principes en se vantant d’avoir préparé deux lettres ouvertes
avant de se jeter dans la campagne de 2016, l’une pro-européenne, l’autre
favorable au Brexit. Depuis lors, la liste de ses impostures, de ses bévues et
de ses échecs n’a cessé de s’allonger. Mensonges sur le juteux rapatriement
de « l’argent donné à l’Europe » sur son bus de campagne,
promesse que le Royaume-Uni obtiendrait « le beurre et l’argent du
beurre » dans la négociation sur le Brexit, comparaison de l’UE avec
le IIIe Reich et de François Hollande avec un kapo. Nommé à la tête du
Foreign Office par Mme May, qui voulait ainsi l’éloigner, il tente d’humilier
les dirigeants européens et ridiculise son pays sous toutes les latitudes par
son amateurisme, sa légèreté et sa méconnaissance des dossiers.
Rhétorique
chauvine
C’est cet homme-là
qui prétend aujourd’hui prendre la barre du paquebot Britannia en détresse. Rivalisant de
populisme avec l’extrême droite de Nigel Farage, qui prospère sur la colère
suscitée par l’impasse du Brexit, Boris Johnson jure qu’avec lui le pays sera
sorti de l’UE d’ici au 31 octobre, même sans accord avec Bruxelles. La catastrophe
économique consécutive à un « no deal » ne lui fait pas peur. Sa
rhétorique chauvine promet aux Britanniques un avenir radieux
et « mondial » une fois qu’ils seront délivrés du carcan
européen.
Sa démagogie va
jusqu’à menacer de ne pas acquitter les 39 milliards d’euros que le
Royaume-Uni s’est engagé de verser aux Vingt-Sept dans le cadre du budget
pluriannuel en cours. Une décision aux conséquences incalculables, puisqu’elle
entacherait la crédibilité internationale d’un pays qui se veut le champion de
la primauté du droit. Pour l’UE, l’accession de M.
Johnson au pouvoir à Londres équivaudrait à l’installation d’un Trump au petit
pied outre-Manche se consacrant à la saboter. Le Royaume-Uni ne se contenterait
plus de cultiver son malaise européen, voire d’entraver le développement de
l’UE. Il deviendrait une principauté hostile fondée sur la déréglementation
sociale, fiscale et environnementale. « Boris »
doit cesser d’être vu seulement comme un bouffon. Son entrée au 10, Downing Sreet serait une calamité pour son pays et
pour l’Europe.
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