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quinta-feira, 2 de maio de 2013
Oh nao! Um novo Chipre! Malta, desta vez, e quebrando igual...
Mathilde Damgé
Le Monde.fr 01.05.2013
Le plus petit Etat de l'Union européenne est exposé aux risques d'un secteur bancaire qui presque autant que celui de Chypre ou de l'Irlande avant qu'ils ne sombrent dans la crise.
Jusqu'à présent, le marché immobilier maltais a plutôt bien résisté à la crise.
Un nouveau départ de feu dans la crise (les crises) européenne(s) ? C'est un risque que relève une étude de Natixis, publiée mardi 30 avril. "Malte présente de troublantes similarités avec Chypre, affirme l'économiste de la banque française Alan Lemangnen : petite économie très ouverte, l'archipel s'est progressivement spécialisé dans les services d'intermédiation financière pour devenir l'une des principales places offshore de la zone euro."
Son système bancaire, le deuxième plus gros en Europe derrière le Luxembourg, pèse près de huit fois le produit intérieur brut de l'île (qui ressortait à 6,8 milliards d'euros en 2012, soit 0,08 % du PIB de la zone euro), un poids trop important pour pouvoir être englobé dans un plan de sauvetage.
"Le système fiscal maltais, très accommodant, a permis de capter de nombreux dépôts non résidents, lesquels ont massivement afflué dans la lignée de l'entrée du pays dans l'UE" (en 2004), explique Alan Lemangnen. Résultat : le système est rapidement devenu hypertrophié, et un sauvetage serait insoutenable pour un gouvernement qui reste aux prises avec une politique de consolidation budgétaire (Malte était en procédure pour déficit excessif auprès de la Commission européenne jusqu'en février dernier).
L'élargissement substantiel de la base des dépôts a permis au système bancaire d'étendre son portefeuille de crédits, particulièrement aux non résidents, le marché domestique étant vite saturé en raison de sa très petite taille. Natixis
"Restructurer la dette publique sur le modèle grec serait inadapté, puisqu'en décembre 2012, presque 48 % de la dette globale était détenue par les banques maltaises", détaille l'économiste - l'Etat ne pouvant annuler des dettes auprès des banques tout en empruntant davantage auprès de ces mêmes banques. Et "recapitaliser directement les banques via l'ESM serait également impossible car ces opérations ne seront effectives qu'en 2014 et ne concerneront très certainement que des montants limités".
SCÉNARIO À LA CHYPRIOTE
"Un scénario à la chypriote serait des plus probables, conclut Alan Lemangnen, si un sauvetage devait être envisagé". En d'autres termes, des contreparties draconiennes demandées aux épargnants (en grande partie étrangers), notamment une ponction possible sur les comptes bancaires.
Et des conditions moins avantageuses pour les entreprises. Car le premier charme du plus petit Etat de l'Union européenne est, aux yeux des investisseurs, sa fiscalité "douce" pour les entreprises. Selon un rapport annuel publié lundi par la Commission européenne, le taux moyen de cotisations appliquées au travail en 2011 était de 22,7 % à Malte (contre 38,6 % en France par exemple), soit le taux d'imposition le plus faible de l'UE.
La taxation du capital n'est pas communiquée dans ces chiffres, mais le pays est considéré comme une "juridiction à palmiers" : une fiscalité faible ou nulle, pas de transparence, pas d'échange de renseignements et pas d'activité économique réelle. Sauf les activités en ligne, comme les paris sportifs (l'entreprise française BetClic est basée à Malte), le poker ou le trading de devises (forex).
"TOO BIG TO SAVE"
Ces régimes de faveur pour les particuliers et les entreprises contribuent à attirer les capitaux et les banques. Les banques étrangères hors UE ont une place significative à Chypre, rappelle la Banque centrale européenne. Environ les deux tiers de l'ensemble des établissements, selon plusieurs observateurs extérieurs.
Or, grâce à une négociation serrée fin 2012, les autorités maltaises ont réussi à obtenir que seules les banques détenant plus de 5 milliards d'euros d'actifs soient contrôlées par l'Union européenne dans le cadre de la supervision décidée à la suite de la crise de l'été dernier (et qui entre en vigueur en 2014). Ce qui ne concerne que trois banques : Bank of Valletta, HSBC et CommBank Europe (filiale de l'Australienne Commonwealth Bank).
Bien peu par rapport à la totalité d'un secteur (plus de 50 milliards d'euros) que plusieurs qualifient de "too big to save" (trop lourd pour être sauvé), à l'instar du Fonds monétaire international. Ce dernier soulignait en 2012 la nécessité de prendre en compte les risques représentés par cette domination des banques étrangères si l'une d'elles venaient à faire défaut, par rapport à la capacité de réaction du gouvernement.
Une destabilisation touchant la Commonwealth Bank, par exemple, pourrait être absorbée par l'ensemble du secteur bancaire australien, et/ou être équilibrée par le gouvernement de Canberra. Pour La Valette, les effets seraient désastreux. "Il est crucial d'améliorer la gestion du risque systémique, en particulier le risque de propagation posé par les banques internationales", insiste le FMI.
SURCHAUFFE DE L'IMMOBILIER
Mais cette obésité du secteur financier n'importune pas les agences de notation, qui continuent de noter la dette du pays dans le haut du panier. Dans une note du 16 avril, Fitch affirme que "les secteurs bancaires chypriote et maltais ne présentent pas le même niveau de risque" dans la mesure où la majorité du secteur est lié à l'activité de banques n'ayant pas d'implication dans l'économie réelle de l'île.
"Les banques nationales qui ont des liens forts avec l'économie maltaise et sont considérées comme ayant une importance systémique pèsent l'équivalent de 128 % du PIB", calcule l'agence française, "soit bien moins qu'à Chypre où les banques nationales représentaient 466 % du PIB". Banques qui étaient très fortement exposées à la Grèce (laquelle a fait défaut sur une partie de sa dette).
Or, si l'exposition de Malte à la Grèce est la plus importante de la zone euro (4,3 % du PIB), cette exposition est l'oeuvre des banques internationales, revendique le gouverneur de la banque centrale de Malte, Josef Bonnici. Le FMI lui-même confirme que les banques maltaises sont peu exposées aux dettes des pays européens en difficulté.
Une analyse à laquelle souscrit Natixis qui précise toutefois surveiller le marché immobilier - et l'exposition des banques maltaises à celui-ci. "Bien que la valeur des biens ait augmenté de 80 % depuis 2000, les niveaux n'ont pas atteint un degré de survalorisation similaire à ceux observés dans les économies ayant récemment fait face à une crise immobilière", rassure Alan Lemangnen.
Dans ses perspectives, Fitch souligne un autre écueil : celui, à long terme, d'un positionnement comme centre financier offshore, dans un contexte de lutte accrue contre l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent.
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