«Il fallait faire vite» : des sanctions contre la Russie à l’armement de l’Ukraine, les quatre jours qui ont bouleversé l’Union européenne
Ce sont les quatre journées qui ont changé l’Union européenne (UE), qui ont gommé des décennies de « soft power » et ont fait basculer l’Europe dans le rôle inattendu d’un fournisseur d’armes. Quatre journées qui marqueront un tournant dans son histoire.
Tout démarre avec un long silence, beaucoup d’émotion et quelques larmes. Jeudi 24 février, les chefs d’Etat et de gouvernement sont réunis en sommet à Bruxelles, dans le bâtiment Europa. Ils viennent d’écouter Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, tee-shirt vert olive et visage marqué, qui s’est adressé à eux par visioconférence et a formulé un poignant appel à l’aide, comme celui qu’il adressera la semaine suivante au Parlement européen.
« Cela a été un choc », dira l’un des présents. Une vive discussion s’engage alors quant à la nature de la riposte à opposer au Kremlin. Et, pour une fois dans cette enceinte, il ne s’agit pas de négocier à la baisse, mais à la hausse, le projet de conclusions, le texte final pesé au trébuchet, habituellement livré à la presse après de longues heures de palabres.
Mais pour éviter toute mauvaise surprise et toute remise en question d’une unanimité acquise après ce qu’un haut fonctionnaire appelle le « long massage » de certains dirigeants, le président du Conseil, Charles Michel, a rompu avec la tradition. Il a fait diffuser le communiqué au milieu de la réunion. La salle de presse pourra, pour une fois, aller se coucher tôt, après avoir conclu que ce deuxième train de sanctions qui vise, pour l’essentiel, l’industrie russe, le secteur de l’énergie, des banques et quelques personnalités, est éloigné de la « bombe atomique » qu’évoquaient certains. Celle que réclamait Volodymyr Zelensky.
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